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Cela n’a rien à voir avec le FootBall + video

Publie le samedi 25 novembre 2006 par Open-Publishing
9 commentaires

de Jean-Yves DENIS

Tout cela n’a rien à voir avec le FootBall ?

Lors d’un match PSG - Tel-Aviv, Une bande de nazillon prend en chasse un supporter français qui avait eu ce soir là deux mauvaises idées ; être seul et être Juif.
En effet, le PSG a perdu le match (2-4) et le Kop de Boulogne est furieux.

Ensuite, la version officielle est qu’un flic qui se trouvait là a tenter de porter secours au fugitif, avant de se faire insulter puis menacer par deux supporters, et de tirer en tuant l’un d’entre eux et en blessant grievement l’autre.

J’ai été, il y a longtemps au Parc des Princes, pour un match pourtant très calme, et j’avais été très impressionné par cette fameuse tribune du "Kop" de Boulogne, Magma de vociférations et d’agitations incéssantes, des jeunes gens encerclés de grillage pour être séparés des spectateurs "normaux", et qui criaient et hurlaient plus qu’ils ne regardaient le match.

Mais le plus impressionnant, c’est la sensation de se perdre dans cette foule immense qui fait un bruit d’enfer, mélange de chants belliqueux, de cris et de battements de pieds, quasi-hallucinatoire.

Tous ces jeunes gens ne sont pas de la racaille, ils sont abonnés au PSG à l’année.
Ils n’entrent pas dans le stade par effraction, ils ont leurs cartes d’adhérents au club.
Ils ne squattent pas le stade, ils ne sont pas des individus en situation irrégulière.
La plupart sont d’ailleurs blancs de chez blancs, avec un peu de rouge aux joues quand même à cause des litres de bières qu’ils on bu avant le match.

Et parfois, quand ils sont vraiments très excités, ou très heureux, ou très en colère, certains d’entre eux esquissent un petit salut nazi, pour rigoler, car ils sont très facétieux.

Tout cela ne pose, depuis plus de 20 ans, aucun problème particulier, ni à la mairie de paris, ni aux dirigeants du club, ni aux médias en général qui n’ont qu’une seule phrase pour commenter cela :

Tout cela n’a rien à voir avec le FootBall.

J’ai beau être assez blindé à force de devoir supporter chaque jour plus de cynisme et plus d’hypocrisie, mais là je m’énerve.

Je vais vous expliquer que cela a beaucoup à voir avec le FootBall, car autant je ne suis pas terrible en Trotskisme ou en Marxisme par manque de culture, autant je connais un peu le foot, ayant été un grand amateur avant d’en être complètement dégouté.

40000 personnes qui sortent en même temps d’un stade, c’est si vous voulez un peu comme une manifestation qu’il serait complètement impossible d’encadrer.

Comme il y a plein de militants sur Bellaciao, ils savent bien comment une manifestation dégénère.
Il suffit que le cortège se disloque, et que quelques individus violents provoquent la panique générale en distribuant des coups et des insultes au hasard, pour que les flics s’affolent aussi et distribuent à leur tour des coups de matraques ou de lacrymo au hasard.

C’est pour ça que dans une manif, il y a des syndicalistes qui encadrent tout ça en esperant que le calme ne sera pas pertubé. De plus, les manifs ont lieux plutot le jour, car la nuit est toujours plus propice aux explosions de violences aveugles.

Régulièrement, lors de rencontres à grand enjeux, c’est ce qui arrive à la fin du match si l’équipe locale perd d’une manière honteuse ou injuste.

Donc ce soir là, au stade des Princes, 40000 personnes, serrés comme des sardines, ont vécu une humiliation cuisante en face d’un club réputé plus faible, et les quelques centaines de nazillons qui sortent du stade avec un sentiment d’injustice insupportable doivent absolument expliquer au monde entier à quel point ils sont dégoutés que des juifs aient volés la victoire de leur équipe chérie.

La foule est triste, elle ne pense qu’à une chose, rentrer vite se coucher pour oublier la défaite, mais les nazillons commencent à foutre la merde, à provoquer, à faire peur.

Cohue, panique, confusion.

La cause de ce chaos à la sortie du match, c’est le match lui même.
Cela a un lien direct avec le FootBall.

Les supporters n’ont pas vu sur le terrain leurs idoles détruire l’équipe adverse.
Ils viennent pour cela, pour hurler et se défouler à la fin du match, au coup de sifflet final, pour exulter de joie et de jouissance intense.

Et ils en sont privés. Par des Juifs en plus.
C’est trop, il faut en chopper un et gagner le match d’une manière ou d’une autre.

