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Philosopher au Karcher

Publie le lundi 5 décembre 2005 par Open-Publishing
24 commentaires

de Michel Onfray

Un ami français vivant au Japon m’interroge sur l’embrasement des banlieues. Pour ce faire, je lui prépare des articles de presse, je collectionne les interventions d’intellectuels, je classe les avis de philosophes et nous en reparlerons à Noël quand nous nous retrouverons. En attendant, la pile de documents accumulés mérite qu’on s’y arrête !

Je récapitule : Attali déplore l’inaction des politiques depuis vingt ans. Je rêve ! Que fit ce conseiller du Prince auprès du fossoyeur de la gauche pendant deux septennats ? Sa solution : donner les moyens aux jeunes des banlieues pour devenir chef d’entreprise. Bravo ! Super... BHL n’y comprend rien : énergie noire, tourbillon de nihilisme, pas de rationalité. Ah bon ? Ce sartrien a-t-il oublié les analyses de la Critique de la raison dialectique sur les relations entre violence et politique ?

Badiou, défenseur des crimes maoïstes - lire Le siècle...-, rapporte les mésaventures de son fils adoptif, noir, embarqué par la police alors qu’il accompagne un copain qui négocie un vélo probablement sans facture : quel rapport entre cette anecdote et la crise ?

Carrère d’Encausse, bicornée à la télévision russe, voit des nègres polygames partout et des familles nombreuses qui débordent dans les cités, s’ennuient, donc cassent et brûlent. Profond ! Baudrillard vaticine : néant, décadence, désintégration, déshérence : « Nique ta mère » dit le titre de son article, la page en dessous est inutile, le titre suffit. André Glucskmann associe les incendiaires et les électeurs du non aux dernier référendum. Ben voyons !

Ces nihilistes des cités sont du même tonneau que les défenseurs de Saddam Hussein et de Poutine ! André, tu déjantes... Finkielkraut mériterait la chronique a lui seul : il n’aime pas les blacks, les beurs, les footballeurs, les rappeurs, les jeunes, les musulmans, en revanche, il apprécie le colonialisme, la république, la France aux français.

S’il n’aime pas Le Pen, Le Pen, lui, va finir par l’aimer... Régis Debray déplore le manque de religieux qui crée si bien le lien social ! Ah, l’eau bénite républicaine, quel placebo sublime, quelle panacée ! Sollers affirme que ce cri n’a qu’un seul destinataire : Chirac... Ah oui, vraiment ? Malek Chebel ne comprend pas, l’Islam est une religion de paix et d’amour - mais ça n’était pas la question. Sibony débite son Freud et disserte sur la régression archaïque... Bien, bien.

Je suis stupéfait : aucune analyse politique, pas de considération sur ce nouveau lumpenprolétariat survivant dans les cités, nulle part les mots qui fâchent et qui expliquent : libéralisme, loi du marché, chômage, misère, paupérisation, urbanisme, logement, racisme, discrimination. Récuser le politique - et la politique - c’est reculer pour mieux sauter - au sens pyrotechnique du terme...

http://perso.wanadoo.fr/michel.onfr...

Messages

  • Pas étonnant, cette occultation des mots qui fâchent : ce serait reconnaître l’imposture, la faillite absolue du capitalisme - certains disent "Libéralisme" pour faire joli - dont les conséquences sont définitivement incompatibles avec le bonheur, le progrès social, la justice, la stabilité, la solidarité, la répartition équitable des richesses, la générosité, le partage des savoirs, un environnement sain, ..., bref avec l’envie de vivre, tout simplement...

  • Monsieur, je m’incline vous au moins vous dédramatisez le tout, et vous nous permetez à nous éloignez de cete "crise", il y a des moments je m’escuse et bien on est des "cons"

    Nicole

  • Le plus inquiétant, c’est l’absence - apparente - de commentaires étrangers en france.

