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Le PCF double ses voix à CREIL. Réflexions sur cet événement

Publie le samedi 22 mars 2008 par Open-Publishing
7 commentaires

Progression de l’influence communiste à Creil : quelques réflexions

Entre 2001 et 2008, le PCF a plus que doublé le nombre de voix qu’il a recueillies aux élections cantonales à Creil-Sud dépassant les 10% des suffrages exprimés.

De nombreux responsables politiques nous prédisaient une influence autour des 2 à 3% y compris dans nos propres rangs. Et pourtant leurs prévisions ont été démenties par les faits.

Il faudra revenir sur ce qui s’est passé notamment par une analyse du rôle joué par les nouvelles forces organisées de la cellule communiste, sur leurs capacités à rassembler notamment dans les quartiers populaires et sur la façon qu’elles ont mené la campagne.

Mais je crois que ce qui a joué un rôle primordial, c’est l’orientation politique qui a été donnée à la campagne électorale. J’ai proposé en effet de ne pas suivre une ligne que je considère suicidaire pour le PCF, une ligne réformiste de recomposition de la gauche tournant le dos aux idées révolutionnaires, refusant de procéder à une analyse de classe du mouvement du monde et en son sein de la société française. Je remarque que dans de nombreuses localités, lorsque les communistes ont adopté une ligne d’affirmation sans ambiguité de leurs choix anti-capitalistes, de leurs valeurs révolutionnaires, lorsqu’ils ont clairement porté la critique sur les choix socio-démocrates ou socio-libéraux selon les circonstances du Parti socialiste et qu’ils ont placé l’intervention politique des citoyens sur le terrrain de la lutte de classes, je remarque que notre Parti communiste a été reconnu comme une organisation qu’il faut faire grandir, et qui peut être utile pour combattre le capitalisme et la néfaste politique du pouvoir Sarkozyste.

J’avais dès septembre 2007, à l’occasion de mon retour de la fête de l’Huma, exprimé ma conception dans un article paru sur le site Bellaciao. Ce sont ces idées, cette orientation qui m’ont guidé ces derniers mois pour mener la campagne électorale qui s’est traduite à Creil par un succès pour le PCF avec une influence accrue dans les quartiers populaires et y compris une progression dans les autres quartiers, une augmentation du nombre d’adhérents significative (on est passé de 24 à 81 adhérents en 6 mois), une certaine popularité de la tête de liste aux municipales, l’obtention de 3 adjoints PCF et un délégué au sein de la municipalité, la constitution d’un réseau de citoyens qui créeront prochainement une association intitulée "La gauche !" comme notre liste aux municipales afin d’être un lieu de rassemblement de citoyens de sensiblités communistes, d’adhérents du PCF et d’autres citoyens de gauche désirant créer un incubateur de projets émanant de la population.

La ligne politique que j’avais en quelque sorte résumée dans le texte que je publie ci-dessous m’a beaucoup aidé pour aller à l’essentiel de mes convictions et pour mener l’action qui a été entreprise et que j’ai eu un très grand plaisir à partager avec mes camarades. L’expérience humaine de cette campagne électorale m’a beaucoup apporté et j’en remercie tous mes amis. Du critère de la théorie à celui de la pratique, les enseignements seront riches pour l’avenir.

En vous remerciant de l’intérêt que vous portez à notre combat.

Jean-Paul Legrand
Candidat chef de file de la liste présentée par le PCF au premier tour des municipales à Creil

jeudi 20 septembre 2007 (00h23) :
Recomposition ou révolution ?

de Jean-Paul LEGRAND

La fête de l’Humanité a commencé sous un soleil radieux, pas une ombre dans le ciel ! Les grands jours de la foule dans les allées de la fête. Chaleur humaine, solidarité, immense espace de fraternité, la fête de l’Huma n’est pas morte, le communisme non plus !

Partout des débats, beaucoup de débats. L’avenir de la gauche ? L’avenir des gens, de ce peuple qui cherche depuis des décennies une issue mais qui ne la trouve pas. Riposter à la droite est l’urgence, mais pour quoi faire à la place ? Quel projet progressiste ? Ce projet est-il l’affaire des Buffet, Besancenot, Hollande, Laguiller ? N’est-il pas d’abord et avant tout l’affaire des citoyens qui doivent trouver leur propre voie face à des partis qui n’ont pas su ou pas voulu travailler la question de la lutte de classes de notre temps. Sans théorie révolutionnaire, pas de parti révolutionnaire et encore moins de perspective de transformation créée par le peuple. Le parti communiste sous peine de disparaître ou de se muter en parti social-démocrate, doit être d’abord le parti qui démontre qu’il n’y a aucune issue avec le capitalisme, qu’il n’y a avec lui qu’une voie directe à la paupérisation des grandes masses d’individus à l’échelle planétaire et le gâchis immense des intelligences, des connaissances qui pourraient servir à l’émancipation si elles étaient libérées de la domination du capital.

