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Nuances infimes

Publie le samedi 19 avril 2008 par Open-Publishing

Tout se passe comme si l’autoritaire et l’arbitraire étaient l’odeur la plus proche de l’ordre déique tant recherché, autrement nommée « société idéale » ou « Babylone », la ville de lumière.

Car en effet si par exemple le calcul de la rationalité obtient pour résultat qu’il faut que les gens changent de comportement, alors c’est une des colonnes vertébrales de la société qui aura changé d’axe. Il faudra s’y soumettre, et cela, quelle que soit la société.
Il y aura donc toujours une part de « totalitaire » dans les sociétés, y compris dans la catégorie de celles qui sont idéales.
Mais les moyens de sous-peser cet « ordre » peut, lui, varier infiniment.

La question est celle de la discipline que les gens ont désappris à s’imposer à eux-mêmes si bien que cela efface les arguments négatifs quant à l’apparition d’une société totalitaire, qui admettra de façon consensuelle, cette fois, que l’Homme n’est en rien supérieur à quoi que ce soit, et qu’il a un côté animalier qu’il faut savoir dompter.
Cela se rapporte à la capacité à créer des lois de l’intérieur, par opposition aux lois venues de l’extérieur (voir vieux textes).

La question est que si on ne se fie qu’à l’odeur, et qu’on manque de discipline, alors la société totalitaire est la moins distante de la société idéale.
Mais comment est-il possible de ne plus se fier aux autres sens ?

A une époque où on a fait tout un tapage sur « le voile Islamique », on vient juste de s’apercevoir que la principale maladie mentale dont peut souffrir l’humain est précisément la cécité mentale, la capacité à ne pas voir ce qui crève les yeux.

Combien de fois, depuis que nous avons lancé la mode, a-t-on entendu par une sorte de simiesquerie rie « les médias n’en parlent jamais », ceci ayant pour sujet un phénomène parfaitement commun que le gus viendra juste de découvrir ?

Comment est-il possible de ne pas voir que le niveau intellectuel d’un propos ainsi que son impact est radicalement diminué s’il ne s’agit plus de dénoncer une injustice criminelle ?
Et qu’à ce moment-là, notre gus, au lieu de passer pour le prophète qui l’aura impressionné, démontre de façon quasiment naïve et enfantine toute la porté de son inculture et du ridicule de ses propos ?

Ceci, est la tendance néfaste qu’à l’humain à dogmatiser ce qu’il peut récupérer d’utilisable dans une grande vérité qu’il vient de découvrir.
A chaque fois en tant qu’intellectuel débutant, il commet les grossières erreurs légitimes qui lui permettront, lui aussi, de se hisser dans la discussion qui nous tient à coeur en ce moment :
Que changer dans ce monde ?

 

Comment est-il possible dans une société totalitaire de ne pas entendre la nuance sonore qu’il y a avec une société idéale quoique uniquement imaginaire ? De la même manière que le non musicien ne verra pas la justesse d’une note de musique, le citoyen défait de sa discipline et des outils qui lui permettent de sous-peser ce qui est fondé de ce qui ne l’est pas dans ses moindres détails, ne verra pas la différence entre une société totalitaire et une société idéale.

Du moins pas au début car forcément l’oreille se fait.
On pourra même spéculer que par le passé les sociétés étaient de toutes façons totalitaires par défaut, et que c’est ceci qui aura formé le degrés de culture nécessaire pour pouvoir la critiquer pour découvrir les distinctions fondamentales à faire si on veut atteindre une société idéale.
On pourra aussi faire contre-observer la perte de temps que les sociétés totalitaires auront occasionnées.

De la même façon que notre gus qui imitera le prophète en utilisant un exemple maladroit, et qui ne fera ainsi qu’exprimer la colère de son insuffisance, s’attendra à obtenir une bonne écoute dans un premier temps, ce temps sera limité et très vite l’impact de sa démonstration sera démontée, puis la rhétorique qu’il aura utilisée sera mise à jour, et enfin la distinction nécessaire qu’il faut faire sera connue et assimilée.

C’est à dire qu’il aura obtenu le succès qu’il voulait obtenir mais seulement pendant un court laps de temps.
C’est exactement cela la société totalitaire, pendant une période très courte les gens se font l’illusion de vivre dans une société parfaite jusqu’à ce que, très vite, tout dégénère, et qu’une honte terrible ne les rattrape.

De la même manière qu’en rhétorique la société totalitaire va dogmatiser de façon disproportionnée un pilier rendu unique et universel, commettant le sacrifice de tous les autres, qu’un instinct très fin est capable de percevoir comme étant des reliques culturelle qu’il faut bien abandonner à leur passé historique.

Il y aura toujours cette sensation de passage à une nouvelle ère, de début de son commencement, et d’une énergie toute nouvelle et purificatrice, autant dans une société totalitaire que dans une société idéale.

D’ailleurs aussi grossier et absurde que cela pourra paraître c’est bien en jouant sur les fins instincts du peuple quant à la possibilité de l’existence d’une société idéale que les politiciens commettent l’exercice sophiste de récupérer et remanier les bribes de phrases dont l’odeur seule semble salvatrice.

Non pas que les électeurs soient tous inaptes à comprendre la politique, mais cela se passe de toutes façons au niveau subconscient, qui est insensible à la logique remise dans un contexte, et qui ne fait que voir stimulée des fonctions qui lui sont utiles.
Ainsi quand l’actuel chef de l’état de France parlait de « Ensemble, tout est possible », il est certain que si on ne remet pas cela dans le contexte de la politique, à lui seule ce slogan laisse entendre très nettement un des piliers majeurs d’une société idéale, où la pensée collective serait devenue rationnelle. Et ceci conforme l’impression globale, l’odeur de la société dans laquelle nous sommes sensés vivre.
(et que ceux qui ne le sentent pas, n’auraient pas assez de finesse pour le sentir).

