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Y-a du remue ménage dans les chaumières !

Publie le vendredi 4 mai 2007 par Open-Publishing
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 a du remue-ménage dans les chaumières !

Par Michel MENGNEAU

Pendant plusieurs années il a été courant d’entendre dire par ci par là que les Français se désintéressaient de la politique. Il faut bien reconnaître que les prestations, les déclarations, l’orientation vers une certaine forme de libéralisme de Jospin (les privatisations, entre autres) ne soulevaient pas les enthousiasmes. D’ailleurs, les façons de faire lénifiantes de ce premier ministre avaient tendance à endormir même les plus excités – pour preuve le calme plat des revendications syndicales. Chirac allait se balader un peu partout dans le monde afin de n’avoir pas à trop contrarier un gouvernement qui ne lui était pas favorable.

Bref, un ronronnement apparemment régulier du quotidien cachait des rêves inavouables et des ronflements inaudibles de révolte. Patatrac, le premier tour de 2002 a réveillé tout le monde. La bête immonde avait resurgi ! Le sceptre d’ Hitler venait de mordre à nouveau les orteils d’une France sommeillant.

Le réveil fut brutal, tous à vos bulletins de vote pour empêcher le désastre. Pourtant quelques uns n’obéissant pas comme des moutons traînés sans réfléchir vers un unique pâturage et un bélier prétendu salvateur ont su garder la tête froide et refuser de suivre le troupeau. Eh oui, ce bélier politicard ne leur plaisait pas, les chemins qu’il empruntait n’étaient pas ceux qu’ils auraient voulu parcourir, pourtant le loup était à leur trousse. Qu’importe, malgré le danger, même des directions non voulues ne sont pas bonnes à prendre.

Il eurent raison, le bélier qu’ils ont ignoré a engendré un loup qui ressemble à un méchant loup noiraud et court sur pattes venu des Carpates. Il n’est pas originaire de Roumanie certes, mais à venir de cette chaîne montagneuse le chemin vers la France passe par Nagybocsa où sont ses racines, ville qui est d’ailleurs pas très éloigné de ces montagnes encore parfois pleines de légendes allégoriques, le doute reste donc en suspend quand on connaît les armories de cette famille de petite noblesse hongroise des Sarkozy de Nagybocsa qui sont « un loup orné d’un cimetière ». Pardon, mon lapsus est révélateur de la trouille que m’inspire ce quidam, il s’agit d’un « cimeterre » ; arme blanche qui de toute façon lorsqu’elle est maniée avec brutalité ne laisse aucune chance au malheureux qui se fait pourfendre.

Peut-être aussi s’agit-il d’un enfant caché du sceptre d’Hitler. Le vieux bélier sans doute un peu gêné par cette filiation douteuse a souvent fait semblant de ne pas reconnaître cette descendance. Néanmoins il l’a élevé et nourri contre son sein pendant plusieurs années et fait hébergé dans la bergerie de sa grande famille UMP. Si cinq années de ministère d’état, à l’intérieur, à l’économie, de nouveau à l’intérieur, de plus président de l’UMP après avoir croqué les trop tendres moutons qui s’opposaient à la mégalomanie de ce fac-similé de Napoléon, ce n’est pas là une preuve de duplicité entre ces deux protagonistes représentant la droite populiste, cela est a n’y rien comprendre...
Assurément le personnage est dangereux et peu fréquentable ; et dont il serait primordiale d’écarter de quelques responsabilités politiques que se soient pour très longtemps !

