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LA GUERRE ET LA GUERRE

Publie le samedi 5 août 2006 par Open-Publishing

Ce texte est ma réponse à une succession de réactions suivant un article pour informer des armes utilisées par Israël à Gaza et au Liban, dans le site agoravox (intéressant) que je viens de découvrir. Il m’a semblé utile d’en élargir le propos à l’information des forces en jeu, telle que je peux l’évaluer directement et indirectement... Ici je complète un peu.

D’abord une excellente info sur l’opposition du Bund et du Sionisme à la formation même de la division juive en pleine montée nazi ; il faut bien voir les différentes attitudes dans le ghetto de Varsovie et les appels restés sans réponse... mais aussi rappeler le groupe Manouchian et la MOI en France (le grand résistant que fut Henri Krasucki -MOI-FTP- ne s’est jamais démis de ne pas être sioniste alors qu’il fut torturé et déporté),
 http://cnt-ait.info/article.php3?id...

"L’organisation mondiale sioniste" montant depuis 1881 à travers un courant communautaire "Les amants de Sion" a été créée en 1897 comme nationalisme en vue de la création d’un État.

Je pense que la seule façon de déserter définitivement toute ambiguité raciste à l’égard d’Israël, c’est en cessant de présumer qu’un État juif devrait être ou soit différent des autres, au titre que le peuple qui l’a fondé ait subi la shoah. Un État est un État. Qu’il tende à la volonté d’un pouvoir mono communautariste et à la mono culture est un problème qu’il devrait sans doute se poser, mais qu’il ne nous revient pas de prendre en considération, n’étant que son affaire interne, tant qu’il ne dénie l’existence des autres souverainetés que la sienne dans la même région.

De plus, le sionisme existait avant la shoah, les premiers commandos Palestine en Israël aussi, bien avant la guerre (Léopold Trepper le colossal agent de renseignement soviétique contre les nazis en fit partie -en 1924-, comme d’autres activistes qui servirent dans ’l’orchestre rouge")... Cela devint une proposition nationaliste certes contre les pogroms etle racisme, mais d’autre part qui s’exprime dans le contexte avant-gardiste de la ferveur communautaire utopiste, post romantique, selon un héritage expérimental depuis le XVIIIè siècle... Les affinités électives de Goethe en témoignent à sa façon.

À un moment il fut question d’installer Sion en Amérique du Sud, puis une république soviétique communautaire en URSS exista sous Staline (qui n’honora pas les espoirs consentis).

Au même moment la soeur de Nietzsche, Elizabeth Förster N. respectivement antisémite avec son époux (pas son frère) contribuait à la formation d’une communauté pangermanique expérimentale "pure aryenne" au Paraguay : "Nueva Germania".

C’est dire...

Ce n’est pas nier la shoah mais au contraire la reconnaître, que la commémorer non seulement en signe de deuil, mais encore dans le but qu’elle ne recommence sous aucune forme de la part d’aucun peuple contre un autre peuple, sous aucun prétexte.

Car tout génocide a toujours commencé par un prétexte de circonstance, et s’est toujours exercé dans le cadre d’une vengeance communautaire, ethnique, ou nationaliste - et dans ce cas, d’un projet du pouvoir.

RACISME :

2. Les juifs ont fondé un État ce qui ne les empêche pas de souffrir encore et toujours du racisme, même s’ils se sont armés jusqu’aux dents en ayant le droit de s’en servir.

3. Les gitans n’ont pas fondé d’État ce qui ne les empêche pas de souffrir encore et toujours du racisme même si l’arme n’est qu’un couteau.

4. Les arabes et ce qui leur ressemble ont plein d’États ce qui ne les empêche pas de souffrir encore et toujours du racisme même s’ils sont armés jusqu’aux dents sans avoir le droit de s’en servir.

Pour ne pas parler de ceux qui ne sont pas concernés historiquement par le Moyen Orient et l’Europe de l’Est et ne parler que des principaux concernés par le racisme dans les régions qui nous intéressent.

ANTIRACISME :

Absolument nécessaire de ne pas cesser l’activisme antiraciste à tous les niveaux de la vie publique et privée.

