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Esquisse de victoire pour Prodi

Publie le mardi 11 avril 2006 par Open-Publishing

Selon des résultats quasi définitifs, la gauche remporterait les deux chambres • La droite pourrait contester le scrutin • Si elle se confirme, l’étroitesse de la victoire complique la tâche du leader de la coalition de gauche

La coalition de centre-gauche emmenée par Romano Prodi devrait remporter une courte majorité au Sénat, après dépouillement de la plupart des votes des expatriés. Sur les trois millions d’électeurs, la moitié ont voté. La coalition de Romano Prodi remporterait au moins quatre des six sièges alloués, au sein de la chambre haute, aux électeurs italiens vivant à l’étranger. Le centre-gauche réunirait ainsi au total 158 sièges, au Sénat, contre 156 pour le centre-droit, avec un seul siège restant à attribuer.

Dans la nuit, Prodi avait déjà déclaré que sa coalition avait obtenu la majorité dans les deux assemblées du parlement : « Nous avons gagné (...). A compter d’aujourd’hui, une page se tourne », a-t-il déclaré à des partisans qui ont suivi, toute la nuit, le déroulement du dépouillement, voyant progressivement l’écart se réduire entre la coalition et gauche et le centre-droit. « Le pays est divisé (...). Ce fut une bataille difficile, jusqu’à la dernière minute nous étions sur le fil du rasoir, mais finalement, la victoire nous est échue ».

Avec la victoire au Sénat, le centre gauche est aussi victorieux à la Chambre des députés : les chiffres officiels créditent Prodi de 49,81% des suffrages contre 49,74% à l’Alliance de la Maison des Libertés de Berlusconi. Mais la marge de Prodi est de 25.224 voix, une fraction infime des 47 millions d’électeurs inscrits. Aux termes du nouveau système électoral italien, le bloc qui l’a emporté obtient automatiquement 340 des 630 sièges de la Chambre, quelle que soit sa marge de victoire.

Du côté du centre-droit, on prône la prudence au vu du faible avantage de Prodi, si l’on tient compte notamment de 500.000 bulletins annulés. Le dépouillement des bulletins pour les sénatoriales n’est en outre pas fini, souligne-t-on dans le camp de Berlusconi. « Aucun des deux camps n’a réuni 50% (à la chambre basse) et l’écart est inférieur à 25.000 voix. Etant donné ce faible écart, il faudra revérifier très attentivement le dépouillement, et les résultats », a déclaré à l’aube aux journalistes Paolo Bonauiti, bras droit de Berlusconi.

Ces résultats serrés révèlent de profondes divisions en Italie et font craindre pour les prochains mois une instabilité politique chronique. Le soutien des deux assemblées est en effet nécessaire au gouvernement pour être investi et pour faire adopter des lois. Un seul siège de majorité au Sénat laisserait Prodi à la merci des exigences de ses partenaires et transformerait tout vote en vote de confiance.

Le prochain gouvernement ne devrait pas être investi avant au moins un mois et Berlusconi devrait expédier les affaires courantes jusqu’à ce que le parlement désigne un successeur au président Carlo Azeglio Ciampi, dont le mandat vient à expiration en mai. Le président doit nommer le nouveau président du Conseil et Ciampi a dit qu’il voulait laisser cette tâche à son successeur.

par Avec MS, à Rome
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