    L’Analyse en france est totalement LePeniste : le danger viendrait des immigrés polygames.
    M. Onfray, qui a publié un livre qui parle des dangers des religions (traité d’Athéologie) , ne dira pas le contraire, c’est actuellement une catastrophe complète de dire que la violence ne vient pas de la pauvreté et de l’ignorance d’une fraction abandonnée des citoyens, mais d’une prétendue volonté extérieure d’instaurer une réligion autre que catholique en france. C’est ce qui empoisonne le climat en france, la certitude que la religion est l’alpha et l’oméga du débat.

    Nicolas Sarkosy en sortira vainqueur, car si on oppose une france blanche chrétienne au reste de la france, d’une manière statistique, c’est les plus nombreux qui vont gagner : les blancs moyens qui en plus ne sont pas très religieux.

    Une seule solution : refuser l’argument religieux. Ne parler que de dominants et dominés.

    jyd

  • Donne un cheval à l’homme qui dit la vérité, il en aura besoin pour s’enfuir.
    (proverbe arabe)

    INTERVIEW DE SOHEIB BENCHEIKH PAR LE PARISIEN
    mercredi 21 janvier 2004

    http://fairelejour.org/article.php3?id_article=491

  • "nulle part les mots qui fâchent et qui expliquent"

    Quand on explique l’inexplicable, on finit par excuser l’inexcusable. Donc...

  • et pendant ce temps à "l’apartheid" à la française s’incruste et le Pen voit 11 des points de son programme sur 23 mis en application : il n’aura plus qu’à ramasser la mise, il est débordé par sa droite !!

    Cette chronique lu le matin vaut un bon café : merci

    Arlequin

  • Ou sont ils, les artistes et les intellectuels ?

    ça fera bientôt 20 ans que Coluche ( le seul vrai artiste engagé de ces 50 dernières années) est mort.

    Je ne vois personne, rien, le néant.

    L’anesthésie totale des français.

    Finkelkraut qui crache son venin sur les plateaux TV, Attali qui a perdu la mémoire, Zemmour et Barbier qui s’engueulent stérilement, BHL qui soutient Sarkozy..........

    Va sur les plateaux de TV, Michel, ton discours est 1000 fois plus constructif.

    Antoine.

    • Coluche l’unique sauveur du monde !! Le show-biz comme seule issue !!! Le fou du roi comme roi !!! C’est vraiment le sans-fond, le néant !!!

    • "Coluche l’unique sauveur du monde !! Le show-biz comme seule issue !!! Le fou du roi comme roi !!! C’est vraiment le sans-fond, le néant !!!"

      Celle ou celui qui a écrit cela n’a pas du avoir souvent faim !

      Les restos du coeur, ça ne sert à rien, c’est boien connu.

      André.

    • Quel amalgamme ! Quel mélange ! Les affirmations péremptoires et les anathèmes servant de pensée !

    • Trois fois hélas, je sais que c’est terrible de dire cela, mais les associations sont une vraie calamité car elles permettent à un système complètement pourri de ne pas s’écrouler...

      Sans ce stupide bénévolat et toutes ces subventions misérables, qui ont remplacé le paternalisme et la charité chrétienne du XIX° siècle, le capitalisme s’écroulerait.

      Entre les détournements de fonds des oeuvres caritatives, la majeure partie des crédits perdue en frais de gestion et la ferme conviction que cette pseudo charité hypocrite aggrave et pérennise la situation honteuse que nous connaissons, il y a bien longtemps que je ne donne plus un fifrelin à personne.

  • Cher Michel,

    Vous écrivez bien, vous parlez mieux encore.
    Cependant à vous lire aujourd’hui je ressens une accumulation de réflexions destructives qui s’ajoutent à la violence ambiante.
    J’ai soif de réflexions (simplement) constructives qui nous aideraient à sortir de la morosité générale sur ces questions de société.
    Nous attendons, cher Michel, vos suggestions.

