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Besoin de police et d’ordre pour protéger les personnes non violentes.

par Christian DELARUE

Publie le samedi 20 juin 2020 par Christian DELARUE - Open-Publishing
3 commentaires

Besoin de police et d’ordre pour protéger les personnes non violentes.

Nous parlons de la police militarisée façon Robocop !

Tenir ce langage du besoin de police et de l’ordre n’a rien à voir avec « l’ordre pour l’ordre » de l’extrême-droite et parfois de la droite avec une défense clientéliste d’une police conçue comme intouchable.

La guerre de clans qui s’est déroulée à Dijon (Mediapart 1) montre que ce sont toujours les femmes, les personnes âgées et les hommes isolés qui sont à protéger des bandes armées, plus masculines et adeptes de la force. Pour autant il arrive que la bande armée masculine soit policière. J’ai pu dire qu’un « vieux » ou une "vieille était une personne qui n’était pas allée manifester depuis dix ans et n’avait donc pas vu de violences policières.

Partons d’une formule condensée connue : « Il n’y a pas de justice sans ordre comme il n’y a pas de désordre sans injustice » dit-on parfois. Cela signifie que l’ordre est nécessaire mais assurément pas n’importe lequel. Un ordre juste ne justifie pas les diverses dominations : classisme, sexisme, racisme, homophobie, mépris de la laïcité, etc... La domination de classe méconnue de la droite mais parfois trop connue d’une certaine gauche qui ignore les autres oppressions.

Etat de droit et police

Dans un Etat de droit (2) l’ordre juste ne se réduit pas à la police, mais il importe d’avoir une police et une soumise au Droit et aux instances habilitées à dire le droit et à le faire appliquer. La police est évidemment nécessaire, non à plusieurs hommes contre une femme de 1 m 55 et 55 kgs plus infirmière que boxeuse, mais assurément contre 20 hommes plus grands, plus lourds, plus forts et armés et nettement en actes de violences graves. Les policiers en robocop c’est bien pour ces gangs. Pour la petite délinquance sans enjeu il y a lieu de montrer une « police qui se tient » (dans le verbe et la force) et non une « police qui se lâche ».

L’ordre des caïds, des maffias et des gangs ce n’est pas un ordre juste mais le désordre de la domination, le désordre de la force des puissants contre les faibles ou du moins les non violents.

De l’Etat de droit à l’Etat social.

Puisqu’un Etat de droit doit protéger les gens du commun contre la violence des gangs avec une police et une justice (tribunaux) il doit aussi protéger les classes sociales modestes de la misère et du déclassement social. Un Etat de droit est aussi un Etat social ou si vous préférez une République sociale qui ne tolère pas la montée des inégalités sociales, l’émergence d’un turbo-capitalisme de post-confinement (3). Sous l’effet de 35 ans de « thatchérisation du monde » (4) la « main gauche de l’Etat » (Bourdieu) , celle construisant les Services publics, la Fonction publique, la Sécurité sociale, la RTT sans perte de salaire, le SMIC plus élevé, le 1% plus taxé, etc s’est affaiblie. Il n’y a que la main droite de l’état ou la police sert plus le MEDEF et le 1% que le peuple-classe. La police n’est pas une agence privée de sécurité des riches et des sociétés transnationales car elle protège l’ordre pacifique et régulé par le droit au profit de tous et toutes, sans considération d’âge ou de couleur de peau.

Besoin de gauche et besoin de syndicats !

Face à la montée du désordre néolibéral et d’un certain « darwinisme social » il y a assurément besoin des gauches et des syndicats .

Il y a besoin des gauches qui trouvent le moyen de répondre, chacune à leur manière, aux diverses dominations systémiques car si la lutte de classe du capital est assurément puissante est globale contre le gros du salariat et des chômeurs et ce dans tous les pays, il y a lieu de voir aussi que racisme et sexisme perdurent voire se combinent : il y a un capitalo-patriarcat prédateur comme il y a un nationalisme durement xénophobe contre les migrants appauvris par le turbo-capitalisme.

