Accueil > Eolienne : 39 000 MW de capacité installée en 2003, l’Europe est leader

Eolienne : 39 000 MW de capacité installée en 2003, l’Europe est leader

Publie le lundi 19 avril 2004 par Open-Publishing
1 commentaire


de Lester R. Brown

La capacité génératrice installée dans le monde est passée de moins de 5
000 MW en 1995 à 39 000 MW en 2003, augmentant de 8 fois. L’industrie éolienne
est née en Californie au début des années 80, mais les USA, qui ont maintenant
une puissance installée de 6 300 MW, sont restés derrière par rapport à l’Europe.
L’Allemagne à elle seule a dépassé les USA en 1997 ; en Europe, l’Allemagne est
leader avec une puissance installée de 14 600 MW. Après avoir développé en terre
ferme une grande partie de sa puissance installée actuelle (28 000 MW), l’Europe
est en train de miser sur les ressources éoliennes offshore (en mer ouverte).
Une étude pour évaluer les potentialités offshore en Europe a conclu que le vent
pourrait subvenir aux besoins énergétiques résidentiels de la région d’ici 2020.
Une fois obtenue du vent de l’énergie à bas prix, nous aurons la possibilité de
produire de l’hydrogène de l’eau par électrolyse. L’hydrogène est un moyen pour
accumuler et transporter l’énergie éolienne. La nuit, quand la demande d’électricité baisse,
les générateurs d’hydrogène pourraient être en fonction pour garder l’énergie
produite par le vent.


Source : Earth Policy
Institute


L’Europe est en train de conduire le monde dans l’ère de l’énergie éolienne.
Dans ses dernières prévisions de 2003, l’EWEA (European Wind Energy Association)
estime que la capacité génératrice de l’énergie éolienne en Europe augmentera
de 28 400 MW e 2003 à 75 000 en 2010 et à 180 000 MW en 2020. D’ici 2020, c’est-à-dire
d’ici seulement 16 ans, l’énergie éolienne satisfera la demande énergétique résidentielle
de 195 millions d’Européens, c’est-à-dire de la moitié de la population de la
région.

La capacité génératrice installée dans le monde, qui augmente de plus de 30%
par an, est passée de moins de 5 000 MW en 1995 à 39 000 MW en 2003, augmentant
de 8 fois. Parmi les combustibles fossiles, le gaz naturel a eu un taux de croissance
annuel de 2% dans la même période, suivi par le pétrole avec moins de 2%, et
par le charbon avec moins de 1%. La capacité génératrice du nucléaire est augmentée
de 2%.

L’industrie éolienne moderne est née en Californie au début des années 80, mais les USA, qui ont maintenant une puissance installée de 6 300 MW, sont restés loin derrière par rapport à l’Europe. L’Allemagne a dépassé à elle seule les USA en 1997 ; en Europe, l’Allemagne est leader avec une puissance installée de 14 600 MW. L’Espagne, une puissance éolienne croissante dans l’Europe méridionale, pourrait dépasser les USA en 2004. Le petit Danemark satisfait maintenant 20% de ses besoins énergétiques par le vent, et il est aussi le premier producteur et exportateur de turbines éoliennes au monde.

Après avoir développé en terre ferme une grande partie de sa puissance installée actuelle (28 000 MW), l’Europe est maintenant en train de miser sur les ressources éoliennes offshore (en mer ouverte). Une étude pour évaluer les potentialités offshore en Europe a conclu que si le continent procède plus vite dans le développement de ses vastes ressources offshore, le vent pourrait couvrir entièrement les besoins énergétiques résidentiels de la région d’ici 2020.

Le Royaume Uni est en train de bouger vite pour développer sa capacité éolienne offshore. En Avril 2001, il a approuvé des sites qui auront au total une capacité génératrice de 1 500 MW. En Décembre 2003, le gouvernement a approuvé 15 autres sites offshore avec une capacité génératrice qui pourrait dépasser 7 000 MW. Ces installations éoliennes demandent un investissement de 12 milliards de dollars et pourraient satisfaire les besoins énergétiques résidentiels de 10 millions d’habitants (la population de la Grande Bretagne est de 60 millions).

La poussée vers le développement de l’énergie éolienne en Europe vient en partie des préoccupations dues au réchauffement climatique. La vague record de chaleur qui a frappé l’Europe en 2003 et qui a détruit des plantations entières et causé 35 000 décès, a accéléré le remplacement du charbon par des sources énergétiques propres.