Les Français étaient réveillés. Sur la lancée lors des élections régionales, quel sursaut ! Seul « Zélérix » retranché dans son bastion traditionaliste Alsacien a sauvé la droite de la déconfiture totale. Ceux qui croyaient, et que cela arrangeaient, que le peuple se désintéressait de la politique ont vite déchanté.
Puis les mômes se sont mis en rogne. Poursuivis par les flics, insultés par le patrons de ceux-ci, les jeunes en ont eu marre et frotté l’allumette de la révolte dans les cités. L’embrassement et les débordements furent impressionnants, à tel point que dans le feu de l’action certains ont même incendié les bagnoles appartenant à des membres de leurs familles. Une vraie pagaille ! Si l’on ne peut pas excuser des actes de violence inconsidérés, il faut toutefois les comprendre... Comme ils n’avaient plus rien, plus de boulot, un espace social dégradé, un environnement détérioré, il ne leur restait que l’Honneur. Ce fut donc un immense bras d’honneur adressé à « l’icono-mégalo » Sarkozy.
Pour éviter que des ignares les considèrent de nouveau comme des inconscients, une solution simple pour apporter la contestation est envisageable. Il suffirait d’aller défiler en nombre imposant, en rang serré, bras dessus bras dessous, dans les rues de Neuilly, accompagné par des airs de rap bien sentis, du hip-op ou autres, en somme une sorte de fête bariolée aux couleurs de la France de demain, noir, jaune et blanche. Si par hasard l’un des manifestants s’oubliait à aller faire pipi le long de la porte du Maire de ce quartier, c’est à l’évidence qu’il avait un besoin urgent de se soulager. Dame Nature commandant quand ça lui plait à nos envies, personne ne lui en voudra.

Puis, il y eut le « Non » massif au référendum sur le TCE ( Truc Complètement Euphémique). Ceux qui croyaient que les Français allaient signer des deux mains une constitution à caractère essentiellement libérale en ont eu pour leur argent. Paradoxalement c’est grace à une connerie de Chirac qui, sous couvert d’une ouverture démocratique dirigée vers un « oui » évident, à permis au peuple d’avoir pour une fois le droit de s’exprimer directement sur l’Europe, ce qui fut rarement le cas auparavant. Personne ne s’attendait à se que les simples citoyens lisent le fameux bouquin du Traité ; pas jusqu’au bout pour beaucoup car ce Truc étant tellement barbant qu’il ont laissé le soin à d’autres de le décortiquer, mais beaucoup en ont discuté. Bel exemple de démocratie.

La première conséquence de ce qui était considéré comme un nouveau raté de la politique du gouvernement fut la démission de son premier ministre rondouillard et pontifiant : Rafarin. Pour donner du sang neuf, de la dynamique, on vit arriver un homme fringant, athlétique, pragmatique et poète : Villepin. On était sauvé ! Euphorique et convaincu, l’éphèbe annonçait qu’il lui fallait pas plus de cent jours pour réduire le chômage. Comme chacun sait, ce genre promesse politicarde n’engage que celui qui l’avance. Donc, le délai que s’était fixé le pragmatique étant expiré depuis quelques temps, ne pouvant à l’évidence pas faire reculer le chômage d’un coup de baguette magique, il eut une idée de genie, le CPE ( en clair : Citoyen Particulièrement Exploité). Fier de sa trouvaille, il s’est précipité dare-dare à l’assemblée pour faire adopter son projet par les inconscients et moutonniers députés de sa majorité. Comme ils étaient plus nombreux que ceux de l’opposition, aidé cependant par le 49/3, le machin est passé sans barguigner. Pourtant, ça grondait d’un peu partout...
L’exaspération était à son comble, on vit alors les jeunes, les moins jeunes, descendre dans la rue pour gueuler des slogans, non pas à la gloire du poète, mais en criant à l’ignominie. Quel tollé !
Dépité, le dos voûté, le profil bas, pleurant presque en disant qu’il était un incompris, Galouseau a suspendu l’application de sa fausse bonne idée.

Le peuple de France avait frémi enfin politiquement réveillé, le peuple de France avait contesté, tous les espoirs d’une société nouvelle étaient apparemment dans les gènes de cette réaction.
Seulement voilà, pour le deuxième tour de l’élection présidentielle de 2007, de nouveau le raclement sur le sol de nos chaumières du boulet traîné par le fantôme de la bête immonde fait un tel bruit effrayant qu’il traumatise et apeure la conscience des gens sensés. Comme en 2002, ça recommence !
Des interrogations nombreuses et variées sont le lot quotidien, au repas de midi ou le soir lorsque tous sont réunis autour de la table familiale, des copains au téléphone, des relations par le biais de la boite à courriels, mais presque toujours la même question revient comme un leitmotive : « Qu’est-ce qu’on fait ? ». A travers la cacophonie qui a emplie l’espace sonore de nos foyers, la réponse la plus courante est : « Tout, sauf Sarkozy ! ».

