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Bellaciao au tribunal. Les témoins, il n’en faut pas.

Publie le samedi 18 novembre 2006 par Open-Publishing
3 commentaires

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de Maxime Vivas

Quand Beaumarchais. Ecrivit : "Pourvu que je ne parle en mes écrits ni de l’autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit, ni de l’opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement sous l’inspection de deux ou trois censeurs.", les chantiers navals de Saint-Nazaire n’existaient pas. Sinon, il les aurait ajoutés à la liste des sujets à traiter avec une prudence extrême, un filtre sur la bouche et un bouclier d’acier devant.

Entre le constat moqueur de l’auteur du Mariage de Figaro et le procès fait à Bellaciao, les siècles ont passé, une Révolution française s’est produite, les syndicats ont été reconnus par la loi avec le droit d’expression qui va avec.

J’ai longtemps milité à la CGT et j’ai lu ou écrit des tracts ou des articles virulents contre les « patrons voyous », les « négriers », les « esclavagistes » ou contre l’Administration « qui montre son vrai visage » de « larbin de la bourgeoisie vorace ». L’idée d’un procès ne venait à personne. Pourquoi ? A cause du bouclier syndical. Lequel s’effrite, hélas ! depuis quelques années.

Les médias alternatifs, qu’il s’agisse de sites Internet ou de petits journaux vendus en kiosque sont plus exposés que n’importe quelle structure syndicale. S’il est une chose qu’on ne peut nier, car les exemples abondent, c’est que ces moyens d’expression libres, novateurs, crédibles, généreux, altruistes, sont toujours frappés à la caisse par ceux qui ne s’accommodent pas de leur existence et ne peuvent réduire leur influence en réfutant leurs arguments ou en contestant la réalité des faits qu’ils rapportent.

L’adversaire est malin et riche. S’il n’était ni l’un ni l’autre, pourquoi serait-il encore là alors que le peuple souffre de sa présence ? Il a compris que les médias libres sont pauvres et animés par quelques poignées de bénévoles. Il suffit donc de leur faire des procès. Même des procès ingagnables. L’avance d’argent pour l’avocat, le temps passé à se défendre, et voilà les gêneurs blessés. On peut ainsi les tuer en les laissant gagner cent procès.

Que Bellaciao soit poursuivi pour avoir reproduit des informations d’un syndicat est proprement ahurissant. Les termes en étaient vifs ? Comme souvent dans la presse syndicale. Excessifs ? Moins que le sujet qui les a suscités. Car, de quel scandale est-il question ? Il faut le rappeler sans cesse pour ne pas laisser les plaignants détourner l’attention du fait principal, :

Treize salariés polonais d’une société basée en Pologne, sous-traitante d’une autre société, ont fait appel à la CGT pour exiger : le paiement d’une partie des salaires (juillet, août. Nous sommes alors en septembre), de la majoration des heures supplémentaires, des indemnités de déplacement prévues dans la Convention Collective de la Métallurgie française, les congés payés, leurs bulletins de salaire.

Ils dénoncent la menace de renvoi au pays en cas de revendication, le badgeage frauduleux qu’ils sont forcés de faire chaque jour pour valider une « pause casse-croûte de deux heures » inexistante, le versement d’une partie des salaires en liquide, l’évacuation du site et le rapatriement « précipité » en Pologne, d’un salarié victime d’un accident du travail grave et la non couverture sociale de celui-ci.

Les Chantiers Navals de St-Nazaire ne contestent pas les faits, mais prennent comme prétexte le langage utilisé dans le communiqué de l’USM-CGT, pour se poser en blanche colombe, en pucelle effarouchée, jalouse de sa vertu.

Un violent frappe un pauvre type dans l’impasse. Un témoin intervient, appelle au secours avec des mots durs contre l’agresseur ou ses complices, ou la foule qui regarde ailleurs. Que se passe-t-il ? Le témoin est traîné devant la Justice. Il aurait pu rester poli.

Au premier coup de marteau que vous recevrez sur la tête, prenez garde de ne pas laisser échapper des « P.. de m... d’enc... ! ». Sinon : au trou, sous l’œil goguenard du cogneur et du marchand de marteaux

Les témoins, il n’en faut pas, sauf s’il s’agit de rapporter les circonstances d’un fait divers au JT de 20 heures. Ou alors, il faut qu’ils choisissent bien leurs cibles : quand un organe de presse installé use de termes agressifs contre des syndicalistes, les calomnie, déplore les avantages et privilèges des ouvriers, leur propension à se la couler douce, qui porte plainte ? Personne.

La populace industrieuse, surtout étrangère, c’est fait pour être exploité en silence. Quiconque rompt l’omerta s’expose à des sanctions plus graves que celles qui frapperont (si elles frappent) les employeurs les moins scrupuleux.

C’est cette loi, non écrite mais néanmoins d’airain, loi du libéralisme triomphant, qui traîne Roberto Ferrario devant le tribunal.

Heureusement, il n’est pas seul.

Messages

  • Oui, Roberto et Bellaciao ne sont pas seuls, nous serons là pour les soutenir.
    Vive Bellaciao et longue vie à ce site !
    Henri.

  • Il est évident qu’en temps que responsable régional de la section Côte d’Azur du Syndicat National des Travailleurs de la Recherche Scientifique (SNTRS-CGT) - CNRS, INSERM, INRIA, IRD, Campus universitaire de Nice Carlone - je ne puis que soutenir Bellacio. Les attaques contres les syndicats ne sont hélas pas nouvelles, syndicaliste depuis 44 ans passés j’ai pu au cours de ma longue carrière m’en apercevoir à mes frais.

    Seuleument aujourd’hui c’est plus sournois moins voyant, actuellement je suis "témoin assisté" attaqué que je suis pour avoir fait sanctionné une chef de service qui pourrissait la vie de 16 de ses agents, exactement comme j’avais été poursuivi en 1962 pour avoir tenté d’occuper le poste de garde des usines SIMCA à Nanterre.

    Ils pense nous faire taire par la peur, mais peut-on faire taire un peuple, tu cites Beaumarchais mais ont-ils réussi à le faire taire ? Et Diderot et d’Alembert et bien eux avant Molière ? Et avant et avant, de tout temps il a été impossible aux "Grands" de faire taire le Peuple, jamais !!! Peut-être pour un temps, mais jamais pour toujours.

    Tiens-nous au courant moi je fais suivre sur mes listes syndicales.

    La seule chose que nous ayons à faire c’est le rétablissement de République, mais vite

    Fraternellement - Gérard EUZENOT -

  • ""prenez garde de ne pas laisser échapper des « P.. de m... d’enc... ! ». Sinon ""

    Ok, on fera attention, mais quand un ministre de la république traite les habitants des cités de "racaille", et qu’il va tout passer au "karcher", pourquoi il est encore en liberté celui-là ?

    Je ne sais pas ce qu’il nous couve comme "maladie", mais à entendre parler ce ministre, ton mielleux et douceureux, voilà-t-il pas qu’il se met de la farine blanche sur sa patte de méchant loup, pour faire croire qu’il est des notres. J’hallucine trop !