    Cordialement

    Ninja

    • Monsieur Onfray,
      si on doit voter pour l’intelligence en
      france je vote pour vous
      n’en déplaise à Sarko and co
      et n’en déplaise à d’autres ,on sait bien de quel coté est la violence
      sauf à vouloir que la misère reste cachée et se taise
      hélas pour ceux qui veulent "laver bien blanc"
      s’exprimer avec le seul moyen qui reste : la colère
      passage obligé des laissés-pour-compte
      Diop

    • D’accord avec vous Ninja.

      Pour ma part, je n’arrive pas à me contenter de débats entre personnes, qui consistent pour l’essentiel à qualifier l’auteur d’un écrit ou d’une parole "d’abominable (mention interchangeable)", sans forcément faire l’effort de s’affronter au fond de questions trop souvent juste effleurées.

      Certains des "débats" auxquels nous avons assisté ces derniers mois me semblent avoir été instrumentalisés par les intervenants pour des raisons pas toujours très avouables. J’ai peur qu’on assiste surtout à des règlements de comptes entre anciens des mêmes facultés parisiennes. Pour faire simple, il ne me paraît pas très constructif de résumer son analyse des évènements récents à une critique mot à mot du discours des Finkielkraut et consorts. C’est peut être très ludique, mais ça ne nous mène pas très loin.

      Quant à la situation dans les banlieux, j’ai pu lire des contributions très intéressantes mais, il est vrai, d’auteurs moins "exposés" que ceux que Michel Onfray nous cite. Evidemment, pour les repérer, il faudrait surtout arrêter de focaliser son attention sur quelques têtes de turc médiatiques que l’on accuse d’occuper tout le terrain alors que, paradoxalement, on guette la moindre de leur réflexion pour créer en chaîne des mini scandales systématiques, donnant par là même à leurs avis une dimension qu’ils ne méritent certainement pas.

      Theoven

    • tout à fait d’accord avec theoven.
      Nous avons pu lire de très bonnes contributions sur bellaciao ou su le monolecte.

      Les meilleures je les ai trouvées sur l’observatoire des inégalités où l’on trouve des données bien réelles sur les quartiers et des "points de vue" très intéressants sur les événements.

      Cela serait dommage de diffuser à l’étanger le point de vue imbécile de personnes à côté de la plaque.

      Sandrine.

  • Pièce en 5 actes politiques
    Acte 1
    Le chœur entre et occupe toute la scène
    « Le libéralisme nous n’en voulons plus
    Il génère chômage, bas salaire, destruction
    De l’environnement, misère, précarité et racisme »
    Acte 2
    Pire ô man entre en scène suivi de sa troupe,
    De bleu marine, vêtue.
    « Hardi, compagnons, contrôlez le chœur qui
    Occupe la périphérie de la scène, son chant
    M’indispose ! Je veux des acteurs en règle, des
    Acteurs serviles mus par l’appât du gain et aptes
    A chanter dans ma pièce ! Contrôlez !contrôlez…..
    Ces intermittents qui vont et viennent à leur
    Grés et font circuler des textes de leur cru.
    Contrôlez quand bien même vous ajouterez l’insulte
    A leurs difficultés. Harcelez compagnons ! Je veux
    Du résultat, pensez à la prime ! Nettoyez moi cette scène »
    Acte 3
    Les intermittents, pauvres parmi les pauvres, le prennent mal et enflamment
    Quelques décors et planches de la scène et chantent
    « Puisque l’on ne veut pas de nous sur scène voici
    Ce qu’il advient de la scène ! »
    Acte 4
    Pire ô man entre et porte le masque du pompier
    Mais toujours son costume azuré.
    « Regardez chers amis ce désordre, cette cacophonie
    Chantez avec moi :
    ILS nous empêchent de chanter ensemble, ILS nous empêchent de
    Circuler, ILS nous enlèvent notre travail ! »
    Pire ô man ajoute en solo
    « A compter de ce jour ne monterons sur scène que
    Les chanteurs munis de leurs cartes et soumettrons
    Leurs textes à mes services »
    Actes 5
    Le chœur se scinde dans la bousculade
    1er chœur « nous avons peur des flammes il vaut
    Mieux chanter avec le pompier de bleu vêtu »
    2eme chœur « nous avons peur des flammes c’est pire ô man l’incendiaire
    Qui a allumé la mèche, POUR NOUS FAIRE PEUR car nous
    Voulions titulariser les intermittents dans de vrais postes
    De choristes avec sécurité de l’emploi droit à la retraite
    Aux congés payés etc. Car nous voulions augmenter les
    Revenus de tout le chœur en imposant les majors qui vendent
    Et profitent de nos voix. »
    redcook

