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Nous les RATS

Publie le mardi 22 novembre 2005 par Open-Publishing
10 commentaires

de Jean-Yves DENIS

Alors donc nous sommes des RATS ? Pourquoi je pense cela dans ma tête ?

On quelque part en 2005, et j’ai la trouille. C’est Octobre 2005.

Des militaires dans la gare de Lyon avec des mitrailleuses ?
Ils protègent qui de quoi, et sur quoi tireront-ils si quelque chose arrive ?
C’est maintenant, en 2005 que cela arrive, que font ces militaires dans la gare de Lyon ?
Ils protègent qui de quoi ?
Et le type un peu bourré, qui a l’air d’habiter nul part, pourquoi des vigiles de la RATP le contrôlent. Un sans domicile fixe ça se contrôle pas vu qu’il n’a pas de papier, c’est logique, non ?
Non la logique c’est qu’il n’a rien à faire là car une gare c’est pour des voyageurs, pas des clochards.
C’est un raisonnement clair, que même un crétin de flic peut comprendre.

Je me dis un instant, mais on est où ici, dans une zone de guerre ?

Mais non, on est à Paris, j’ai compris !
C’est parce-qu’il y a des banlieues alentours ! Et le plan Vigi-Pirate !
C’est quand même troublant comment j’oublie des choses si simples : Avec des militaires armés de mitrailleuses dans les gares TGV, on règle facilement le problème des bombes qui explosent partout ailleurs.
J’ai toujours la tête ailleurs, je suis un distrait.
Des gens en noir payés pour cela maltraitent volontairement des personnes déjà pauvres et faibles au départ.
J’étais étourdis, je croyais qu’on était un pays en guerre et que ces types en noir étaient menaçant.
Maintenant j’ai compris : c’est la racaille pauvre qu’on écarte, ouf, je respire un peu.

Je suis rassuré, je peux prendre en vitesse mon ticket après l’avoir fait vérifier plusieurs fois par des contrôleurs sévères mais justes. Je trouve cela normal d’être contrôlé trois fois avant de prendre le train. La sécurité ça n’a pas de prix . C’est pas comme mon billet me glisse ma voisine en rigolant, mais qui est syndicaliste, donc un peu louche.

Nous sommes des choses vivantes à éradiquer. pourquoi je pense ça, d’un coup ? Vite une pillule !
C’est une habitude que nous avons prise. Nous n’avons pas honte ni peur.
A la télé, on voit soit des riches qui ne viennent pas des quartiers dont on vient, très propres, très beaux, très propres sur eux, soit des pauvres de nos quartiers qui ont une chance énorme de participer aux jeux diffusés aux heures de grandes écoutes, soit des gens qui disent qu’ils sont des quartiers pauvres et qu’il vont s’en sortir grâce à la Star Academy. On a un doute, mais on s’en fout car la télé permet d’avoir un bruit de fond.

Mais vraiment, on a peur quand quelqu’un vient dire à la télé qu’il vient pour nous nettoyer.
Si c’est un employé intérimaire de ManPower, on est surpris, et on se demande pourquoi d’un seul coup les propriétaires se décident à donner l’ordre du travail, vu que cela aurait dû être fait depuis longtemps.
Dans ce cas on a peur car on se demande à qui on va être revendu.
Mais si c’est un ministre, alors là on n’a pas peur, on est terrifié.
Un ministre, en vrai, n’a pas de balai, de Karcher, de seau et d’eau de javel pour faire le ménage.
Quand un ministre dit qu’il va nous nettoyer, ont sait en vrai qu’on va être exterminé comme des rats.

Ce n’est pas une chose très agréable à entendre ni à imaginer.
Mais d’un autre côté, il y a la télé qui passe des trucs marrants en même temps, on va s’en contenter.
Et puis c’est peut-être pas dans notre quartier à nous que le ministre vient faire le ménage.
On peut augmenter le son de la télé et penser à autre chose.