Il faut vraiment n’avoir jamais travaillé dans une boutique ou été en contact d’une quelconque manière avec la vie de la société pour s’imaginer qu’un produit serait vendu s’il n’était pas emballé de matière imaginaire qui fait rêver ; à quel point la distance est grande entre la façon de présenter les choses et les choses elles-mêmes.

Ceci touche à une autre maladie de notre société occidentalisée, qui est la distanciation grandissante entre le sens et la désignation, ce qui revient à une perte de sens, et si c’est dans un cerveau, à une démence, une déconstruction de la personnalité.

Car sans cesse entre ce qui est dit de la chose et la chose elle-même, le fossé du mensonge se creuse encore plus. Il devient courant dans la société de l’argent, de découvrir qu’un produit de consommation acheté était d’une qualité bien moindre que ce à quoi on pouvait s’attendre.
Cela est devenu culturel et habituel, et par extension en raison du fait que tout cela se passe dans le même cerveau, c’est le tout le langage et ensuite la pensée qui héritent de cette distanciation de sens.

Puisque l’effort pour lutter contre le mensonge n’est plus possible à supporter, il en va de même pour la distance entre « ce qui doit être fait », ou « ce qu’on a dit qu’on allait faire », et ce qui est finalement réalisé, qui est le plus souvent dérisoire mais là encore, accepté.

Constamment on observe, par exemple entre le tapage du « Grenelle de l’environnement » et ce qui en a résulté, et ce malgré les déclamations du style « Cette fois on agira ! », est extrêmement loin de l’idée qui aura impulsé ce rendez-vous populaire.
C’est normal, c’est la société de l’arnaque, et c’est aussi un symptôme d’une société totalitaire qui s’ignore encore.

 

Ainsi peu à peu au gré des vents du confort et de la paix civile, le mensonge prend l’habitude de s’installer dans la société qui se croit idéale, de la façon la plus transparente possible.

Il pourra même s’appuyer sur la volonté de ne pas exclure l’étranger pour subsister.
C’est à ce moment-là, historique et reconnaissable, que le retournement se sens dû à l’acceptation d’une approximation aura eu lieu deux fois, qu’on atteint le niveau suprême du mensonge qui se nomme la perversité (ou perversion).
Le mouvement logique est retourné deux fois sur lui-même, comme dans une double négation abusive, faisant qu’il se donne une apparence qui va complètement dans le sens de la construction d’une société idéale, bien qu’il se sera positionné au sein d’un contexte qui sera propre à sa seule et égoïste survie ou confort.

Si « ça passe », alors avec cela « passent » toute une quantité de constructions psychologiques fallacieuses, qui auront été validée par cette l’acceptation de cette argumentation.
Et sans cesse le système malfaiteur, qui lui-même pervertit tout le discours, et qui n’est qu’une interférence due à l’illogisme d’un système, ne cesse de profiter des lois de la vie pour s’accroître, là où cette composante n’a rien à y faire.

Cette description est bien sûr celle du virus.
Et cette interférence dont il est l’origine, est due à un illogisme qu’il suffit de pointer du doigt pour le voir disparaître aussitôt.
Ainsi on comprend la construction de ce qui est tabou et à la racine, de ce qui est tût dans une société, ce sont bien sur les concepts les plus fondateurs et les plus solides, et également les moins soumis à l’analyse.

Comme par instinct on s’imagine que ces concepts fondateurs se doivent d’être universels et inamovibles, mais encore une fois il se peut très bien qu’il y ait une fine distinction à faire, si par exemple pour nommer un « équilibre » il faut rompre avec la notion d’inamovibilité .

Et soudain, on aura l’impression qu’on vient de toucher à quelque chose de vraiment très dangereux et très sensible pour toute la construction psycho-culturelle de l’humanité terrestre.

Si les lois peuvent être relatives, ce sera comme si on annonçait que la terre n’était pas plate.
Les plus ignorants trouveront cela amusant, et les plus savants, qui ont créé des connexions nombreuses dans leur cerveau à ce sujet, verront toute leur construction mentale voler en éclat.
Et eux verront ce que les ignorants ne verront pas, un grave danger accru de déviance et de perte de cap.

Si soudain on admet une telle loi, selon laquelle « tout est relatif », alors il apparaît qu’il faut d’urgence créer les nouveaux outils qui permettront de sous-peser dans quelles limites et selon quelles modalités on pourra se mouvoir à l’intérieur de ce qui fait pilier à toute la structure de la société.

Et par extension, en descendant les noeuds de la logique, c’est tout le psychisme humain, sa psychologie, sa vision et sa connaissance de lui-même qui en seront transformés.

Et ayant acquit ces nouvelles distinctions, il ne lui sera plus possible de revenir en arrière, à une époque où malgré les problèmes très irritants d’une époque totalitaire, les règles étaient simples.

Qu’on passe d’une société qui se borne à faire rentrer dans des conceptions trop étroites toutes les réalités de la vie en se dissimulant à soi-même l’énormité des erreurs et de l’horreur, à une société où les règles sont devenues plus algorithmiques et où malgré l’immense terrain qu’il restera à défricher pour aller vers la société idéale, on aura effacé la plupart des inconvénients qui, à notre époque, sont pourtant presque invisibles, constituera certainement un choix important de l’ordre du renversement à l’échelle macrosociale du destin du monde, et sur lequel on n’aura plus envie de revenir.

Et de façon certaine, ce renversement dans les priorités ne pourra être juste « musicalement » que s’il est déjà intimement conscient de la mécanique cachée de la société idéale.

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