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Le Covid-19 frappe plus durement les pauvres !

par joclaude

Publie le dimanche 26 juillet 2020 par joclaude - Open-Publishing
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mardi 21 juillet 2020

PLANÈTE—CORONAVIRUS ET PANDÉMIE DE COVID-19
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Le Covid-19 frappe plus durement les pauvres
Mieux vaut être riche et bien por­tant que pauvre et ma­lade : la phrase de Fran­cis Blanche, même pro­non­cée avec le sou­rire, a pris des al­lures de dic­ton. Le co­mé­dien au­rait-il pu ima­gi­ner que quelques dé­cen­nies plus tard, un vi­lain virus don­ne­rait à sa bou­tade le sé­rieux d’un ré­sul­tat scien­ti­fique  ? Quatre éco­no­mistes fran­çais viennent en effet de mon­trer que le Co­vid-19 tue d’abord, et de façon par­ti­cu­liè­re­ment im­por­tante, les plus mo­destes. En croi­sant les don­nées de mor­ta­lité, le re­venu des com­munes et les zones de dé­con­fi­ne­ment, ils mettent en évi­dence, pour la pre­mière fois, par une étude sys­té­ma­tique, l’ex­cès de mor­ta­lité pro­vo­qué par l’épi­dé­mie dans les mu­ni­ci­pa­li­tés aux re­ve­nus les plus bas. Son tra­vail vient d’être rendu pu­blic, en pré­pu­bli­ca­tion, sur le site d’ar­chives ou­vertes HAL.

C’est en écou­tant une chro­nique radio lais­sant en­tendre que le Co­vid-19 res­sem­blait fort à « une ma­la­die de pauvres » que les quatre éco­no­mistes du tra­vail, issus de l’Ecole d’éco­no­mie de Paris (PSE), du Centre d’étude de l’em­ploi et du tra­vail et de la Nor­we­gian School of Eco­no­mics, ont été pi­qués au vif. « Il y avait eu des études dans plu­sieurs pays mon­trant la sur­re­pré­sen­ta­tion des mi­no­ri­tés parmi les ma­lades, mais rien de sys­té­ma­tique sur les in­éga­li­tés de ri­chesse, sou­ligne Simon Briole, cher­cheur à PSE et à la branche eu­ro­péenne du J-PAL, le la­bo­ra­toire de la Prix Nobel Es­ther Duflo spé­cia­lisé dans la lutte contre la pau­vreté. Or en France, l’In­see four­nit des don­nées sta­tis­tiques ex­cep­tion­nelles, uniques au monde, qui de­vaient pou­voir nous per­mettre d’ap­por­ter une preuve. »

En­core fal­lait-il choi­sir les bonnes don­nées. Pour étu­dier l’im­pact de la ma­la­die, les ré­sul­tats des tests – no­toi­re­ment in­suf­fi­sants en France – ne pou­vaient conve­nir. Ni même les décès at­tri­bués au co­ro­na­vi­rus, qui peuvent igno­rer la pré­sence du virus chez cer­tains morts, no­tam­ment ceux qui ne sont pas pas­sés par l’hô­pi­tal. L’In­see four­nit en re­vanche, chaque se­maine, les don­nées brutes de mor­ta­lité à l’éche­lon mu­ni­ci­pal, et plus par­ti­cu­liè­re­ment la sur­mor­ta­lité en 2020 par rap­port à 2018 et 2019. « C’est cette don­née-là que nous avons croi­sée avec le re­venu mé­dian de chaque com­mune si­tuée en zone ur­baine », in­dique Simon Briole.

