Accueil > Intervention des Etats-Unis lors d’une rencontre entre cubains et (...)

Intervention des Etats-Unis lors d’une rencontre entre cubains et compagnies pétrolières à Mexico

Publie le lundi 6 février 2006 par Open-Publishing
1 commentaire

par SIMON ROMERO Traduction par CSP

MEXICO CITY, 3 février - Des officiels du gouvernement US ont déclaré vendredi qu’ils avaient demandé au propriétaire d’un hôtel à Mexico, qui appartient à une société étasunienne, d’expulser la délégation cubaine qui s’y trouvait pour une rencontre avec des dirigeants d’une compagnie pétrolière US.

La délégation quitta l’hôtel peu après.

La demande fût formulée par le Bureau de Contrôle des Biens Etrangers (OFAC - acronyme anglais) du Département du Trésor, qui a indiqué à Starwood Hotels, le propriétaire du Sheraton de Maria Isabel à Mexico, que la loi US interdit de fournir des services aux individus ou compagnies cubaines. Cette action s’inscrit dans une lignée de décisions prises récemment par l’administration Bush pour durcir l’embargo vieux de 45 ans contre Cuba.

Une porte-parole du Département du Trésor, Molly Millerwise, a dit que « l’hôtel a agit en accord avec les sanctions US ».

Une porte-parole de Starwoods Hotels, Nadeen Ayala, a confirmé que le Département du Trésor avait demandé à l’hôtel « de faire partir les citoyens cubains ».

Les officiels cubains tentent de convaincre les compagnies pétrolières US d’exploiter les gisements de pétrole situés dans les eaux territoriales cubaines après que des forages préliminaires effectués par des compagnies chinoises, indiennes et norvégiennes se soient révélés positifs. La réunion prévue entre dirigeants d’une compagnie texane et l’élite bureaucrate de la Havane avait commencé Jeudi et devait durer jusqu’à samedi.

"Il est scandaleux que je ne puisse pas, en tant que citoyen américain, parler avec quelqu’un sur le sol mexicain," a dit Kirby Jones, un ancien official de la Banque Mondiale et organisateur de la rencontre tenue sous les auspices de l’Association de Commerce US-CUBA [U.S.-Cuba Trade Association ], une ONG basée à Washington.

M. Jones a dit que c’était la 10eme réunion qu’il avait organisée entre des hommes d’affaires US et des officiels cubains, mais la première avec des compagnies pétrolières US.

Des rencontres entre des compagnies agricoles et des officiels cubains ont déjà eu lieu à Mexico et ont abouti à la vente de produits alimentaires étasuniens à Cuba.

La réunion de cette semaine, a dit M . Jones, avait été initialement prévue au mois de décembre à Cancun, Mexique, mais fut reporté vers la ville de Mexico.

D’autres réunions ont été tenues dans des hôtels contrôlés par des compagnies étasuniennes, a-t-il dit, y compris celle de Cancun, où la réunion sur le pétrole devait se tenir initialement.

"Ce problème ne s’était jamais posé", a dit M. Jones. Les dirigeants étasuniens tenteront de rencontrer les cubains samedi sur un autre site.

Certaines des plus grandes compagnies pétrolières US, dont Exxon Mobile et Valero Energy Corporation, avaient accepté de rencontrer des officiels cubains sur un terrain considéré comme neutre dans un hôtel situé dans le berceau du capitalisme mexicain, à quelques pas d’un Starbucks [ célèbre chaîne de cafés US - NDT ] sur le Paseo de la Reforma, de l’ambassade des Etats-Unis et de la place de la bourse Mexicaine. Le port pétrolier de Corpus Christi et des compagnies d’équipement pétrolier avaient aussi envoyé des représentants.

« Ils sentent une opportunité dans leur propre arrière-cour, à moins de 200 km de la Floride," a dit M. Jones, l’organisateur de la réunion, en expliquant que les compagnies avaient dans la tête soit de faire pression pour faire assouplir l’embargo soit de recueillir des informations sur un futur post-Castro. »

Bien que Cuba souffre de pénuries d’énergie depuis la fin du pétrole subventionné soviétique il y a plus de dix ans, son potentiel en tant que producteur de pétrole a commencé à attirer l’attention.

Selon l’Agence d’Information sur l’Energie, la réserves certaines de pétrole cubain s’élèvent à 750 millions de barils et dépassent celles du Soudan, un état africain qui a réussi à attirer de grandes compagnies non-US pour investir dans son industrie pétrolière, malgré les sanctions économiques mises en place depuis 1997.