  • La messe est dite !! Le Grand Prêtre de la Laïcité à parlé !!!
    Ses critiques pleuvent ainsi que les anathèmes sur Badiou et autres...Quant à demander quel rapport entre le témoignage de Badiou et une analyse sur les émeutes ...quelle hypocrisie.
    Que le Grand Prêtre de la Laïcité fasse ses propositions, nous jugerons sur pièces.

  • Jacques Le Goff, historien du Moyen-Age, s’est prononcé dans je ne sais plus quel journal à grand tirage (Le Monde ou le Nouvel Observateur, je ne me rappelle plus). Il a vu dans les évènements récents une jacquerie urbaine qui ressemblait, mutadis mutandis, aux jacqueries paysannes de l’Ancien Régime. A la violence lancinante et continue des conditions matérielles répond une violence éruptive et démonstrative ... révolte de la misère, donc, aux contours politiques très flous mais réels.

    Tellmarch

  • La preuve qu’Onfray est meilleur que BHL, Finkielkraut, etc, c’est qu’il a mis les mots qui fâchent dans son dernier paragraphe.

    • Force est de constater, en amont de ce débat, un phénomène qui brouille les données. Depuis quelques années (avant même la seconde intifada), des intellectuels juifs français que l’on avait jusqu’alors considérés comme des penseurs universalistes ont commencé, sur le plan national comme international, à développer des analyses de plus en plus orientées par un souci communautaire qui tend à relativiser la défense des principes universels d’égalité ou de justice.

      Les travaux de Pierre-André Taguieff sont très révélateurs. Son pamphlet La nouvelle judéophobie est le prototype d’une réflexion "savante" faisant fi des critères scientifiques. Le sociologue s’est mué en défenseur d’une communauté en danger dont le nouvel ennemi réel ou potentiel est l’Arabe, le musulman, fusse-t-il français. On ne trouve pas ici de mise en perspective fondée sur une analyse critique de la politique sociale de l’Etat, des réalités de la banlieue ou même de la scène internationale. La conclusion est limpide : la communauté juive de France ferait face au nouveau danger que représente cette nouvelle population d’origine maghrébine qui, de concert avec l’extrême gauche, banaliserait la judéophobie et la justifierait par une critique très retors d’Israël et un "antisionisme absolu".

      C’est surtout Alain Finkielkraut qui excelle dans le genre : on savait le penseur impliqué dans les grands débats sociaux mais voilà que l’horizon se réduit et que le philosophe est devenu un intellectuel communautaire. Son dernier ouvrage Au nom de l’Autre, réflexions sur l’antisémitisme qui vient se présente comme une attaque sans nuance de toutes les dérives antisémites (altermondialistes, immigrées ou médiatiques). Alain Finkielkraut verse dans tous les excès sans être gêné de soutenir Sharon. Le débat n’est plus fondé sur des principes universels et même s’il prétend être lié à la tradition européenne commune, sa prise de position révèle une attitude communautariste qui fausse les termes du débat, en France comme au sujet de la Palestine. Sa dénonciation du "culte de l’Autre" ne cesse, en miroir, d’exacerber le sentiment d’altérité du juif-victime et le mur de la honte devient "une simple clôture de sécurité" qu’Israël construit à contre cœur. Juifs ou sionistes (ceux qui font la différence sont antisémites) ne seront jamais des victimes ou des oppresseurs comme les autres.