Notre parti communiste doit rappeler l’analyse lumineuse et combien actuelle de Karl Marx qui nous aide à la compréhension du développement du capitalisme et du rôle des classes pour que la transition vers une civilisation humaine soit œuvre démocratique des gens dans leur immense diversité. Cela n’a pas grand chose à voir avec une recomposition à gauche sans ambition, sans portée émancipatrice, sans grandeur révolutionnaire.

La France, patrie de la déclaration des Droits de l’Homme, possède une classe ouvrière dont l’histoire est une ressource fabuleuse pour les combats qui nous attendent, l’épopée de la résistance nous le démontre, le souvenir de Guy Môquet nous l’enseigne. Une classe travailleuse qui souffre non seulement des bas salaires, de la précarité, du mépris, mais surtout de sa division, de la déculturation entreprise par les grands groupes médiatico-idéologiques, de la crise politique de la gauche qui a elle-même renié son histoire et ses origines en acceptant trop souvent l’assimilation honteuse et falsificatrice entre stalinisme et communisme .

Pas de parti révolutionnaire, sans théorie révolutionnaire : cela commence dès maintenant, dans les quartiers populaires, les entreprises.

Il est nécessaire d’abord de créer les conditions pratiques pour que les habitants, les salariés, se rencontrent, partagent leur réflexion, préparent une riposte politique, mais non politicienne, à l’agression du pouvoir Sarkozyste. Une riposte qui se construise dans l’action avec de premières initiatives combattant les mesures du pouvoir et dans lesquelles les communistes devraient mettre clairement en accusation le capitalisme en démontrant grâce à l’éclairage marxiste qu’il existe les conditions objectives pour construire une société d’émancipation humaine, pour promouvoir un développement sans précédent de la démocratie.

Car il ne suffit pas de faire des propositions, les meilleures soient-elles (on l’a vu avec la campagne des présidentielles), il faut affirmer de manière créatrice , non dogmatique notre objectif qui n’ a rien d’utopique mais qui naît des contradictions même du capitalisme : le communisme, seule réponse libératrice permettant aux forces productives de se développer pour l’humain, pour la civilisation et non plus pour le capital. Il s’agit de traduire ce marxisme vivant dans la réalité en prenant en compte les gens tels qu’ils sont dans leurs relations sociales et économiques pour que du jeune précaire en galère à l’ingénieur hautement qualifié, chacun puisse à son tour mettre en accusation le capitalisme comme la principale cause de ses propres souffrances, des difficultés et des divisions populaires et qu’à contrario il fasse l’expérience que les luttes démocratiques et que la coopération permettent de trouver des solutions efficaces et humaines. Dans cet esprit, il s’agit aussi de développer une mondialisation des luttes, de partager l’expérience d’autres peuples et notamment ceux d’Amérique Latine alors que les instances médiatico-idéologiques du grand capital caricaturent leurs luttes admirables, notamment celle du peuple venezuélien qu’il faut soutenir dans son combat pour une démocratie inédite.

Il ne s’agit donc pas d’attendre une recomposition de la gauche qui risquerait de devenir un nouveau piège pour le mouvement populaire. La recomposition de la gauche dans les conditions actuelles n’est qu’une gesticulation des états-majors politiques qui sont totalement enfermés dans des stratégies de pouvoir éloignées des préoccupations des gens. La crise de la gauche manifeste cette incapacité de ses dirigeants à faire confiance aux gens, en les considérant seulement comme des électeurs potentiels alors qu’il est urgent de les estimer capables d’inventer une nouvelle République, capables de participer à tous les niveaux au partage de l’information, à l’élaboration de propositions et à la prise de décisions afin de dépasser la crise de la démocratie représentative fondée sur la délégation de pouvoir.

Les habitants et les salariés en sont revenus des alliances de parti et des stratégies de sommet, comme ils en reviennent de la crise actuelle de la gauche qui ne pourra se résoudre que dans le développement de l’action populaire, dans toutes les luttes qui devront poser inéluctablement la question de l’alternative politique si l’on veut qu’elles débouchent sur une issue.

C’est bien l’absence d’une perspective anti-capitaliste théorisée, intégrée par le mouvement populaire dans ses luttes, qui fait défaut ! C’est bien la faiblesse d’une conscience de classe de l’ensemble des couches populaires à l’opposé d’une grande bourgeoisie qui elle a une pleine conscience de ses intérêts, qui pose problème. Poser la question des alliances entre partis indépendemment de cette question fondamentale du combat de classe, c’est une nouvelle fois aller à l’échec. Ce serait livrer durablement notre peuple à la politique la plus rétrograde jamais mise en oeuvre depuis Vichy et à l’idéologie la plus réactionnaire.

