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Bellaciao au Forum Social Européen d’Athènes

Publie le lundi 22 mai 2006 par Open-Publishing
7 commentaires

de Doriana Goracci traduit de l’italien par karl&rosa

Depuis quelques années, depuis Gênes, pour être précis, je suis engagée dans le mouvement. Gênes a marqué une ligne de partage, Gênes a ouvert les yeux, Gênes fut un rendez-vous européen aux échos internationaux, Gênes nous a appris que les médias c’est nous, nous avec toutes nos limites et notre force. Dernièrement, j’ai collaboré activement au site italien pour le collectif Bellaciao, http://www.bellaciao.org.
Il il m’a semblé, et je le soutiens, être un espace libre et indépendant, où il est possible de communiquer et de faire circuler ses idées et celles des autres. Il naît à l’initiative d’Italiens résidents à l’étranger, il s’est élargi en Grande Bretagne, en Argentine et, semble-t-il et je l’espère tant, en Grèce aussi. Et nous, les Italiens résidents en Italie ? Nous résistons.

Le Collectif avait réalisé, dans le cadre des évènements culturels au FSE, la projection du film W Zapatero de Sabina Guzzanti, suivie d’ un débat qui me voyait impliquée http://www.bellaciao.org/it/article.php3?id_article=13414

Je suis arrivée à temps au rendez-vous, essoufflée à cause de questions personnelles et de toute façon pas aidée par les dimensions de l’espace où se déroulaient les séminaires et les initiatives ; de plus, je venais d’apprendre que Roberto Ferrario ne pourrait pas venir de Paris à cause de graves questions concernant le site et le Collectif lui-même. Voilà le lien du Comité de soutien :
http://bellaciao.org/it/article.php3?id_article=13471

Je commence par ce rendez-vous, qui a eu lieu le 4 mai. La salle était pleine, j’ai enfin connu Giovanna Fassetta et Mariangela Casalucci du Collectif anglais et ensuite Luciana Castallina, les journalistes italiens envoyés Checchini e Mastrandrea des seuls quotidiens qui ont parlé et raconté quelque chose de ce Forum dans Il Manifesto et Liberazione. On n’a pas vu Sullo de l’hebdomadaire Carta et je ne sais pas pourquoi, étant donné que je l’ai vu à la sortie du hangar et puis les jours suivants. A la fin du film, les questions étaient nombreuses et il ne s’agissait même pas de questions, c’étaient des réponses, de la participation, de l’observation, beaucoup, justement, de la part d’Italiens résidents en Grèce. Je pars de là.

Le Forum Social Européen d’Athènes a vu une très grande affluence de femmes et d’hommes des pays de l’Est européen, les traducteurs de Babel se sont fortement investis pour faire connaître les instances de ces derniers et de tout le monde : le thème basilaire et partagé était le refus de la guerre en cours et de toutes celles qu’on craint, des occupations militaires, de la violence contre les femmes, les migrants, les opprimés de la part du pouvoir néo-libéral, capitaliste et impérialiste, la précarité, la Bolkestein, l’accès aux biens communs, la pauvreté, l’éducation, l’information, la transversalité des partis et des syndicats... La manifestation de samedi à Athènes a été extraordinaire, les sources officielles parlent de 100.000 personnes.

Les organisateurs grecs et italiens ont ouvert le cortège avec la grande pancarte de ce 4ème Forum Social. Nous n’avons eu pas de trêve dès les premiers cent mètres. D’abord quelques individus masqués avec des capuchons et des mouchoirs, vêtus de noir et avec des habits neufs, certains avec la kefiah, ont commencé à nous côtoyer des deux côtés. Peu nombreux au début, ils sont devenus des dizaines, qui nous ont attaqué en lançant plusieurs objets, en nous frappant, alors qu’arrivaient les lacrymogènes de la police. Les blessés ne manquaient pas ; entre temps ils dévastaient des vitrines de banques et nous faisions de la "résistance", désormais détachés du cortège, qui heureusement n’a rien vu mais entendu et qui s’est plaint des gaz que nous laissions sur notre parcours. Qui étaient-ils ? Je ne le sais pas et personne ne peut être certain de le savoir, ils ont été qualifiés d’anarchisants, mais les anarchistes ont fait un cortège à eux, des provocateurs fascistes infiltrés ? Contrairement à ses habitudes, la police n’a pas chargé, se bornant à arrêter ceux qu’elle ne pouvait pas faire semblant de ne pas voir et répondant en lançant sans arrêt des lacrymogènes... I y a sûrement eu une volonté précise et organisée de casser et de frapper la tête du cortège.