      Alexandre Adler avait témoigné, au côté de Finkielkraut, dans le procès surréaliste intenté au journaliste Daniel Mermet. On pouvait s’étonner. L’analyse attentive de ses écrits nous éclaire néanmoins. La lecture du monde qu’il nous propose se comprend surtout au regard de son attachement à Israël. Il ne s’en cache pas et dans l’ouvrage collectif Le sionisme expliqué à nos potes, il avance qu’il "devient de plus en plus inenvisageable de concevoir une identité juive qui ne comporterait pas une composante sioniste forte" [1] et plus loin : "Un équilibre va s’instaurer entre diaspora et appartenance israélienne, autour duquel le nouveau judaïsme va se développer".[2] On relèvera le mélange de genres mais on retiendra la leçon au moment d’analyser ses positions en politique internationale, de même que celles de certains intellectuels juifs français, notamment lorsque Adler rappelle lui-même que les Etats-Unis ont renforcé leur soutien à Israël, lequel a par ailleurs établi une alliance stratégique avec l’Inde.

      La récente guerre en Irak a agi comme un révélateur. Des intellectuels aussi différents que Bernard Kouchner, André Glucksman ou Bernard-Henri Lévy, qui avaient pris des positions courageuses en Bosnie, au Rwanda ou en Tchétchénie, ont curieusement soutenu l’intervention américano-britannique en Irak. On a pu se demander pourquoi tant les justifications paraissaient infondées : éliminer un dictateur (pourquoi pas avant ?), pour la démocratisation du pays (pourquoi pas l’Arabie Saoudite ?), etc. Les Etats-Unis ont certes agi au nom de leurs intérêts mais on sait qu’Israël a soutenu l’intervention et que ses conseillers militaires étaient engagés dans les troupes comme l’ont indiqué des journalistes britanniques participant aux opérations (The Independent, 6 juin 2003). On sait aussi que l’architecte de cette opération au sein de l’administration Bush est Paul Wolfowitz, sioniste notoire, qui n’a jamais caché que la chute de Saddam Hussein garantirait une meilleure sécurité à Israël avec des avantages économiques assurés.

      Dans son livre Ouest contre Ouest, André Glucksman nous livre un plaidoyer colérique pour la guerre qui passe sous un silence très parlant les intérêts israéliens. Bernard-Henri Lévy, défenseur sélectif des grandes causes, critique très peu Israël à qui il ne cesse de témoigner sa "solidarité de juif et de Français". [3] Sa dernière campagne contre le Pakistan semblait comme sortie de nulle part, presque anachronique. En s’intéressant à l’abominable et inexcusable meurtre de Daniel Pearl, il en profite pour stigmatiser le Pakistan dont l’ennemi, l’Inde, devrait donc naturellement devenir notre ami Lévy n’est bien sûr pas le maître à penser de Sharon mais son analyse révèle une curieuse similitude quant au moment de son énonciation et à ses visées stratégiques : Sharon vient d’effectuer une visite historique en Inde afin de renforcer la coopération économique et militaire entre les deux pays.

      Que ce soit sur le plan intérieur (lutte contre l’antisémitisme) ou sur la scène internationale (défense du sionisme), on assiste à l’émergence d’une nouvelle attitude chez certains intellectuels omniprésents sur la scène médiatique. Il est légitime de se demander quels principes et quels intérêts ils défendent au premier chef ? On perçoit clairement que leur positionnement politique répond à des logiques communautaires, en tant que juifs, ou nationalistes, en tant que défenseurs d’Israël. Disparus les principes universels, le repli identitaire est patent et biaise le débat puisque tous ceux qui osent dénoncer cette attitude sont traités d’antisémites.