Il y a aussi besoin de syndicats n’oubliant pas la « double besogne » de la Charte d’Amiens et mobilisant aussi bien les travailleurs et travailleuses du public et du privé . Au-delà donc de sa corporation même si on ne saurait oublier sa « boite » ! Par exemple, ce n’est pas une utopie aujourd’hui de revendiquer une réduction hebdomadaire du temps de travail à 32 voire 30 heures et ce sans perte de salaire pour les 99% d’en-bas.

Christian DELARUE
Convergence SP (CA nat et 35)
et Indecosa-cgt

1) A Dijon, des habitants en colère face à l’inaction des forces de l’ordre
https://www.mediapart.fr/journal/france/190620/dijon-des-habitants-en-colere-face-l-inaction-des-forces-de-l-ordre

2) Note Christian Delarue sur « L’Etat de droit » (PUF 1987) | Le Club de Mediapart
https://blogs.mediapart.fr/christian-delarue/blog/270214/note-christian-delarue-sur-l-etat-de-droit-puf-1987

3) Turbo-capitalisme post-confinement
http://amitie-entre-les-peuples.org/Turbo-capitalisme-post-confinement-Christian-DELARUE

4) La thatchérisation du monde et l’extrême-droite économique : un trajet vers la ploutocratisation du monde.

http://amitie-entre-les-peuples.org/La-thatcherisation-du-monde-et-l-extreme-droite-economique

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Messages

  • Le débat sur le racisme et la violence policière est pollué par les points de vue affirmatifs et terroristes des identitaires de tout bord. Il se réduit ainsi à Droite Identitaire vs Indigéno-communautarisme.
    Total, rien de bon n’en sort, surtout quand une partie de la gauche (qui devrait être une référence en la matière), se colle au cul des indigéno-communautarisme ; calcul électoraliste ? Perte de repères politiques et donc de projet de société ?
    Où sont les preuves que le racisme est systémique ? En Afrique du Sud, oui car il était inscrit dans la constitution, mais en France rien de tel. Il est même interdit et puni par la loi.
    Où a-t-on vu que tous les français "blancs" étaient racistes ? Même en Afrique du Sud, s’était faux, il y avait des afrikaners blancs en prison pour avoir soutenu la cause des noirs. Que je sache, en France, il y a eu et il y a toujours un combat antiraciste qui réunit "blancs" et "non blancs"
    Il est vrai que le racisme (avec le sexisme, l’homophobie, ...) est une chose de bien partagé dans le monde par tous les peuples. Mais de là a en faire une spécificité blanche et occidentale c’est erronée. C’est méconnaître l’histoire de la formation des sociétés humaines, "blanches" comme "non blanches".
    Il n’y a pas de privilèges "blancs". Les seules privilèges que je connaisse ce sont ceux attachés à la classe bourgeoise, de par sa richesse et sa place dans la direction des affaires.
    Maintenant qu’il y ait de la part de patrons des processus de division du prolétariat sur des critères, sexistes et/ou racistes et/ou de génération et/ou d’orientation sexuelle, c’est vrai. Mais ce ne sont que des extensions du principe capitaliste concernant la gestion de l’outil humain : l’exploitation de l’homme par l’homme. C’est le recyclage de procédés diviseurs antécapitalistes utilisés par les régimes précédents (monarchie et féodalisme), pour dominer des peuples et son peuple.
    Et ça vous le trouverez dans tous les pays du monde.
    Alors si on veut véritablement s’attaquer au racisme (entre autre), il faut accepter son universalité et combattre le système capitaliste qui le maintient en vie par besoin stratégique de division (1). Et ce n’est pas les positions identitaires de tout bord qui aideront dans cette lutte, mais plutôt la marche au communisme, véritable projet émancipateur et libérateur de l’humanité.
    (1) La position des patrons et de la bourgeoisie est ambigüe aujourd’hui. D’un côté, tout ce qui divise est du pain béni, mais de l’autre, si cela doit générer des troubles sociaux qui perturbent la bonne marche linéaire de leur système, il faut alors le combattre. C’est l’exemple donné par les patrons "progressistes" des GAFA qui dénoncent le racisme. Ce qui ne les empêchent pas à côté d’agir en patrons intraitables avec leurs employés et d’amasser des fortunes comme tout bon capitaliste.