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Le PCF croit en sa renaissance

Publie le vendredi 24 mars 2006 par Open-Publishing
6 commentaires

de Sylvia Zappi

Marie-George Buffet a retrouvé le sourire et son parti, avec elle, quelques couleurs. Après la campagne pour le non au référendum sur la Constitution européenne du 29 mai 2005, les communistes semblent avoir regagné un capital de sympathie qu’ils avaient largement perdu.

Alors que s’est ouvert pour quatre jours, jeudi 23 mars, le 33e congrès du PCF au Bourget (Seine-Saint-Denis), où un millier de délégués sont attendus, la secrétaire nationale semble assurée d’un soutien renforcé. Un certain flou demeure, toutefois, sur la stratégie qu’elle a engagée.

"Nos études qualitatives montrent que la campagne référendaire a installé son image forte et positive au sein de la gauche", assure son directeur, Stéphane Rozès. Les mobilisations contre le CPE et l’affaiblissement du gouvernement nourrissent un peu plus, chez les militants, l’espoir qu’une victoire de la gauche est possible en 2007. Et qu’un espace est désormais ouvert à la gauche du PS.

"La mobilisation contre le CPE souligne l’urgence d’un rassemblement de la gauche et d’une alternative audacieuse", remarque la secrétaire nationale. Un constat qu’elle martèle dorénavant pour expliquer sa stratégie. C’est un projet en trois temps que Marie-George Buffet a proposé à ses alliés du "non de gauche" et soumis à ses militants. La rédaction d’un programme de "rupture avec le libéralisme", une campagne commune autour d’une candidature unitaire à la gauche du PS et une nouvelle alliance pour les élections législatives avec des circonscriptions réservées à ses éventuels partenaires.

Pour l’élection présidentielle, la secrétaire nationale "soumet au débat" une candidature communiste et plusieurs porte-parole. Une "campagne à plusieurs voix pour incarner le rassemblement unitaire", insiste-t-elle.La numéro un du PCF a gagné la première manche avec un congrès qui devrait la suivre. Son texte a obtenu près des deux tiers des voix. "Les militants se sont rendu compte qu’une campagne unitaire ne faisait pas disparaître le parti", note Roger Martelli, membre de l’exécutif.

Ses opposants internes, divisés et affaiblis entre orthodoxes et proches de Robert Hue, tous favorables à une candidature communiste "pur jus" annoncée dès le congrès, se sont vu marginaliser dans les conférences locales. "Elle tient son congrès, la ligne ne changera pas", reconnaît Michel Maso, proche de M. Hue. Mme Buffet rêve d’incarner "une polyphonie" à la gauche du PS, mais elle sait bien que rien n’est joué. Les faibles scores passés - Robert Hue avait péniblement obtenu 3,37 % à la présidentielle de 2002 - font peur et les réticences de ses alliés du non au référendum sont connues Place du Colonel-Fabien. A la LCR, on observe, sceptique.

"La secrétaire nationale du Parti communiste comme candidate unitaire, ça fait un peu manip’", grince Alain Krivine. Du coup, la direction du PCF a décidé qu’il était urgent d’attendre. Devenue, en interne, championne dans l’art de l’esquive, Mme Buffet proposera à ses militants de ne trancher qu’à l’automne. Mais elle sait aussi que le temps joue contre elle. Dès le mois de juin, la LCR se mettra en ordre de bataille lors d’une conférence nationale pour décider si elle lance ou non la candidature d’Olivier Besancenot.

D’ici là, les trotskistes ne bougeront pas, tant que les communistes ne leur donneront pas l’assurance qu’ils ne gouverneront pas avec le Parti socialiste. Le PS tentera, pour sa part, de boucler un accord pour un programme de gouvernement avec les Verts, les radicaux de gauche et peut-être les chevénementistes. Dès la fin de son congrès, la secrétaire nationale va devoir pousser les feux.

