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La carte nationale d’identité électronique (CNIE)... Bienvenus à Gattaca part 2

Publie le samedi 25 juin 2005 par Open-Publishing

Part 1 ici

L’aspect technique et les dangers éventuels Teneur annoncée du projet

de Laiguillon

Si vous jetez un œil sur la description du projet INES (en référence) :

Données présentes sur la carte
 nom
 prénom
 date de naissance
 lieu de naissance
 sexe
 adresse
 signature manuscrite
 préfecture ayant délivré la carte
 numéro de carte
 photographie
 deux empreintes digitales numérisées
 D’autres informations pourront être stockées si le porteur de la carte le souhaite

Utilisation
 signature électronique
 identification sur Internet
 applications de la vie courante (« commerce, poste, etc. »)
 nombreux usages « imaginés par nos concitoyens » ;
 remplissage de formulaires (e.g., administratifs) en ligne
 substitution à d’autres papiers (e.g., permis de conduire)

Les problèmes possibles et relevés

Dans la définition de ce projet et sa mise en application, un certain nombre de zones d’ombre a été identifié par les différents syndicats (magistrature, etc...) et les parlementaires.

Regroupement de données : un fichier de la population

Ensuite, regrouper des éléments d’identification qui, aujourd’hui, existent de manière éparse. Le projet INES nécessitera alors la « constitution d’un fichier central de toute la population, dans la mesure où la carte va être obligatoire », explique Côme Jacquemin. Fichier qui permettra alors de recouper une adresse avec une empreinte digitale, un nom avec une transaction sur Internet, etc. « Il existe bien un fichier d’empreintes digitales, mais, aujourd’hui, il est limité aux personnes déjà connues de la justice. On donne aussi déjà son empreinte digitale pour faire faire sa carte d’identité, mais elle n’est pas fichée. » La constitution d’un tel fichier irait ainsi à l’encontre du principe de « proportionnalité » entre les traitements de données à caractère personnel et le but de ce traitement, tel qu’édicté par la loi Informatique et libertés.

Lecture sans contact

INES prévoit une carte à puce RFID (Radio Fréquence), pour une lecture sans contact. Les données qu’elle contient vont donc voyager par les ondes. « Cela pose un certain nombre de problèmes, estime Meryem Marzouki, présidente d’Iris. Le contrôle peut se faire à l’insu du porteur, il y a des risques d’interception des données, puisqu’il y a émission d’ondes radio, et des risques de lectures indues, par une personne ou par un matériel qui ne serait pas censé lire la carte. »

Croisement d’informations

Les dérives en matière de croisement d’informations qui sera techniquement possible avec cette carte multi usage. A terme, cette carte pourrait être utilisée pour stocker le dossier médical du porteur, son casier judiciaire, pour obtenir un document administratif, payer ses achats, voter, signer un contrat à distance, etc.

D’accord, mais si ...

Questionnement à propos de INES

Les dérives possibles identifiées par les opposants sont déjà assez parlantes mais si nous les reprenons en détail et que nous tentons de les mettre en relief, alors il y a de quoi avoir peur. Je précise que ces questions et/ou prédiction n’ont rien d’irréalistes. Elles sont ABSOLUMENT possibles dés aujourd’hui !!

Général

. Si un escroc vole vos données, alors il sera très difficile pour vous de prouver votre innocence.

. Il est fort probable que les données ADN soient ajoutées à ces infos pour les besoins de la police (interpol, etc...). Toute la population sera alors soumise à une prise de sang.

. Si des lecteurs de cette carte vont apparaître un peu partout, comment contrôler que ces lecteurs vont lire uniquement les données concernant la personne qui initie la lecture (un policier saura, en interrogeant e fichier central, si vous avez payé vos impôts - un commerçant connaîtra votre salaire - un employeur saura si vous avez eu des amendes - un employeur verra votre dossier médical,...)

Lecture sans contact

Voilà un point absolument incroyable. Cette carte est prévue pour être lue à distance !!

. Vous entrez chez un commerçant, il connaît alors votre nom, votre adresse, votre signature !

. Comme tout signal radio- fréquence, il est tout à fait possible soit de le brouiller, soit de le pirater, soit de le scanner. Ainsi vous pouvez imaginer que :
 n’importe qui puisse savoir à quel endroit vous êtes (pensez aux téléphones portables)
 n’importe qui puisse savoir avec qui vous êtes
 un pirate peut se faire passer pour vous
 on puisse vous suivre à la trace avec un nombre suffisant d’antennes

Fichier central

. Le fichier central sera d’une taille énorme (pour 65 Millions de personnes avec un scan des empreintes, la photo et les données annexes). Qui va le gérer ?

