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MES FONDAMENTAUX

Publie le vendredi 4 mai 2007 par Open-Publishing
2 commentaires

de Michel PEYRET

Nombre de prises de position m’ont énormément déçu dans la dernière période . Beaucoup affichent une panique
suspecte , comme s’ils étaient des « enfants de choeur » de la lutte des classes , comme si le peuple de France
n’avait aucune expérience des gouvernements qui se sont succédés et qui , de « droite » ou de « gauche » , ont
géré le capitalisme , comme si les gouvernements de « gauche » dans cette compétition qui semblait s’être
instaurée avec les gouvernements de « droite » , n’avaient pas fait mieux , tel celui de Lionel Jospin qui a battu
les records de privatisations et d’exonérations fiscales et sociales au bénéfice du grand patronat , et de blocages
des salaires aux dépens des salariés .

Cette panique et cette inexpérience affichées , et suspectes ainsi que je l’ai dit , les conduisent à se réclamer de
fondamentaux , telle l’opposition « droite/gauche » , qui pourrait être considérée comme telle si l’on oubliait un
instant le constat que je viens de formuler , la communauté d’objectifs de la « droite » et de la « gauche » quand
elles ont été au pouvoir ces deux ou trois dernières décennies .

Se réclamer de ces fondamentaux-là les conduit à effacer complètement ceux que Marx mettait lui en exergue ,
l’opposition fondamentale des exploiteurs et des exploités dans le cadre du système capitaliste . Il est vrai que
l’on fait également disparaître ce dernier au profit d’un libéralisme que l’on ne se hâte pas de définir.

Au demeurant , les exploités sont devenus plus nombreux au fil du temps , les salariés représentant aujourd’hui
90% de la population active , et une grande partie des 10% restants , agriculteurs , commerçants , artisans ,
étant également pressurisés par le grand capital auquel ils sont pour l’essentiel subordonnés . Dès lors , le grand
capital ne représente qu’une infime partie de la population .

C’est cette réalité-là qui fonde les possibilités de rassemblement large du peuple , dépassant les limites étroites de
la « gauche » , exprimé dans le mot d’ordre de « rassemblement populaire majoritaire » qui a été celui du PCF et
pourrait sans dommage le redevenir .
Au demeurant , cette « gauche » dont on se gargarise , c’est un « magma » de partisans et d’adversaires du
capitalisme dont on se demande , et toutes les expériences historiques le confirment bien , quelle crédibilité
politique il peut bien exprimer . Les gouvernements de « droite » , de « gauche » , ou de « cohabitation » qui se
sont succédés ces dernières décennies ont tous géré le capitalisme , et l’ont bien géré , il n’est que de voir
l’évolution du CAC 40 et celle , concomitante , de l’extention de la pauvreté .

C’est pourquoi « le tout sauf Sarko » ne s’impose pas à moi . Au contraire . Avec lui , au moins , on sait à quoi
s’en tenir et on peut déjà préparer les autres formes de luttes qui ont eu , dans le passé , raison d’autres
dirigeants de droite qui n’étaient pas moins réactionnaires que Sarko si l’on prend en compte ce qu’était le
capitalisme de leur temps . Avec Ségo , il y a toutes les illusions qui ont été semées sur la « gauche » qui serait ,
contre toutes les expériences , moins « réac » que la « droite » et qu’en conséquence il conviendrait de ménager
parce qu’elle a de bonnes intentions mais qu’elle se heurte à des réalités incontournables .
Cela étant , pour nous qui nous référons aux fondamentaux marxistes , nous savons que l’un et l’autre , l’un ou
l’autre , géreront le capitalisme de notre temps , lequel ne peut plus se permettre les cadeaux auxquels il
consentait autrefois quand la pression était forte .

Est-ce que l’on peut dire cela , comme cela , publiquement ? Certainement pas , mais inutile d’en rajouter sur
Sarko qui a certainement bénéficié de votes de déception d’un électorat populaire mécontent à nouveau de la
candidate communiste qui ne se réclamait d’ailleurs pas du communisme et avait le même programme que Bové.
Ce qui me permet de dire ou redire mon total désaccord avec la forme qu’ont connue les collectifs antilibéraux ,
davantage représentation de groupuscules que des citoyens eux-mêmes , et qui en conséquence manquaient de
représentativité et de crédibilité tout en étant ouverts à toutes les manoeuvres politiques qui n’ont pas manqué .

Le PCF sait faire autre chose avec les gens , avec le peuple , que ces « comités Théodule » rassemblant les
partisans des uns et des autres , sans rassembler véritablement le peuple et sans exprimer fondamentalement les
raisons de son exploitation , de son aliénation , des dominations qui l’enserrent . Que la campagne électorale ait
pu avoir lieu sans qu’il y soit question de capitalisme et de communisme est l’expression de ce que les enjeux les
plus fondamentaux en ont été totalement absents .

Aussi peut-on penser que les objectifs de la « direction » du PCF étaient bien obscurs quand elle s’est inscrite
dans une telle stratégie , sans aborder là les discordances de ces objectifs selon les tendances existant en son sein ,
quand on voit comment les choses ont évolué au fil des mois . Certains ont affiché l’objectif de constitution d’une
force politique qui ne serait plus communiste . Quel pourrait-être l’objectif crédible d’une telle force regroupant
des Besancenot , des Bové , des Voynet , des Salesse et autres coperniciens qui n’épuisent pas les tendances , les
sous-tendances et autres groupuscules . Il ne fallait pas être grand clerc pour pronostiquer ce qui s’est passé .

Et
ceux et celles qui le savaient , quel objectif réel poursuivaient-ils sinon celui de briser l’espérance et de préserver
l’existence du capitalisme ! D’autres , à l’évidence , persévéraient dans la conviction qu’un parti communiste de
masse n’était plus possible dans la France d’aujourd’hui et n’ont pas manqué de multiplier les appels pour faire
voter Ségolène dès le premier tour en développant les peurs , sans afficher publiquement leur intention de
rejoindre un grand parti de gauche qui inscrirait dans la durée l’alternance au pouvoir de deux grandes forces
politiques gérant le capitalisme .

Alors oui , il faut au plus vite fonder un véritable parti communiste du 21eme siècle avec tous ceux qui voudront
bien en être . Mais , je me répéte , quand 61% des Français considèrent le capitalisme comme négatif , il y a du
« grain à moudre » pour ceux qui partagent cet objectif . Car , à mon avis , ces 61% , s’ils avaient trouvé une
force politique exprimant leurs aspirations , proposant d’engager un processus de sortie du capitalisme , ils
n’auraient pas été contraints d’émettre des votes de déception , de colère , d’indignation , comme certains ou
d’autres avaient pu le faire en 2002 avec Le Pen , et qui l’ont fait cette fois-ci , selon les cas , avec Bayrou ou
Sarko pour le premier tour .

Et dès maintenant , il convient de dire aux électeurs des législatives que leur message des présidentielles a été
entendu , se mettre à leur écoute pour déterminer avec eux les contours de ce nouveau parti communiste et du
programme anticapitaliste qui concrêtisera leurs aspirations .

Messages

  • "dès maintenant , il convient de dire aux électeurs des législatives que leur message des présidentielles a été entendu , se mettre à leur écoute pour déterminer avec eux les contours de ce nouveau parti communiste et du programme anticapitaliste qui concrêtisera leurs aspirations

    Le ridicule ne tue pas.