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Une petite définition de l’anti-capitalisme

Publie le vendredi 7 septembre 2007 par Open-Publishing
7 commentaires

de Jean-Yves DENIS

Une chose qui nous protège de la désespérance totale, c’est le besoin de cohérence.

C’est la raison pour laquelle les systèmes de pensée et les idéologies ont été forgés, lentement, péniblement.

Le principal paradoxe de notre société actuelle, c’est l’antagonisme entre l’évidente cohérence du système économique mondialisé, fondé sur des techniques éprouvées depuis des décennies (l’automatisation, la concentration de la production, la dispersion volontaire entre production et vente, nommée délocalisation à notre époque), et le chaos évident de notre vision de la vie quotidienne.

Tout cela est fort théorique, donc voici un exemple.

Vous avez sans doute déjà vu une des ces pubs a la télé montrant un indigène du bout du monde tapotant sur son portable pour se connecter à Internet sur l’un de nos indigènes modernes du monde occidental blanc dans lequel nous sommes sensés vivre.

Cela est la cohérence, un produit unique, mondial, commun à tous les homo-sapiens.

Humanité reliée par un miracle permanent, le progrès commercial.

maintenant, l’anomalie ; est-ce qu’il vous est déjà arrivé de vous demander à quel point, à quel degré obsédant de réalité, l’existence de populations pourtant très proches pouvait nous être totalement étrangère ?

Quelles nouvelles concrètes avons-nous de l’existence du quotidien d’un Roumain, d’un Grec, d’un Serbe, d’un Turque, d’un Biélorusse ?

Comment il s’habille, comment il se nourrit, comment il se débrouille pour aller travailler tous les jours ?

Cela peut évidemment paraître comme une considération abstraite sans intérêt, mais c’est selon moi une question centrale en ce qui concerne ce qu’on désigne sous le terme de mondialisation.

Comment expliquer cet illogisme ; comment le libéralisme mondialisé, apparemment obsédé par une seule chose, le combat contre l’uniformisation des humains, peut aboutir à l’exact inverse ?

C’est concrètement une sorte de pizza, une sorte de téléphone portable, une sorte de réseau téléphonique, une sorte de protocole de liaison informatique, une sorte de céréale comestible, une sorte de production d’énergie pour tous les humains de la planète.

C’est concrètement le cauchemar complet pour celui qui se décrit comme un libéral.

Comme nous refusons la folie, et que nous ne nous considérons pas comme hors du monde, et que nous refusons de décréter arbitrairement que le monde est fou, c’est donc qu’il y a une cohérence dans cela.

Que désire actuellement l’assemblée de millionnaires mondiaux ?

Un monisme économique, une réduction fictive de la réalité concrète à des intérêts très concrets, la normalisation globale de l’économie.

Et ici, attention, aucune intention de parler d’un quelconque complot.
Ni d’un plan, ni d’une hypothétique intention démoniaque de domination.

Simplement, des méthodes simples et inhumaines sont plus efficaces que des solutions incohérentes.

Il s’agit d’efficacité, c’est a dire de cohérence.

Le totalitarisme est cohérent, et n’a rien de fou.

Injuste, douloureux pour les faibles, suicidaire à terme, mais pas fou : logique et cohérent.

L’anti-capitalisme est incohérent.

L’anti-capitalisme ne sera jamais efficace, c’est ce qui fait sa force et sa faiblesse.

L’anti-capitalisme est humain, il ne sert à rien d’autre qu’a nous même, ce qui est le contraire d’un système totalitaire. Ce n’est pas de l’égoïsme, pas de l’individualisme, c’est juste le refus d’un système cohérent qui finit par détruire les fondements de la civilisation.

Par exemple il est incohérent de se contre-foutre de l’hypothèse d’une faillite bancaire généralisée, et de juste se demander comment des humains peuvent être traités comme du bétail à quelque centaine de mètres d’une banque, ici en France, Aubervilliers, Paris ou ailleurs.

la cohérence, c’est de dire que le système tient tant que les banques tiennent, et qu’après le régime des banques, personne ne sait se qu’il peut arriver.

Hier, aujourd’hui ou demain, il est raisonnable de tirer sur la foule, ou de la maintenir en cage.

Ou bien d’envoyer une compagnie de CRS pour calmer tous ces fous noirs.

Ensuite, l’unique question résiduelle , pour les gouvernants, sera de savoir combien d’énergie sera necessaire pour détruire les cinglés anti-capitalistes qui encerclent la citadelle rentable en dehors des ruines déjà exploitées.

