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Deux moments de mobilisation contre l’A65

Publie le vendredi 25 avril 2008 par Open-Publishing
1 commentaire

Deux moments de mobilisation contre l’A65 :

 Dimanche 27 avril à 15h00 à Bougue : Devenez un Planteur volontaire !

http://www.asso-arlp.org/debattre/index.php?topic=269.0

http://lesplanteursvolontaires.hautetfort.com

 Mardi 29 avril à 20h00 à la salle des fêtes de Bostens (40) à 15 min de Mont de Marsan : Réunion publique pour faire le point sur l’avancée du projet et de la mobilisation en présence de plusieurs soutiens nationaux et régionaux.

www.asso-arlp.org

Faites passer ce message !

Ci-après les échanges récents entre H. Emmanuelli et l’ARLP dans Sud Ouest :

A 65. —Historique partisan de l’autoroute Langon-Pau, le président du Conseil général se lâche sur le sujet. Et en profite pour brocarder les opposants au projet

Emmanuelli se fâche

Propos recueillis par Jean-Pierre Dorian

Le sujet le passionne. Mais l’irrite aussi passablement, dès lors que viennent sur le tapis les arguments des opposants à l’A 65. « Je me bats, avec d’autres, depuis plus de 20 ans pour cette autoroute. » Sous-entendu évident : ce n’est pas en 2008 qu’Henri Emmanuelli, député et président du Conseil général des Landes, va renoncer à cette infrastructure à laquelle, il en est convaincu, « plus de 80 % des gens sont favorables. »

Sud Ouest. Pourquoi cette A 65 prend-elle à travers les temps les allures d’un serpent de mer ?

 Henri Emmanuelli. C’est un faux serpent de mer ! Je pense qu’une immense majorité de la population est favorable à cette infrastructure. Je dis souvent 80 %, je pourrais dire plus. Pourquoi ? Parce qu’il suffit de prendre la carte de France pour constater que le seul trou dans le maillage autoroutier, c’est le quart Sud-Ouest. N’avoir ni la Bordeaux-Pau, ni une RN 10 aux normes, pour une région qui est une des plus dynamique démographiquement, c’est grave.

Sécuritaires, financiers, les arguments des opposants sont nombreux ?

(Il coupe) Pour la sécurité, je tiens à la disposition de tous et toutes les lettres des parents de ceux qui sont morts sur ces routes, ce ne sont pas des critiques faciles à recevoir, croyez-moi. Ce n’est pas le premier argument, mais dire que c’est un faux argument, c’est de l’irresponsabilité.
Ensuite, c’est clair : on a besoin de cette autoroute pour le développement de l’Est landais et de l’Ouest du Gers. Et puis il faut relier les deux capitales régionales que sont Bordeaux et Pau, il y a une telle déperdition en direction de Toulouse ? Après, concernant l’autoroute à péage, fut un temps où l’État avait l’argent pour payer les autoroutes. Ce temps n’est plus et ce n’est pas moi qui en ai décidé ainsi. L’État n’a plus le choix : il donne une concession ou il ne fait pas. Quant à l’hypothèse de faire une deux fois deux voies, ça, c’est un raisonnement des « y’aurait qu’à » : si l’État n’a pas les moyens pour une autoroute, il ne les a pas non plus pour une deux fois deux voies. Et comme les routes départementales sont dans le giron du Conseil général, toute la charge incomberait au contribuable landais et on y passerait quatre budgets, merci ?

Les arguments écologiques, vous en pensez quoi ?

Lesquels ? Il y a 700 000 hectares de forêt dans notre département et on replante chaque année bien plus d’arbres que les planteurs volontaires n’en replanteront jamais. Le seul problème sérieux, c’est Bostens et on a obtenu le passage aérien. Mais c’est bizarre, avant l’autoroute, je n’en avais jamais entendu parler ; c’est comme les écrevisses à pattes blanches, jamais ! Quant au vison d’Europe, voilà dix ans que le Conseil général finance sa préservation. Je n’ai jamais vu un seul de ses défenseurs du moment jusqu’ici.

Pourquoi êtes-vous si remontés contre les opposants, que vous allez jusqu’à associer à l’obscurantisme ?

Obscurantisme, oui, parce qu’ils sont contre tout. Culturellement, philosophiquement et politiquement, je récuse l’idée que le progrès serait un danger et que le conservatisme serait l’avenir. Tous ceux et celles qui tiennent ce discours n’ont en charge que leur avenir personnel, ce ne sont pas ceux qui ont la responsabilité collective de l’avenir. Et moi, j’aimerais que l’on fasse le distinguo entre ceux qui gèrent exclusivement leur propre point de vue et ceux qui ont reçu la responsabilité, démocratiquement exprimée, de défendre l’intérêt général. Ce n’est pas un hasard si tous les élus d’Aquitaine se sont exprimés en faveur de l’A65 : c’est parce qu’ils portent la conviction de ceux qui les mandatent.

Seriez-vous prêt à manifester vous aussi pour le faire savoir ?

S’il faut réunir une manifestation, on le fera. Oui, s’il faut défiler, on ira jusque-là.

Un péage à 18 euros, le risque de devoir compenser le manque à gagner du concessionnaire, ça ne vous choque pas ?

Ce prix ne choque pas mes ingénieurs. Quant aux bénéfices des sociétés autoroutières, même la Cour des comptes s’en émeut aujourd’hui ? Faisons confiance à ces sociétés pour faire du profit : elles s’en tirent toujours bien et je le déplore. Et n’oublions pas qu’au départ, les collectivités étaient toutes d’accord sur le principe d’un cofinancement. À l’arrivée, on nous dit qu’on ne paiera rien, mais on était tous prêts à le faire, on attend depuis 20 ans !

