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Primaires italiennes - Fausto Bertinotti : JE VEUX... une démocratie non autoritaire (5)

Publie le vendredi 7 octobre 2005 par Open-Publishing
3 commentaires

de Fausto Bertinotti traduit de l’italien par karl&rosa

Le néo-libéralisme a produit des conséquences dévastatrices également sur le terrain de la démocratie. La crise et la mise à l’écart de la politique et de la démocratie à différents niveaux et dans des dimensions variées en sont le signe évident.

Dans la dimension supranationale, la crise de la démocratie est, avant tout, déplacement des lieux de décision des organismes de la démocratie représentative, en premier lieu les parlements, aux instituts a -démocratiques de régulation de la globalisation (l’OMC, la Banque Mondiale, etc.).

La crise de la politique a pour cause sa réduction à l’état de technique, de simple traductrice dans le contexte national des choix imposés par ces organismes interprètes et garants de la globalisation néo-libérale, choix considérés comme des contraintes indiscutables et incontournables.

Le Traité constitutionnel européen représente une étape de ce parcours.

C’est un saut en arrière, un retour aux "Cartes octroyées", concédées jadis par les souverains et aujourd’hui par les gouvernements, d’en haut. Il a pour but de constitutionnaliser les lois du marché et le pacte de stabilité. L’opposition au
Traité est due avant tout au fait qu’il a exclu les peuples européens du processus de son élaboration et qu’il donne aux gouvernements un pouvoir constituant en bouleversant la tradition démocratique : le Traité restreint l’Europe aux élites dirigeantes et éloigne les peuples.

Ce sont les peuples qui doivent ratifier dans les Constitutions les droits et les pouvoirs, comme l’enseigne l’expérience historique de l’après-guerre, après la victoire contre le nazi fascisme. Si l’on veut construire l’espace publique européen, ce sont les citoyennes et les citoyens européens, de naissance ou non, qui doivent décider de l’acte instituant du pacte social et des droits fondamentaux qui crée une citoyenneté européenne commune de résidence.

La victoire du NON au référendum sur le Traité constitutionnel en France marque la crise de ce projet et peut ouvrir la route à un nouveau parcours.

En France, la "société d’en bas" a massivement refusé le Traité parce qu’elle a saisi en lui le cœur battant des politiques néo-libérales.

Cette opposition sociale est large et diffuse en Europe et elle l’est de plus en plus en Italie, aussi.

Dans notre Pays, le refus des politiques du gouvernement et de ses attaques tenaces à tout ce qui est l’expression d’instances autonomes de lui, n’a jamais été aussi large. Ces dernières années ont été traversées par des mouvements de lutte extraordinaires par leur intensité et leur extension : depuis ceux qui ont une longue histoire, comme le mouvement des travailleurs, pour en arriver au monde de l’école, aux chercheurs, jusqu’aux magistrats. Mille conflits territoriaux ont explosé contre la dévastation du territoire ou pour la renationalisation des biens communs.

Mais si cette opposition sociale large et diffuse ne rencontre pas l’affrontement entre gauche et droite, elle risque d’être privée de perspective et peut prendre des chemins différents.

L’affrontement entre la "société d’en bas" et la "société d’en haut" peut prendre une forme ambiguë. S’il ne rencontre pas une réforme de la politique et, en particulier, de la politique de gauche, un virage à droite, réactionnaire et/ou populiste, peut prendre le dessus.

Cela aurait pour conséquence une sortie de la crise de la politique dans la direction de l’antipolitique, ou encore d’une séparation d’avec les mouvements et de manière plus générale d’avec les peuples, et l’éclipse de la démocratie.

L’opposition aux modifications constitutionnelles que veut réaliser la droite doit être nette et radicale : un refus intransigeant et sans possibilité de compromis.

Si la droite impose l’approbation de ces modifications au parlement, toutes les forces démocratiques devront promouvoir un référendum d’opposition pour dire NON à cette contre-réforme.

Ce NON sert aussi à dépasser définitivement les projets de reforme constitutionnelle visant à renforcer le pouvoir de l’exécutif.