Et puis quelqu’un frappe à la porte.
Le facteur j’espère ?
Non, dommage, une sorte de policier, en tout cas un truc habillé en noir.
Zut c’était moi le truc à nettoyer dont la télé parlait.
Dire que j’ai jamais gagné au loto. C’est bien ma chance.
J’aurai mieux fait de faire comme ma voisine, de me jeter sous le train au départ. Pas si conne en fait.

Messages

  • oui Monsieur,
    Vous avez raison d’avoir peur
    et de ne pas prendre de pilule qui redore la situation en vous octroyant une sensation d’anxiolyse et d’hypnose
    Vous êtes à Paris et nous sommes en situation de guerre , de guerre civile larvée
    Quoique vous fassiez, vous êtes coupable, et quoique vous soyez vigilant, vous serez racketté.
    Vous êtes surveillé, contrôlé , formaté et et si vous avez peur, c’est normal , tout est fait pour vous instiller ce sentiment d’ ""insécurité"", pour que vous vous terriez, vous vous méfiez de votre voisin , et que vous dénonciez celui à la peau pas comme la vôtre à votre Protecteur

    signé :un raton , un bouc , un bougnoule , une caillera

  • Faites gaffe les rats, des souris ont été malades en bouffant des OGM !

  • Je ne suis pas française, mais depuis quelques années, chaque fois que je débarque à Paris, je ressens le même choc : une impression surréaliste. Chez moi, à Bruxelles, je ne vois pas ces patrouilles patibulaires armées (je me fiche de savoir si c’est une mitrailleuse ou autre chose : pour moi, une arme à feu, c’est un truc qui tue. Point !), et c’est vrai que ça donne un impression d’état de guerre. Je suppose que la "crise des banlieues" a aggravé les choses. Le riches pétochent dans leurs ghettos chics, et encerclent la capitale d’un cordon militarisé pour se protéger de la "racaille" qu’ils ont eux-même poussés au désespoir, à la violence et au désir de veangeance !

    Mais se contenter d’avoir peur n’est pas la solution, ni se jeter sous un train. Vous êtes, nous sommes, avant tout des êtres humains, pas seulement des choses vivantes. Et nous devons nous en souvenir à chaque instant et à chaque heure. Qu’est-ce que nous sommes ? Qu’est-ce qu’un être humain ? Il faut résister et résister encore et encore à ceux qui veulent nous transformer en "choses vivantes", en force de travail, en facteurs de production ou en racaille à éradiquer ! Nous faire peur, oui, et nous isoler les uns des autres, chacun dans sa banlieue, dans sa détresse, dans son ethnie et sa culture, dans sa solitude et ses problèmes personnels, c’est le rêve des dominants et c’est le but de ces patrouilles, bien plus que de protéger ou rassurer le bon peuple.

    Cessons d’avoir peur. Unissons-nous, parlons-nous, par delà toutes les différences ethniques, culturelles, financières ou sociales. Si nous nous présentons comme un front d’êtres humains, unis, décidés, prêts à toutes les solidarités et à toutes les entr’aides, c’est eux, les riches et les puissants, qui commenceront à avoir peur.

    Absinthe

  • a force de dire que la france peut etre frappée par des attentats pour renforcer le nombre de flics et faire passer des projets de lois qui relèvent de la dictature policière, on risque d’en avoir un pour de vrai. On dirait que c’est ce qu’ils cherchent....
    c’est vrai quoi, il y a toujours eu des groupes hostiles a la république, a la nation, et ce sur le territoire. le fait de le surmédiatiser, donc de faire de la pub, accompagné de petites phrases bien choisies, ca peut qu’énerver un peu plus les mecs qui sont déjà pas loin de faire sauter la boutique.
    remarque c’est comme ça que bush a été réélu, c’est peut etre une manoeuvre électorale...

