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La gauche italienne se rassemble sur un programme de gouvernement

Publie le samedi 11 février 2006 par Open-Publishing
3 commentaires

La gauche italienne se rassemble sur un programme de gouvernement

Certains parlent du "miracle de saint Romano". Le programme de la gauche italienne, que Romano Prodi devait dévoiler samedi 11 février à Rome, jour de l’ouverture de la campagne officielle pour les élections législatives des 9 et 10 avril, relève en effet du prodige. L’ancien président de la Commission européenne, chef de file de l’opposition de centre-gauche, a réussi l’exploit de rassembler sur un document unique les nombreuses formations, souvent très divisées, de l’Unione. Du retrait immédiat des troupes italiennes en Irak aux mesures en faveur du Mezzogiorno, les régions pauvres du sud, les différents leaders ont finalement donné leur accord, dans la soirée du 9 février, à l’issue d’un sommet mouvementé.

Fausto Bertinotti, le dirigeant du Parti de la refondation communiste, a estimé qu’il s’agissait d’"un programme réussi au-delà des prévisions les plus optimistes". A l’autre bout de l’éventail, le démocrate chrétien Clemente Mastella, leader du petit parti centriste UDEur, s’est déclaré "d’accord à 99 %" avec un texte qui doit beaucoup à "l’habile et intelligente médiation de Prodi". Les Verts saluent "un programme sérieux avec des choix forts sur l’énergie". A la manière d’une navette qui perd quelques tuiles lors de son entrée dans l’atmosphère sans que la suite du vol s’en trouve affectée, la coalition a enregistré, au moment de la signature, le retrait (sans doute provisoire) de deux minuscules formations. Le Mouvement des républicains européens, dont le rôle fondateur de la coalition n’aurait pas été assez reconnu. Et le mouvement radical de l’ancienne commissaire européenne Emma Bonino, à propos du pacs et du financement des écoles privées.

"Deux divergences sur plus de 200 pages, c’est peu", a relativisé M. Prodi, décidé à obtenir "un accord total" dans les prochaines semaines. Bien que sensible, en raison de l’influence de l’Eglise catholique sur l’électorat, une question de société comme le pacs n’est pas l’essentiel d’un programme dont les priorités sont d’ordre économique et social. Selon l’hebdomadaire L’Espresso, qui en révélait les grandes lignes, vendredi 10 février, le texte est "d’inspiration radicalement alternative au centre droit qui a gouverné ces cinq dernières années". "Nous avons produit un document qui est un projet de gouvernement, non pas une simple liste de slogans électoraux", s’est félicité M. Prodi.

La baisse du coût du travail pour relancer la compétitivité économique, demandée avec insistance par le patronat italien, est l’une des mesures préconisées : dès la première année, un gouvernement Prodi baisserait de 5 % la fiscalité sur le travail qui pèse sur les employeurs et les salariés. Romano Prodi compte aussi s’attaquer à la précarité de l’emploi et aux bas revenus. "La mobilité pendant le temps de la formation est très utile, mais la précarité qui dure dix ans est un délit, a-t-il affirmé jeudi sur RAI 1. Un jeune ne peut pas rester dix ans dans la naphtaline avec des contrats de trois mois séparés par des périodes de chômage. Il faut inciter à embaucher. Pour cela, le coût du travail à durée indéterminée ne peut plus continuer à être supérieur à celui du travail temporaire."

Silvio Berlusconi a aussitôt expliqué que la promesse de réduire la fiscalité sur le travail était impossible à tenir car elle coûterait 20 milliards d’euros. Au moins est-ce une critique sur le fond, car jusque-là la campagne électorale a surtout été marquée par des échanges d’injures et des procès d’intention. Après avoir monopolisé le petit écran, M. Berlusconi devra se plier, à compter du 11 février, à la loi qui répartit le temps d’antenne entre les partis pendant la campagne. Au cours de ces dernières semaines d’intense propagande, le retard du centre droit sur la gauche en matière d’intentions de votes serait passé d’une dizaine de points à moins de 5 %. Moins à l’aise que son rival devant les caméras, Romano Prodi mise sur le sérieux de son programme pour maintenir ou accroître l’écart d’ici aux élections.