      C’est pourtant sur ce terrain que doit s’engager le dialogue si l’on veut éviter le choc des communautarismes pervers. S’il faut exiger des intellectuels et acteurs arabes et musulmans qu’ils condamnent, au nom du droit et des valeurs universelles communes, le terrorisme, la violence, l’antisémitisme et les Etats musulmans dictatoriaux de l’Arabie Saoudite au Pakistan ; on n’en doit pas moins attendre des intellectuels juifs qu’ils dénoncent de façon claire la politique répressive de l’Etat d’Israël, de ses alliances et autres méthodes douteuses et qu’ils soient au premier rang de la lutte contre les discriminations que subissent leurs concitoyens musulmans.

      On relèvera avec respect le courage de celles et de ceux, juifs (pas forcément altermondialistes ou d’extrême gauche), qui ont décidé de s’insurger contre toutes les injustices et notamment celles qui sont le fait de juifs. Avec les Arabes et les musulmans qui ont la même cohérence, ils sont la lumière et l’espoir de l’avenir parce que celui-ci a plus que jamais besoin de cette exigence et de ce courage.

    • Bravo !

      Je souscris totalement à cette vision.

      La réflexion philosophique doit quitter les pentes glissantes de la propagande communautaire sous peine de se compromettre avec les démons de l’intolérance.

      Le chemin est élevé et étroit, mais c’est le seul défendable.

      61.**.181.**

  • Monsieur,

    J’ai également été frappée par le manque d’analyse politique, philosophique, sociale concernant les récents événements dans les banlieues. Vous semblez montrer une indignation devant la pauvreté des débats, la persistance à ne pas voir les évidences (pauvreté économique, chômage, détresse psychologique...). Vous critiquez nombre d’intellectuels, pourquoi pas ?

    Cependant, l’énergie d’un homme qui travaille sur les idées, la /les pensée(s), ne peut-elle, ne doit-elle pas servir à dépasser l’indignation ? Il y a quelques années, vous écriviez dans La Sculpture de soi (Poche, p.137) :
    "le négatif attaque, détruit, travaille la chair et l’âme au plus profond, au point de paralyser toute capacité à l’action, à la réflexion".

    Mais, vous n’êtes pas sans l’ignorer, après les explosions et les coulées de lave, le volcan donne souvent des terres fertiles.

    Bien à Vous.

    ND

  • Monsieur,
    Bien que fille de l’un de ceux que vous insultez avec joie dans votre article, je sais rester impartiale, et heureusement, sinon je serais déjà en train de nager dans un mélange de larmes et de vomi.
    "Pas de politique", dites-vous : où en faites-vous, sauf dans votre listing final ?
    "Badiou, défenseur des crimes maoïstes" : vous êtes resté trente ans en arrière, et n’avez semble-t-il eu ni jeunesse ni connaissance du moindre rapport bien / mal des faits de quelque chef que ce soit.
    Quant aux "mésaventures de son fils adoptif, noir, embarqué par la police alors qu’il accompagne un copain qui négocie un vélo probablement sans facture" et le "rapport entre cette anecdote et la crise", je vous le donne en mille : l’envolée du racisme ordinaire et la colère de ceux qui y sont sujets quotidiennement... vous voyez, là, ou vous faut-il un cours ?
    Le militantisme, pour peu que vous sachiez ce que ce mot veut dire, est partout dans les mots de ceux qui essaient, tant bien que mal, de se battre quotidiennement contre le retour de la dictature, puisque c’est bien de cela qu’il s’agit maintenant. Vous savez quoi ? Pas plus tard qu’hier soir, j’ai surpris Claude Goasguen (député UMP propre sur lui) l’avouer à mots à peine couverts !!!
    Là où je suis d’accord avec vous (si, si !), c’est dans l’origine du mal. Seuls ceux qui ont décidé de la nier la nient. Ceux-là sont ceux qui nous gouvernent, quel que soient leur bord, puisque seul le nombre de barreaux à leurs propres échelles sociales les intéressent.
    Le dire ne suffit pas.
    Apprenez à lire.
    Claude Badiou