Ils calculent, ne vous faites pas de soucis à ce sujet.

Messages

  • Nos milliardaires mondiaux se sont préparés à des attaques violentes de hordes de gueux contre leurs citadelles par l’entretien d’armées de militaires et de mercenaires, milices, policiers, CRS pour les défendre . Ils se sont armés également contre la révolte des travailleurs en dispersant volontairement les lieux de production et de vente.

    Par contre, ils n’ont pas prévu qu’un jour les gueux se mettent à bouder l’achat de leurs produits , ne placent plus leur maigres salaires dans leurs banques et se mettent à vivre en autarcie entre gueux, hors du système capitaliste .

    C’est le système qu’a utilisé Ghandi pour virer, sans la moindre violence, les colons britanniques en faisant volontairement de l’Inde un coût et non plus une vache à lait pour l’Angleterre. En demandant à chaque famille d’avoir son propre métier à tisser en bois pour tisser ses tuniques et saris avec le coton cultivé sur place au lieu de le voir partir brut en Angleterre et revenir tissé à prix d’or, Ghandi a ruiné l’industrie textile britannique et gagné l’indépendance de l’Inde qui, ne consommant plus aucun produit importé, ne présentait plus le moindre intérêt financier pour la Grande-Bretagne mais un coût administratif en fonctionnaires .

    Le jour où les gueux bouderont les hypermarchés et les banques pour vivre en autarcie des produits de leurs jardins, du troc, de la récupération et de l’échange de services, le système capitaliste s’effondrera tout seul .

    Si vous le pouvez et à plus forte raison si vous êtes sans travail, éloignez-vous des grandes villes et louez pour presque rien un petit jardin. Vous y gagnerez votre indépendance .
    Certains villages , à l’abandon après le décès de leurs derniers habitants, ne demandent qu’à renaître quand s’y installe un groupe de copains et copines qui se retroussent les manches .

    • Merci pour ta precieuse contribution 88 49

      JL Youpy

    • C’est exactement ce que ma famille et mes enfants sont en train de construire, une indépendance loin des sirènes capitalistes, avec un changement de vie, telle une maison loin des villes avec du terrain pour les légumes, les poules pour les oeufs et la viande, le train pour n’avoir qu’un véhicule nécessaire pour les enfants qui seront bientôt scolarisés et une place dans la maison pour les anciens quand le moment sera venu.

      Quant aux banques, elles semblent ne rien crainde avec leurs formules assurances voitures, maison regroupées, les salaires obligatoirement versés sur un compte courant postal ou bancaire, mais rien ne nous empêche de tout retirer en début de mois et d’abandonner la carte bancaire. Ce n’est pas pratique, il faut s’organiser autrement mais lorsque l’on sait que les banques travaillent avec nos ronds et se font de gros bénéfices sur notre dos, ça vaut la peine de les enquiquiner un peu, beaucoup, passionnément !

      Il serait bon que nos "co-errances" deviennent cohérentes.

      Je m’en vais vider tous mes comptes et m’acheter un petit coffre fort, ce ne sera pas plus con que nos anciens et leurs caches-matelat.

      Ouilya (je vais pas me géner tiens).

  • J’ai apprécié votre article parce qu’il pose le vrai problème politique contemporain à savoir l’opposition totale entre capitalistes et anticapitalistes.

    Il y aurait beaucoup à dire au sujet tant des premiers que des seconds puisque l’idée que l’on se fait de son positionnement dans cette bipartition ne correspond pas nécessairement à la réalité.

    Pas d’accord avec votre besoin de cohérence : il y a eu Freud, l’Ecole de Francfort ou Lorenz pour prévoir que notre néo-cortex se trouve être au service de notre cerveau reptilien et que la subordination du second au premier n’est qu’un fieffé mensonge.

    C’est d’ailleurs la raison principale de la victoire du libéralisme qui exploite très bien la chose. (pub, ambiance musicale, onirisme,…). Calculé certes, mais jouant sur l’irrationnel c’est à dire la partie la plus essentielle de ce que nous sommes.

    La normalisation n’a pas encore eu lieu, d’où cet espace bigarré, là où chacun pense vivre son propre individualisme. Les religions se sont mélangées au point que les croyants sont dans ce domaine inculte, les femmes ont été dressées contre les hommes et mises sur le marché du travail au moment où on avait besoin de renfort, les cultures locales ont été maintenues à des fins purement mercantiles (ah le terroir et ses produits).