« Tout est envisageable, » a dit Alberto Wong Calvo, directeur des hydrocarbures à l’Office Nationale des Ressources Naturelles de Cuba, lors d’une interview. « Nous n’avons absolument aucun problème à travailler avec des compagnies pétrolières Américaines. Malheureusement, les obstacles se trouvent dans le camps d’en face. »

La production de pétrole à Cuba a fait un bond depuis l’ouverture aux investissements étrangers dans les années 90, avec la présence de deux compagnies canadiennes, Sherritt International Corporation et Pebercan Inc. La production est ainsi passée de 18.000 barils par jour en 1992 à 70.000 barils par jour en 2005. Cuba consomme plus de 150.000 barils par jour, et le Venezuela en fournit une partie dans des conditions financières favorables.

L’embargo économique étasunien contre Cuba interdit aux compagnies de pétrole de passer des accords d’exploitation avec Unión Cubapetróleo, la compagnie pétrolière nationale cubaine. Mais des dirigeants des compagnies qui ont assisté aux conférences ont dit qu’ils étaient encouragés par l’assouplissement de l’embargo sur la nourriture et la présence de forages chinois dans les eaux cubaines au large du détroit de la Floride.

« C’est un chemin difficile qui nous attend, mais nous sommes voisins, » a dit Amado Duron, directeur des opérations de Valero Energy, une entreprise de raffinage basée à San Antonio et qui pourrait raffiner le pétrole cubain dans ses raffineries basées au Texas, Louisiane et l’île caribéenne d’Aruba. « La tendance est à la signature d’accords. »

Cuba a passé l’année dernière des accords d’exploitation avec Sinopec, une compagnie contrôlée par le gouvernement chinois, ONGC Videsh en Inde et la compagnie norvégienne Norsk Hydro. Cependant, jusqu’à présent, aucune de ces opérations n’a découvert de grandes réserves comme celles située dans les eaux territoriales US du Golfe du Mexique.

Le compagnie espagnole Repsol a dépensé plus de 20 millions de dollars dans des forages qui ont failli donner des résultats, mais les dirigeants ont dit que le pétrole découvert sur ces sites n’ont répondu qu’en partie à leurs attentes. Petrobras, du Brésil, a abandonné les recherches après un forage infructueux en 2001. Mais les cours élevés du pétrole ont ravivé l’intérêt pour des gisements secondaires comme celui de Cuba.

Cuba a besoin de ces investissements. Bien que l’économie cubaine ait passé un cap avec une croissance de 11.8 pour cent en 2005, elle est handicapée par des pénuries d’énergie. La majorité du pétrole produit par Cuba est chargée de soufre et lorsqu’il est brûlé dans les centrales cubaines, « les Cubains sont en train de détruire leur propre infrastructure, » a dit Jorge Piñón Cervera, un consultant de Miami spécialiste de l’industrie énergétique cubaine.

D’après ses réserves connues, Cuba a un potentiel de production de 700.000 barils par jour d’ici 2015, selon une étude menée par A. F. Alhajji, un professeur d’économie de l’université de l’Ohio du nord. Cela correspond au double de la production de la Guinée Equatoriale, un des plus grands exportateurs de pétrole de l’Afrique de l’ouest. Le Venezuela a déjà parié sur un accroissement de l’activité du secteur pétrolier cubain, en investissant 100 millions de dollars dans la rénovation de la raffinerie de Cienfuegos qui date de l’époque soviétique.

Les compagnies pétrolières US, bien sûr, ont été les fondateurs de l’industrie pétrolière cubaine, avec les ancêtres telles qu’Exxon, Standard Oil du New Jersey, qui contrôlaient la première raffinerie à Belot de l’autre coté de la bien de la Havane. Manuel Marrero Faz, consultant auprès du Ministère des Industries de Base à Cuba, a dit qu’il était normal que les étasuniens reviennent.

« Vous avez besoin du pétrole, » M. Marrero a déclaré aux étasuniens. « Nous pouvons y arriver dans un esprit de respect mutuel. »

THE NEW YORK TIMES

Messages

  • C’est ahurissant que certains continuent d’utiliser le terme "embargo" (inventé par la propagande etasunienne) au lieu du terme correct (reconnu et utilisé par l’ONU) de "blocus".
    Il suffit de prendre un dictionnaire, et de considerer les faits relaté par l’article (qui ont lieu au Mexique, il ne s’agit donc pas de quelque chose ne concernant que les Etats-Unis et Cuba) pour se rendre compte qu’il s’agit d’un BLOCUS et non d’un "embargo".

    Libérons nos ésprits de la propagande ! Redonnons leur vrai sens aux mots !

    Les citoyens des Etats-Unis sont des "etasuniens", les citoyens de Cuba et du Vénézuela sont des américains

    Cuba est soumis à un blocus (non un embargo) de la part des Etats-Unis