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Salon du livre : perseverare diabolicum

Publie le vendredi 14 mars 2008 par Open-Publishing
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de JEAN-YVES DENIS

Le choix d’Israel pour le salon du livre est emblématique de la méthode UMP.

Prendre la plus mauvaise décision, au plus mauvais moment, et puis se réjouir des réactions négatives, en prenant comme argument les protestations provoquées, pour en déduire ensuite que c’était la bonne décision à prendre, puisque la protestation vient du camp adverse.

Mais ici, des arguments pour le boycott, on sait qu’il y a en plein, et de plus venant de nombreux Juifs ou d’Israeliens.

Il faut être à mon avis très clair : Qu’un certain nombre de têtes pensantes françaises (de souche) , ou auto-proclamée telles, se sentent investies d’une mission du genre "sauvons le monde libre et protégeons Israel des hordes de gueux Arabes", c’est un problème franco-français.

Quand ils se contentent de radoter sur des chaines cablées que personne ne regarde, c’est pas bien grave.
Mais ici, il s’agit de faire croire que la littérature peut être réduite à une mesquine préférence nationale.
Et dans ce cas, une nouvelle fois, on est mis dans le même sac que la pensée UMP, puisque c’est une nouvelle qui a une portée internationale.

Le Film "Fahrenheit 451", du romancier Ray Bradbury, décrivait un monde effrayant dans lequel il était devenu interdit de lire autre chose que la propagande d’état.
Le monde actuel nous semble hautement démocratique car les rayons des supermarchés sont remplis de livres.
Surtout de livres anciens réédités, ou de biographie de stars télé à la mode, ou bien encore de politiciens en exercice.

Comme prévu, ce boycott a été mis à l’index sous le pretexte que s’attaquer à la littérature, c’était être un fasciste.
Il est exact que des écrivains juifs se sont suicidé dans les années 30 quand ils ont compris qu’ils ne pourraient plus jamais être publiés en Allemagne.
Comme il est aussi exact qu’il y avait des écrivains accrédités par le "Fuhrer".

Bernard Kouchner, sans surprise, a monté sur son grand cheval pour faire sa grande phrase.
Mais il faut entendre les arguments des croulants et des rombières qui défendent ce choix arbitraire.
Je n’ai pas entendu beaucoup d’intellectuels Israeliens pour applaudir cette décision.
Pas d’erreur on est bien en France.

Bernard Kouchner, Don Quichotte de pacotille, ne se rappelle plus que l’appel au boycott des jeux de Pekin s’est perdu dans les limbes des intérêts supérieurs de l’économie.
Il sera le premier à applaudir les exploits des sportifs français dans ce qui sera sans aucun doute une prison dorée pour invités occidentaux de luxe, à l’écart de la population chinoise locale.
Défense de cracher.

La ministre de l’inculture, Christine Albanel, semble sortie d’un salon Versaillais, mais son accent noble ne masque pas la vulgarité de ses propos.

Que signifie "Ils se boycottent eux mêmes", madame ?

Est-ce que les juifs qui avaient une étoile jaune se boycottaient eux-mêmes en refusant d’assister à des exposition du genre "Le Juif et la France", a l’époque où certains français de souche regrettaient avec "humour" que les juifs n’aient pas la peau bleue pour mieux les reconnaitre ?

Actuellement, malheureusement, certains français de souche veulent traquer l’Arabe comme naguère les juifs furent traqués dans la France de Pétain.

Mais tous ces beaux esprits libéraux, pourquoi n’ont-il pas eu l’idée d’un salon du libre Palestino-Israelien ?

Est-ce que cette idée était trop risquée, trop vulgaire ?

Trop risquée, non, puisqu’il parait que le salon du livre est hautement protégé par les forces de l’ordre.

Cela aurait été assez courageux, et le boycott aurait dans ce cas pu être assimilé à un refus de dialogue.

Mais à droite, on ne pense qu’en terme de gagnant et de perdant.
Heureusement, les Israeliens intelligents savent que certaines victoires sont amères.
Historiens, journalistes ou ecrivains, ils savent que les triomphes obtenus par la force ne procurent qu’un bénéfice provisoire.

Alors soyons naif, et appelons en France, Israeliens, Arabes et Français à organiser, ce printemps, un salon international du livre, en plein air, dans toutes les grandes ville de France.

Accès gratuit, thé à la menthe, bière à volonté.
Et tous les livres de la terre, tous les écrivains de tous les pays.

Et comme message d’accueil, ce dicton Latin :
Errare humanum est, sed perseverare diabolicum.