. Comme tout système informatique, il est tout à fait possible de trouver des failles. Imaginez que l’on arrive à récupérer les informations de ce fichier. Alors, grâce à votre signature, votre nom et adresse, il sera beaucoup plus facile de se faire passer pour vous.

. Si le système informatique sombre en panne ? Comme il s’agit du socle des transactions administratives, tout sera bloqué. Qui peut nous dire si, en cas de contrôle simple d’identité, nous ne devrons pas rester à disposition le temps de la remise en marche du système ?

. Qui va pouvoir nous assurer qu’aucune autre donnée sera présente dans ce fichier ? En effet, si la carte elle-même comporte des données (à priori) précises, lorsque vous la donnez à un agent quelconque (police, douane, impôts, commerçant,...) qu’est-ce qui vous prouve que dans le fichier central, aux cotés des données de la carte, ne vont pas se trouver des informations additionnelles ? (infractions, barème d’imposition, salaire, lieu de la vérification, etc...) .

Imaginons le pire pour INES

Et puis pourquoi s’arrêter là ? Vous allez me dire que je ne joue pas le jeu de l’objectivité en brandissant le spectre du « Big Brother », en agitant des épouvantails pour aiguillonner vos peurs. J’accepte la remarque, mais j’objecte que :

 Il y a vingt ans, bon nombre de faits sécuritaires aujourd’hui établis, auraient été taxés de fiction (caméras dans les rues. écoutes téléphoniques, espionnage des ordinateurs, satellites de surveillance,...)

 Lorsqu’un tel système veut se mettre en place, cela implique que la confiance du citoyen dans l’éthique de son système politique et policier doit être intact. Ce n’est pas le cas en ce qui me concerne, mais quand bien même, si c’est le cas aujourd’hui, comment préjuger de demain ?

D’autre part, les faits exposés ci-dessous sont techniquement réels. Ethiquement, tout devrait être évalué (ce qui semble être fait correctement par les instances impliquées), mais lorsque l’on voit comment ce projet INES est devenu effectif, nous sommes en droit d’avoir des doutes.

. Je suis à l’entrée d’une discothèque. Le molosse de l’entrée me balaie avec son scanner portable. Il me dit que je ne peux pas rentrer. Par contre il laisse entrer le type derrière moi : scanning du casier judiciaire.

. Je passe la porte de l’assurance. Un employé s’approche et me précise que les cas d’hépatite ne sont pas pris en charge : scanning du dossier médical.

. Je passe mon badge dans le lecteur du restaurant. Un garçon s’avance et me dit que les seules places disponibles sont dans la partie bar. Un maître d’hôtel prend délicatement le manteau de la personne derrière moi et l’accompagne dans la partie gastronomique : scanning du métier ou de la tranche d’imposition.

. Je passe le lecteur de badge de la librairie. Une dame s’avance vers moi, agacée, et m’annonce que les revues érotiques sont au fond du magasin. Lecture des cookies pour les sites internet de prédilection.

. Une personne me bouscule et me fait tomber. Il m’aide gentiment à me relever. Le lendemain, la police débarque chez moi. Je suis suspecté d’avoir commis un vol avec violence. Je clame mon innocence, mais les inspecteurs ont retrouvé un cheveu m’appartenant sur les lieux et le positionnement électronique de mon badge leur permet d’affirmer que j’étais dans le secteur au moment du vol. Je suis cuit !!

. Je me présente chez un employeur potentiel. Au bout de cinq minutes dans une salle d’attente, on me dit que je ne corresponds pas au profil et on me prie de sortir avec 4 autres personnes : lecture du dossier médical, du casier judiciaire, etc...

....

Mais la CNIE n’est pas la seule voie par laquelle notre vie privée peut être bafouée

Oui je sais, passer en revue les gadgets techniques ex-futuristes n’est pas digne d’une enquête factuelle. Pourtant, en prenant du recul, nous pouvons nous apercevoir que ces dernières années ont été particulièrement riches pour le recul des libertés individuelles.

Badges sous-cutanés

Ah le 11 septembre, que de commerce cet événement tragique aura pu générer : http://www.indexel.net

On constate déjà l’aval de la Food and Drug Administration pour l’emploi de puces sous cutanées dans les hôpitaux aux États-Unis pour les patients ( http://www.msnbc.msn.com ).