    oubliez jamais : tant que vous êtes occupés a avoir peur, vous vous posez pas des questions sur je sais pas moi, le nombre de mecs qui dorment dans la rue par exemple ou pourquoi mon chef a le droit de me dire ce que je dois faire.
    c’est plutôt malin comme technique, tu fais peur aux gens, quand ils ont les chocotes tu leur mets des flics pour les rassurer, t’en profites un peu pour les surveiller des fois qu’ils veuillent prendre le train sans payer, mais au final, pour quelqu’un qui se pose pas trop de questions, tu représentes le père, crédible et inattaquable.
    ca peut être pratique quand la justice commence a lorgner sur tes comptes en banques, ou quand la populasse commence a en avoir marre de voir tout augmenter sauf son revenu...

    le cafard

  • les militaires en armes... a lille ont les as depui 2001 regulierement se baladant entre lille flandres et lille europes toujours acompagner des quelques flic histoire de pouvoir emerder ceux qui dorment la...

  • De Jean-Patrick MANCHETTE, dernière interview :

    Q : En Quatrième de couverture de Mélanie White, à ’signes particuliers’ on note : "aime le jazz, la viande rouge, la pensée allemande et les rats." Les rats ?

    R : Le rat est le seul animal urbain intelligent, c’est notoire.

    Patlotch ;-)

  • Et puis, en matière d’efficacité anti-terroriste - puisque c’est la raison d’être officielle de "ces braves poilus qui risquent leur vie pour sauver la tienne, citoyen ingrat !" - je demande à voir !

    Supposons que je sois un kamikase, terroriste fanatique, au service d’une redoutable organisation disposant de moyens financiers illimités quoiqu’occultes, décidé à faire pêter la gare avec un maximum de monde, que ferais-je ? Je me rase la barbe, je vais chez un bon coiffeur, j’enfile un costume trois-pièce du meilleur faiseur, chemise en soie, cravate discrète, after-shave subtil, montre en or au poignet, bref, je me déguise en parfait homme d’affaire néo-libéral au-dessus de tous soupçons. Et dans mon attaché-case pur cuir, bien à l’abri, une jolie petite bombe mitonnée avec amour. Qu’est-ce qu’on parie ? Que tous ces pitbulls emmitraillés seront bien trop occupés à contrôler les SDF et à emmerder les gamins des banlieues pour faire attention à moi, si classieux, si distingué, si bien habillé, si comme-il-faut, si genre "basané ou pas, on s’en fout, il est riche".

    BOUM ! Vous êtes morts.

    Absinthe (qui ne rigole pas, parce que ce n’est pas drôle).

    • Absinthe.

      Non c’est pas drôle.

      Personne ne sait si les trucs qui explosent sont posés par des costumes cravattes ou bien des jean-baskets, ou encore par des types en tenue officielle banlieusarde (Hyper branché en ce moment dans paris centre)

      En tout cas ils sont des prédateurs. Pas des rats.

      Tu as raison. Mais comme une ratte, comme moi, tu comprend que cela ne sert à rien d’avoir raison.

      La logique Sarkosienne est beaucoup plus simple.
      Action - Réaction.

      Qu’importe si quelques types qui n’avaient rien à foutre là selon les autorités sont inquiétés à tort.
      Je me compare à un rat, ce n’est pas par masochisme.
      C’est par défit à tous ces gens obsédés par la proprété, la netteté, l’ordre, la discipline.
      Ils ne veulent que rien ne se passe, que tout soit calme.

      Quelle chance d’avoir un homme fort qui a une réponse à tout, qui affirme que tout est en ordre...
      Un chef, comme Sarkosy, ou autre, c’est tellement rassurant...
      Les Rats ne sont pas les animaux les plus intelligents de la ville , ils sont des mammifères, comme les lapins, les singes et les hommes. sauf qu’en ville, il ne reste que les hommes et les rats, comme genre de bestioles libres.

      J’ai l’impression de ressembler aux rats car j’ai tendance à m’écarter du danger comme eux (armes, explosifs, policiers, soldats, fascistes) au lieu de suivre un joueur de flute qui m’emmene vers un précipice.

      Le verbe E-RAT-DIQUER est pour moi un mauvais jeu de mot pas drôle.

      la chasse aux pauvres est tout sauf drôle, mais par contre les gouvernements sont très sérieux.

