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Réseaux, concurrence et Communisme

Publie le samedi 23 février 2008 par Open-Publishing
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de JEAN-YVES DENIS

Est-ce que vous savez ce qu’est le GIE-CB ?

Le Groupe d’Intérêt Economique Carte Bancaire ?

Sans doute non, c’est assez technique, quoique ancien, vu que cela date de 1984.

Dans cet article, je vais essayer de vous montrer la contradiction qu’il y a entre l’idéologique libérale de la libre concurrence et la réalité du monde financier.

En fait, depuis bien longtemps, avant l’invention des cartes à puce, des ordinateurs, et même avant l’invention du moteur à explosion, il existe un monde de la haute finance affranchie des règles de la concurrence.

Aux USA, au début du 20eme siècle, on appelait cela des TRUST, et avant le crash boursier de 1929, des lois anti-trust avaient été introduites.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, les USA ont bien tenté de voter des lois anti-capitalistes.

Ironiquement, cela était fait au nom de la libre concurrence, car déjà à l’époque des gens lucides avaient remarqué que les très riches s’organisaient pour converger vers un controle total du marché.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Sherman_Antitrust_Act

Le désastre de 1929 a jeté à la rue plein d’américains pourtant libres, mais cependant pauvres.
Une nouvelle donne économique (new-deal) pour éviter qu’une catastrophe d’une telle ampleur ne se reproduise, a été tentée par Roosevelt.
L’idée était que l’intervention du gouvernement était nécessaire pour rationaliser et stabiliser l’économie.
Les USA de 1929 étaient donc infestés de sales rouges.

http://fr.wikipedia.org/wiki/New_Deal

Mais cette tentative n’a pas survécu à la seconde guerre mondiale.

Déjà à l’époque, le problème venait que le taux de capitalisation était disproportionné par rapport aux réelles réserves en or.

On peut aussi remonter au lendemain de la révolution française, avec les assignats qui ne valaient plus rien à la fin, et cela est peut-être le début de l’histoire de l’histoire moderne de la finance virtuelle.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Assignat

Le système étalon-or universel, basé sur les réserves en or, s’est progressivement transformé en un système basé sur le billet de banque qui s’est imposé en 1913 avec la création du système monétaire international.
D’un système très injuste, on va passer à un système encore plus injuste.

http://www.cgo.com/change/tendances/smi.htm

 En 1933, les USA crées la zone dollars, et cela marque le début de la fin du système Or.

 En 1936, c’est la France qui abandonne la convertibilité du Franc en or.

 Le SMI (Système Monétaire International) est crée en 1944 : le Dollar devient la monnaie de référence.

 En 1976, officiellement, l’or n’est plus une valeur de référence.

C’est à peu près le début de l’ère "libérale avancée" si chère à l’ancien président UDF V.G.E.
Mais si, suivez un peu, l’UDF, le parti de Balladur, l’ancien ami de Sarkozy, actuellement aux mains de Bayrou.

Le milieu des années 1970.
C’est un peu compliqué à comprendre, mais à partir de cette date, c’est un peu comme si la seule chose qui avait de la valeur, c’était les réserves en dollars US.

D’un point de vue purement financier, évidemment.

Même actuellement en 2008 , il est probable qu’un paysan Soudanais ne soit pas conscient que sa récolte d’une année ne vaut pour une banque que quelques centaines de dollars.

Après 1976, il faut être expert économiste pour comprendre comment on mesure la valeur d’une monnaie, et comment les prix sont calculés.

Moi je suis super doué (naturellement, car je le vaux bien) , mais dans ce domaine, j’avoue mes carences.

J’ai un point de vue idéologique, l’argent n’a pas de valeur.
Mais pas au sens moral du terme.
Pas du style "l’argent c’est mal, cela rend les gens mauvais".
Je pense qu’il n’a vraiment pas de valeur, qu’il ne correspond à rien.

Ce sont les ressources naturelles qui sont précieuses, et même le dernier crétin de banquier le sait.
Monaco est un pays riche, et le Soudan est un pays pauvre ?
Monaco est un petit tas de roche infertile.
Le Tchad, Le soudan sont des immenses pays, définis comme pauvres.
Le Luxembourg est parait-il un pays avec le meilleur PIB possible au monde.
L’Afghanistan, d’une superficie comparable à la France, n’existe que par les nouvelles que nous donnent les militaires de l’OTAN.

C’est pour ces raisons, malgré toute les évidences hautaines des économistes, que j’ai l’impression que l’argent n’a strictement aucune valeur réelle.

Et que l’unique richesse réelle, c’est celle contenue dans le sol.
Je ne vois pas d’autre explication aux déploiements acharnés des forces armées des pays riches.
Je ne comprend rien à l’argument selon lequel les échanges financiers actuels pourraient améliorer le sort des habitants d’un village Africain, sauf à penser qu’organiser un rally automobile est bon pour l’économie locale.

KEYNES était soit un foutu génie soit un sacré escroc, mais je ne comprend strictement rien à ce qu’il dit.

http://fr.wikipedia.org/wiki/John_Maynard_Keynes

D’un autre côté, je suis content qu’il soit mort, sinon il posterait des commentaires acides sur mon article et cela m’énerverais car je ne saurais pas quoi lui répondre.

Donc toute cette longue introduction pour admettre que je ne suis pas économiste, mais que d’une part c’est pas une raison pour fermer ma gueule, et d’autre part je m’y connais un peu dans un autre domaine, les réseaux bancaires interconnectés, et donc écoutez la suite si cela vous plait.


Donc imaginez un monde parfait.