D’habitude, cela se termine par quelques claques dans la gueule, des crachats, un peu de sang qui coule, ça suffit à leurs bonheur.
mais là, pas de chance, un flic seul (mais que faisait-il seul pour ce match à haut risque ?) n’a pas de chance non plus, il est noir et dans l’obscurité les deux pauvres couillons ne comprennent pas qu’il est armé.
Et bang il tire, et voilà un fait divers qui va faire couler des tonnes d’encre.

C’est la version officielle, cela s’est peut-être passé différemment, peut-être que le flic n’était pas si innocent et en légitime défense que cela, qu’il aurait pu se contenter de menacer avec son arme.

Mais l’important, ce qui m’écoeure, ce sont les commentaires unanimes des dirigeants et des politiques, ceux qui regardent le match depuis la tribune officielle et qui repartent en taxi avant tout le monde.

Tout cela n’a rien à voir avec le FootBall.

Cela veut dire en fait que cela n’a rien à voir avec eux, qui ont tranformé le FootBall en un jeux de cirque, les joueurs en gladiateurs sponsorisés, et les spectateurs en prisonniers de stades fermés à double tour pour raison de sécurité.

Non bien sur, cela n’est le fait que d’individus isolés, et c’est incompréhensible pour eux.
C’est pourtant bien ces dirigeants qui encouragent la foule des supporters à hurler, à considérer l’attachement à leur club comme une sorte de religion.

Dans un stade de football, avec tous ces drapeaux agités, cette obsession d’appartenir au camp des plus forts qui doivent non pas gagner à un jeu, mais écraser un ennemi pour lui annexer son trophée, on assiste bien à une
reproduction à echelle réduite du fascisme.

Alors ils peuvent employer des formules creusent, parler de Fair-Play, de beauté du sport, c’est de la foutaise.
A ce niveau, un match de foot est bien une guerre simulée.

Parfois d’ailleurs des échauffourées entre joueurs ont lieux, des bagarres de chiffonniers, et dans ce cas l’arbitre ressemble un peu à un soldat de l’Onu. Les spectateurs jouent le rôle du peuple furieux qui voient leurs guerriers en train de livrer bataille, et les encouragent en sifflant ou beuglant.

Alors, définitivement, la mort de ce supporter, cela a directement quelque chose à voir avec ce qu’est devenu le football.
Il est mort dans la continuité du combat qu’il a mené par procuration pendant 90 minutes sur son fauteuil de spectateur.

D’ailleurs, quand une équipe prend un avantage définitif, que dit le commentateur au sujet de l’équipe victorieuse ?
Qu’elle a tué le match.

Pour finir avec la responsabilité de ces dirigeants si vertueux, s’ils avaient la moindre trace de scrupule, ils auraient fait jouer ce match dans un stade hors de paris, pour éviter ce qui dans le contexte actuel était assez probable.
Alors qu’ils ne nous parlent pas de drame inexplicable et d’actes impardonnables, ces sagouins.

Une chose est sûre, c’est que la recette a due être bonne ce soir là, avec le prix des billets d’entrées, les sponsors, et les coupures de pubs à la télé.

Et c’est bien ce qui compte en premier, n’est-ce pas ?

Messages

  • J’aime le foot. Encore. Et d’autres sports aussi.

    Mais qu’est-ce qu’il est bien ton texte, Jyd, qu’est-ce qu’elle pertinente, ton analyse !

    Et pourtant quand je reverrai un match de foot, ou un match de je ne sais trop quoi, je n’oublierai pas ton analyse, mais je sais que je prendrai plaisir au jeu. Encore. Qu’est-ce qui peut expliquer cette contradiction ? Dualité, pluralité des êtres humains ? Je ne sais pas.

    Il faut vivre avec. Il faut vivre avec nous-même, l’être humain. Même si des fois, c’est pas toujours facile.

    Le Yéti

    PS : ah tout de même, ça fait plus de trente ans que je n’ai pas mis les pieds dans un stade. Parce que la foule...

  • Ca recommence cette histoire ... t’en a pas marre jean-yves d’écrire toujours les meme platitudes à propos du foot ? T’en as pas eu assez pendant la coupe du monde.

    Dans un stade de football, avec tous ces drapeaux agités, cette obsession d’appartenir au camp des plus forts qui doivent non pas gagner à un jeu, mais écraser un ennemi pour lui annexer son trophée, on assiste bien à une reproduction à echelle réduite du fascisme.

    Je te renvoie à toutes les discussions sur le sujet pendnat la coupe du monde. C’est très niait et très prétentieux ce que tu écris.
    En plus faire l’amalgame entre tous les suppporters ca évite de se poser la question de savoir pourquoi les dirigeants PSG tolère des groupes de supporters quasi-officiellement fascistes ?