GUERRE :

À qui profite l’agression ? à quoi sert-elle aux agresseurs ? Qu’est-ce qui s’édifie à travers la résistance - mot qui convient s’il ne s’agit plus de terrorisme, encore moins de terrorisme suicide, mais de toute évidence d’une armée de résistance organisée ? etc... On est exactement dans le contexte d’une guerre coloniale et d’un mouvement de libération. Le Liban était souverain mais son infrastructure militaire a été une des première cibles radicalement détruites par les premières frappes stratégiques de l’armée d’Israël. Faut-il s’étonner que l’armée de résistance tenant des ministres au gouvernement devienne en quelque sorte l’armée émergente de l’État agressé, s’il prétend poursuivre de revendiquer sa souveraineté malgré les destructions de la superstructure nationale ?

Je crains hélas que les seuls sachant où ils sont et ce qu’ils font soient les protagonistes de la guerre, États et résistance sur place.

A compter qu’une partie de la population Chiite du Sud étant des palestiniens réfugiés depuis les années 80, et le Hezbollah palestinien né d’avoir subi ou vu les massacres de Sabra et de Chatila, celle-ci poursuivait d’accueillir solidairement les nouveaux réfugiés, et bien sûr ces villages pouvant éventuellement servir de camp retranché aux résistants de Gaza ; mais vous savez, l’armée française, qui pourtant ne donnait pas dans la dentelle après la guerre d’Indochine, a connu cette situation aux frontières de la guerre d’Algérie, au Maroc d’un côté et en Tunisie de l’autre (que la France venait de laisser à leur propre destin) : pour autant s’est-elle permis de bombarder ces pays devenus souverains ? dans le cas contraire elle aurait encouru un blâme international, quand la vassalité n’était pas de mise respectable à l’ONU. Avez-vous jamais entendu que l’armée américaine ait bombardé Hanoî pendant la guerre du Viet Nam, sachant que le Viet Nam du Nord qui aidait la résistance au Sud avait acquis sa souveraineté à l’issue de la guerre d’Indochine avec les français ? Cela aurait déclenché une réaction soviétique !

LES ARMES

Quand aux armes, les utiliser demande de les reproduire : ça rapporte beaucoup d’argent "collatéral" de les fournir, et qui en a le plus de son côté d’après vous ? Qui en utilise le plus et les plus chères ? Qui les fournit ? Etats-Unis, OTAN (France Italie Royaume Uni), et aussi Israël (par exemple les drones), Fédération de Russie.

Une pure horreur. Parlons d’abord des mines antipersonnelles dont le gouvernement Libanais demande les plans de semaille sur son sol au gouvernement d’Israël qui les a implantées depuis des années. Vous ne savez pas, monsieur qui trouvez que les armes sont du chewing gum, que depuis le 1er mars 1999 la convention d’Ottawa interdisant enfin l’usage des mines est entrée en vigueur, et que le rapport du premier observatoire de l’application est du mois de mai de la même année ?

Quant aux autres armes, celles utilisées au Viet Nam on été interdites. Sont elles encore utilisées ? (première guerre du golfe, Irak) ?

On connaît certaines des armes nouvelles, les bombes à lazer, ou celles à l’uranium appauvri "pour ne pas rater la cible" qui ont rendu malades les soldats de l’OTAN engagée dans la première guerre du golfe, (pour ne pas parler des populations sur place étant des victimes "normales", puisqu’on allait leur faire la guerre du bien).

Celles qui ont servi à Falloudja, ville martyre.

Et maintenant de nouvelles armes chimiques (qui ont déjà été utilisées à Falloudja, peut-être).

Mais on sait aussi l’importance des armes secrètes, terrorisme, meurtres, tortures, dans lesquelles les services secrets israéliens ont tenu une place déterminante de soutien et d’entraînement actif des "corps d’élite" américains, en Israël et sur place en Irak, à propos de la révélation de l’horreur dans la prison d’Abu Graïb.

Et on sait tout ce que l’homme compromis est capable d’inventer et d’innover pour torturer, pour détruire, et pour tuer massivement, quand il n’y a de responsable que le lobby qui en fait sa ressource et son pouvoir ; a fortiori l’armée impériale et ses phalanges (OTAN en Irak compris) si possible détruisant à jamais ou pour très longtemps l’écologie vitale, laissent une trace régionale de guerre indélébile, contre les populations survivantes après la pacification.

Il faut faire des sanctuaires invivables auprès des gisements de ressource saisis, cela fait partie de la stratégie pour ne pas se les faire reprendre, écarter les populations... cela entretient des zones militaires pour en interdire l’accès au nom de la protection des personnes. Et cela justifie la présence militaire infinie.

Armes sales ou propres : Viet Nam, Irak. Et maintenant : Cisjordanie, Gaza (à dose homéopathique parce que cela compromettrait de s’approprier les territoires convoités), Liban (à dose mesurée tant que la pauvre piétaille soutenue par l’aviation marche au combat).