La droite raille une "union de façade", s’attendant à une reprise rapide des divisions. Le parti de Fausto Bertinotti, qui avait causé la chute du premier gouvernement Prodi en 1998, est particulièrement observé. Tout en critiquant "un déficit de démocratie" dans l’élaboration du programme, Refondation communiste estime toutefois qu’il "correspond au virage politique, économique et social que nous avions réclamé avant la rupture en 1998".

http://www.lemonde.fr/web/article/0...

Messages

  • L’acceptation de Rifondazione Comunista de se faire caporaliser par le prodisme était finalement une bêtise. Cette critique est également auto-critique car j’ai soutenu à l’époque la logique des primaires à l’interieur de la gauche italienne.

    PRC doit retrouver son indépendance car on ne peut laisser de côté la question de la bataille entre l’ultra-liberalisme et les travailleurs, entre les logiques de soutien au TCE anti-social, anti-démocratique face aux oppositions pronant la solidarité et non la mise en concurence des peuples, pronant une société de liberté par nature anti-capitaliste.

    Une bataille non menée et nous voilà à réclamer le bréviaire de la droite européenne et des gauches de droite : FAIRE BAISSER LE COÛT DU TRAVAIL ....
    Dans ce jeu à sommes fixes on ne touchera pas aux profits et aux conditions de leur réalisation.... et de puissantes cylindrées venant de Milano ou de Torino , de Napoli ou de Roma, continueront de foncer sur les autoroutes pour placer leurs précieux euros sales ou gris sur la côte d’Azur, se construire des villas de luxe, contournant ainsi le fisc italien .
    Et le Mibtel, l’équivalent de notre CAC 40 a progressé de 13% en un an pendant que l’Italie est au bord d’une crise à l’Argentine....
    Baisser le coût du travail..... hum, la vieille recette délirante de la droite...La spirale infinie donant goût de défaite et de recession.

    Bravo !

    Mais j’ai probablement mal compris...

    Racontes-nous Patrizia.

    Copas

    • T’as hélas très bien compris, Copas.

      Mais l’alternative c’est un renouveau de bagne avec l’autre demeuré !
      Alors, comme d’hab’, faudra aller voter en gérant ses haut-le-coeur...

      Brunz
      (italien très heureux d’etre en "exil", meme si ça merde grave ien France aussi !)

    • Je crois que c’est plustot Prodi à se faire caporaliser par Bertinotti,pour utiliser ton terme.
      Et cela n’est pas mal ,au contraire.On aura plus de justice enfin.
      Bertinotti a assuré que la priorité de Prodi sera de combattre la précarité du travail et l’évasion fiscale,c’est à dire les maux de ces derniers temps qui ont fait la fortune des pillards au gouvernement.C’est un début,la dessus sont tous d’accord,puis on verra.
      Certainement,de cette journée du programme de Prodi a parlé la presse étrangère plus que l’italienne,mise sous censure par le petit césar italien.
      Et puis la légalité ,bafouée par Berlusconi,est le premier des soucis de l’ancien juge Di Pietro,qui a signé lui aussi ce programme,avec les communiste italiens,et le modéré Mastella aussi.
      A vrai dire,le plus applaudi des leaders a été le secrétaire des DS Fassino.
      Prodi venait juste de parler de la stratégie électorale de la droite ,"très fine,qui consiste à jeter sur toute l’opposition ,la magistrature,la presse libre un seau de sterco-excrément le matin et un seau du meme le soir"
      Or M.Fassino est le premier cible de cette stratégie médiatique de la droite.
      De toute facon la participation des gens à cet évènement a été très importante et spontanée.
      Le théatre était plein comme un oeuf et les gens restaient déhors.
      A la fin,tous à chanter "volare".
      Parce que maintenant nous sommes vraiment sous terre,avec Napoléon Riina