Dif­fé­rence écla­tante
Leur ré­sul­tat est spec­ta­cu­laire. D’un côté, les trois quarts des com­munes du ter­ri­toire fran­çais consi­dé­rées comme les plus riches connaissent un excès moyen de mor­ta­lité, dû au Co­vid-19, de 50 % pour l’an­née 2020. De l’autre, dans le quart des com­munes les plus pauvres, il at­teint 88 %. « On s’est de­mandé si la sur­mor­ta­lité ne pou­vait pas venir d’autres causes, en par­ti­cu­lier du confi­ne­ment », ra­conte le cher­cheur. Lui et ses col­lègues ont donc com­paré les ré­sul­tats dans les ter­ri­toires à faible cir­cu­la­tion du virus – les fa­meuses zones vertes du dé­con­fi­ne­ment – et dans les zones les plus in­fec­tées (rouges). La dif­fé­rence est là en­core ap­pa­rue écla­tante : dans les zones vertes, qui ont pour­tant connu sept se­maines de confi­ne­ment strict, les com­munes riches et pauvres en­re­gistrent une sur­mor­ta­lité li­mi­tée et proche. A l’in­verse, dans les zones rouges, le tri­but payé par les pauvres est in­com­pa­ra­ble­ment plus élevé.

Avec cette triple com­pa­rai­son – com­munes riches contre com­munes pauvres, 2020 contre 2019/2018, zones très in­fec­tées contre zones peu in­fec­tées –, aucun doute ne semble plus per­mis : le Co­vid-19 ap­pa­raît non seule­ment comme une ma­la­die dure avec les vieux, dure avec les faibles (qui ont des co­mor­bi­di­tés), dure avec les mi­no­ri­tés, mais aussi dure avec les plus dé­mu­nis.

Pour les quatre éco­no­mistes, le tra­vail n’était pour­tant réa­lisé qu’à moi­tié. « Ce qui nous in­té­res­sait peut-être le plus, c’était les vec­teurs de dif­fu­sion », admet Simon Briole. Au­tre­ment dit, com­prendre les mé­ca­nismes qui fai­saient des pauvres une cible pri­vi­lé­giée du virus. La lit­té­ra­ture leur of­frait deux « ca­naux po­ten­tiels » d’ex­po­si­tion : la sur­po­pu­la­tion des lo­ge­ments et la na­ture des em­plois oc­cu­pés. Cette fois, outre les don­nées de re­cen­se­ment, qui per­mettent de connaître la na­ture des ha­bi­ta­tions, ils ont pro­fité de la dé­cla­ra­tion an­nuelle de don­nées so­ciales réa­li­sée au­près des ser­vices fis­caux pour me­su­rer le poids des dif­fé­rents types d’em­ploi dans chaque com­mune.

Grande pro­mis­cuité
L’in­dice qu’ils ont en­suite construit laisse ap­pa­raître, là en­core, des ré­sul­tats in­dis­cu­tables. Ces deux ca­naux ex­pli­que­raient jus­qu’à 60 % de la sur­mor­ta­lité. L’éco­no­miste Eric Mau­rin, pro­fes­seur à PSE et di­rec­teur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences so­ciales (EHESS), y voit d’ailleurs un des « points forts » de l’étude :

« Ce n’est pas sim­ple­ment que les per­sonnes pauvres sont plus sou­vent en mau­vaise santé qui les a ex­po­sées à la sur­mor­ta­lité due au Covid, c’est aussi et sur­tout leurs condi­tions de lo­ge­ment et leur mé­tier. »

Des lo­ge­ments où règne une grande pro­mis­cuité – « le sur­peu­ple­ment du lo­ge­ment est un fac­teur-clé dans beau­coup de do­maines (l’édu­ca­tion des en­fants no­tam­ment) », in­siste Eric Mau­rin – et des mé­tiers à forte in­ter­ac­tion avec le pu­blic. Cais­siers, in­fir­miers, aides-soi­gnants, agents de sé­cu­rité ou po­li­ciers, cer­tains de ces mé­tiers ont été ex­po­sés pen­dant le confi­ne­ment. « Mais en réa­lité, c’est sans doute dans les se­maines qui ont pré­cédé le confi­ne­ment que cette in­ter­ac­tion avec le pu­blic a pesé le plus lourd », ajoute Simon Briole. Une époque où l’on man­quait de tests, où l’on dou­tait des masques. C’était il y a quatre mois, une éter­nité.