Messages

  • COMMUNIQUE UJFP SALON DU LIVRE

    Le Salon du Livre a choisi de faire d’Israël son invité d’honneur pour les 60 ans de la naissance de cet Etat.

    Nous avons d’emblée dénoncé ce choix au moment où cet Etat viole systématiquement le droit international, nie les droits du peuple palestinien, multiplie les crimes de guerre. Mais cela ne nous paraissait pas suffisant.

    Depuis des mois, l’UJFP travaille donc avec les Editions la Fabrique -auxquelles elle est associée par l’intermédiaire de sa revue « de l’autre côté » - à contrer cette opération sur le terrain du salon du Livre -qui appartient à tout le monde et non à Israël- en créant un pôle avec ceux pour qui ce sont les 60 ans de la Naqba qu’il faut rappeler, ceux pour qui c’est Israël qui doit être sanctionné et boycotté tant qu’il mène cette politique criminelle.
    Pour cela nous avons invité plusieurs auteurs connus pour leur travail et leur lutte, ceux qu’avec « La Fabrique » nous faisons connaître car ils combattent l’occupation. Les menaces, nous en avons déjà reçues, notre stand fait scandale en tant que tel. Des auteurs tels que Amira Hass, Michel Warschawski, Ilan Pappe, Eyal Weizman, Jamal Zahalka (député du front national démocratique en Israël et auteur d articles), Yael Lerer (directrice des éditions Andalous qui traduisent la littérature arabe en hébreu pour faire connaître la culture arabe) sont invités à prendre la parole dans différents débats à l’intérieur du salon sur notre stand, ou sur une aire de débat indépendante à l’extérieur du salon, à Sciences Po et Reid Hall .

    La situation terrible faite à Gaza par les gouvernements israéliens successifs depuis plusieurs mois, plusieurs années, s’aggrave encore. On en est aujourd’hui à de véritables massacres de populations civiles. Que cela rende furieux et révèle cruellement notre impuissance est un fait que nous ne pouvons que partager. Que cela serve de prétexte à détruire un travail construit dans la plus grande transparence et lisibilité pour lutter contre la place d’honneur attribuée a Israël serait stupide et sans objet.

    Aujourd’hui, Aaron Shabtai, invité de la délégation israélienne, refuse de mettre les pieds au salon du livre, c’est bien sûr tout a son honneur.

    Qu’Ilan Pappe, invité par Fayard pour la sortie de son dernier ouvrage, et par nous pour porter cette parole, préfère le boycott pur et simple, nous le comprenons.
    Que l’on exige de nous ou des écrivains que nous invitons qu’ils se retirent et ne fassent pas le travail politique que nous comptons faire ensemble serait pure réaction irrationnelle et contre productive. Cela ne servirait qu’à réjouir ceux qu’il s’agit de contrer. Quant à nous, partisans du boycott et de sanctions contre l’Etat israélien en raison de ses crimes, nous y serons et nous y ferons le travail que nous nous sommes promis d y faire : diffuser d’autres idées et d’autres points de vue sur Israël aux 200 000 visiteurs qui viendront comme chaque année parcourir les allées du salon.

    Boycotter Israël, ce n’est pas boycotter les Israéliens qui en Israël même se battent contre les crimes de leur gouvernement et de leur armée.

    Quand nous avons boycotté l’Afrique du Sud, nous n’avons pas boycotté l’ANC ni les écrivains blancs anti apartheid.

    Nous ne laisserons pas Israël occuper le salon du livre et prendre en otage les deux cent mille visiteurs du salon sans contradiction.

    http://www.ujfp.org/modules/news/article.php?storyid=362


    demandez le programme de la contradiction


    Israël « invité d’honneur » au salon du livre : Mémoire et Amnésie

    Paris (75), débat public sur le statut de l’intellectuel en Israel Samedi 15 Mars 2008, 14:00

    A l’occasion du Salon du Livre, débat ouvert au grand public intitulé « Statut de l’intellectuel dans la culture israélienne : Dénoncer ou se taire ».

    Avec cinq écrivains anticolonialistes israéliens :

    Amira Hass, Yael Lerer, Amnon Raz Krakotzkine, Michel Warschawski et Jamal Zahalka.

    De 14 heures à 17 heures. Organisé par l’UJFP, la CCIPPP et ADALA.
    Attention : inscription obligatoire à inscription15mars@gmail.com .
    Veuillez vous munir d’une pièce d’identité.

    Sciences Po, 27 rue St-Guillaume, 75007 Paris ( Rue du Bac)