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Bayrou au-dessus de tout s’envole

Publie le mardi 13 février 2007 par Open-Publishing

Comme tous les candidats en lice à l’élection présidentielle François Bayrou n’échappe pas aux principaux centre d’intérêts communs à la majorité des postulants à savoir l’éducation, le monde des entreprises, la dette économique et le chantier européen (budget, croissance, immigration et co-développement). Non pas à vouloir croire que ces thèmes majeurs qui charpentent la plupart des programmes suscitent de nombreuses interrogations pour avoir été laissés à la traîne pendant longtemps et que cela risque de continuer après les présidentielles de 2007 si une politique ferme et réellement « communisée » ne s’attaque enfin au grand capital - je ne pense pas que F. Bayrou louable dans ses intentions parviennent à convaincre plus de Français que ceux qui lui sont déjà acquis - et de cela chez les centristes « autonomes » de Bayrou, il n’en sera jamais question.

Il a beau se présenter comme l’unique voie allant par delà les étiquettes et s’insérer dans un combat de société et de civilisation, sachant bien que rien n’est joué d’avance, l’UDF sait beaucoup de choses et en dit très peu. Quant il parle de l’agriculture ne lui vient à l’esprit que l’exemple de la taille des frigos des producteurs de foi gras… Certes, ce produit doit constituer une grosse part des recettes mais tout le monde en France ne mange pas du foi gras, Mr. Bayrou, il y en a même énormément qui refuse, rien que d’y goûter, aux connaissances des conditions d’élevage en batteries selon les procédés d’ingurgitation que nous connaissons maintenant tous… Alors que tous ces candidats jouent de la fiscalité et d’une colossale charpente économique, on ne voit pas comment le monde plus humain qu’ils nous promettent puisse concerner tout le monde tant que les vraies questions relatives aux répartitions des richesses ne soient posées si ce n’est du côté fragmenté des Besancenot, Laguiller, Buffet et Bové… Même eux éprouvent les pires difficultés à se mettre d’accord pour une candidature commune alors les capitalistes que Mr. Bayrou essaye de rassembler en se prétendant « patron de la République française » n’y parviendrons sans doute pas mieux. Ce ne sera certainement pas en tombant dans la caricature agencée médiatiquement par les candidatures officielles qui opposent « Ségo - Sarko » qu’il y parviendra, il brigue le pouvoir tout autant qu’eux… D’autant plus qu’il y a des risques énormes à vouloir empiéter dans les programmes de la gauche qui perd ses droits d’auteurs quasiment en se faisant dissoudre et récupérer par la droite parce que le idées qu’elle véhicule les intéressent…

Alors il y retourne de sa verve, proverbes à l’appui très concierge des Institutions, il lance à une salle ravie « on ne peut balayer la pièce que si la lumière est allumée » ou encore un plus inquiétant « le pays marche sur la tête il faut le remettre sur les pieds ». François Bayrou entouré d’un éminent représentant de la lutte contre le totalitarisme n’en réduit pas pour autant le inégalités creusées par le système capitaliste, par son parti aussi, capitalisme qui tôt ou tard conduit à des formes récurrentes du totalitarisme larvaire. Si il dénonce un enlisement français c’est qu’il y quand même beaucoup contribué sur les bancs de l’Assemblée n’osant jamais se prononcer contre l’UMP (tout au plus daignait-il s’abstenir) puisqu il en était un de membres fondateurs mais cela ne l’empêche pas aujourd’hui de revendiquer Schuman, Monnet, Mendès comme fondateurs de l’Europe parlementaire et de l’économie commune…