Le rôle du parti révolutionnaire et de sa direction est donc d’abord de mettre toutes ses forces militantes au service des gens, de leur organisation démocratique pour préparer des luttes au caractère de classe affirmé mettant en permanence le capitalisme en cause. Commencer à arracher des victoires même modestes qui améliorent le quotidien des gens est le BA-BA de la lutte révolutionnaire, et dans les conditions actuelles c’est à chaque fois une bouffée d’air pour la démocratie, pour que les gens reprennent confiance en leurs capacités transformatrices et qu’ils ne soient pas en attente d’une hypothétique alliance à gauche posée comme préalable à toute espérance de changer les choses.

C’est dans cette reconquête d’une conscience de classe moderne correspondant aux enjeux de notre temps que le Parti communiste peut faire oeuvre utile et non en s’enfermant dans les vieux schémas des alliances artificielles coupées de l’intervention populaire. Il serait illusoire et dangereux d’expliquer à notre peuple que des alliances dont ils ne serait pas l’artisan pourraient contribuer à combattre la droite et sa politique dévastatrice d’autant que seul un mouvement populaire majoritaire conscient des enjeux de classe pourra contraindre la grande bourgeoisie à reculer.

C’est dans cette reconquête, que le Parti communiste retrouvera tout son sens et son utilité pour notre peuple comme porteur d’une espérance nouvelle basée sur un projet qui aura du souffle et qui verra loin : celui d’en finir avec l’exploitation capitaliste en France et dans le monde, celui enfin d’utiliser démocratiquement l’argent et de mettre en commun les connaissances, pour favoriser le développement de chaque individu contribuant ainsi au développement de tous, participant ainsi à la libération de la société toute entière.

http://creil-avenir.com

De : Jean-Paul LEGRAND
jeudi 20 septembre 2007

Messages

  • C’est tout l’enjeu du congrés de 2008 : Comment, aujourd’hui, réaliser le "Prolétaires, unissez-vous !" ? Je suis d’accord avec cette démarche même s’il est peu sérieux de généraliser un exemple unique.

    CN46400

  • y a t il un site ou une adresse où on pourrait consulter le matériel électoral utilisé par les camarades de Creil pour ces élections ?

    jack dalsace

  • Bravo pour
     avoir annoncé la couleur en septembre
     nous avoir informés en février des avancées sur Creil
     avoir testé les propositions et nous informer des résultats
    Je crois que l’orientation, c’est de faire des expériences ( aux élections ou ailleurs) ; il serait bon que tous ceux qui en ont fait, réussies ou non, en fassent part ; une expérience négative peut faire avancer.
    Une remarque toutefois : faire appel aux gens pour élaborer un programme, oui, mais il faut d’abord leur fournir un cannevas souple et quelques idées .
    Et maintenant, bon courage pour mener toutes vos activités
    Jeanmarc

  • Il faut quand même préciser qu’en 2008, contrairement à 2001, il n’y avait pas d’autres listes se réclamant du communisme (LO ou LCR). Cela explique en partie le résultat 2008. Moi qui vote LCR quand c’est possible, je vote bien sûr PCF s’il n’y a pas de liste d’extrême-gauche en lice.

    Mais ceci dit, je trouve quand même très positif un positionnement plus clair du PCF, comme à Creil.

    • Oui, très bien, on a envie d’appaudir mais :

      on a aussi besoin de vérité vraie et entière. Si le résultat est obtenu dans des conditions différentes (pas de listes LCR, LO cette fois), il fallait le dire.
      Et il fallait dire aussi combien de voix ont été gagnées, en chiffres.

      Sans ces deux informations capitales, on a l’impression de se faire atteler à un wagon qui ne se déplace pas sur le rails des autres, mais qui est fait du même bois.

      Donc, bravo pour l’analyse de septembre, la progression de mars, mais attention à des pudeurs hors de saison.

      A suivre avec sympathie et vigilance.

  • Un évènement  ! un évènement  ! Tout de suite les grands mots ! ! ! !

    Mario

    • Je suis sceptique quant à la possibilité de faire changer de cap stratégique la direction du PCF.

      La satellisation par le PS est malheureusement de plus en plus flagrante, et c’est à mon avis une tactique perdante.

      L’échappatoire est à mon avis à chercher du côté du nouveau parti anticapitaliste, pour se regrouper autour d’un projet politique clairement anticapitaliste et indépendant du PS social-libéral.