Certains recommandent la même chose pour les cadavres ( http://www.newstarget.com ).

Au Royaume-Uni les délinquants récidivistes sont pistés par satellite grâce à un bracelet émetteur ( http://news.bbc.co.uk ).

Des bars et pubs comme le « Baja Beach Club » de Barcelone ou le « Bar Soba » de Glasgow offrent déjà une puce électronique sous-cutanée à leurs clients ( http://www.prisonplanet.com et http://observer.guardian.co.uk ).

Au Mexique, une société privée offre un service appelé « VeryKid » pour réduire le nombre d’enlèvements d’enfants en implantant une puce émettrice dans le corps de ceux-ci ( http://www.wired.com )

L’Europe envisage de réglementer l’emploi d’implants sous-cutanés et mais la propagande mercantile est déjà en marche.

Téléphones portables

Une récente déclaration de Pierre Martinet, qui avouait avoir été chargé de surveiller Bruno Gaccio des guignols de Canal+, expliquait qu’il était possible à qui en a les moyens de faire décrocher votre portable, silencieusement, pour l’utiliser comme un micro. Si cela est vérifié sur tous les appareils, avouez que c’est génial. Il est possible de nous situer géographiquement, à quelques mètres près, mais en plus d’écouter nos conversations. Tout cela par un appareil que vous payez vous-même !!

Dans le même esprit, lisez :

Espionnage par portable

Récepteur GPS canettes de Coca

Satellites et réseaux de surveillance

Parlement européen - techniques de contrôle politique

Téléphones portables espion pour employeurs (PDF)

Echelon et frenchelon

Conclusion

Beaucoup d’éléments laissent raisonnablement penser que la carte à puce pourrait n’être qu’une étape vers un système de fichage corporel par puce sous-cutanée. Certes l’État insiste sur le fait qu’il veillera aux dérives qui pourraient mettre en danger la vie privée. Mais les États changent et les lois d’exceptions permanentes qui ont fleuri depuis le 11 septembre 2001, en Europe comme aux États-unis, indiquent une évolution négative. De toutes façons il existe trop de flou sur le contenu et le contenant de la CNIE.

Ce qui change, c’est nous, car la technique a toujours été capable du meilleur comme du pire. Nous, nous nous habituons, nous acceptons, nous tolérons et parfois nous acquiessons et jubilons à l’idée des possibilités incroyables. Le plus effrayant est que de plus en plus, ces dispositifs sont mis en place avec notre assentiment, devant nos yeux qui ne voient rien et sous nos applaudissements. Bien sûr le tour de force de M. de Villepin qui a prétexté un débat, pour finalement passer en force n’est pas digne de la démocratie qu’il clame vouloir protéger. Mais pourtant, rien n’a été fait de manière secrète. Toutes ces mécaniques anti-liberté avancent à peine masquées mais sans arrêt. Ainsi certains diront « mais à quoi bon râler pour la lecture sans contact quand les portables nous positionnent et les caméras nous filment ».

Comme l’explique l’excellent article de la montée du flicage (indolore) : http://www.monde-diplomatique.fr :

"...Il ne faut pas croire que le contrôle des individus concerne seulement la surveillance ou la sanction. Au contraire, c’est en opposition à ces dernières que le public est de plus en plus conquis par des propositions techniciennes permettant d’éliminer tout problème à la base... Par exemple, pour justifier de dépenses vouées à automatiser la conduite automobile (et brider la capacité de décision individuelle, considérée comme une source majeure d’erreurs et d’accidents), les autorités s’appuient sur l’appel aux sentiments : « 41000 morts par an sur les routes européennes »semble l’argument sans réplique pour développer des systèmes de transport intelligents(STI) qui prévoient le téléguidage des véhicules..."

Si vous sentez que vous perdez le contrôle alors que d’autres l’assoient, alors signez la pétition.

La pétition en ligne est accessible par : http://www.ldh-france.org/

Et, je vous en prie, allez voir :
« Bienvenue à Gattaca » ...

L’Aiguillon

Références

Film : Bienvenue à Gattaca (Excellentissime)

CNIL : débat sur la CNIE

Rapport du groupe de l’article 29(PDF)sur le passport biométrique

Avis du groupe de l’article 29 (PDF) sur le projet VIS

Forum Internet du FDI pour la CNIE

Aujourd’hui, la carte nationale d’identité

Description du projet INES

Articles de dénonciation du projet INES :

01net

zdnet

pcinpact

indexel 1

indexel 2

Evolution des techniques bethel

http://e-torpedo.net