Un réseau égalitaire international qui répartit d’une manière juste tout ce qui est produit, et tout ce qui est utilisé.

Un réseau égalitaire entre producteurs et usagers.

Cela n’existe pas dans notre vie réelle, mais cela existe dans le réseau virtuel bancaire.

Dans le monde feutré de la très haute finance, des gens pas stupides ont compris que la concurrence était suicidaire.

Ils ont donc décidé de créer un réseau. Le réseau RSB, une interconnexion de serveurs bancaires.

Comment marche le réseau inter-bancaire ?

Il y a vous comme élément de base.

Des cartes.

Visa, MasterCard, ou ce que vous voulez.
Mais des cartes. Seules.

Vous, vous entrez en concurrence pour obtenir un emploi, un appartement, ou n’importe quoi d’autre qu’on peut vous refuser.

Et vous, la carte (je vous appelle comme cela dans la suite, pardonnez moi), vous entrez dans le réseau.

Votre premier contact est un terminal de paiement.
Par exemple chez carrefour car vous êtes un con comme moi qui allez chez Carrefour.

Vous êtes client d’une banque à la con, par exemple la Banque Postale (la SG, c’était trop facile).

Le réseau non concurrentiel interconnecté monétique permet de transférer votre pognon vers un ordinateur central de la poste, et Olivier Besancenot n’y est pour rien dans cette affaire.

C’est fait de telle manière que la demande est contrôlée, vérifiée, puis re-dirigée vers l’ordinateur de Carrefour une fois que celui de La poste a vérifié que le porteur était bien solvable.
Et le terminal de paiement reçoit donc du big brother carrefour le signal "paiement accepté".

Ensuite, il y a un système complexe de compensation du total des cartes de toutes les banques pour que les comptes entre carrefour et toutes les banques fassent un jeu nul (sauf Kerviel, mais c’est une autre histoire).

Mais dans tous les cas, c’est juste la carte qui a perdu (du fric, pour être trivial).

Dans un monde concurrentiel, La Poste refuserait de se soumettre au paiement effectué à Carrefour, car il y aurait des réseaux concurrents pour empêcher certains clients de certaines banques de payer avec certaines cartes.

Il faudrait que Carrefour "mérite" votre carte, voyez vous ?

Car c’est cela la concurrence, non ?

Dans un monde de concurrence, par exemple dans un restaurant : est-ce possible de commander le menu d’un autre établissement ?

Est-ce que vous commencez à comprendre le concept ?

Mais il y a pire.

A carrefour, vous avez des Distributeurs Automatiques Bancaires, qui vous permettent de gagner des billets de banques rien qu’en tapant votre code (je joue, je gagne).

Et bien, avec votre carte de la poste, depuis un magasin Carrefour, vous obtenez des billets de banques de la poste.
Dans un monde financier concurrent, seuls les distributeurs de la poste donneraient des billets aux cartes de la poste.

Le GIE-CB a été crée pour cela.
Pour supprimer la concurrence entre les établissements financiers.

Pas pour vos beaux yeux (quoiqu’ils soient beaux), mais parce que cela marche beaucoup mieux sans concurrence.
Dans un monde de concurrence bancaire, votre carte ne servirait que dans des distributeurs de votre banque.

Et le système bancaire français serait beaucoup moins puissant.

De même, le jour où Microsoft perdra son monopole mondial, il y aura sur terre des ordinateurs avec des logiciels qui fonctionneront sans faire un petit "bling" à la con à chaque fois qu’on clique sur la souris.
Mais il n’y a pas de concurrence réelle à MicroSoft.

Appliquez ce principe pour des pratiques communistes.

Une coopérative de production, uniquement gérée par les travailleurs, reçoit une commande qu’elle ne peut pas honorer techniquement.

C’est, entre parenthèse, le même cas que précédemment : Carrefour ne pouvait pas techniquement débiter un compte dont il n’avait pas le contrôle, sans l’accord par réseau de La Poste.

Et bien que faire dans ce cas ?

Un réseau de coopératives de production.

La coopérative contacte par le réseau une autre coopérative qui peut obtenir le produit désiré.
En compensation, il faudra à terme que le total des produits échangés entre les deux coopératives soit équilibré.
C’est à dire que chacune des deux coopératives aura fourni à l’autre la même quantité de produit.

Et l’argent dans tous cela ?

Mais quel besoin d’argent ?

Vous ne seriez plus une carte !

Vous seriez, vis à vis de la coopérative, un coopérateur.
Le rapport n’est plus entre commerçant et client, mais entre producteur et usager.

En échange, vous fourniriez des services à cette coopérative, ou à toutes autres coopératives du réseau.

Il y aurait seulement, comme pour le problème monétaire, un équilibre à faire entre vos services rendus et la quantité de produits que vous voulez obtenir.

Au niveau International, le problème serait avec les échanges avec les pays ayant une économie capitaliste.
Rien n’est impossible, se souvenir que les USA ont fournis en blé l’URSS dans les années 80.

Une interconnexion internationale de coopératives au niveau mondial n’est pas quelque chose d’impossible.

Le réseau Internet n’est qu’une ébauche de ce que pourrait être une organisation non hiérarchique d’échanges commerciaux, culturels, au niveau mondial, sans aucun besoin d’une économie basée sur la spéculation.

Le calcul serait difficile, mais pas complètement impossible comme dans le monde capitaliste dans lequel on est obligé de vivre.

La concurrence, c’est réservé aux pauvres pour qu’ils se bouffent entre eux.
En réseau, les pauvres pourraient obtenir ce qu’ont les riches actuellement, la liberté.
Les pauvres deviendraient alors des gens, et les riches des sarkozystes.

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