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AIRBUS et EADS : Un défi pour la politique européenne

Publie le lundi 12 mars 2007 par Open-Publishing

Déclaration commune de Marie George Buffet – Lothar Bisky – Gregor Gysi
Oskar Lafontaine – Francis Wurtz

1. Power 8 est inacceptable. Nous demandons le retrait.

Il est inacceptable de remettre en cause des emplois, des sites, des
compétences avec en ‘plan de sauvetage’ d’Airbus qui n’apportera aucune
solution aux problèmes posés. Il n’est pas acceptable que les
actionnaires privés se dérobent de leur responsabilité au moment où il
faut engager des moyens pour les investissements d’avenir après avoir
tiré d’énormes dividendes de l’immense succès de l’A320. Il n’est pas
acceptable que les Etats actionnaires de désaisissent depuis 2000 de
leur responsabilité de gestionnaires au profit de ces mêmes
actionnaires privés. La Constitution allemande est à prendre au
sérieux : « Propriété oblige. Son usage doit contribuer en même temps au
bien de la collectivité ».

Il doit être retiré parce qu’il n’apporte aucune solution aux problèmes
posés qu’ils soient d’ordre financier ou d’ordre industriel. Si
actionnaires et directions ont laissé se créer ces problèmes à travers
une gestion privilégiant la rentabilité financière, les solutions ne
peuvent venir aujourd’hui d’une pression accrue sur les salariés et
d’une restructuration fragilisant l’entreprise, les sous-traitants et
l’ensemble des salariés. Le plan Power 8, en cherchant par-dessus tout à
satisfaire aux exigences de rentabilité des actionnaires, est une menace
pour Airbus, pour l’aéronautique européenne.

Il doit être rejeté d’autant que les carnets de commandes du groupe
assurent aujourd’hui 7 années de travail pour tous, le recours aux
heures supplémentaires est courant, les besoins mondiaux en avions
croissent de façon significative, les défis technologiques et
écologiques à relever sont majeurs et demandent des investissements en
faveur d’un nouveau type de développement.

2. Nous nous prononçons pour la démocratie économique, pour une
responsabilité publique, pour une solution européenne

Il faudra réorganiser, à partir d’un projet industriel et non financier,
d’une logique d’efficacité sociale et d’intérêt général la gestion
d’Airbus et d’EADS selon les critères : maîtrise publique, démocratie
économique, engagement des instances européennes Les Etats doivent
prendre leur responsabilité. Les actionnaires ayant bénéficié des
excellents résultats de ces dernières années sont à mettre à
contribution. De nouveaux droits et pouvoirs d’interventions conséquents
sont à accorder aux salariés de toute la chaîne
Nous demandons aux Etats concernés de cesser de plaider l’impuissance.

Il faut mettre au cœur des solutions, avec le financement, la question
d’une maîtrise publique dans un domaine aussi important que
l’aéronautique. Une remontée en charge importante du poids du public
doit être opérée, sous des formes diversifiées (Etats, organismes
financiers publics…) pour aller vers une entité publique européenne dont
le but est le développement de l’emploi, la pérennité des différents
sites, le développement de l’outil industriel, la recherche de solutions
nouvelles en matière de développement.

L’Europe doit s’engager vigoureusement en faveur d’Airbus. Ce projet
européen de l’aéronautique connaissant un grand succès doit pouvoir être
financé par des prêts à très faibles taux de la Banque européenne
d’investissement (BEI) pour favoriser l’emploi, la formation, la
recherche-développement. Pour cela la BEI doit pouvoir compter sur
l’appui de la Banque centrale européenne, qui doit servir à cela au lieu
de favoriser la finance et la spéculation.

Dans l’immédiat, la BCE doit s’impliquer en faveur de cette entreprise
symbole pour une Europe de coopération, elle peut créer de la monnaie
pour financer, sans dépendance des marchés financiers, ce type de
grandes réalisations européennes. Une partie des intérêts des crédits
nécessaires peuvent être prises en charge par des acteurs publics, en
contrepartie d’engagements chiffrés d’emplois et de formations et de
pouvoirs de contrôle par les salariés et les élus.

Cette option ne correspond pas, en effet, aux règles actuelles ni du
marché européen, ni de l’OMC : c’est la preuve que les deux doivent être
transformés.

3. Notre soutien à la lutte, notre contribution au débat sur les solutions

Nous soutenons dans nos pays, localement, à l’échelle européenne les
luttes des salariés, de leurs syndicats. Nous soutenons la journée
d’action européenne du 16 mars. Nous mettons nos propositions en débat,
dans les institutions, dans la cité, parmi les salariés pour contribuer
à la nécessaire discussion publique sur les enjeux et les alternatives.

Nous sommes convaincus qu’une nouvelle fois, un projet européen
néolibéral, POWER 8, peut être mis en échec.

Bureau de presse de Marie-George Buffet,
Candidate à l’élection présidentielle

Berlin, Bundestag