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LA BOURSE PÉTROLIÈRE IRANIENNE POURRAIT TUER LE DOLLAR AMERICAIN

Publie le lundi 2 janvier 2006 par Open-Publishing
4 commentaires

Par Toni Straka, le 23 août 2005.

La Bourse Pétrolière iranienne peut-elle devenir le catalyseur d’un coup porté à l’hégémonie dont jouit le dollar US ? De nombreuses craintes ont conduit le prix du brut vers des records historiques en termes de dollar constant. Avec un monde faisant face à une facture quotidienne d’environ 5.5 milliards de dollars pour le pétrole brut aux niveaux des prix actuels, on se rend compte que les vendeurs et les acheteurs de l’or noir examinent toutes les possibilités qui pourraient les mener respectivement à une augmentation des profits.

Pendant que se forme un goulot d’étranglement mondial du à des équipements de raffinage inadéquats et à des déclins dramatiques pour certaines production - par exemple en Mer du Nord -, deux facteurs ne pouvant être éliminés à court terme, il reste un domaine faisant sourire les producteurs pétroliers et (la plupart) des acheteurs. Ceux qui ne contrôlent pas la politique du dollar US sont les victimes des transactions financières, effectuées en dollar dans le domaine du commerce pétrolier. On peut considérer que la conversion nécessaire en dollar effectuée par les banques locales est comme un impôt caché, qu’affectionne particulièrement le secteur bancaire.

Jusqu’à présent le pétrole est uniquement évalué, négocié et payé en dollar sur les marchés Londoniens et New-yorkais. Les données du Treasury Inflow Capital au milieu de l’année 2005 montrent que les membres de l’OPEP ont mis de coté seulement 120 milliards de dollar directs, qui sont presque également réparties entre des actions et des créances irrécouvrables. Ceci est une indication claire que des producteurs pétroliers investissent leurs profits ailleurs. Le rapport entre les dettes des Etats-Unis et de l’UE, qui est en faveur de l’UE, est clairement une autre indication de la chute du pétrodollar après la conversion en Euro.

La Bourse Pétrolière Iranienne (IOB) deviendra un élément qui pourrait plus tard perturber la position dominante du dollar.

Spécifiquement dans le cas de l’Iran, le fait d’accepter des Dollars uniquement pour sa matière première la plus recherché n’a aucun sens. Étant vu comme un pays hostile par les Etats-Unis pour son intention de construire ses propres réacteurs nucléaires ce serait un miracle si la nouvelle IOB n’essaye pas d’attirer d’autres acheteurs que les Américains qui sont particulièrement importuns dans ce coin du globe. L’Iran a récemment annoncé que le nouvel échange pétrolier mettra en marche ses ordinateurs au début de 2006.

L’IOB a deux bonnes cartes à jouer. Elle peut - et cela ne fait probablement pas de doute - séduire des acheteurs européens avec des prix de pétrole en Euro, leur évitant des dépenses de transaction. Elle peut aussi frapper le marché d’échange avec des géants affamés de pétrole comme la Chine et l’Inde qui ont beaucoup de produits et de matières premières à échanger. Je doute que l’on considère des hamburgers et des services légaux comme des nantissements adéquats pour la ressource la plus recherchée du monde.

Une Renonciation au Dollar est plus mauvaise qu’une Attaque Nucléaire iranienne.

Ecarter le dollar US du pétrole en lui faisant perde son rôle de monnaie d’échange des matières première peut avoir un impact plus profond sur l’économie des Etats-Unis qu’une attaque nucléaire directe par l’Iran. La demande permanente en dollar provient en bonne partie du fait que jusqu’à présent presque toutes les ressources du monde sont cotées en dollar.

Tandis que ceci nous a mené au marché de l’Eurodollar dans les années 1970, les nouvelles conditions du commerce pourraient sonner la fin du dollar comme la première monnaie de réserve. Avec l’économie mondiale tellement dépendant du pétrole, à l’avenir on peut voir l’or noir lui-même comme une monnaie remplaçante qui sera distribuée seulement contre les meilleurs nantissements. Le récent journal de San Francisco du gouvernement fédéral traite de l’augmentation de la diversification des réserves des Banques centrales internationales montrant ainsi que le dollar est en déclin dans beaucoup de pays. NOTE : la Chine a officiellement décidé de diversifier une partie de ces possessions de devises étrangères en pétrole.

