Accueil > Etat et quartiers populaires : chômage, racisme, mal logement .

Etat et quartiers populaires : chômage, racisme, mal logement .

par Christian DELARUE

Publie le lundi 27 avril 2020 par Christian DELARUE - Open-Publishing

Etat et quartiers populaires : chômage, racisme, mal logement .

Il y a 15 ans en 2005, les quartiers populaires ou les « banlieues » étaient secouées par des soulèvements de jeunes.

Est-ce que les problèmes évoqués à l’époque furent ensuite résolus ?

En conclusion à l’époque (conf 1) étaient pointées, outre le problème du racisme récurrent, y compris dans la police (gros problème), l’existence du chômage, de la précarité, des bas revenus et du mal logement. Les choses ne se sont pas ou peu améliorées. Il y a toujours du racisme anti-arabes, anti-noirs, anti-musulmans ! L’emploi y est toujours trop souvent précaire avec alternance de travaux mal payés (smic trop bas) et de chômage (parfois sans ressource financière).

Quand à l’urbanisation elle produit des immeubles trop peu espacés ou l’on a pas de raison d’aller sur un balcon si ce n’est pour aller fumer. Les familles sont entassées. En période de confinement c’est difficile.

Il devrait y avoir plus de services publics mieux équipés

D’aucuns me répondent qu’ "on a injecté beaucoup d’argents". Cette injection a-t-elle résolu les problèmes. Améliorer les bas des tours c’est bien - on faisait déjà çà au moment du DSQ (développement social des quartiers) - mais cela ne répond pas aux fléaux structurels de ces quartiers.

D’autres me disent : "il y a trop de jeunes qui cassent tout" ! Ils ajoutent "C’est pour cela qu’il faut une police" . Et contre moi : "Vous défendez le droit et vous critiquez la police ? Curieux !" . Je ne suis pas contre l’intervention de la police. Mais elle ne doit pas abuser de ses pouvoirs. Elle doit éviter racisme et sexisme. Absolument ! Eviter des comportements sadiques aussi. Mais je n’ai rien à dire sur le fait qu’elle fasse son travail !

Autre chose : l’intervention de l’Etat ne saurait se résumer à de la présence policière . Il faut un Etat social avec des services publics divers en capacité de bien répondre aux besoins des populations les plus marginalisées. Il faut alors écouter ces besoins pour les satisfaire. Il y a une démarche de respect et de démocratie à entreprendre. "Ah j’espère que vous parlez plusieurs langues pour votre démarche !" Et la laïcité, elle fait partie de l’Etat social ?" "Les islamistes n’en veulent pas !"

Que les fonctionnaires parlent ou non l’arabe n’est pas le problème central. Pas plus que la présence d’islamistes . Je m’oppose comme beaucoup d’autres à tous les intégrismes religieux mais on ne saurait assimiler une petite minorité d’islamistes à tout un ensemble de membres d’une religion . Refusons le racisme de l’amalgame facile.

A écouter certains, faudrait rétablir la peine de mort pour eux sans qu’on sache si les faits commis sont réels et graves, et passibles de la justice, si il y a ou non sur-pénalisation ! On a parfois du mal à se comprendre aussi sur le fait que l’on peut ne pas approuver les pratiques idéologico-religieuses de certaines croyantes mais qu’elles ont parfaitement le droit de vivre, de travailler, de se loger, de se déplacer sans harcèlement. Elles doivent juste respecter les lois françaises, notamment celle du 15 mars 2004 contre les signes ostensibles religieux à l’école publique. Autrement, elles doivent être correctement payées, pas sous-payées. Il y a une dévalorisation générale du travail effectué dans la mesure ou il est demandé beaucoup de travail pour percevoir juste le SMIC.

Le problème crucial qui frappe aujourd’hui les QP c’est la faiblesse d’implantation des différents secteurs de l’Etat : Oui Etat démocratique et Etat de droit (ni voyoucratie d’en-bas ni voyoucratie d’en-haut), Oui Etat social et Etat laïque ! Ce sont les 4 pièces maîtresses de la promotion des QP. Sans cela pas de construction d’une cohésion sociale et d’un vivre ensemble ! Faut stopper la tendance destructrice à la tiers-mondisation des QP.

Christian DELARUE

1) ANGERS « La force des quartiers populaires : de l’indifférence à l’engagement » - Christian Delarue (sn mrap) - Conférence-débat en 2007 (moins de deux ans après)

http://amitie-entre-les-peuples.org/ANGERS-La-force-des-quartiers