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Les raisons de la percée de la Ligue du Nord

Publie le lundi 21 avril 2008 par Open-Publishing
4 commentaires

Italie . Le parti sécessionniste et xénophobe a réussi à capter une bonne part de l’électorat populaire du Nord, en tournant à son avantage le discrédit de la politique.

de Gaël De Santis

En perçant de 4,5 % à 8,1 %, la Ligue du Nord (LN) est apparue comme la formation gagnante des élections de dimanche et lundi derniers. Dans le Nord, la - formation séparatiste d’Umberto Bossi parvient à prendre des voix à son allié le Peuple des libertés (PDL) de Silvio Berlusconi. Selon l’Institut Cattaneo, elle gagne au Nord 1 421 273 voix, alors que le parti berlusconien PDL en perd 831 309. Mieux, elle élargit son influence territoriale en réalisant 7,1 % des suffrages dans l’ex-région rouge d’Émilie-Romagne et passe à 26 % en Vénétie et 20 % en Lombardie.

Ce renforcement du parti xénophobe, qui, depuis 1983, réclame l’indépendance, ou tout au moins plus d’autonomie pour le nord de l’Italie, qui serait "pillé par Rome la voleuse", coupable de redistribuer trop largement les richesses de la région vers le sud, a remis en selle la "question septentrionale".

La Padanie, nom donné par Umberto Bossi à l’ensemble des provinces nordiques en mal de sécession, a rejoint le groupe de plus en plus remuant de ces régions riches d’Europe qui réclament désormais plus d’autonomie au nom de l’application du principe de compétition, au coeur du dogme libéral de l’actuelle construction de l’UE. Toutes ces provinces, comme la Catalogne, la Flandre ou le Pays Basque, entendent réduire leurs versements à l’État central, au détriment bien entendu des solidarités nationales. Mais le parallèle s’arrête sans doute là. Car l’identité padane ne repose sur rien, sinon sur un travail d’élaboration de celle-ci par la Ligue du Nord…

La Ligue a réussi à séduire en tenant un discours très libéral-populiste. Au-delà des diatribes contre l’immigration, elle a su anticiper la crise des grands partis politiques (DC, PCI, PSI) et pu prospérer en critiquant « la partitocratie » et « l’establishment ».

Les dernières enquêtes montrent que la LN est parvenue à capter une bonne partie de l’électorat populaire, mais aussi de la bourgeoisie, si bien que le quotidien économique Il Sole 24 Ore la définissait mardi comme un parti territorial, à l’image de la CSU en Bavière. Jouant sur le ni droite ni gauche, la Ligue a réussi à faire fonctionner l’idée d’un rassemblement de producteurs de richesses spoliés par les partis, l’État et la bureaucratie, peuplés de fonctionnaires venus du Sud.

En fait, la Ligue du Nord a fait son fonds de commerce des inefficacités de l’État - central, qui entraveraient le - dynamisme économique du nord du pays. « En Espagne, il y a 279 km d’autoroutes pour un million d’habitants. En Italie 144, et en Lombardie 61 », se plaint ainsi le responsable léguiste Roberto Castelli.

Le parti est parvenu à - imposer ses thèmes de campagne. Les infrastructures et la débureaucratisation de l’État ont été parmi les principaux sujets abordés par Walter Veltroni et Silvio Berlusconi.

Menaçant ouvertement l’unité de l’Italie, la Ligue du Nord est déterminante pour la majorité de Silvio Berlusconi. Umberto Bossi faisait monter hier les enchères pour obtenir des ministères clés. Première traduction de la redoutable influence acquise par la Ligue : un arsenal de mesures anti-immigrés a été annoncé par Berlusconi. Et le nouveau président du Conseil a décidé, dès mardi, de ressusciter la loi Bossi-Fini, si restrictive en matière d’immigration.

http://www.humanite.fr/2008-04-18_I...

Messages

  • Voila ou mène la dissolution du PCI et de l’alliance avec la social démocratie.
    A des "camarades" socialiste, dans les années 1985/1986 je leurs disais, vous nous apporter le fascisme ; leur petit sourire en disait long.
    Quand est il aujourd’hui ?
    Alain 04

    • Nous sommes loin du discours séduisant du Mitterrandisme sur cette Europe en direction des Classes Moyennes qui furent le moteur des "Oui" successifs au Libéralisme. Beaucoup de salariés ayant choisi une mode de vie de vie se rapprochant des moeurs des capitalistes et de leurs zélateurs, se trouvent de plus en plus menacés et il est à craindre que cette crise qui les touche à leur tour, entraîne des réactions brutales et malheureusement proches des arguments de cette ligue du Nord italienne. Les médias ont été une arme décisive parce qu’ils ont su entretenir des illusions qui ont agi comme des somnifères.Quelles déconvenues nous attendent encore avec la fin de la Gauche vidée de toute pensée progressiste égalitaire et universelle ? Pourquoi se posait-on chez nos penseurs de "gauche" la question de "donner du sens" à l’action politique ? C’est parce que cette action a perdu tout son sens en perdant son caractère révolutionnaire : agir pour le Bien Public : Ce n’est pas aux élus professionnels dont l’existence est devenue une course aux places d’honneur pour les plus en vue qu’il faut se référer, ils nous ressemblent trop. Faut-il "attendre" la prochaine guerre civile ou militaire ? JdesP

    • Je crois que nous sentons ces choses, gros comme une maison, Alain 04, le Peuple n’est pas parfait, nous non plus, nous le savons, nous en faisons partie. Que faire de plus que de continuer à refuser cette fatalité qui veut nous plonger dans la nuit noire, renverser ces valeurs auto destructives pour toute société, inculquées, assénées avec méthode et violence sur le mode "Moi d’abord, et seul contre tous." ?
      Trop de gens à "gauche" ont désormais intérêt à accepter ce monde pourri pour les plus démunis, tant qu’ils pourront en tirer parti personnel : il faut les débusquer et les écarter des responsabilités. La lecture de samedi, et d’aujourd’hui de l’Humanité ne me rend pas optimiste, et montre bien que le souci principal de certains dirigeants de cette "gauche" qui a perdu son idéologie et ses valeurs, c’est de revenir au pouvoir.
      JdesP