    L’étape suivante viendra : même mode de vie, mêmes série tv, fin des religion, culte du travail aliéné ou libre, métissage obligatoire pour que ne subsiste plus de différence, apologie des naissances en fonction des besoins économiques.

    C’est un complot, c’est planifié. Les famines et le reste. Et je ne parle pas du 11 septembre, fumisterie du siècle.

    Les capitalistes sont des calculateurs qui rendent déments les autres.

    Les anticapitalistes ont vu le processus. Voilà qui fait d’eux des calculateurs humains opposés aux inhumains.

    Attention à la variante bâtarde : le pape.

    Sympa sa critique des loisirs et son apologie du dimanche familial. Mais pourquoi n’a t-il pas dit que c’est la société capitaliste qui est antichrétienne et qu’elle est devenue l’ennemi numéro 1 ?

    Un militant pas Nr qui officie chez les Nr.

    • Le capitalisme n’est pas un système pensé "a priori", c’est un comportement "prédateur" construit à partir de l’exploitataion et de la domination séculaires de l’Homme par l’Homme", qui a été théorisé, "idéologisé " pour asseoir son omnipotence. Son organisation, variable sur la forme suivant les sociétés, mais commune à tous les exploiteurs en particulier les plus forts (OMC, FMI...) c’est cela le libéralisme, c’est à dire la justification "a postériori", au nom de la "liberté" de l’exploitation à tous les niveaux : le commerce c’est à dire le pillage organisé par les plus forts, mais surtout le travail productif (salarié ou non) seul créateur de plus value, sont les principales sources d’enrichissement des capitalistes. Le Capitalisme et sa tendance naturelle opportuniste à très court terme c’est à dire , sa capacité à flairer toute occasion pour s’enrichir à très court terme, et sans entrave nous mène tout droit au goufre.
      Afin de se libérer de toute entrave, le capitalisme a beson d’une société répressive (police, unicité de la Culture, médias) et d’armée pour imposer le "consensus" nécessaire à la prospérité des plus forts . C’est mon opinion qui je pense rejoint l’article initial. JdesP

  • Après avoir lu les commentaires, j’ai remarqué qu’ils étaient souvent plus intelligents que mon article lui même, donc bravo à ceux qui ont fait l’effort de me lire et de me critiquer.

    En ce qui concerne le problème du quelconque "plan capitaliste", je continue cependant a être perplexe.
    Mais c’est interessant car les anti-communistes ont en horreur une vision plannifiée de la société.

    Ce que je n’ai peut-être pas dit d’une manière très claire, au sujet de la "cohérence", c’est justement cette contradiction entre le desordre évident provoqué par l’obsession actuelle de la rentabilité à court terme, et la glaçante uniformisation que l’on constate partout en ce qui concerne les médias, les moyens de vente et de production.

    Une chose encore, longue vie à Bellaciao et je suis sur que le procès qu’on lui inflige se retournera contre la racaille financiaire qui l’a initié.

    Merci à tous ceux qui continuent à resister.

    jyd.

  • Les capitalistes cherchent à tirer le maximum de profit du travail des ouvriers, et les ouvriers cherchent à tirer le maximum de leur travail : leurs intérêts sont antagoniques. En schématisant, la vie des ouvriers comporte deux parties :

     une partie pendant laquelle ils sont soumis aux capitalistes, car « nourris » par eux, puisque, dans ce système, l’entreprise ne fonctionne qu’avec les capitaux des capitalistes

     une autre partie pendant laquelle ils luttent contre les capitalistes pour vendre leur force de travail au meilleur prix Aussi, les ouvriers sont des ouvriers dépendants des capitalistes, mais aussi des ouvriers capables de dominer les capitalistes puisque sans les ouvriers les usines ne peuvent fonctionner.

    Les capitalistes ne triomphent des ouvriers que parce qu’ils arrivent à leur faire croire qu’ils ne sont qu’ouvriers dépendants d’eux, qu’ils arrivent donc à cacher la deuxième partie de la relation dialectique entre capitalistes et ouvriers. Les ouvriers n’ont pas qu’une conscience en soi : ils peuvent et doivent avoir une conscience pour soi ! qui est l’essence de l’anti capitalisme

    le combat de la classe proletarienne doit resider dans le fait de briser les chaines de l’exploitation - La liberté de travailler non pas pour enrichir des actionnaires et une classe bourgeoise , pour ne plus survivre mais vivre descemment sans exploitation .

    le capitalisme est l’exploitation d’une majorite par une minorité .