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Interv. au "Gibus":Réunion des comités de soutien de la liste de la gauche populaire et citoyenne...

Publie le lundi 8 mars 2004 par Open-Publishing

Réunion des comités de soutien de la liste de la gauche populaire et citoyenne, soutenue par le
Parti communiste français, l’association pour une gauche républicaine et les comités d’alternative
citoyenne
Tête de liste Marie-George Buffet

" Ce qui détermine une aventure politique ou artistique,
c’est le sens.
Un projet à partir duquel se construisent des méthodes, des compétences, une
pensée.
Nous devons inventer des liens nouveaux entre les hommes et les femmes qui chacun à leur poste,
devront faire preuve du même engagement et de la même créativité que ceux qui les portent en première
ligne.
Le sens et l’utilité du projet politique, pourquoi nous le faisons, comment œuvrer ensemble
au projet, ce devra être le questionnement central et journalier de l’équipe de la Gauche
Populaire et Citoyenne.

Il ne s’agit pas seulement de chercher à recueillir des voix, à atteindre un
pourcentage, mais de sortir de nos habitudes, chercher de nouvelles réponses, dans un mouvement
inscrit dans la durée.
Ce projet politique se doit d’être à l’image d’un projet artistique dont
l’objectif est d’identifier les mécanisme et de questionner nos contemporains sur leur capacité à prendre
des responsabilités leur permettant, à travers leur libre arbitre, de tenter d’infléchir un
mouvement que l’on pourrait penser inéluctable.
Fatalité et résignation ne sont pas des mots
politiques.

Dans le mouvement de ce que nous tentons de faire au Théâtre-Studio, avec l’équipe qui
m’entoure, ce projet politique doit créer un lien nouveau entre la pensée politique proposée et la
population.
Pas un lien de consommation ou d’adhésion unanime mais un lien de dialogue, de familiarité.
Un
lien entre les cultures et les imaginaires, les pensées et les rêves, pour trouver une passerelle
entre les différents groupes sociaux.
Mettre la population en face du processus politique, faire
naître des moments particuliers de connivence et de complicité.

La Gauche Populaire et Citoyenne
est un rassemblement.
Un rassemblement qui ne doit pas être un arrangement, qui doit préserver les
différences et les arrêtes.
C’est en frottant ces arrêtes que l’homme a crée l’étincelle qui est
devenu le feu.
La politique doit être aussi radicale que l’art.
Aujourd’hui nous avons le devoir de
prouver que, comme le théâtre, la politique est indispensable.

Edward Bond dit : " le théâtre et
les enfants sont au cœur de la démocratie ".
Une société qui, comme aujourd’hui, ne prend soin ni
de son théâtre, ni de ses enfants doit s’inquiéter de ses capacités démocratiques.
Comme
l’humanité, la démocratie disparaît sans que l’on s’en aperçoive - elle ne manque à personne - car comment
peut manquer une chose que l’on ne sait pas avoir perdu ?

Edward Bond dit aussi : " Le théâtre
doit servir à fermer les prisons sinon il faut fermer les théâtres ".
Alors, à quoi doit servir la
politique ?

Je suis metteur en scène et acteur, la seule responsabilité que je revendique, en
tant que telle est celle que j’ai face à la vérité.
C’est pour cela que je suis parmi vous.

Le
théâtre est l’art de la démocratie, le but du théâtre est l’humanité, il doit affronter les
limites.
Nous devons parfois aller en enfer par l’imagination pour éviter d’y aller dans la réalité.
Si par
l’art nous pouvons expérimenter quelque chose,, nous pouvons peut être devenir capables de changer
notre avenir.
J’ai vu une pièce de théâtre qui a changé ma vie.
Elle a changé ma vie parce qu’elle
a changé ma façon de penser et dont j’essaie de me comporter, de regarder les autres.
Si le
théâtre peut changer la vie de quelqu’un, par voie de conséquence, il peut changer la société puisque
nous en faisons tous partie.
Ce projet politique tente de changer la réalité, de nous rendre capable
de changer notre avenir.
C’est pour cela que je suis à vos côtés.

C’est un projet qui s’adresse à
l’intelligence et non pas aux pulsions émotionnelles.
C’est un projet d’hommes et de femmes qui
tentent de comprendre ce que sont les être humains et comment ils peuvent créer leur humanité.
C’est
un espace imaginaire, un espace d’espoir qui est ouvert.
Un espace dans lequel nous pouvons
apprendre quelque chose sur nous-mêmes.
A travers les chemins puis les questions posées... nous aurons
tenté de prendre nos responsabilités.

Je veux ajouter un mot.
A propos de notre premier ministre
qui suit délibérément les traces de madame Thatcher puisque visiblement, pour lui, ce qu’on appelle
société n’existe pas.
Sa bêtise démagogique nous a fait une publicité valant plusieurs
meetings.
En opposant, dans le débat autour de l’appel lancé par les Inrockuptibles : " la guerre contre
l’intelligence ".

L’intelligence intellectuelle et l’intelligence de la main (pour définir la masse
laborieuse) en omettant que l’intelligence de la main est une des notions de base pour penser le
travail, l’art et la pratique, chez Aristote puis chez Marx.
Je suis donc fier de continuer avec vous
à revendiquer l’intelligence des cerveaux et de refuser l’amalgame et l’opposition entre
l’intelligence et la force de travail.
Nous revendiquons la cité du philosophe contre celle du
démagogue.

Comme le dit encore Edward Bond : " Toutes les révolutions sont inscrites au dos du calendrier...
"
Alors, camarades, vous savez ce qu’il vous reste à faire. "

Christian Benedetti, acteur, metteur en scène et directeur du Théâtre-Studio d’Alfortville