Au contraire, le chemin doit être celui de la reconstruction et de l’expansion de la démocratie dans des formes de participation active.

Extension de la démocratie signifie aussi pleine reconnaissance de la différence sexuelle et de l’autodétermination des femmes par rapport à leur propre corps comme élément constitutif de la citoyenneté.

Rifondazione Comunista Parigi (Bellaciao)
Refondation Communiste Paris (Bellaciao)

Pour plus d’info, écrire ici : bellaciaoparis@yahoo.fr

Primaires italiennes

Messages

  • Bertinotti dit :

    .../...Dans la dimension supranationale, la crise de la démocratie est, avant tout, déplacement des lieux de décision des organismes de la démocratie représentative, en premier lieu les parlements, aux instituts a -démocratiques de régulation de la globalisation (l’OMC, la Banque Mondiale, etc.).../...

    Il faut bien rajouter à celà toute une série de clubs très influents qui réunissent les grands acteurs de ces organismes avec de très puissants hommes d’affaires mondiaux (Davos, Trilaterale, Bolderberg,etc...) dont certains fondateurs professent bien volontiers l’idée que la démocratie est dépassée et qu’un gouvernement mondial de banquiers avisés est préferable...

    Une grande partie des plats cuisinés dans les instances internationales aux liens très lâches avec la démocratie ou carrement hors champ de la démocratie sont concoctés dans les consensus de ces clubs...

    On y retrouve (dans ces clubs) toutes les têtes qu’on voit ensuite dans les grands organismes internationaux, à la tête de nos états, dans la comission européenne, etc.

    Dans ces nids de guèpes anti-democratiques on trouve
    Citation de libé de 2003 trouvée là http://emmcoll.free.fr/Constitution/AuxArmesCitoyens.htm#_Toc100132861

    « Les « privilégiés » de ce raout euroaméricain sont des hommes politiques de haut rang (du numéro deux du Pentagone, Paul Wolfowitz, à Dominique de Villepin, ministre français des Affaires étrangères, en passant par Valéry Giscard d’Estaing, président de la Convention européenne) ; des patrons de multinationales (les PDG de Thales, Axa, Nokia, Daimler Chrysler, Novartis...) ; des gouverneurs de banques centrales (du Français Jean-Claude Trichet au Norvégien Svein Gjedrem) ; des journalistes acceptant la règle de l’omerta (Newsweek, The Financial Times, La Repubblica, The Economist, Nicolas Beytout pour Les Echos [rédacteur en chef] ou Alexandre Adler pour Le Figaro [Conseiller éditorial]) ; des têtes couronnées (l’Espagnol Juan Carlos, la reine Béatrix des Pays-Bas) ; des Premiers ministres (le Danois Anders Fogh Rasmussen et le Portugais José Durao Barroso) ; des experts (le juge antiterroriste Bruguière, des membres de l’Ifri ­ Institut français des relations internationales ­ ou de la Brookings Institution, un centre de recherches de Washington). »

    Il n’est pas question d’interdire ces clubs mais le rassemblement dans ces clubs de gens très puissants par un autre canal de la démocratie interroge fortement. Surtout quand des fondateurs de ceux-ci professent ouvertement que la démocratie est dépassée :

    Nous sommes reconnaissants envers le Washington Post, le New York Times, Time Magazine et d’autres grands journaux, leurs directeurs ayant participé à nos rencontres et ayant respecté la promesse de discrétion pendant près de 40 ans. Il nous aurait été impossible de développer notre Plan pour le Monde toutes ces années durant si les projecteurs avaient été braqués sur nos activités. Le Monde est maintenant plus sophistiqué et plus préparé à accepter un Gouvernement Mondial. La Souveraineté Supra-Nationale d’une Elite intellectuelle et de banquiers est sûrement préférable au principe d’Autodétermination Nationale des peuples, pratiquée tout au long de ces derniers siècles.
    ( David Rockfeller en 1991 dans un discours devant la Commission Trilatérale).
    Cet homme est un des fondateurs de deux de ces clubs.
    Une autre fois :
    David Rockfeller en 1999 à la presse :
    Quelque chose doit remplacer les gouvernements et le pouvoir privé me semble l’entité adéquate pour le faire

