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Echange JENNAR - BENSAID / Ecologie

Publie le mardi 22 avril 2008 par Open-Publishing
3 commentaires

ECHANGE Raoul-Marc JENNAR - Daniel BENSAID - Point ECOLOGIE

Quel « nouveau parti anticapitaliste » ? Un échange de lettre entre Raoul Marc Jennar et Daniel Bensaïd

[Europe Solidaire Sans Frontières]

http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article9944

 Raoul-Marc JENNAR

1. Rien sur l’écologie

Je voudrais d’abord vous exprimer mon étonnement devant le silence assourdissant de votre entretien sur les questions liées à l’écologie. Pas une fois le mot même n’est employé. Je respecte le fait que vous placiez la question sociale au centre de vos préoccupations. Mais les plus humbles, les plus démunis, les plus exploités ne sont-ils pas les premières victimes des dégâts écologiques causés par les logiques du profit et de l’accumulation ?

L’eau qu’on boit, l’air qu’on respire, la nourriture qu’on mange qui ont permis à l’espère humaine de vivre et de se développer pendant des millénaires sont aujourd’hui vecteurs de nuisances qui affectent gravement la santé et d’abord celle des plus modestes contraints au moins cher, c’est-à-dire au plus empoisonné.

Qui sont les premières victimes des catastrophes naturelles qui se multiplient de manière exponentielle suite au changement climatique ? Il ne vous a pas échappé que non seulement dans des pays comme le Bengladesh, mais également dans une grande ville américaine comme la Nouvelle Orléans, ce sont les plus pauvres qui sont les plus touchés. Déjà, on parle d’émigrations écologiques, comme s’il nous fallait accepter une fatalité qui n’en est pas une, mais la conséquence d’un système choisi et imposé.

Qui ne voit que c’est au nom du profit qu’on a dissimulé – les plus hautes autorités scientifiques et médicales en tête – autrefois la nocivité du plomb, hier celle de l’amiante et aujourd’hui celle des OGM ? Et que les victimes en ont toujours été les gens qui n’ont que leur travail pour vivre, sinon survivre ?

Pourquoi pensez-vous qu’on fasse silence sur ces centaines voire ces milliers de petits agriculteurs qui se suicident parce que le recours massifs de l’agro-business occidental aux pesticides et la mondialisation des échanges agricoles ne leur permettent plus de nourrir et de faire vivre leur famille ?

Qui donc, pensez-vous, seront les victimes des déchets nucléaires que nous enfouissons sans nous soucier des générations futures ?

Est-il pensable que de telles questions laissent totalement indifférent le théoricien de la LCR que vous êtes ?

Le NPA sera un échec s’il n’accorde pas une même centralité à la question sociale et à la question écologique. Elles ont la même origine et elles concernent au premier chef les mêmes personnes.

 Réponse de Daniel BENSAID

I. « Rien sur l’écologie » écris-tu, et tu t’étonnes (ou t’indignes) du « silence assourdissant » de mon entretien dans Lignes sur les questions liées à l’écologie. Je pourrais ajouter que, si je m’en souviens, il n’y a pas grand chose non plus sur le féminisme, car il ne s’agit pas d’un texte programmatique ou d’un manifeste prétendant aborder toutes les positions fondamentales du parti que nous souhaitons construire. Il serait donc utile de clarifier ave qui s’engage notre discussion, avec la Ligue en tant qu’organisation, ou avec moi en tant qu’individu, ou avec les deux. Je ne me crois pas tenu, pour ma part, de répéter dans chaque entretien portant sur une question précise (en l’occurrence : pourquoi et comment un nouveau parti, et pourquoi maintenant ?), l’intégralité des positions programmatiques, que je partage et fais miennes sur l’essentiel, adoptées en congrès par l’organisation dont je suis membre,.