POUAH

Tout cela est "dégueulasse", la "saloperie" impérialiste et colonialiste qui non seulement se sont attardés dans le nouvel ordre du monde après la guerre froide, mais de façon extensive sans opposition pour réaliser la "démocratie globale" de la superpuissance s’arrangent avec son ancien ennemi pour qu’il reste à sa place... le traitement politique par l’extermination des corps de l’altérité y compris politique en plus d’ethnique ou religieuse ! Comment le justifier, qu’on soit juif ou pas, (là n’est plus la question à l’horizon d’un ÉTAT) ? Et les dégats collatéraux, c’est bien plus que des ponts détruits, c’est le façonnage des idéologies dans un environnement insalubre et les vies perdues - de la guerre comme mode de penser la société. Et la mort en guise de ligne de vie.

Rien à faire ! Où est le pouvoir : État et armes, voyez ce qu’il fait et voyez le reste. Toutes les guerres de résistance se justifient et dès lors qu’elles se sont déterminées elles se renforcent, face à qui renforce de vouloir les réduire en les attaquant de toute part.

Israël ici, est absolument indéfendable, mieux, il est évidemment un fauteur de l’accroissement exponentiel de la guerre y compris quand elle se retourne contre les siens, l’ennemi hégémonique des minorités régionales, prêt à détruire ses voisins souverains qui ont fait leur charte de leur diversité (ce qu’Israël n’a pas su faire de son voisinnage régional, parce qu’il veut s’étendre et ne pas être confronté économiquement à des voisins qui surmontent leurs crises ; et cela arrange la superpuissance qui ne veut pas d’autonomie - de formation auto déterminée ou auto pacifiée - dans la zone dont elle veut faire son acte propriétaire).

C’est exactement la politique américaine depuis que l’entourage du fils de Bush est passé à l’acte pur et dur de réaliser les scénarios que son père avait imaginés et simulés dans les labos de la CIA à la fin des années 70.

Et quand on sait que Paul Wolfowitz, illustre américain pour faire démarrer la guerre en Irak en menaçant publiquement les pays de l’OTAN qui ne se soumettraient pas, est actuellement le président de la banque mondiale, ayant fait nommer comme son assistant personnel un autre membre de la Défense US (ils en sont donc deux représentants, à la tête de la banque mondiale), alors on peut commencer à se représenter pourquoi Condoleeza Rice qui ne peut plus se contenir de se prendre pour l’impératrice des contes de fée pervers, à force de renouveler sa garde-robe, a l’air remplie de bonheur auprès de ses alliés ; et quelle partie de rigolade américaine ils se sont offerte à la conférence de Rome où il participa à ses côtés (lisez la biographie en ligne de la dame, découvrez qui l’a soutenue depuis Stanford où elle était professeur de sciences politiques après avoir fait un stage dans une grande compagnie de pétrole, et vous verrez qu’elle n’est pas simplement le pion d’un lobby ni la secrétaire de la Défense (l’armée) mais à un rang de la CIA (ressaisissement par la Défense) instruite par Rumsfeld. Donc pas d’inquiétude, la banque mondiale maintenant au service de la Défense américaine payera les pots cassés de la stratégie de la Défense, contre les libertés et les souverainetés humaines du monde !

Voyez donc qui payera en réalité la facture, puisque les Etats-Unis ne cotisent plus ni pour les pauvres aidés par la banque mondiale (Paul Wolfowitz lui-même a été obligé de l’informer et de faire mine de le déplorer), ni au G8 pour respecter les accords de Doha.

Et avec tout ça, vous voudriez qu’il n’y en ait pas au Liban pour souhaiter que le Hezbollah libanais relève le défi de l’humiliation infligée au Moyen Orient, en Cisjordanie, à Gaza et au Liban : l’eau le pétrole la sécurité (le marché des armes de la superpuissance et de ses alliances est à reproduire - mais ne l’ai-je déjà dit ?)

Alors qui paiera ? l’Arabie Saoudite ou l’Europe ?

Et la dette pour assujettir à jamais le débiteur ?

On est progressiste ou on ne l’est pas (si c’est encore possible).

PS/

Une souveraineté nationale, même dans un monde supranational, se respecte, à moins que nous ne soyons définitivement entrés dans le monde des voyous contre lesquels Jacques Derrida après un passage à l’ONU a voulu alerter les journalistes, les politiques, les intellectuels, les artistes, dans un de ses derniers ouvrages. Puis il nous a quittés. guerre