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  • Source :Logo de Le Canard enchaîné - NDLR : Un pognon de dingue n’est-ce pas !
    mercredi 22 au mardi 28 juillet 2020
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    LE CANARD ENCHAÎNÉ
    Pôle emploi sous les charges
    LE SER­VICE PU­BLIC chargé du pla­ce­ment des de­man­deurs d’em­ploi n’est que très peu fi­nancé par l’Etat. La plus grande par­tie (72 %) des res­sources de Pôle em­ploi est si­phon­née dans les fonds de l’Uné­dic, la caisse d’in­dem­ni­sa­tion des chô­meurs. Celle-ci n’est autre qu’une as­so­cia­tion (loi 1901) de droit privé co­gé­rée par les syn­di­cats et le pa­tro­nat… quand le gou­ver­ne­ment n’y fourre pas son nez.

    C’est la Cour des comptes qui lève ce lièvre dans un rap­port sur Pôle em­ploi pu­blié le 16 juillet. Un peu hor­ri­fiés, les ma­gis­trats en­foncent le clou : ce hold-up de l’Etat (3,4 mil­liards) re­pré­sente le dixième des co­ti­sa­tions to­tales en­gran­gées par l’Uné­dic, c’est-à-dire des sommes ver­sées par les sa­la­riés (et leurs en­tre­prises) pour les sans-em­ploi.

    Les ma­gis­trats de la Rue Cam­bon s’étonnent de cet es-ca­mo­tage fi­nan­cier, mais ils af­fichent sur­tout leur in­com­pré­hen­sion de­vant un autre mys­tère aussi im­pé­né­trable : aucun re­pré­sen­tant de l’Uné­dic ne siège ès qua­li­tés au conseil d’ad­mi­nis­tra­tion de Pôle em­ploi. Il ne se­rait pour­tant pas ab­surde que l’or­ga­nisme qui paie puisse s’as­su­rer que l’ar­gent pré­levé sur les al­locs est bien uti­lisé.

    Il l’est, en tout cas, à l’égard des em­ployés. A en croire les ma­gis­trats, les sa­la­riés de Pôle em­ploi sont fort bien trai­tés. « Pôle em­ploi a fait de la qua­lité de vie au tra­vail l’un des axes ma­jeurs de sa stra­té­gie de res­sources hu­maines », in­sistent-ils. Le temps de tra­vail y est in­fé­rieur à la durée lé­gale en rai­son d’une se­maine sup­plé­men­taire de congés oc­troyée au per­son­nel par la di­rec­tion. Outre ces congés lé­gaux, le taux d’ab­sen­téisme (8,6 %) écrase celui des sa­la­riés des boîtes pri­vées (5,1 %). Et pour cause : chaque agent est ar­rêté en moyenne 13,2 jours par an en rai­son d’une ma­la­die bé­nigne. Pe­tite pré­ci­sion : ce sont ces mêmes agents qui peuvent ra­dier un chô­meur et lui su­crer son alloc pour une ar­deur in­suf­fi­sante dans la re­cherche d’un bou­lot.

    Ces pisse-froid de la Cour éreintent aussi les 134 cadres di­ri­geants qui palpent en moyenne près de 10 000 euros par mois et dis­posent presque tous de voi­tures de fonc­tion, qu’il leur est loi­sible d’uti­li­ser pour leurs dé­pla­ce­ments pri­vés. Mieux, un ac­cord-cadre signé en 2014 fixe le ni­veau de l’in­dem­nité de rup­ture du contrat de tra­vail pour ces cadres dorés sur tranche : entre 348 000 et 531 000 euros.

    Les chô­meurs peuvent être ras­su­rés : le po­gnon pré­levé sur leurs al­locs est uti­lisé à bon es­cient.