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Je vous écris du Vénézuela (2) (video)

Publie le vendredi 29 juin 2007 par Open-Publishing

de Jean-Paul LEGRAND

La chaleur est écrasante mais sans doute moins qu’en avril 2006, date de mon précédent voyage au Vénézuela. Notre voiture file sur la route en corniche qui mène de Carúpano à Rio Caribe, les paysages sont splendides, entre la végétation luxuriante qui recouvre les collines et la brillance de l’océan avec ses plages bordées de palmiers, on s’en prend plein les mirettes.

Sur la route on croise des 4x4 rutilents comme de vieilles voitures américaines rouillées, tellement rafistolées qu’on se demande comment elles peuvent encore rouler.

Il faut dire qu’ici le prix de l’essence n’est pas un obstacle même pour les plus modestes puisque dans ce pays membre de l’OPEP on peut faire le plein avec à peine un peu plus d’un euro (ici un plein représente 0,5% du salaire mensuel minimum alors qu’en France il se situe entre 3 et 4 %).

Rio Caribe est une petite ville avec des maisons au style colonial. Elle possède un port de pêche. Avec la révolution socialiste, les citoyens sont associés aux projets de développements économiques et sociaux notamment sous l’impulsion des élus locaux, ici partisans de Hugo Chávez, et selon le principe du contrôle social populaire. Ainsi le maire a- t- il présenté en février dernier devant les citoyens réunis nombreux en extérieur sur les places de la ville, le bilan détaillé et chiffré des réalisations de l’année 2006.

Cet exercice d’’évaluation démocratique comprend un moment où les habitants et les responsables des différentes missions peuvent intervenir pour témoigner, confirmer ou infirmer l’exposé du maire. Mais ce qui semble le plus original dans la tentative de construction d’une société réellement démocratique est la création des conseils communaux. Ceux-ci ont vocation de transférer le pouvoir au peuple en constituant des groupes de citoyens dans lesquels chacun peut apporter ses idées et propositions directement au gouvernement et cela sans intermédiaire.

Le but est de créer un lien permanent entre la base et l’exécutif national afin de concrétiser l’objectif constitutionnel d’un pouvoir populaire réellement souverain. Dans la région de Rio Caribe s’est constituée plus d’une centaine de ces conseils communaux. Ces conseils entreprennent un travail démocratique sans précédent dans le pays de Bolivar : traduire de manière locale et en toute liberté, selon les besoins des gens, les objectifs de la révolution que le pouvoir central a défini comme autant de "moteurs" pour aller vers le socialisme.

Ceux ci sont au nombre de cinq : révolution juridique, justice sociale, construction d’un nouveau système économique, révolution éducative, explosion du pouvoir populaire. Ainsi les conseils communaux de la région de Rio Caribe ont-ils par exemple, décidé dans le domaine de la justice sociale de donner la priorité aux pêcheurs dans la gestion de leur sécurité sociale et en particulier de leur retraite, ou encore à la construction d’un centre d’aide aux jeunes victimes de la drogue parmi bien d’autres projets retenus.

Dans le domaine politique on retiendra le très interessant projet de former les portes paroles des conseils communaux aux dignostics de participation populaire, à l’élaboration de projets communautaires, aux connaissances sociopolitiques. Je rencontrerai prochainement le maire de Rio Caribe qui pourra me parler davantage de cette expérience passionnante de pouvoir populaire inédit.

En attendant nous visitons sa charmante commune sur laquelle domine sur une colline une statue du Christ, considéré ici comme le premier des révolutionnaires. Nous goûtons aux plats typiques de la région dans un petit restaurant près du port, le "Pavillón Criollo" et le "Pavillón margariteno" composés de haricots noirs, de riz, de bananes plantins frites et selon, de jeune requin ou de poulet frit, accompagnés de la bière nationale Polar.

Nous reprenons la route pour Carúpano sous un début d’orage. Nous terminons notre journée au musée historique de la ville. Un jeune guide nous explique que la ville eut son heure de gloire comme port commercial important (cacao, café, coco, fruits, etc...) avant que les régions pétrolifères de l’ouest du pays ne deviennent les plus actives économiquement.

C’est enfin avec un immense plaisir que nous rencontrons le directeur du département musical de ce musée, un personnage haut en couleurs, le Pr Vinoles Pena, qui nous dévoile sa passion pour la poésie populaire et notammemt pour la "decima espinela", poème de 10 vers en octosyllabes, en nous offrant une poésie improvisée et chantante en notre honneur.

http://creil-avenir.com