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Le lobby de l’agriculture intensive ne relâche pas ses efforts pour polluer l’air en plein état d’urgence sanitaire

par Les Confiné·es

Publie le vendredi 24 avril 2020 par Les Confiné·es - Open-Publishing
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Le confinement a décidément bon dos. C’est la justification trouvée par le gouvernement pour assouplir la législation sur les pesticides. Les défenseur·ses de l’environnement sonnent l’alarme contre ces pulvérisations, qui s’ajoutent au épandages de déjections animales co-responsables d’un récent pic de pollution aux particules fines.

Des Indien·nes aperçoivent pour la première fois l’Himalaya derrière leur fenêtre. Des Pékinois·es apprécient la palette de couleurs de la nature en fleurs. Des Parisien·es redécouvrent la voûte céleste. Et les populations rurales, notamment en Bretagne, toussent en imaginant ces cartes postales. Si le soudain ralentissement économique fait baisser la concentration du dioxyde d’azote dans l’air, les polluants issus de l’agriculture productiviste ont le champ libre.

Depuis le 30 mars, les nouvelles distances d’épandage des pesticides ont été quasiment abolies. Ces zones de non-traitement (ZNT) qui ulcèrent la FNSEA sont fixées à 10 m des habitations pour les cultures hautes et 5 m pour les cultures basses depuis un arrêté du 27 décembre 2019 « relatif aux mesures de protection des personnes ». Une protection qui ne semble plus d’actualité en plein état d’urgence sanitaire, donc.

De l’ordre du symbolique et difficilement contrôlables, ces distances peuvent encore être réduites par arrêté préfectoral, en cas de signature d’une charte de bon voisinage entre agriculteur·ices et riverain·es. Or, « la difficulté de mener la concertation publique dans le contexte en cours de la crise de Covid-19 », rend caduque cette condition, explique candidement le ministère. Les préfectures se contenteront d’un simple engagement. La « bonne foi » suffit quand vous êtes puissant·es !

« La période n’est pas propice à une consultation sereine et réellement démocratique des diverses parties prenantes », conviennent dix-neuf organisations dont Eau & Rivières de Bretagne, l’UFC-Que Choisir ou l’Union syndicale Solidaires. Elles en tirent toutefois la conclusion inverse et demandent l’interdiction des épandages de pesticides à proximité des habitations. Une campagne d’interpellation des préfets est organisée via la plateforme « Shake ton politique ».

Plus offensive encore, l’association Sauvegarde du Trégor observe que cette autorisation intervient dans une période où les populations rurales sont sommées de rester chez elles. Elle estime même que les préfets de Bretagne ont choisi « la peste plutôt que le choléra » (lire sur Facebook).

« Cette mesure ne s’inscrit-elle pas dans la droite ligne de la fermeture en 2018 d’une unité de fabrication de masques à Plaintel, dans l’indifférence des pouvoirs publics dont vous êtes un des représentants majeurs en Bretagne, interroge Sauvegarde du Trégor. Comme toujours la même politique imprévoyante et irresponsable, côté pile soutien actif à un lobby, côté face désintérêt pour un enjeu de santé publique. »

Si la chimie de synthèse fait régulièrement les gros titres, les traditionnels épandages printaniers de lisier et de fumier donnent aussi les larmes aux yeux. Littéralement. Sans même parler de leur qualités olfactives, ces déjections animales sont responsables de l’essentiel des émissions d’ammoniac (NH3) en France. Un gaz qui forme du nitrate d’ammonium par combinaison avec l’oxyde d’azote, dont les très petites particules sont nocives pour l’environnement. La Bretagne, terre d’élevage intensif, en est la première région émettrice.

Les données du service européen Copernicus montrent une importante concentration en ammoniac (NH3) sur la quasi-totalité du territoire français, le 24 avril 2020.

L’observatoire régional de la qualité de l’air, Air Breizh, a enregistré un pic de pollution les 27 et 28 mars, attribué par son président Gaël Lefeuvre au chauffage domestique et à l’activité agricole.

Alors que le ballet des épandeurs ne fait que commencer, quatre organisations bretonnes montent au créneau pour demander l’encadrement de ces pratiques, arguant d’un lien éventuel entre la présence de particules fines et la hausse de la mortalité due au Covid-19. L’association Respire est allée plus loin en déposant un référé liberté devant le Conseil d’État, examiné le 16 avril.

Si les scientifiques restent prudents - des études étant en cours - Isabella Annesi-Maesano, directrice de recherche à l’Inserm, et le docteur Thomas Bourdrel, membres du collectif Air santé climat, cités par Mediapart le 13 avril (article payant), rappellent tous deux que la pollution de l’air fragilise notre système immunitaire. Et donc la capacité de notre corps à répondre à une agression inconnue. Ielles demandent aux préfets des mesures urgentes pour limiter les émissions de particules fines liées aux épandages agricoles.

Cet article est extrait de la neuvième Gazette des confiné·es, à consulter en ligne.

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  • Jean-Pierre Pernaut ne mâche pas ses mots contre le gouvernement sur les règles de confinement - Source:vidéo© Sputnik . Dominique Boutin - NDLR : Et ...même JP Pernaut y va de son petit grain de sel ! C’est pas peu dire !

    Dossier:Sixième semaine de confinement en France (27)

    « Tout cela paraît incohérent » : présentant le JT depuis chez lui, Jean-Pierre Pernaut s’est exprimé sur les mesures prises par le gouvernement pour contrer le coronavirus en France. Il est notamment revenu sur les informations concernant le déconfinement qui changent tous les jours, selon lui.

    Alors qu’il présentait le journal télévisé de TF1 de 13 heures le 24 avril, le journaliste Jean-Pierre Pernaut a commenté les actions de l’exécutif face à l’épidémie de coronavirus. Il a d’abord partagé ses impressions après sa première sortie depuis six semaines de confinement.

    « Un événement pour moi hier, je vous raconte tout : ma première sortie sur Terre depuis six semaines pour un rendez-vous important et là, surprise, dans une ville à côté de chez moi il y avait un monde fou sur les trottoirs », a commencé le présentateur.

    ​Selon lui, il y a un « contraste avec les reportages où on nous montre des PV infligés à des gens qui se promènent tous seuls sur une plage ou en montagne ou en forêt alors qu’il n’y a aucun risque dans les régions où il n’y a pas de virus ».

    « Tout cela paraît incohérent », a estimé Jean-Pierre Pernaut.
    Fleuristes fermés mais les jardineries ouvertes
    Le journaliste a précisé ce qu’il percevait comme « incohérent » : « les masques interdits dans les pharmacies, mais autorisés chez les buralistes », « les fleuristes fermés pour le 1er mai, mais les jardineries ouvertes » ou encore « les cantines bientôt ouvertes, mais les restaurants toujours fermés ».

    « On a du mal à comprendre tout ça. Et maintenant entre les infos un jour sur un déconfinement par région. Le lendemain ce n’est plus par région. Un jour l’école est obligatoire, le lendemain elle ne l’est plus […]. Tout cela donne le tournis », a résumé le présentateur.