J’ai vu qu’ont circulé sur le web les déclarations finales du Forum Social Européen, quelques reportages concis, de maigres commentaires dans Indymédia et quelques tout petits débats dans des listes. J’ai appris de questionnaires disponibles à la sortie de l’énorme structure qui nous hébergeait qu’il y avait en même temps dans d’autres zones d’Athènes des espaces autogérés, inconnus. La fragmentation et la division grecque sont bien connues, mais j’ai retiré des émotions différentes et positives des assemblées finales : surtout de l’assemblée des femmes, commencée avec plus d’une heure de retard, avec des documents et des travaux d’abord partagés, dont plusieurs ont été ensuite conclus superficiellement. Le dimanche, on a eu aussi une assemblée des mouvements bondée en conclusion de ces 4 jours. Globalement, ils m’ont donné l’impression de discours et de documents très génériques, dont la plupart ont été lus par plusieurs porte-parole reconnus. A l’intérieur des séminaires, l’atmosphère était très différente. Riches, pour la plupart, de témoignages et de travaux précédents, en certains cas avec des contrapositions fortes mais passionnées. Mais rien n’a émergé.

Dans les médias nationaux, dans les médias indépendants, Athènes est restée une ville inconnue où se sont rendus ceux qui l’ont pu, avec de grands sacrifices. Aucune grande curiosité n’a émergé des compte-rendus, sauf des dates et des rendez-vous pour des initiatives officielles dans des sièges officiels ou des dates proposées pour des manifestations ultérieures. Un paysage plat.

L’agitation et le malaise social grandit, comme la précarité, d’une façon autonome et spontanée aussi, dans des formes différentes et inconnues du plus grand nombre. Ici en Italie, peu avant et peu après, on était peut-être pris par bien autre chose... Les élections législatives, maintenant les administratives, ensuite le référendum sur la Constitution, après l’attribution des ministères, les funérailles des militaires morts et maintenant l’organisation du 2 juin. J’avait titré l’initiative de Bellaciao par : contrôle information liberté expression. Quatre mots déterminants pour notre vivre. Pour moi et surtout pour ceux qui ne savaient même rien de l’existence de ce rendez-vous européen, ce sont restés des mots.

La protestation grandit dans le monde, on essaie de communiquer, on essaie des chemins où marcher ensemble.

Il est très difficile de voir et d’intercepter les traces de ce Mouvement d’idées et de personnes. Pour ceux qui veulent et peuvent réellement le faire : à l’intérieur et à l’extérieur du réseau.

http://bellaciao.org/it/article.php3?id_article=13578

Messages

  • Serez-vous au salon du livre libertaire et des medias libres le 17 et 18 juin à PARIS ?

    IL SERAIT intéréssant de discuter autour de cette phrase " les medias c’est nous".

  • Le malaise social grandit. Le malaise lié à la présence des Frères musulmans dans les forum "alter" aussi.

  • lisez bien le cinquième paragraphe, celui relatif à la manif ; je pense qu’il rappellera beaucoup de choses aux parisiens, marseillais et à d’autres
    A méditer
    Jean


  • peut -on croire que des anarchistes s’attaquent à d’autres manifestant-ES ...la ficelle est trop grosse.... Comment alors n’utiliser que le conditionnel pour ces attaques qui se multiplient contre les manifestant-ES
    D’ailleurs il s’est déroulé dans le calme et la bonne humeur un forum social libertaire à Athènes .

    Elsa

  • .../....contrôle information liberté expression.../....

    Magnifique Doriana Goracci qui nous résume un des plus grands enjeux du mouvement alter-mondialiste, de la gauche et de la majorité sociale des Européens !

    Comment se la cacher ? Mais oui, bien sûr , la bataille tourne maintenant autour du net. Il faut y dessiner maintenant un camp de la liberté (la vraie.....) vaste multiforme, énorme, avec des radios, des télés, des sites de débats sur le net.

    Se battre pour contenir les agressions de l’ideologie dominante qui veut faire plier le net à ses interets idéologiques et materiels.
    Se battre pour etendre ce champ de démocratisation de la liberté d’expression et etendre, rendre plus puissantes les voix multiformes de la gauche populaire.
    Créerdes liens, créer du lien, de la solidarité sur le net, une solidarité enracinée dans les couches populaires et en défense de celles-ci, transfrontières. (*)
    Se battre pour démocratiser materiellement l’acces au très haut débit partout et dans toutes les couches sociales.

    (*)
    Le site de Bellaciao, au travers du problème rencontré d’un risque de censure judiciaire et financière, montre tous les ingredients à developper : Un site d’émigrés italiens qui soutient des travailleurs français soutenant des travailleurs polonais construisant des navires aux pavillons divers....

    Une bataille européenne en quelque sorte, plus solide que celle de l’UE qui jette les peuples en concurence les uns contre les autres au travers d’un dumping social.
    Imagine-t-on de telles batailles avec la puissance de mouvements sociaux comme maîtres d’oeuvres ? De télés construites démocratiquement par des mouvements alter-mondialistes sur le net qui se moqueraient des médias berlusconiens, bouyguesques, etatiques et montreraient démontraient les manipulations des télés bourgeoises ?

    Copas