Une autoroute à l’heure du Grenelle, n’est ce pas du grain à moudre pour ceux qui pensent à l’environnement ?

Que le progrès ait des inconvénients, c’est évident ; mais le risque zéro n’existe pas. Aujourd’hui, le trafic transpyrénéen est supérieur au trafic transalpin et là-bas, on a construit des autoroutes, creusé des tunnels ? Toutes les prévisions, même celles qui tiennent compte du ferroutage, disent qu’on a dépassé le seuil critique. Alors on attend quoi, la thrombose ? Et puis, qu’est ce qui prouve aux petits génies critiques que les voitures qui rouleront sur cette autoroute dans 20 ans ne seront pas toutes électriques ?

Sud-Ouest a publié avec quelques coupes, le 25 avril, la réponse de l’ARLP aux propos d’Henry Emmanuelli. Voici ici ce texte en intégralité :

Un service public privatisé. Il est étonnant de voir M. Emmanuelli, qui se fait le chantre du service public de l’eau, défendre au nom de la sécurité un projet qui sera réservé aux plus aisés de nos concitoyens. Le président du Conseil Général des Landes dit avoir consulté ses ingénieurs concernant le prix du péage de 18€, il aurait été plus avisé de descendre dans la rue. Il y aurait appris que le prix du carburant pèse de plus en plus lourdement sur le pouvoir d’achat des français et qu’ils continueront donc pour la plupart à utiliser l’axe existant, avec les risques afférents. Une sécurité routière privatisée, drôle de conception du service public.

Quel risque financier ? M. Emmanuelli évacue par ailleurs la question du risque financier pris par les collectivités sans traiter la question de fond, qui est au cœur du projet : combien coûtera-t-il finalement aux contribuables ? Contrairement à ce qu’il semble croire, c’est un sujet, en période de rigueur, qui intéresse au plus haut point les français et les aquitains.

Reste la question environnementale où M. Emmanuelli tombe dans la caricature et passe à côté d’une évolution récente mais fondamentale de notre société. Il ressort ainsi les vieilles ficelles anti-écolos sur le thème de la légitimité : « Tous ceux et celles qui tiennent ce discours n’ont en charge que leur avenir personnel, ce ne sont pas ceux qui ont la responsabilité collective de l’avenir. » M. Emmanuelli, qui porte depuis plusieurs décennies cette « responsabilité collective de l’avenir » fait pourtant partie de cette génération d’élus qui malgré les avertissements répétés des associations, a conduit nos sociétés dans un mode de développement qui détruit les hommes et les espaces naturels : pollution chimique, réchauffement climatique, dégradation de la qualité des cours d’eau, déclin de la biodiversité… et c’est justement l’échec de sa génération d’élus à prendre au sérieux ces questions, qui rend légitime aujourd’hui le discours et les actions des associations. Cette légitimité est par ailleurs renforcée depuis peu par le Grenelle de l’Environnement où l’Alliance pour la Planète, Greenpeace, le WWF, la Fondation Nicolas Hulot, France Nature Environnement, le Réseau Action Climat - autant d’organisations qui, avec plusieurs syndicats, soutiennent l’ARLP contre l’A65 - ont été reconnues comme des interlocuteurs incontournables. Sur ces questions, les français font aujourd’hui davantage confiance à ces associations qu’aux élus, qui du fait de leurs échecs à comprendre et traiter ces problèmes, ont peu de crédibilité.

Enfin, contre l’ « obscurantisme » des associations, M Emmanuelli évoque le « progrés », vieille ficelle ici aussi, il ne manquait plus que les références à la bougie et à la calèche que d’autres élus ne nous ont pas épargnées ces derniers jours. M. Emmanuelli aurait donc le monopole de la définition du progrès, qui passe par le bétonnage de 2000 ha d’espaces naturels payés par les contribuables. N’en déplaise à M. Emmanuelli, les associations ont une autre conception du progrès, qui ne passe pas par le saccage des espaces naturels mais par l’aménagement des infrastructures existantes (du recyclage !) et par le développement des transports collectifs (2h en bus pour faire Mont de Marsan - Pau aujourd’hui). Un progrès qui profite à tous et pas seulement aux plus aisés et ou l’action des collectivités publiques contribue à résoudre et non à aggraver les problèmes environnementaux auxquels les générations les plus jeunes et celles à venir auront à faire face.

Proposition de rendez-vous. M Emmanuelli s’étonne par ailleurs de ne pas avoir entendu parler plus tôt de Bostens, de l’écrevisse à pattes blanches ou du vison. Il aurait fallu pour cela qu’il accepte de rencontrer les associations qui lui demandent depuis des années un entretien. Ayant visiblement piqué sa curiosité, nous nous tenons toujours à sa disposition pour discuter de tous ces sujets passionnants.

Messages

  • Il faudrait que M. Emmanuelli soit plus cohérent dans ses propos : il ne peut pas à la fois dire qu’il n’y a plus d’argent dans les caisses de l’état pour aménager une 2x2 voies à partir de la route existante et annoncer que la région s’était préparée financièrement à payer la construction d’une autoroute.

    Autre énorme contradiction, comment peut-on prôner la sécurité pour une autoroute au détriment de la sécurité pour une voie publique, quand en plus il est prêt à brandir les lettres des familles malheureuses comme un argumentaire ???

    je reste sans réponse devant cet étrange mystère, cette zona obscura provenant d’un élu et donc du représentant de la raison publique contre les intérêts privés... non... je dis une grosse connerie là ou quoi ? Mais enfin dites moi que je me trompe, ne me laissez pas dans mon obscurantisme primaire... je me sens homme de cro-magnon anxiogène au milieu d’ingénieurs bienveillants ...