L’Iran tient d’une main de fer sa place de deuxième producteur de brut derrière l’Arabie Saoudite. Les politiciens garderont là aussi à l’esprit que les dépôts de dollar pourraient devenir un fardeau dans l’avenir lorsque les Etats-Unis intensifieront la présente guerre des mots au niveau de sanctions économiques lors de leur croisade contre des centrales nucléaires. L’argent dans la banque n’aide pas quand vous n’y avez aucun accès.

Une abdication du statu quo actuel a un seul ennemi réel : les Etats-Unis, où moins de cinq pour cent de la population mondiale consomment environ un tiers de la production mondiale. Le Pétrole en Euro profiterait à plusieurs millions de personnes dans l’Union Européenne ainsi qu’à ses partenaire commerciaux. Cela diminuerait l’emprise qu’ont les Etats-Unis sur les membres de l’OPEP. En pensant à la forte croissance d’hostilités entre les Etats-Unis et les pays Arabes ces dernières années une renonciation au dollar semble être plus qu’un désir dans les rêves arabes.

Comme ce développement pose réellement un grand danger pour le statut supérieur du dollar et les intérêts des Etats-Unis on peut s’attendre a ce que « le président de guerre » s’oppose aux vents soufflant du Moyen-Orient. On peut rappeler que le despote irakien Saddam Hussein était entré dans des pourparlers discrets avec l’UE sur une proposition pour vendre son pétrole en Euro. C’était l’année avant la première guerre pétrolière de ce siècle.

Bref, l’IOB pourrait aider l’Euro à devenir la monnaie intérimaire de réserves primaire avant que la Chine et l’Inde ne montent au deux premières places dans le classement économique mondial dans les prochaines décennies. Sujet qui est abordé dans le post « Quelle sera la future grande monnaie de réserve » ( What will be the next big reserves currency).

Un déclin de la position du dollar dans le commerce du pétrole pourrait aussi ouvrir les vannes dans d’autres bourses de marchandises où le dollar est le moyen d’échange, mais où les Etats-Unis sont minoritaires en terme de part de marché. Une économie mondiale conduite par des demandes d’efficacité strictes, à la lumière de marges bénéficiaires marginales presque partout dans le monde, est une bonne base pour estimer des changements dans les autres marchés des matières premières. Ce processus pourrait commencer pour des ressources comme l’acier et l’énergie et s’étendre à toutes les autres ressources qui sont généralement commercialisées. Le monde à l’extérieur des Etats-Unis a beaucoup à gagner et rien à perdre. (Référence fournie par prof Rosa).

Source
Article original en anglais

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Messages

  • Si j’ai bien compris le sens de ton article, cela suffirait à expliquer l’acharnement de BUSH sur ce pays. La question n’est pas le nucléaire, et encore moins la religion, il suffit seulement de rendre infréquentable ceux qui peuvent faire chuter le dollar.
    C’est peut-être un peu simpliste, mais sans doute pas tout à fait faux

    sc_marcos94

    • Je ne vois pas ce que cela a de simpliste.

      Depuis l’attaque de l’Irak et les grèves du Vénézuela... plus aucun pays n’accepte des euros contre du pétrole. Car en effet, en 2002-2003, le Vénézuela et l’Irak étaient les deux pays à accepter des euros contre des dollars. Ceux qui ont suivi l’actualité se souviennent que les grèves vénézueliennes étaient "subventionnées" par le Département d’Etat Américain... et que l’invasion de l’Irak... est dûe à l’Amérique... aussi.

      Le dollar qui faiblit, c’est toute l’Amérique qui se retrouve à genoux. Nos banques aussi, leurs réserves étant essentiellement composées de dollars... Ce qui explique que finalement... nos économies et nos Etats ne font pas grand chose contre cet état de fait et ces évènements.

    • Il fallait lire "des euros contre du pétrole". Evidemment :-)

  • Si des frappes de missiles sont déclenchées contre l’Iran, elles ne toucheront probablement que très peu de supposés sites nucléaires.
    Par contre, nous pouvons nous attendre à la destruction totale, « par erreur », du centre névralgique de la bourse du pétrole.

    Dollar ou euro, peu importe, désormais la principale monnaie d’échange contre le pétrole c’est

    LE SANG.