Accueil > La reprise en main de la justice par le système Sarkozy

La reprise en main de la justice par le système Sarkozy

Publie le dimanche 9 décembre 2007 par Open-Publishing
2 commentaires

Par Bruno Lamothe

Renaud Van Ruymbeke, juge d’instruction peu suspect de complaisance avec la gauche (l’affaire Urba, c’est lui), accuse, dans le Jounal du Dimanche, le pouvoir politique en place de "chercher à reprendre en main la justice".

Et de poser, simplement, la question qui agite l’ensemble de la magistrature, et surtout les pôles écofi (économiques et finaciers) : "On veut transformer les procureurs en préfets, c’est inacceptable dans une démocratie digne de ce nom. L’époque est à la dépénalisation du droit des affaires et les juges d’instruction sont de moins en moins saisis. Veut-on en finir avec les ’affaires’ ?"

Victime lui-même d’un zèle ministériel un peu suspect (voire d’un acharnement), le juge Van Ruymbeke a été traduit par le ministère de la Justice devant le Conseil supérieur de la magistrature pour sa gestion de l’affaire Clearstream, malgré le rapport de sa hiérarchie, qui avait pour sa part "conclu qu’il n’y avait pas lieu à poursuivre".

Visant le vaste mouvement qui touche les Procureurs de la République et Procureurs Généraux sur décision de la ministre de la Justice Rachida Dati, le magistrat anti-corruption dénonce le fait qu"il apparaît qu’on cherche à discréditer notamment la justice financière, qui dérange. Il existe indiscutablement une volonté de reprise en main de la justice, par le biais des procureurs notamment, sommés aujourd’hui de rendre compte, y compris lorsqu’ils prennent la parole à l’audience"

Bien entendu, la "dépénalisation" de la délinquance économique, annoncée par Nicolas Sarkozy (avant les résultats du rapport commandé par Rachida Dati à une commission dont tous les membres ont été nommés par elle), est clairement destinée à freiner la découverte de nouvelles affaires politico-financières embarassantes pour le pouvoir, puisqu’elle créera "de nouveaux obstacles juridiques à la poursuite des investigations".

Une justice aux ordres, des magistrats à qui l’on met des bâtons dans les roues, que l’on sanctionne dès qu’ils ne plaisent plus au pouvoir en place, un blanchiment des affaires financières, mais aussi une remise en cause de la carte judiciaire qui rendra plus difficile encore l’exercice de leur mission par les magistrats. Voilà l’oeuvre du président Sarkozy et de sa gardienne des Sceaux .

D’ailleurs, dans le Canard Enchaîné de cette semaine, l’on peut lire le nouveau visage de la justice sarkozienne : Serge Dassault, sénateur UMP proche de Nicolas Sarkozy, et patron du Figaro et du groupe Dassault, a versé à l’un de ses conseillers municipaux la somme de 500.000 euros (un demi million d’euros) à charge pour lui, selon l’hebdomadaire, d’en distribuer une partie aux éléments agités des banlieues, et ainsi "pacifier" les cités sensibles. Le procurerur de la République a bien entendu... immédiatement classé sans suite cette vilaine affaire.

http://ensemble-a-gauche.over-blog.com/article-14477263.html

Messages