    Jips

    • Je parlais du Kop de Boulogne, pas des spectateurs en général.
      Et la raison pour laquelle le PSG tolère cela, c’est justement que c’est le principe même de l’existence d’un Club, d’avoir une tribu de supporters fanatiques.
      Il n’y a pas de grands clubs sans Ultra.
      Par contre, le PSG est une exception du fait du noyautage évident par des néo-nazi de groupes de supporters.

      Je ne pense pas que cela soit une platitude de s’interroger sur le fait que du fait que les stades deviennent hyper-sécurisés, la violence déborde maintenant de plus en plus à l’extérieur des stades, et puis oui, tu as raison, je pense sincèrement que les dirigeants pourraient faire quelque chose, mais ils perdraient alors tout ce que je décris (cris, hurlements, drapeaux) qui sont nécessaires au spectacle.

      Sinon pardon de t’avoir ennuyé avec mon article niais, mais il y a pleins d’autres articles super interessants sur Bellaciao.

      Sans rancune , JYD

      nb : merci à l’administrateur d’avoir rafistolé l’image. Sympa.

    • "Tout cela n’a rien à voir avec le FootBall." "Le PSG est une exception du fait du noyautage évident par des néo-nazis de groupes de supporters". Pas sûr, si on regarde du côté de l’Italie et de l’Espagne, on s’aperçoit que c’est pas si exceptionnel, c’est même assez important comme phénomène : les croix celtiques, les quolibets racistes contre les joueurs noirs...

  • "La cause de ce chaos à la sortie du match, c’est le match lui même. Cela a un lien direct avec le FootBall."

    Tout cela est fortement lié au football, je vous suis entièrement.

    Par contre, je doute que le match (ou du moins son score) ait eu une influence.

    Je me souviens d’une étude sur les hooligans anglais. Les chiffres laissaient apparaître que c’est en cas de victoire que ces supporters acharnés déployaient le plus de violence.

    Cordialement

    X.C. de Bruxelles

  • http://laurentfabius2007.over-blog.com

    Le 27 octobre 2005, deux jeunes étaient électrocutés à Clichy-sous-Bois ; mais un technico-commercial était aussi battu à mort, devant sa femme et son enfant.

    L’incendie criminel d’un autobus, le 28 octobre à Marseille, dans lequel une jeune femme, Mama Galledou, a été gravement brûlée. Antoine Granomort, policier martiniquais en poste à la police des transports de paris a ouvert le feu une seule fois pour protéger un supporter français du club israélien, Yanniv Hazout, poursuivi par une centaine de fans du club parisien hurlant des injures racistes et antisémites. (Selon les premières constatations, c’est la même balle qui a tué Julien Quemener, 25 ans, atteint au coeur, après avoir blessé Mounir Bouchaer, 26 ans, dont le poumon a été transpercé. Ce dernier a été hospitalisé et sa vie n’est pas en danger).

    Ce ne sont que les derniers exemples en date d’actes qui se produisent, hélas, chaque mois en France.

    Aprés une diminution notable ces derniers mois, notre pays connaît depuis deux ans une vague de violences racistes sans précédent depuis les heures les plus sombres de son histoire : lieux de culte incendiés, bus attaqués, personnes frappées ou insultées en raison de la couleur de leur peau, ou de leur religion. Très nombreux sont, en outre, les incidents moins graves qui n’ont trouvé aucun écho dans les médias, mais qui atteignent dans leur dignité ou leur chair ceux de nos citoyens qui en sont l’objet.

    Au-delà des souffrances des victimes, ces actes portent atteinte aux fondements mêmes de la République, qui assure, aux termes de l’article premier de la Constitution, « le respect de toutes les croyances et l’égalité devant la loi sans distinction d’origine, de race ou de religion ». Agresser la communauté juive, c’est agresser la France, c’est agresser les valeurs de notre République, qui ne peuvent laisser place à l’antisémitisme, au racisme et à la xénophobie. Chacun a le droit à la liberté de conscience, à la liberté de culte, à la liberté de pensée. Chaque existence a droit à la différence.

    De surcroît, ces actes ternissent l’image de la France dans le monde, alors même qu’ils ne sont le fait que d’une minorité qui ne se reconnaît pas dans les valeurs de la République. Il faut combattre avec vigueur ces comportements qui fragilisent la cohésion nationale et mettent en péril l’esprit républicain.

    Ce combat passe d’abord par la reconquête des valeurs de tolérance, notamment au sein de l’école, qui ne doit plus être le champ clos d’un racisme quotidien. Il passe aussi par l’application du dispositif répressif actuel, notamment la loi du 29 juillet 1881 sur la presse. Les autorités judiciaires doivent recevoir un signal fort pour mettre fin à leur conciliante passivité !

    Ce n’est pas la même chose d’agresser quelqu’un pour lui voler son porte-monnaie ou de le faire à cause de sa couleur de peau, de sa religion ou de son origine. Dans le deuxième cas, on n’a plus affaire au délit économique d’une « petite frappe » mais bien à un acte qui agresse la nation tout entière, dans la mesure où il porte atteinte au principe même d’égalité, valeur essentielle de notre République.

