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Primaires italiennes - Fausto Bertinotti : JE VEUX... sortir de la précarité (8)

Publie le lundi 10 octobre 2005 par Open-Publishing

de Fausto Bertinotti traduit de l’italien par karl&rosa

La précarité et l’insécurité ne concernent plus des couches sociales déterminées ou les exclus du processus de production (les chômeurs, les temps partiels etc.). La précarité et l’insécurité deviennent aujourd’hui la condition générale à laquelle le néo-libéralisme condamne tout le monde, à commencer par ceux qui travaillent. Les conditions d’exploitation du travail se sont accrues de manière exponentielle grâce aux lois qui ont permis de pouvoir déguiser sous des formes de travail faussement autonome et indépendant, des formes de travail en réalité subordonné, d’embaucher avec des contrats qui prévoient le licenciement dès le moment de l’embauche, de pouvoir prendre le personnel quand il est possible d’en décharger le coût sur la collectivité et le chasser lorsque cette opportunité prend fin.

L’ensemble de ces mesures, portées à leurs conséquences extrêmes par la loi 30, a dégradé de manière souvent dramatique la condition de travail de millions de personnes, a allongé dans les faits le temps et l’exploitation du travail désormais sans les freins d’une législation de garantie, a dévasté les conditions de sécurité au travail, comme le montre le bulletin de guerre quotidien des morts et des accidents du travail.

La précarité et l’insécurité s’étendent des temps de travail aux temps de non travail et de vie, des temps de production à ceux de la reproduction.

La précarité est la condition des femmes qui vivent avec de plus en plus de difficulté le rapport entre un travail de plus en plus flexible et marginal et la privation des services sociaux découlant de la contre reforme et des coupes opérées par le gouvernement.

La précarité et l’insécurité sont la condition de vie de millions de personnes âgées qui subissent les conséquences des coupes opérées dans les dépenses sociales, dans l’assistance, dans les droits aux soins des personnes, dans l’érosion de la valeur des retraites.

La précarité et l’insécurité concernent des millions de familles qui sont locataires et qui subissent le chantage de la hausse spéculative des loyers, désormais sans contrôle public, qui vivent le drame de l’expulsion sans possibilité d’alternative à la rue et le manque de logements sociaux qui fait de l’Italie la lanterne rouge de l’Union européenne en matière de politique sociale du logement.

La précarité et l’insécurité sont le produit d’un système d’éducation publique qui se déqualifie et qui veut reproduire une sélection de classe, reléguant les classes populaires dans un parcours de formation subalterne aux intérêts des entreprises.

La précarité et l’insécurité sont vécues par toute une génération de jeunes que l’on empêche de pouvoir penser à leur propre projet d’avenir.

La précarité et l’insécurité c’est aussi une condition de vie métropolitaine qui crée, également par des coupes dans les budgets des administrations locales, des ghettos, des barrières et de nouvelles formes d’exclusion sociale.

La précarité et l’insécurité sont aussi vécues par des millions de migrants qui, même quand ils ont un permis de séjour, vivent la difficulté et très souvent l’impossibilité d’accéder à des services de base comme la sécurité du travail et le logement.

Avoir une idée de société et un projet pour sortir de cette condition de précarité et d’insécurité est au cœur de la Réforme proposée.
Celle-ci n’est pas seulement une idée ou un projet abstraits mais s’incarne dans des propositions qui indiquent dès à présent la mise en route d’un parcours concret :

 Pour ouvrir la route à une véritable alternative, il faut un fort élément de rupture avec le cycle néo-libéral, autrement dit il faudra éliminer les principaux obstacles à la mise en route d’un nouveau parcours.

 Il est prioritaire d’effacer les contre-réformes du gouvernement de droite qui empêchent comme des blocs de pierre la mise en route d’une nouvelle phase, il faut donc abroger la loi 30 sur la précarité du travail, la loi Moratti sur l’école, la loi Bossi-Fini sur les migrants. L’effacement et la véritable annulation de ces lois représenteraient la démonstration dans les faits de la volonté de mettre en route une phase nouvelle.

 Une loi sur la démocratie dans les lieux de travail qui fasse des travailleurs les protagonistes et les dépositaires de la parole décisive sur les plateformes et sur les accords en leur permettant de voter à leur sujet par référendum.

 Réaliser une série de réformes structurelles dans le domaine social avec l’objectif de recréer de forts éléments de protection et de garantie.

 Sur la sécurité sociale, de même que sur l’assistance tout court, la valeur sur laquelle ouvrir une nouvelle époque politique - une véritable contrainte - doit venir des droits et non du marché : des droits exigibles et égaux pour tous, à Bolzano comme à Syracuse, pour toutes les personnes présentes sur le territoire national, y compris les politiques de réduction de l’atteinte. Dans cette perspective il faut augmenter les ressources destinées à la santé et aux politiques sociales, à commencer par un fond "consacré" aux personnes non autonomes.

 A propos du logement, l’objectif à poursuivre consiste à éliminer le libre marché des loyers et à augmenter l’offre de logements sociaux.
L’élément central de ce nouveau welfare doivent être les gouvernements locaux, les municipalités et l’instrument du bilan participé.

 La pleine relance de l’école publique, à commencer par des financements adéquats et par l’objectif d’amener l’obligation scolaire à 18 ans, la renaissance du système universitaire et d’un pôle public de la recherche représentent des moments essentiels de récupération d’un savoir soustrait à la marchandisation du profit.

Rifondazione Comunista Parigi (Bellaciao)
Refondation Communiste Paris (Bellaciao)

Pour plus d’info, écrire ici : bellaciaoparis@yahoo.fr

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