Accueil > 17 octobre 1961 par Elie Kagan (6 videos : "Mémoires d’un massacre")

17 octobre 1961 par Elie Kagan (6 videos : "Mémoires d’un massacre")

Publie le mardi 16 octobre 2007 par Open-Publishing
5 commentaires

Il y a quarante ans, le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pacifiquement dans les rues de Paris étaient sauvagement assassinés par la police française sous les ordres de Maurice Papon.

Les victimes sont aujourd’hui estimées à près de deux cents.

Un photographe était présent.

Dans les collections photographiques du musée d’Histoire contemporaine-BDIC qui conservent les archives d’Elie Kagan (1928-1999), on peut lire ces lignes écrites pour un autre anniversaire :

"La Fédération de France du FLN avait appelé ce jour-là les Algériens de Paris et de la région parisienne à manifester pacifiquement dans les rues de Paris pour protester contre le couvre-feu raciste décrété par le préfet de police Maurice Papon, Roger Frey étant ministre de l’Intérieur.

Cette manifestation pacifique fut brutalement chargée par la police.

C’était ... dans l’indifférence la plus totale de la population française.

Pour moi qui ai été le seul reporter à photographier ces événements, un peu partout dans Paris, métro Concorde, Solférino, rue des Pâquerettes à Nanterre, l’homme que je suis a ressenti ces brutalités d’un côté et l’indifférence de l’autre comme un affront et m’a rappelé le 16 juillet 42."

Broché : 76 pages
Editeur : Actes Sud (3 octobre 2001)
Collection : Archives privées
Langue : Français
ISBN-10 : 2742735178
ISBN-13 : 978-2742735174


17 octobre 1961 : Mémoires d’un massacre




TEMOIGNAGES D’OCTOBRE - Massacre d’Etat




ALGERIE - Nuit noire du 17 Octobre




17 Octobre 61 - Répression policière




Mohamed-garne octobre 1961




17 Octobre 1961

Messages

  • Rassemblement
    Mercredi 17 octobre 2007 à 18h30 au Pont St Michel à Paris Là où tant de victimes ont été jetées à la Seine il y a 46 ans
    Pour exiger :
    la reconnaissance officielle du crime commis par l’Etat français les 17 et 18 octobre 1961
    la liberté d’accès effective aux archives pour tous, historiens et citoyens
    le développement de la recherche historique sur ces questions dans un cadre franco-algérien et international

  • « J’avais vingt ans et je ne laisserai jamais personne dire que c’est le plus bel âge de la vie.

    Je lisais Paul Nizan et j’avais dix-sept ans, le 17 octobre 1961. Il pleuvait, ce soir-là sur Paris, et nous avions peur de la haine qui était en chacun.

    J’étais dans la manif sur le pont saint-Michel, la manif des algériens venus des bidonvilles, des banlieues. On ne disait pas encore « algérien », on disait « français-musulman-algérien ». On disait « bougnoul » « sidi » « crouilla » « raton » et « melon ».

    Des femmes, des hommes, habillés beaux. Des femmes avec des robes à fleurs sous les impers, effrayées de leur audace de se montrer, d’exister, dans Paris.
    Parfois on entendait « Algérie algérienne ».

    Et puis les gardes mobiles ont chargé sur le pont saint-Michel.
    Panique dans la foule ! Comme tous, j’ai couru et, sans savoir pourquoi, je me suis arrêté au niveau de la pendule, au bout du pont saint-Michel à l’entrée du métro.

    Et là, j’ai vu un homme, un manifestant, passer par-dessus le parapet. Il s’est planqué, en boule, tassé sur le rebord extérieur du pont qui surplombe le fleuve.

    Les gardes mobiles chargeaient, on criait, on entendait des pas, des cris, des halètements tout autour.

    Et puis, j’ai vu un CRS, ce n’était pas des CRS je pense que c’était des gardes mobiles, qui a vu l’homme en boule sur le rebord du pont saint-michel, et qui a commencé à le massacrer à coups de crosse.

    J’entends encore très précisément les coups de crosse sur le dos de ce type, puis, sur le crâne.

    L’homme s’agrippait aux colonnettes du pont et les forces de l’ordre, ils étaient cinq ou six, ont cogné inlassablement sur les mains, jusqu’à ce que l’homme lâche prise et tombe dans la seine, comme une pierre.

