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Pour un féminisme d’ouverture !

Publie le samedi 8 mars 2003 par Open-Publishing

FEMMES PUBLIQUES (nouvelle association féministe)

manifeste le 8 mars 2003
Contre un ordre moral toujours plus
discriminant,
Pour un féminisme d’ouverture !

Toutes et tous à la République, 13h30, rendez-vous
Femmes Publiques devant l’ex-Tati (angle place de la
République/rue du Temple.

Peu après sa nomination au poste
de Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin,
ancien conseiller en communication et fin connaisseur
du poids des
mots,
scandait aux femmes chefs d’entreprise : "il faut
fertiliser les
énergies
féminines".

Récemment, Perben s’inquiétait du trop grand nombre de

femmes magistrates,
les décrivant comme inaptes à s’investir suffisamment
et « partiales »
face
aux prévenus masculins. Dans les deux cas, les ventres
obsèdent nos
dirigeants : ils réduisent les femmes à un organe de
la reproduction,
quand
seuls les hommes auraient un cerveau, un corps non
morcelé et des
compétences avérées pour l’objectivité.

Depuis l’automne 2002 enfin,
la Cadac, association féministe, et l’APGL,
association des parents gais et lesbiens, ont été
exclues du Conseil
supérieur de la famille, remplacées par deux
organisations
catholiques.
Jacques Chirac, dans une lettre adressée à Christine
Boutin,
l’encourageait
à veiller au respect des valeurs familiales
traditionnelles. Le rapport
Kriegel ramenait cette vieille lanterne - jamais
prouvée - à l’ordre du
jour
 : la violence et la pornographie télévisuelle
inciteraient les enfants
à
devenir meurtriers et violeurs, résultat : il
faudrait donc renforcer
la
Censure. Enfin, Sarkozy élaborait sa fameuse loi de
sécurité
intérieure,
dont le but semble être plus d’invisibiliser puis de
réprimer les « 
classes
dangereuses » que de lutter efficacement contre le
proxénétisme ou la
paupérisation. Et les riverains de devenir ce nouveau
miroir populaire
qui
justifie toutes les décisions. Pauvres riverains,
instrumentalisés
jusqu’à
la moelle pour faire passer l’idéologie moraliste et
sécuritaire d’un
gouvernement que personne ne semble vouloir arrêter.

C’est dans ce
contexte que Femmes Publiques est née. Dans un
contexte
d’Union Sacrée où nous ne trouvons plus nos marques.
Nous sommes
féministes
et savons ce que nous devons aux militantes et aux
penseuses des trente
dernières années, mais les replis moralistes récents
nous
inquiètent.

Tout cela sans parler de la remise en cause de la
mixité filles/garçons
à
l’école, sous prétexte que la violence et le sexisme
sont de plus en
plus
difficile à vivre pour les filles, mais aussi que les
garçons seraient
défavorisés scolairement... Ainsi, voit-on trop
souvent une
dénonciation de
violences ou d’inégalités aboutir à l’interdit, à
d’étranges
retournements
conduisant à la condamnation de minorités. Et si nous
soutenons tout particulièrement les femmes qui se
battent pour leur
émancipation, venues des quartiers socialement
délaissés - mais aussi
d’ailleurs -, nous nous alarmons de l’usage abusif que
certains en
font,
agrandissant la brèche de l’exclusion et de la
discrimination
culturelle,
géographique ou ethnique par un discours
assimilationniste et
sécuritaire.

Nous soutenons les prostitué-es dans leur lutte pour
une
reconnaissance
sociale ; nous encourageons les femmes à produire la
pornographie qui
leur
convient, plutôt que d’interdire en masse toute forme
de pornographie ;
nous
incitons à une réflexion commune entre les femmes, les
hommes et les
minorités sexuelles pour comprendre l’articulation
entre les
discriminations
liées au sexe et à la sexualité, et les combattre ;
nous inscrivons
l’échange
avec l’ensemble des communautés au cœur de nos
revendications :
Notre émancipation et nos libertés ne passeront pas
par
l’exclusion.

Contact : femmespubliques@ifrance.com