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Le Forum de Caracas s’est focalisé contre la politique de George Bush

Publie le samedi 28 janvier 2006 par Open-Publishing

de Marie Delcas

Pacifiste, l’Américaine Abigail a fait le voyage depuis San Francisco. Ravie, dit-elle, "de voir le seul chef de l’Etat qui tient la dragée haute à Bush", elle a écouté, comme quelque dizaines de milliers d’autres altermondialistes venus à Caracas participer au 6e Forum social mondial (FSM), le discours très attendu, du président vénézuélien, Hugo Chavez, vendredi 27 janvier. Devant un public gagné à sa cause, M. Chavez a parlé pendant deux heures, dénonçant "le cynisme de l’empire américain" et appelant de ses voeux "la création d’un grand mouvement articulé, mondial, anti-impérialiste et alternatif".

Avant de conclure sous les applaudissements : "Nous ne pouvons pas perdre de temps, il s’agit d’essayer de sauver la planète, en changeant le cap de l’histoire, en construisant un mouvement authentiquement socialiste sur la planète." Dans une Amérique latine qui a largement basculé à gauche au cours des récentes élections, le FSM - né pour faire contrepoids aux décideurs économiques réunis à Davos -, s’est politisé cette année. On ne critique plus Davos mais George Bush.

REGRET DE PORTO ALEGRE

Le tout, dans une certaine confusion logistique. Conférences et ateliers sont annulés ou déplacés sans préavis, certains intervenants n’apparaissent jamais, d’autres repartent sans avoir trouvé leur public. Les "habitués" regrettent l’ambiance de Porto Alegre au Brésil - siège historique du FSM. Mais l’esprit du Forum survit à Caracas : ici, on s’interroge sur les moyens d’empêcher le pillage de l’Amazonie ; là, on analyse le rôle des femmes contre la guerre ou les mouvements indiens. Certains se disent satisfaits des avancées. "Nous avons fait un boulot formidable pour préparer le forum mondial de l’eau qui se tiendra au Mexique, en mars", dit Adriana Marquensio, syndicaliste uruguayenne qui en est à son sixième forum. D’autres critiquent "l’absence de thématiques nouvelles et un certain essoufflement des débats".

La militante antimilitariste américaine Cindy Sheehan, mère d’un soldat mort en Irak, occupe la vedette. Peu de personnalités sont présentes. "Nous n’avons pas besoin de Prix Nobel pour avancer", insiste Gloria Ramirez, féministe colombienne qui regrette que le Forum soit, cette année, organisé sur trois continents : "On parle beaucoup d’Amérique latine et peu du reste du monde." La "révolution bolivarienne" d’Hugo Chavez est au coeur des débats mais ses fonctionnaires sont absents.

Les altermondialistes étaient nés pour tenter de contrecarrer les méfaits de la globalisation par la mise en place d’initiatives diverses. "Nous étions dans la résistance active", explique Mme Ramirez. La consolidation de la "révolution bolivarienne" et l’arrivée de dirigeants de gauche au Brésil, en Bolivie, en Uruguay changent la donne. Les altermondialistes s’interrogent : doivent-ils soutenir les gouvernements de gauche, ou confronter leurs insuffisances et exiger des changements plus radicaux ? "Nous avons conquis le gouvernement, nous n’avons pas encore pris le pouvoir", conclut un syndicaliste uruguayen.

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