Elle a proposé, jeudi 23 mars, à ses partenaires éventuels - dont la LCR - une rencontre, le 29 mai, pour trancher sur la "candidature unitaire" à la présidentielle et discuter d’un programme. Elle n’a pas encore dévoilé ses intentions en cas d’échec de cette opération.

http://www.lemonde.fr/web/article/0...

Messages

  • Excellent article.

    IL est de la responsabilité des forces de gauche de dégager des principes directeurs pour ne pas rompre l’unité issue du référendum ;
    LA bataille du CPE donne de nouvelles chances et un possible nouveau souffle aux perspectives unitaires.
    L’enjeu est notamment que les identitaires LCR et PCF voient leur pronostic de recentrage sur les héritâges respectifs déjoués par une articulation entre les mobilsations sociales, la construction d’un contenu politique transformateur et une volonté des directions politiques de tenter d’avancer dans ce scénario de rupture avec les habitudes électorales.
    L’alchimie nécessitera du doigté mais l’enjeu est décisif.
    Les collectifs du 29 mai malgré la perte de vitesse ont dans ce processus un rôle à jouer.

    • Dans une interwiew accordée à Press News,l’ancien directeur de la rédaction du Monde dénonce les liens forts que les dirigeants du journal entretiennent avec Sarkosy.
      Alors voir ce journal faire une "analyse" de la situation sur le PCF et son congrés en faisant comme si les militants n’éxistaient pas,comme si il n’y avait pas de discussion permet d’avoir quelques doutes sur son objectivité.
      La politique ne se réduit pas à des querelles de personnes,sauf pour Sarko,ça c’est de la politique politicienne.
      Alors allez chercher des infos ailleurs que dans cet ex journal de référence devenu trés réactionnaire et qui voudrai que l’on"soit tous des américains".
      Jean Claude des Landes

    • En l’occurence, c’est bien l’article que je juge excellent, non le journal qui ne fait plus illusion.
      Ce qui est écrit correspond à la réalité des débats de terrain en ce moment.

      RL 50

    • Nous sommes bien d’accord. C’est d’ailleurs bien pour l’excellence de l’article que je l’ai posté, et non par admiration pour le journal.

      Bilba.

  • EXCELLENT... N’EXAGERONS RIEN !

    Disons simplement que l’analyse est intelligente et non simplement anticommuniste et ce sera déjà bien comme çà...

    En effet, il y a une prise en compte de la réalité du débat dans le parti, qui tourne sur plusieurs questions essentielles :
    1. la question primordiale c’est le programme, les axes stratégiques du changement ; il est important qu’il soit placé sous le contrôle populaire ;
    2. secondairement, mais seulement secondairement, qui portera le projet ; il est important aussi que cette question soit liée au développement du mouvement social ;
    3. quelle forme de démocratie, pour en finir aux trop longues délégations de pouvoir ; quelle place pour la démocratie directe ; et donc le besoin d’une 6° République.

    La question de la démocratie est centrale dans notre projet.

    Je suis satisfait de voir se construire ces changements (même si c’est un peu trop lentement) dans mon parti. Vive le socialisme autogestionnaire !

    NOSE

    • Il est quand même incroyable que la question d’une alliance avec le PS tel qu’il est (et pas tel que certains aimerait qu’il soit) ne soit pas posé comme un problème dans le cadre du congrès du PCF.

      Je suis totalement opposé à une quelconque alliance électorale et encore moins gouvernementale avec les sociaux libéraux. Je suis donc totalement opposé à toute candidature qui n’aurait pas clairement dit son opposition à un gouvernement avec le PS.

      Et c’est bien là le problème entre le PCf et la LCR. Pas la question de la ou du candidat.

      Il faudrait également y rajouter deux ou trois problèmes programmatiques. Prenons en un au hasard : le nucléaire. Ou encore le protectionnisme (Faut-il produire français ?).

      Voilà, à +

      Steph (Toulouse)