      Ils faut que les rats se marrent, c’est leur manière de dire que même s’ils ne sont pas sûrs de connaître une issue, ils savent que leur prédateurs ont aussi peur qu’eux.

      jean-yves.

    • Jean-Yves,

      Je suis d’accord avec toi.

      Mais depuis les travaux d’Henri Laborit, nous savons que les rats SONT intelligents, et que, éthologiquement parlant, leur comportement, leurs stratégies de survie sont comparables à ceux des humains. Il y a de l’espoir pour les rats. Oui, ils doivent opposer l’humour aux dogmes, la solidarité aux stratégies de division, leur propre intelligence et leur propre logique à celles des prédateurs.

      Nous pouvons sans rougir nous comparer aux rats. Nous sommes le peuple, la populace, les gueux, les gens de rien, la plèbe, les cul-terreux, les gueules noires, les esclaves, les serfs, les sujets, les moujiks, et tout au long de l’histoire nous avons suffisamment prouvé notre valeur propre, notre force, notre détermination, notre courage face à ceux des aristocraties, oligarchies, bourgeoisie d’affaire et autres "élites" auto-proclamées. Nous sommes les héritiers de luttes très anciennes. Nous n’avons pas à rougir de nos aieux, mais nous devons faire en sorte qu’il n’aient pas à rougir de nous. Allons-nous nous laisser voler tout ce qu’ils ont gagné ? Allons nous nous soumettre quand ils se sont levés ? Alors que leur situation était pire que la nôtre, que parler de "leurs droits" n’étaient même pas imaginable ? Que la répression était autrement plus féroce et expéditive ?

      Oui, il y a de l’espoir pour les rats, mais pas dans la peur ni dans le désespoir, ni dans la résignation. Il a des combats à gagner pour les rats, pour nous.

      Amicalement.

      Absinthe.

    • Absinthe,

      on est trop d’accord, mais j’ai encore des arguments négatifs.

      Par rapport au fait que la repression étaient plus terrible dans les temps anciens, il n’y a pas de doute.

      Mais je prend un exemple, puisque tu es d’accord sur le fait que rabaisser un rat c’est rabaisser un humain..

      Au 19eme siecle, les rats étaient des sale bêtes à tuer. ils n’avaient qu’à détaler et se cacher.

      maintenant, ouvres une revue scientifique et regardes : un dispositif electronique perfectionné, qui se branche directement sur le cerveau du rongeur , permet de piloter le rat comme un robot.
      J’ai vu ça dans un Science & Vie, pas trop de raison de douter de la véracité du fait.

      Cela n’est pas une métaphore, c’est une réalité, qui n’existait pas au 19eme siecle.

      Maintenant, d’un de vue imagé, métaphorique, si tu es d’accord pour qu’on ne soit pas d’une nature très différente d’un rat, que penser de l’augmentation de la puissance des moyens technologiques, médiatiques, pour nous diriger vers une direction voulue ?

      Comme des rats, nous nous poserons la question de savoir si nous sommes téléguidés ou non.
      C’est une question très paranoiaque, bien sûr, a voir d’une manière imagée.

      mais puisqu’on en est là, on peut continuer la comparaison avec notre pauvre rat équipé d’une prothèse électronique.
      Indépendemment de lui, c’est cela la paranoia , il devra essayer d’expliquer la raison pour laquelle il a n’a plus son contrôle. Il reste a savoir si le rat de laboratoire a conscience d’avoir une prothèse sur le cerveau.

      Donc actuellement, c’est devenu très compliqué de définir ce qu’est l’émancipation, si nous, comme des rats, on n’a comme horizon qu’une sorte de laboratoire. Et qu’on ne sait pas si on a notre propre point de vue, ou bien un point de vue imposé par une pression médiatique impossible à éviter.

      C’est un cauchemard paranoiaque, si on se place du point de vue du rat avec sa prothèse.
      Moi j’espère que les rats de laboratoire ont consciences de leur sort.
      Dans ce cas les humains seraient aussi bons que les rats.

      Amicalement,

      Jean-Yves.