Le vent attire pour différentes raisons. Il est abondant, économique, inépuisable, bien distribué et il n’altère pas le climat, une série d’attributs qu’aucune autre source énergétique possède. Quand le Département USA de l’énergie (DoE) a publié son premier inventaire pour l’énergie éolienne en 1991, il précisa que 3 états riches de vent (North Dakota, Kansas et Texas) avaient assez de puissance éolienne pour satisfaire entièrement les besoins nationaux en électricité. Ceux qui avaient pensé l’énergie éolienne comme une source énergétique marginale furent étonnés par la découverte.

Nous savons aujourd’hui qu’il s’agissait là d’une estimation prudente des potentialités de l’énergie éolienne, parce qu’elle se basait sur les technologies de 1991. Les améliorations du design des turbines éoliennes réalisées depuis leur permettent de fonctionner à des vitesses du vent inférieures à celles d’auparavant ; de plus, elles permettent de convertir le vent en électricité beaucoup plus efficacement et d’exploiter les potentialités éoliennes dans une zone beaucoup plus étendue. En 1991, les turbines éoliennes avaient une hauteur moyenne de 40 mètres. En 2004, les nouvelles turbines atteignent 100 mètres avec des pales plus longues qui permettent de capturer plus efficacement l’énergie éolienne, en triplant la quantité de vent exploitable. Tandis que le DoE pouvait dire en 1991 que ces trois Etats avaient assez d’énergie éolienne pour satisfaire les besoins nationaux d’électricité, nous pouvons affirmer aujourd’hui qu’ils ont assez d’énergie éolienne exploitable pour satisfaire les besoins énergétiques nationaux (c’est-à-dire non seulement la demande d’électricité).
Quand l’énergie éolienne se développait en Californie au début des années 80, l’électricité générée par le vent coûtait 38 cents le kilowattheure. Depuis le prix est descendu à 4 cents ou même moins dans quelques sites plus venteux. Quelques contrats à long terme ont été signés à 3 cents le kilowattheure. L’EWEA prévoit que d’ici 2020 beaucoup d’installations éoliennes produiront de l’électricité à 2 cents le kilowattheure, en rendant cette source la plus économique en absolu.

Une fois que nous aurons obtenu de l’énergie du vent à bas prix, nous aurons la possibilité de produire de l’hydrogène de l’eau par électrolyse. L’hydrogène est un moyen pour accumuler et transporter efficacement l’énergie éolienne. La nuit, quand la demande d’électricité baisse, les générateurs d’hydrogène pourraient être en fonction pour garder l’énergie produite par le vent. Une fois conservé, l’hydrogène pourrait être utilisé pour alimenter les installations énergétiques ou les automobiles. Il peut donc devenir une alternative au gaz naturel, spécialement si les prix du méthane augmentent et rendent coûteuse la production d’électricité.

Le coût principal pour l’énergie générée par le vent est le capital initial investi pour la construction. Mais comme le vent est gratuit, le seul coût pendant la production est représenté par l’entretien. En considérant la récente variabilité des prix du gaz naturel, la stabilité des prix de l’énergie éolienne est spécialement attractive. Avec la possibilité que les coûts du méthane augmentent, les installations à gaz pourraient être utilisées comme réserves quand l’électricité générée par le vent manque ou est insuffisante.

Si les USA sont en train de rester derrière dans le développement de l’énergie éolienne, cela n’est pas dû à leur impossibilité de rivaliser technologiquement avec l’Europe, mais plutôt au manque de leadership à la Maison Blanche. Les facilitations fiscales de 1,5 cents par kilowattheure produit par l’énergie éolienne, décidées en 1992 pour établir la parité avec les subsides fournis aux combustibles fossiles, n’ont pas été renouvelées les dernières 5 années et cela à trois reprises. L’incertitude sur la date de leur renouvellement a démoralisé le secteur.

Le leadership européen a fourni au continent un avantage économique : neuf des 10 premiers producteurs de turbines éoliennes se trouvent dans 3 pays (Danemark, Allemagne, Espagne). Ce sont les 3 pays qui ont eu les facilitations économiques les plus fortes et les plus stables.

Les USA, avec leur technologie de pointe et la richesse de ressources éoliennes, devraient être un leader dans ce domaine, mais, hélas, ils continuent à se fier lourdement au charbon (une source énergétique typique du XIXème siècle) pour une grande partie de leur électricité, tandis que les pays européens sont en train de remplacer le charbon par le vent. L’Europe n’est pas seulement en train de conduire le monde dans l’ère du vent, mais elle est aussi en train de le conduire dans l’ère de l’énergie renouvelable et de la stabilisation climatique. En démontrant les potentialités d’exploitation de l’énergie éolienne, l’Europe est en train d’inaugurer la new economy pour le reste de la planète.

Traduit par Karl et Rosa

19.04.2004
Collectif Bellaciao

Messages