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Elle n’est pas morte
On l’a tuée, à coup de chass’potsÀ coups de mitrailleuses,Et roulée avec son drapeauDans la terre argileuse.Et la tourbe des bourreaux grasSe croyait la plus forte.Tout ça n’empêche pas Nicolas,Qu’la commune n’est pas morteTout ça n’empêche pas Nicolas,Qu’la commune n’est pas morteComme faucheurs rasant un pré,Comme on abat des pommes,Les Versaillais ont massacréPour le moins cent mille hommes.Et ces cent mille assassinatsVoyez c’que ça rapporte.Tout ça n’empêche pas Nicolas,Qu’la commune n’est pas morteTout ça n’empêche pas Nicolas,Qu’la commune n’est pas morteOn a bien fusillé Varlin,Flourens, Duval, Millière,Ferré, Rigault, Toni Moilin,Gavé le cimetière.On croyait lui couper les brasEt lui vider l’aorte.Tout ça n’empêche pas Nicolas,Qu’la commune n’est pas morteTout ça n’empêche pas Nicolas,Qu’la commune n’est pas morteIls ont fait acte de bandits,Comptant sur le silence,Ach’vé les blessés dans leurs lits,Dans leurs lits d’ambulance.Et le sang inondant les drapsRuisselait sous la porte.Tout ça n’empêche pas Nicolas,Qu’la commune n’est pas morteTout ça n’empêche pas Nicolas,Qu’la commune n’est pas morteLes journalistes policiers,Marchands de calomnies,Ont répandu sur nos charniers,Leurs flots d’ignominie.Les Maxim’Ducamp, les Dumas,Ont vomi leur eau-forte.Tout ça n’empêche pas Nicolas,Qu’la commune n’est pas morteTout ça n’empêche pas Nicolas,Qu’la commune n’est pas morteC’est la hache de DamoclèsQui plane sur leurs têtes.À l’enterrement de VallésIls en étaient tout bêtes.Faut dire qu’on était un fier tasÀ lui servir d’escorte !Ç’qui prouve en tout cas, Nicolas…Qu’la commune n’est pas morteÇ’qui prouve en tout cas, Nicolas…Qu’la commune n’est pas morteBref, tout ça prouve aux combattantsQu’Mariane a la peau bruneDu chien dans l’ventre, et qu’il est tempsD’crier « Vive la commune ! »Et ça prouve à tous les judasQu’si çà marche de la sorte,Ils sentiront dans peu, nom de dieu !Qu’la Commune n’est pas morte.Ils sentiront dans peu, nom de dieu !Qu’la Commune n’est pas morte.Victor PARIZOT Eugène POTTIER 1886