Quant il touche à l’éducation, riche de son passé à la tête du Ministère en question il la situe comme « fille de la Nation » où la suppression de postes est comme chez tout le monde inacceptable et se vanter d’être le seul capable de « traduire le promesses électorales en réalités effectives sur le terrain » le voilà alors parti sur un pas de deux en « face à face, les yeux dans les yeux » pour que l’enseignement et la formation professionnelle « n’apparaissent pas comme de la fausse monnaie » avec pour objectif de ne plus avoir l’impression que « les étudiants vident la mer avec une petite cuillère » cependant tout cela ajouté à la reconstruction de l’Université française nécessite une dépense publique plus forte ce qui risque de pénaliser le financement de structures plus urgentes. On a beau être passé d’une culture de l’élite à celle d’un plus grand nombre comme il le prétend assez injustement, celle-ci a encore de beaux jours devant elle et c’est avec une certaine réserve qu’il faut prendre le constat qu’il nous livre sous un « nous sommes assis sur des bombes (serait-il capable d‘en construire, en a-t-il posée beaucoup ? ), prions pour la confiance en la monnaie » franchement titanesque !

François Bayrou en se posant comme l’enjeu du meilleur avenir implore que « le temps des affrontements est derrière nous » et oublie un peu trop rapidement que dans la campagne électorale l’Europe reste un sujet central des débats ainsi que pour une majorité de Français opposés au lignage par trop capitaliste que sa tournure passée et probablement à venir nous impose il est quand même incapable de dépasser cette vulgaire appellation de « grand projet européen pour notre avenir national » il nous rappellerait presque un autre faux prophète en la matière qui stipendiait la construction d’un grand Moyen-Orient ! Poursuivant son exposé européen, il répète ce qui existe déjà en tant que « zone de prospérité mondiale » forgée d’« une longue et magique histoire » dans laquelle « les brillants experts ne suffisent pas à faire vivre un grand idéal de paix et de marchés » la promesse qu’il émet à propos de citoyens qui doivent avoir accès aux Institutions est de trop puisqu’ils l’ont déjà exprimée leur volonté référendaire le 29 d’où il reste un collectif de 125 propositions plus honnêtes dont personne ne tient compte tant qu’elle remettra en question le libéralisme néo organisationnel tel qu’il se présente de la droite jusqu’aux socialistes. Personne n’ose s’orienter autrement par rapport à cette contestation à cette partie de Français déjà rassemblée et qui n’ont pas besoin d’élections présidentielles pour continuer à le faire…

Ni Bayrou, ni Sarkozy, ni Ségolène Royal n’enlèveront leurs œillères sur la question européenne puisqu ils ne parlent tous qu’en faveur du « oui » bien qu’ils prétendent s’adresser également au « non » pas prononcé contre l’Europe mais contre le pouvoir capitaliste qu’elle développe…La fiscalité, la Défense et le nucléaire s’inscrivent dans la maintenance de cette Europe alors que pour lutter contre le réchauffement climatique il faudrait tout d’abord arrêter d’aller sur la lune et de financer l’espace de manière démesurée (surtout en ce qui concerne le continent américain) alors dénoncer le Rwanda comme « le premier génocide du XXIe siècle » et faire de l’« Afrique un enjeu chinois partout où il y a du pétrole » la pollution capitaliste ne sera pas refreinée le temps de modiques campagnes présidentielles uniquement destinées à changer de têtes, parfois de mouvances pour poursuivre la même exploitation terrestre et humaine.

Et d’entendre ensuite un Bayrou chichement lyrique lorsqu’il aborde la question du développement de l’Afrique qui s’il venait à lui échapper nous menace de « ils viendront à pieds, à cheval, en voiture, à la nage, en rampant » et se prononce en faveur d’une « rigueur nationale » relative à l’immigration mais serait favorable à une réflexion profonde pour parvenir à éradiquer le travail au noir autrement qu’avec l’arsenal sécuritaire de répression.

Enfin au comble de ses prétentions F. Bayrou lâche un vantard « je suis le président européen dont la France a besoin » pour renouer avec l’espérance nationale avant de clôturer par une Marseillaise partagée en sourdine par la salle du Palais des Congrès de Strasbourg qui fut le siège d’un soir où Mr. Bayrou a livré une version supplémentaire du capitalisme social démocratique inséparable deal notion de nationalisme.