    Dans « La chute » de Camus, Albert Camus, le narrateur entend un corps tomber dans l’eau, il hésite, et il continue son chemin.

    Et je n’ai pas continué mon chemin, pas de la même façon, jamais plus !

    Je me souviens aussi du 1er novembre 1961, quelques jours plus tard, au métro Maubert-Mutualité. Il y avait un petit homme, bigleux et silencieux, et une petite, une petite foule autour, silencieuse.
    Les hommes et les femmes qui étaient là étaient « traîtres à la patrie ». Ils militaient dans des réseaux de soutien aux algériens en lutte contre la colonisation française.
    Il y avait aussi des hommes, jeunes, qui refusaient de partir en Algérie avec le contingent, ils désertaient, ils sifflotaient « le déserteur » de Boris Vian, et je sifflotais avec eux.
    Mais pas là ! Il y avait ce silence, on se taisait, cinq minutes de silence, en hommage aux victimes du 17 octobre 61. Mais c’était aussi et avant tout un silence d’impuissance, l’intuition que ce silence durerait très longtemps.
    Au bout de quelques instants, nous nous sommes dispersés, dans ce dimanche morne. Le petit homme bigleux et silencieux s’appelait Jean-Paul Sartre.

    Une amnésie qui gangrène et qui a gangrené notre pays depuis plus de trente ans.
    Un pays complice par indifférence.

    Mais voilà qu’on dirait que quelque chose se débloque. S’ouvrent enfin : des archives, des consciences, des mémoires sur nos épouvantables secrets de famille, notre misérable petit tas de secrets, à nous.
    Est-ce la fin de l’époque opaque, la fin du mépris d’état ?

    Sisyphe aujourd’hui en tout cas, s’arrête un instant sur le pont saint-Michel, jette une rose dans la seine en se demandant : « Est-ce la fin de l’oubli ? » et « Peut-on oublier l’oubli ? »

    Daniel Mermet – Emission « Là-bas si j’y suis » 17 octobre 1961. Parce que c’est la mémoire. »
    Lien diffusion du 17 octobre 2005

    Hommage à tous les hommes et à toutes les femmes qui continuent leurs chemins « pas de la même façon »,
    Psyché.

  • Bonne initiative de Roberto...

    A propos du 17 octobre 1961 une info :

    Le mouvement de la paix et l’association de jumelage rennes-sétif souhaitent commémorer la triste journée du 17 octobre 1961 qui fut le théâtre d’une sanglante répression.
    Les deux associations organisent une cérémonie de recueillement ce mercredi 17 octobre à 18h sur le pont des jumelages, devant la MIR.

    Le MRAP 35 y participera.

    Christian DELARUE

    • Excellent Roberto. Le livre de Jean Luc Einaudi est l’ouvrage de référence.

      Il faut savoir que Papon a osé lui faire un procès, mais tous les procès du monde ne peuvent pas effacer la vérité.

      Papon fonctionnaire zélé pour la déportation des juifs, pour le massacre des Algériens et pour les militants communistes de Charonne.

      Dans les trois cas les ordres venaient d’en haut ??

      Francis de Montmartre.

  • Bonjour,

    Le 17 octobre 1961 j’étais externe de garde en chirurgie, à l’hôpital Rothschild, dans le 12ème arrondissement de Paris.

    Je n’oublierai jamais...

    J’ai passé presque toute la nuit à recoudre des bras, des plaies et surtout des cranes "d’algériens" et de "français" solidaires, qui avaient été aussi vigoureusement maltraités par les flics !

    Seule... avec comme consolation les paroles charitables de mes supérieurs hiérarchiques qui pointaient leur nez régulièrement sans m’aider pour autant à soulager plus efficacement tous ceux qui attendaient leur tour. Ils m’invitaient simplement à aller plus vite en ne perdant pas de temps à anesthésier, comme je le faisais chaque fois que cela était possible avant de suturer.

    Un bien triste souvenir !

    Une bien sale guerre, mais y a-t-il des guerrres "propres" ailleurs que dans les têtes des membres de la famille Bush ?

    Docteure Michèle Dayras

    SOS SEXISME