S’il s’agit de la Ligue, donc, sa préoccupation et son engagement sur ces questions sont aisément vérifiables. Ils sont exprimés dans son manifeste, dans les brochures et articles produits par sa commission écologie, par sa participation au collectif contre le nucléaire, aux mobilisations contre le stockage des déchets, aux campagnes sur l’eau, contre les ogm, etc. On peut estimer qu’elle n’en fait encore pas assez. Raison de plus pour avancer vers un nouveau parti, plus fort, qui aurait davantage de ressources pour mener de front tous les combats sociaux, écologistes, féministes nécessaires.

Si ton interpellation m’est personnellement adressée, non seulement je ne sous-estime pas la question et ses enjeux, mais qu’elle m’apparaît, avec le développement des inégalités et de l’exclusion sociale, comme la seconde (pas en ordre d’importance mais sur un pied d’égalité) manifestation de l’irrationalité croissante d’un système régi par la loi de la valeur, dont Marx avertissait dès les Grundrisse qu’elle deviendrait une mesure de plus en plus « misérable » du monde. Et il est bien évident, comme tu le rappelles, que les premières victimes de la crise écologique, qu’il s’agisse du changement climatique, de la pollution urbaine, du stockage des déchets, sont les plus exploités et les plus vulnérables. Autrement dit que l’écologie est sociale, ou qu’elle n’est pas. J’entends bien que nous ne sommes pas tenus de connaître l’intégralité des idées et écrits les uns des autres dans une société où nous sommes submergés d’informations. Mais si tu souhaitais vérifier que ma réponse n’est pas de circonstance, tu pourrais te reporter à la troisième partie (« Les tourments de la matière »), de mon livre Marx l’intempestif (1995), au chapitre « Critique de l’écologie politique » dans Le sourire du spectre (2000), au chapitre sur « La malmesure écologique » dans Un monde à changer (2003), ou plus récemment à mon petit livre Les Dépossédés (2007) [4]. J’anime par ailleurs la revue Contretemps qui a consacré deux numéros entiers à la question (le n°4, « Critique de l’écologie politique », et le n°21, « Crise, croissance, développement »), sans compter un numéro sur la question des sciences et de l’expertise, de nombreux articles (de Jean-Marie Harribey notamment), et des recensions de travaux (de José Manuel Naredo, John Bellamy-Foster, David Harvey, Paul Burkett) encore, hélas, méconnus en France.

site ESSF

http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article9944

Messages

  • Eh bien sans devoir faire le voyage d’aller chercher toutes ces références sans doute passionnantes, il serait tout simplement intéressant de connaître votre réponse simple, directe et accessible à la question de RM Jennar.

    Car elle est celle de beaucoup d’entre nous, qui voulons voter pour la vraie vie.

    Nous qui ne voulons pas des déluges de paroles théoriques et générales, mais savoir s’il existe des responsables d’un mouvement politique qui ont vraiment mesuré que nos agriculteurs ne sont plus libres ni en droit de travailler à l’agriculture LIBRE que nous voulons et qui est notre seule chance de vie.

    Et qu’à la place ils sont harcelés et criminalisés. Leur élimination serait notre mort. Et elle est en cours d’accélération vertigineuse.
    Quelles sont de votre point de vue les urgences à traiter en premier en matière d’écologie ? Les désastres programmés qui sont à stopper ?

  • Ce dialogue précieux ridicule est (AFFIRMATIF) l’exemple même de ce qu’il faut éviter mes biens chers maitres ! (dorénavant et à tout jamais).
    Suis moi même surpris de sortir un mot aussi étrange que dorénavant. J’ai du faire une fôt (sxcusse) ça doit être DORéNaVrant .............

    Mais cela vous est impossible.

    • 89-169
      Contrôle du politiquement correcte !

      Ce dialogue précieux ridicule est (AFFIRMATIF) l’exemple même de ce qu’il faut éviter mes biens chers maitres ! (dorénavant et à tout jamais). Suis moi même surpris de sortir un mot aussi étrange que dorénavant. J’ai du faire une fôt (sxcusse) ça doit être DORéNaVrant

      Ce dialogue n’est pas plus « précieux » que d’autres. N’importe quoi ! Ce qu’il faudrait éviter c’est les réponses sans intérêt aucun. Ce qu’il faut encourager c’est le dialogue libre et respectueux.