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On sauve l’Iran ou le dollar ?? Le marché du pétrole Iranien menace le dollar par Mike Whitney

Publie le dimanche 19 mars 2006 par Open-Publishing

dissidentvoice.org (texte original en anglais) et Bellaciao (texte en français)

Le gouvernement Bush n’autorisera jamais le gouvernement Iranien à ouvrir une bourse où le pétrole s’échangerait en euros. Si cela arrivait, des centaines de milliards de dollars submergeraient en retour les Etats Unis, effondrant le dollar et détruisant ainsi son économie. C’est pourquoi Bush and C° projettent de mener la nation en guerre contre l’Iran. C’est simplement pour protéger le système de mondialisation actuel et la domination perpétuelle du dollar comme monnaie de réserve.

La plainte selon laquelle l’Iran développe des armes nucléaires n’est rien d’autre qu’un prétexte pour lancer la guerre. La NIE (National Intelligence Estimate) prévoit que l’Iran ne sera pas capable de produire des armes nucléaires avant peut-être dix ans. Tout comme le chef de l’AIEA, Mohamed ElBaradei, a dit et répété que les inspecteurs de son agence n’avaient trouvé « aucune preuve » de programme d’armes nucléaires.

Il n’y a pas d’armes nucléaires ou de programmes d’armes nucléaires, par contre le plan économique de l’Iran pose une menace existentielle aux USA.

Les USA monopolisent le marché du pétrole. Il est estimé en dollars et s’échange soit sur le NYMEX (New York Mercantile Exchange) soit sur l’IPE (London International Petroleum Exchange) appartenant tous deux aux Etats Unis. Ceci oblige toutes les banques centrales du monde à maintenir d’énormes stocks de dollars.

Le monopole de la monnaie US illustre parfaitement le schéma pyramidal. Aussi longtemps que les nations sont obligées d’acheter le pétrole en dollars, les USA peuvent continuer à gaspiller outrageusement en toute impunité. (Le dollar représente maintenant 68% de la monnaie du capital mondial contre 51% il y a dix ans) La seule menace à cette stratégie est la compétition que projetterait une place boursière du pétrole indépendante ; forçant ainsi le dollar flageolant à se confronter à une monnaie plus stable (libre de dette) telle que l’euro. Ceci obligerait les banques centrales à diversifier leurs actifs, renvoyant des milliards de dollars aux USA, nous garantissant pour le coup un cycle d’hyper inflation dévastateur.

L’effort de garder loin des gros titres cette information concernant le marché d’échange du pétrole Iranien a été très bien mené. Une simple recherche sur Google montre qu’aucun des grands journaux n’a relaté l’ouverture de cette bourse. L’aversion des médias pour les histoires contradictoires qui servent l’intérêt du public a été évidente dans beaucoup d’autres cas, comme l’élection présidentielle frauduleuse de 2004, le Downing Street Memo, et l’écrasement de Falluja. Au lieu d’informer, les médias servent de mégaphone à la politique des gouvernements et manipulent l’opinion publique en ressassant la démagogie spécieuse du gouvernement Bush. Du coup, peu de gens ont la moindre idée de la gravité de la menace qui pèse actuellement sur l’économie US.

Ceci n’est pas une affaire de « libéraux contre conservateurs ». Ceux qui ont analysé le problème sont tous arrivés à la même conclusion : si le marché Iranien s’ouvre, le dollar va plonger et l’économie US voler en éclats.

C’est ce que dit l’économiste Krassimir Petrov dans un récent article : La Bourse Iranienne du Pétrole en Question « D’un point de vue purement économique, si la bourse du pétrole Iranien prenait de l’élan, elle serait allègrement suivie par les puissances économiques majeures et précipiterait la mort du dollar... »

Quant à l’analyste de droite Alan Peter, il déclare dans son article La Menace des Mollahs : « Avec des économies aussi interdépendantes et entrelacées, une dépression mondiale, non seulement aux USA, surviendrait avec un effet domino entraînant le reste de l’économie mondiale dans la pauvreté. Des places de marchés contraignant les US à réduire les tarifs de leurs exportations ne devraient jamais se matérialiser...

200 millions d’Etatsuniens (USers) pourraient se retrouver à la rue, sans emploi et affamés, avec rien ni personne capable de les secourir ou de les aider, contrairement aux soupes de cuisines et autres soutiens charitables vus durant la Grande Dépression de 1920/30... »

Un tel crash entraînerait la montée en flèche des taux d’intérêts, une hyper-inflation, des coûts en énergie astronomiques, un chômage massif et, peut-être, une dépression. Voici donc le scénario troublant, si la bourse Iranienne est reconnue et qu’elle écroule le dollar de son haut perchoir. C’est cela qui rend la guerre si probable, même une guerre nucléaire.

Maintenant nous pouvons comprendre pourquoi les médias gentiment affiliés aux multinationales ont omis toute mention d’un nouveau marché du pétrole dans leurs couvertures. C’est un secret que les piliers de la direction aimeraient mieux garder pour eux. Il est plus facile de convaincre le public avec des histoires d’armes nucléaires et de musulmans intégristes plutôt que de justifier le lancement d’une guerre pour sauver un dollar anémié. C’est néanmoins le dollar que les USA défendent en Iraq et vraisemblablement bientôt en Iran aussi. (Saddam s’était converti à l’euro en 2000. Les bombardements ont commencé en 2001)

Alternatives pacifiques

Il y a des solutions pacifiques à ce dilemme, mais pas si le gouvernement Bush persiste à se cacher derrière la stupide tromperie du terrorisme ou d’un programme imaginaire d’armes nucléaires. Bush a besoin de se mettre au clair avec le peuple Etatsunien en ce qui concerne la nature réelle de la crise d’énergie mondiale et cesser d’invoquer Ben Laden et les AMD pour justifier sa politique d’agression. Nous avons besoin de toute une stratégie énergétique, (incluant le financement de l’état pour des projets de conservation, de sources d’énergies alternatives, et le développement d’une nouvelle lignée de véhicules hybrides « made in USA ») de sincères négociations avec l’Iran pour réguler la quantité annuelle de pétrole vendue en euros (pour faciliter une sortie ordonnée du dollar) et enfin une « approche internationale collective » de la consommation et de la distribution de l’énergie (sous les auspices de l’assemblée générale de l’ONU)

Une plus grande parité des monnaies devrait être encouragée comme moyen de renforcer les démocraties et de revigorer les marchés. C’est promettre le souffle d’une nouvelle vie dans le libre échange que d’autoriser d’autres modèles politiques à s’épanouir sans crainte de se voir engloutis par le capitalisme. La domination actuelle du dollar a créé un empire mondial qui dépend largement de sa dette, de la torture et de la guerre pour maintenir sa suprématie.

La bourse Iranienne du pétrole pose bien le plus grand des défis au monopole du dollar et à ses souteneurs de la Réserve Fédérale. Si le gouvernement Bush poursuit son intention de frappes nucléaires d’anticipation sur les soi-disant sites d’armes, leurs alliés s’en trouveront d’autant plus aliénés et les autres seront obligés de répondre. Comme le dit le Dr Petrov, « Les pays détenant le plus de dollars pourraient décider de riposter calmement en écoulant pas cher leurs propres montagnes de dollars, empêchant ainsi les US de financer davantage leurs ambitions belliqueuses. »

Il y a de fortes chances pour que le champion absolu du système actuel soit celui même qui le mène à sa perte.

Courtesy and Copyright © Mike Whitney
Traduction : Annefrenal@tiscali.fr