    Il faut reconnaître que ces derniers 20 ans les consequences de cette idéologie ont fortement progressé dans les instances internationales, OMC, FMI, Banque Mondiale, etc, et en retour ont profondement imbibé le projet européen jusqu’à son paroxisme anti-democratique du TCE, ou dans la BCE qui est hors controle démocratique (avec les consequences que l’on sait ces derniers temps).

    La théorisation des logiques de contournement de la démocratie portait valeur de très sérieux avertissement . Pour la première fois la logique anti-démocratique passait des salons, des pratiques occultes non revendiqués à une tentative constitutionelle inédite dans les vieilles démocraties.
    Même aux USA, on n’avait pas été aussi loin...
    Il n’est pas anodin de retouver dans les nids de guèpes anti-democratiques les acteurs du TCE, le acteurs des comissions européennes, les clubs considérés ont été les forges des consensus clamés sur tous les médias à propos de l’orientation européenne.

    Le refus populaire du TCE en Europe a été terrible pour ces clubs et leurs inspirateurs. Ils avaient largement surestimé leurs forces.
    Mais pour autant, ils n’ont pas compris la baffe prise et continuent leur vertige liberal en essayant de reservir leurs plans, comme la directive Bolkenstein, ou de le plan proposé de baisser la masse salariale européenne de presque 4%...Alors que la prospérité européenne passe par l’inverse. Leur determination semble presque intacte.

    La réponse à ce vertige anti-démocratique, a-democratique, anti-social est probalement en partie dans la candidature de notre ami Fausto Bertinotti, mais également dans la publicité pleine et entière faite aux tractations obscures de ces clubs, de ces organismes et à nos campagnes pour les faire repasser sous controle démocratique + direct .

    Elle passe par la mobilisation populaire, et la construction de pôles de gauche puissants agrégant le très grand potentiel de resistance existant dans la majorité sociale en Europe. Il n’est pas sûr que les partis socio-democrates classiques en fassent partie car ils ont tous largement failli sur ces questions.

    Vive Fausto Bertinotti !

    Copas

    • Dans quelques mois ou années !!!!! Ignaco Ramonet, sur les denières ruines de promesses non tenues nous pondra un article du genre "Bernotti quel gâchis"..... Et une fois de plus cetains se seront encore illusionnés sur le mythe de l’homme providentiel en oubliant les mots de Deleuze "la vraie gauche est toujours dans la rue, jamais dans les gouvernements"
      Sans rapport de force point de réforme sociale fiable, seule la lutte paie.

    • C’est le processus et le sens de sa candidature que je salue en disant : Vive Fausto Bertinotti !

      Comme je salue la poussée du Links en Allemagne et comme je saluerai une grosse poussée qui serait marquée par l’alliance du PC et de sa gauche, malgré ce que je pense de Lafontaine et des ex-PDS, malgré ce que je pense du PCF de son histoire, malgrès ce que je pense de la LCR et de son effort insuffisant pour innover alors qu’elle en a les moyens politiques....

      Les processus sont "impurs" et dans ce cas là, de la candidature de Fausto pour ce type de combat très particulier qu’est une election personalisée (on ne choisit pas toujours les terrains !), je ne suis au courant que de celà en stock...
      Et le renforcement du courant qu’il représente peut, si il se concretise, aider en cristalisant des forces qui prendront ainsi confiance en leur poids, il pesera alors sur le rapport de force global en Europe.

      Maintenant effectivement la lutte des fois paye et elle est, dans 100% des cas, indispensable pour dégager une autonomie du mouvement social vis à vis des tentatives permanentes de caporalisation.

      C’est sans bandeau sur les yeux que nous avançons, en poussant à la mise sous tutelle démocratique des représentants de la gauche.

      Cop.