Accueil > Une lettre de Cesare Battisti La parole reniée

Une lettre de Cesare Battisti La parole reniée

Publie le mercredi 3 mars 2004 par Open-Publishing

Cesare Battisti a fait parvenir cette lettre depuis sa cellule de la Santé. Il réagit à certains articles publiés dans la presse et qui s’arrogent le droit, vingt-cinq après, de juger une affaire qui l’a déjà été.

Le 26 février 2004

" Vu la médiatisation de "mon" affaire extraditionnelle, les propos qu’on me prête et la "criminalisation" à laquelle certaine presse s’emploie à mon encontre, je me dois d’intervenir pour préciser "dits et non-dits" se rapportant à mon passé italien.

De façon très concise :

1. Sur le plan historique, je crois que nous tous, la génération des "années de plomb", devons assumer tout type d’acte accompli durant cette période-là ; donc moi aussi en ce sens, je peux me définir comme "responsable" ;

2. Sur le plan judiciaire, je ne peux que souligner :

a. que je n’étais pas présent aux procès italiens ;

b. par conséquent, je n’ai pas pu me défendre directement ;

c. en Italie, je ne peux plus me défendre ;

d. de plus, j’ai été condamné sur la base d’une législation spéciale et sur la foi des déclarations des repentis ;

e. la vérité judiciaire qui me concerne est donc une vérité viciée.

3. Sur le plan politique, n’est-il pas inconcevable de renier, vingt ans plus tard, la parole de la France et l’asile octroyé in invoquant des faits, toujours les mêmes, vieux d’un quart de siècle ? "

Cesare Battisti

le 26 février 2004, prison de la Santé

http://www.humanite.presse.fr/journal/2004-02-28/2004-02-28-389008