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Génie génétique

Publie le mardi 10 avril 2007 par Open-Publishing
2 commentaires

nous avons reçu
de Bernard Doray, psychiatre le texte suivant

Les choses les plus rares étant parfois les plus précieuses, les pensées philosophiques du Président de l’UMP, même publiées dans une revue au tirage relativement modeste, ne sont pas passées inaperçues1. Sur le mode détendu d’un jeu de piste, trois petits messages guident le lecteur philosophe vers un projet de société encore inconnu dans notre pays.

Premier message : On naît pédophile. C’est une affaire de gènes. Le lecteur peu au fait de ce qu’est la science génétique en sera bien d’accord, puisque pour l’immense majorité des citoyens, « le pédophile », c’est bien évidemment un autre que soi, un étranger superlatif, un qui appartient à une autre engeance : quoi de plus évident qu’il soit d’un autre gène. Pas de loi dans la Culture pour de telles erreurs de la nature. On suppose, au mieux, qu ‘un traitement biologique pourrait un jour redresser en eux ce qui peut l’être.

Puis le jeu du “pas de loi“ continue. On passe à un trouble de l’ordre public qui pourrait attirer plus de sentiments solidaires : la tragédie des « 1 200 à 1 300 » adolescents qui meurent par suicide tous les ans. Là encore, l’émotion pour les dangers qui menacent nos enfants, là encore la stigmatisation rassurante. Les idées suicidaires sont fréquentes chez les adolescents, les tentatives sont plus rares, et les morts, fort heureusement bien plus rares encore (plus de deux fois moindre, officiellement, que ceux que donne notre nouveau philosophe). Là encore, ça n’arrive qu’aux autres. C’est les gènes.

Et l’on en arrive à la case des grandes affaires de la société : en l’occurrence le coût de la solidarité sociale autour des malades. Les fumeurs cancéreux qui décèdent, ce ne sont pas les éventuelles restrictions de la couverture assurantielle, c’est encore les gènes, que voulez-vous !

Au total, se dessine un projet de gestion de la société où la part biologique, voire animalière, des maux de la société, prendrait ses aises, selon un motif qui pourrait se répéter à l’infini, puisqu’il y aura toujours des personnes aux marges des courbes statistiques pour faire croire aux benêts et à ceux qui y trouvent leur compte que la misère, l’ignominie ou la poisse, appartiennent à une frange aberrante de l’humanité.

Si une telle idéologie parvenait à faire son nid dans notre société, il est probable que, oui !hélas !, comme le dit l’affiche de ce candidat-là, “Tout deviendrait possible“ !

Messages

  • Avec Sarko on est sûr du retour de la médecine hygiéniste et eugéniste, il est peut être de famille avec Carrel ? !
    Il oublie ceux et celles qui se suicident au travail (à peu près 400 par an) ou/et qui tentent de se suicider à cause du travail. Alors Sarko, s’il est élu, pourra encore inventer une nouvelle loi concernant la médecine du travail : dépistage du suicide et pourquoi pas de toutes maladies d’origine psychique. Cela compléterait le décret de 2002 prévoyant qu’un salarié ne peut être affecté à des travaux l’exposant à des agents cancérigènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction !!!!!
    Quel programme de régression sociale, mentale, etc....
    Marie 54

    • Merci, Marie, de ce commentaire que je découvre. Le débat continue, sur les risques de ce que j’appelle "le génisme" pour dire qu’effectivement l’eugénisme montre son groin. Vous serez peut-être intéressée par deux textes qui prolongent notre réflexion : l’un publié dans la revue Cigale, intitulé Le génisme, justement, l’autre, à propos des suicides à PSA,a été publié dans la Tribune libre de L’humanité du 28 juillet, sous le titre L’assujétissement par le travail. Les deux sont sur le web.
      Amicalement.
      armadillo94@no-log.org