D’accord, il ne fait aucun doute qu’il faille se débarrasser de SarKozy pour l’empêcher de nuire. Mais c’est quoi donc que ce « tout » ? En l’occurrence nous n’avons pas le choix, Il s’agit de Madame Royal.

Sans faire de féminisme de bon aloi, la présence d’une femme briguant la responsabilité suprême de l’état est la juste reconnaissance des qualités de nos compagnes pour des postes importants, que ce soit en politique ou dans les entreprises. Mais sous un aspect sympathique et pas dénué de charme se cache une main de fer chez la Dame(inversez les mots de la fin). On en veut pour preuve le fait qu’elle veuille militariser les trublions. Garde-à-vous !!! une deux, une deux... Paradoxalement c’est Chirac qui a supprimé le service militaire obligatoire et c’est une dame qui, ne l’ayant pas fait, veut restaurer un principe similaire pour calmer quelques agités. Sans doute quelques atavismes cachés ont amené Madame Royal à ce genre de raisonnement.

Il n’est nullement dans mon intention de décortiquer le Pacte présidentielle qu’elle nous propose. D’autres l’ont fait, probablement mieux que je ne le ferais. Toutefois, divers points de son programme méritent que l’on s’y attarde.

A l’évidence, Madame Royal se positionne en tant que l’assistante sociale du système néo-libéral. N’ayant rien, comme beaucoup, contre les personnes qui exercent cette profession. Souvent même une certaine considération, quant cela n’est pas de l’admiration devant les qualités humaines déployées qu’il faut pour assumer cette forme de sacerdoce. Mais dans le principe capitaliste exacerbé qui est le notre, ce genre de considération sera ignoré des décideurs. Son action sera donc que superficielle. Si elle eut été une vraie socialiste, dans le sens premier que ses créateurs avaient donné ( Jaurès, pour ne citer que lui), il aurait été primordiale qu’elle s’attaque au problème de fond qui est l’hyper libéralisme actuelle.

Elle est aussi l’adepte d’une croissance forte. C’est là une vision erronée et à court terme de notre avenir. Il faut surtout déjà répartir plus équitablement les richesses, dans l’espace français, dans l’espace européen et surtout en direction des pays tiers qui sont de plus en plus à l’abandon. La croissance exponentielle est l’un des facteurs générateur de la sur-industrialisation menant à une pollution irréversible. Le développement durable est un leurre, voire à long terme une ineptie. Surtout lorsque l’on sait ce que nous préparent les Etats-Unis et l’inconscience des dirigeants européens en matière d’agro-carburants, en ne citant que cet exemple (déforestation, OGM, pollutions des sols, etc.). Donc une nouvelle fois la mise en cause du néo-libéralisme est une priorité. Ce qui ne fait pas partie apparemment des prérogatives de Madame Royal.

Pour parachever le tout, elle nous propose de faire un nouveau référendum sur le nouveau traité constitutionnel que ses chers amis libéraux sont en train de concocter, Zapatéros, Prodi, Monsieur Delors très proche de la postulante, que l’on peut déjà considérer les futurs créateurs du parti représentant la droite centriste européenne, manque plus que Bayrou, ça ne serait tarder !.
Pour ceux qui manient l’ordinateur, ils comprendront vite. On a pris l’ancien Traité et on l’a transformé en dossier compressé. Il suffira tout simplement d’ouvrir le « zip » pour extraire l’ancienne formule, joli tour de passe-passe, n’est-ce-pas !.