    Il est impératif de tracer une ligne jaune et d’adresser un message à la fois aux victimes de ces actes et à leurs auteurs.

    Aux victimes d’abord, trop souvent ignorées. Face à la recrudescence, ces dernières années, des crimes et délits à caractère raciste, nombre de nos concitoyens, et parmi eux beaucoup de confession juive, se sentaient désespérés et se demandaient quand les hautes autorités de l’Etat allaient réagir. Ils attendaient et ne voyaient rien venir. Je suis heureux et fier que la réponse qu’ils attendaient vienne de la représentation nationale. Quand on n’appartient pas soi-même à une communauté en butte à l’hostilité de certains, il est difficile de se rendre compte de l’atteinte que constitue une agression à caractère raciste.

    Le message doit s’adresser aussi aux agresseurs. Quand on voit des excités d’extrême-droite prendre prétexte d’un match de football pour se regrouper et attaquer des gens qu’ils considèrent comme leurs ennemis, quand on voit dans les tribunes du Parc des Princes des bras se tendre d’une façon que l’on ne pensait plus revoir, quand surgissent sur nos murs des slogans tels que « Vive Hitler (ou Ben Laden) » ou « Mort aux juifs », on comprend la nécessité de ce message.

    Mais il faudra aussi que ce message s’accompagne d’une lutte contre la ghettoïsation de nos quartiers et que les politiques publiques veillent à une meilleure répartition des logements sociaux et des populations d’origine étrangère.

    Quand des jeunes juifs sont agressés, au nom de ce qui se passe au Proche-Orient, par des jeunes beurs, qui eux-mêmes se plaignent du racisme des Blancs ou des Noirs à leur endroit, quand on voit des groupuscules extrémistes juifs attaquer des beurs ou des noirs, quand on voit se former dans une ville une communauté complètement repliée sur elle-même - des Asiatiques par exemple, ou bien des Pakistanais ou des Hindous -, on comprend qu’il y a urgence.

    Il faut lutter contre ce besoin qu’ont certains d’appartenir à un clan - forcément constitué contre d’autres - plutôt qu’à la nation française. Il faut permettre à tous ces jeunes des quartiers, qui constituent leur identité contre les autres plutôt que par eux-mêmes, de se sentir bien dans leur pays, de se sentir vraiment chez eux en France.

    Notre pays doit se donner les moyens de passer de la coexistence groupe contre groupe à la cohabitation harmonieuse. Il faut apprendre à vivre ensemble et à construire ensemble le pays de demain !

    Aujourd’hui les auteurs de violences racistes sont punis par les tribunaux, sans aucun laxisme. Même, nos magistrats sont plus sévères, je crois, avec celui qui a violenté une personne en raison de son appartenance à une communauté religieuse ou ethnique, qu’avec celui qui aura commis un acte identique pour voler un téléphone portable. Pour lutter efficacement contre le racisme, nous devons déclarer la guerre à l’ignorance. La haine de l’autre ne peut être enrayée que par la connaissance de l’autre. Il y a là un effort pédagogique de chaque jour, qui incombe à tous. Sans lui, les dispositions législatives seraient de peu de portée.

    De fait, la loi ne peut pas répondre à tous les maux de notre société. Au contraire, l’inflation législative se retourne contre la loi. On le sait, « trop de loi tue la loi ». Les lois contre le racisme existent. Peut-être faudrait-il commencer par les appliquer. Je pense à la loi Gayssot, et à tout l’arsenal législatif destiné à lutter contre ce fléau.

    Ensuite, sachons reconnaître que les inégalités et les injustices sociales et territoriales donnent prise aux idéologies racistes les plus folles. La communautarisation alimente les clivages ethniques et religieux qui gangrènent la société et portent atteinte à la cohésion républicaine. Ce défi, il serait à notre honneur de le relever. Il faut, pour cela, réussir l’intégration sociale de tous en réduisant toutes les inégalités.

    "Quand on brûle les livres, les écoles, les églises ou les synagogues, on finit toujours par brûler les hommes", ainsi Berthold Brecht avait bien senti les ravages de la xénophobie, du racisme et de l’antisémitisme.

    Bruno Lamothe

    http://laurentfabius2007.over-blog.com

  • cher jean-yves denis, tu as dramatiquement raison ton anlyse est d’une finesse et d’une exactitude que nombreux nous partageons, en effet les leçons de l’histoire n’ont pas été retenues par tous ces gros messieurs footeux ! quelle impuissance affichent-ils tous, les conséquences de leur laxisme ne se résoudront pas par la fermeture des tribunes de l’enfer ! merci jean-yves