Où c’est d’autant plus grave, c’est que Madame Royal étant favorable à ce traité, si par malheur son envie était réalisée et le référendum favorable, son « plus d’état » mis dans son programme va se trouver caduc. Une grande partie du pouvoir régalien de son gouvernement va être transféré aux instances européennes. Il lui sera donc facile de dire, à titre d’exemple lorsque des délocalisations sont en cours, que cela vient inéluctablement des directives européennes ; faisant ainsi passer sans coup férir le programme libéral qui lui est cher. Surtout lorsque l’on sait que la préférence communautaire est fortement contestée au sein de l’Europe ; dont l’option vers l’ouverture tout azimuts des marchés semble une adéquation inéluctable pour beaucoup de responsables européens qui sont de ses amis. Sans aller chercher loin, il suffit de demander à Monsieur Lamy ce qu’il en pense, et qu’elles sont pour lui les orientations de l’OMC dont il a la responsabilité !.

A priori, l’idée la plus interessante de son pacte présidentiel est la création de la VIéme République. En effet, il y a beaucoup de choses à contester de notre constitution élaborée il y a presque cinquante ans, en une période trouble de notre histoire afin de donner à la France des institutions stables.

Cette constitution faite sur mesure pour De Gaule, presque monarchique dans sa conception du régime présidentiel, n’est plus de mise dans un état moderne et démocratique. Une nouvelle fois Madame Royal ne nous propose que des demi-mesures. Des bricolages sur la réforme du Sénat, un semblant de renforcement des prérogatives du parlement est proposé, sans toutefois remettre en cause le système présidentiel actuel. De plus pour se faire bien voir de ceux qui perçoivent les anachronismes de notre démocratie, elle propose la mise en fonction de 20% de proportionnelle. Déjà cela ne veut rien dire, cela est pratiquement inapplicable, cela est difficilement réalisable. Le pire, c’est que si l’on arrange à sa façon, de manière déterminée, en fonction des orientations politiques que l’on a, ce genre de méthode parcellaire pourrait aller à l’encontre d’une démocratie mieux partagée. Non, la proportionnelle totale est la meilleur des solutions. Cela éviterait d’ailleurs les tripatouillages des circonscriptions à chaque élection, arrangées et restructurées pour les besoins du gouvernement qui est en place.

Pour finir son pacte présidentielle, Madame Royal ne fait que survoler un problème essentiel, que quelques lignes sur l’immigration sont la preuve de son incompétence sur ce sujet. Certes, la constante incontournable de l’énormité des flux migratoires vers les pays à fort développement pose problème.

Sarkozy ne fait pas de sentiment : « T’as pas d’papier, t’es viré ! », sans ménagement et sans sentiment. Comme aucun individu hormis lui-même n’a d’intérêt, ça ne traumatise donc pas particulièrement le peu de conscience qu’il a. Madame Royal en tant que femme et mère s’émeut. Cela fait partie des réflexes humains, humanitaires, et cela est louable. Mais le sort de chacun de ces êtres partis vers une espérance meilleur ne peut pas suscité une attention de chaque instant, aussi importante soit-elle. Pourtant, Madame Royal prétend étudier cas par cas les migrants, mission difficile, voire impossible, et à fortiori injuste.

Non, une fois de plus il s’agit de la répartition des richesses. Les phénomènes migratoires ne sont pas inéluctables. Liés avant tout à la pauvreté, si l’on freine notre besoin de croissance en rééquilibrant la disparité du niveau de vie des individus de la planète, une grande partie des flux migratoires va s’en trouver réduit de par le fait d’un moindre intérêt des pays soi-disant développés.
Une nouvelle fois il s’agit bien de la remise en cause du néo-libéralisme. Ce qui n’est pas dans le programme de Madame Royal !

Donc, le programme de Madame Royal ne correspond à aucune des espérances que je met dans une société différente Si je veux empêcher l’icono-mégalo de devenir président de la République, il va falloir que je vote contre quelque chose, et non pour un projet qui aurait mon adhésion. Cela fait la deuxième fois que cela arrive, nous sommes donc devant une panne de la démocratie. L’élection présidentielle qui engendre le bi-partisme est une forme démocratique révolue.

Dans ma chaumière, même si ma compagne me poursuit autour de la table en me menaçant avec un balai, je ne participerais pas à cette mascarade.

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