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Mai 68 et ses vies ultérieures

Publie le jeudi 15 mai 2008 par Open-Publishing
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Comment 40 ans d’histoire officielle ont déformé la réalité et la portée des événements de 1968.

de Kristin Ross

« Nous étions nombrilistes, oublieux du monde extérieur, nous ne voyions pas ce qui se passait dans le reste du monde, nous étions repliés sur nous-mêmes. » (Bernard Kouchner, mai 1988). Ainsi, par une simple pirouette, M. Kouchner s’arroge le droit de balayer une dimension entière du mouvement de 1968, à savoir sa relation avec les luttes anticolonialistes et anti-impérialistes comme le Vietnam, l’Algérie ou Cuba.

« Autour de l’année 1968, dans tout le monde occidental, apparaît sur la scène publique un nouveau personnage collectif : la classe d’âge adolescente. (…) Elle s’affirme elle-même par opposition au monde adulte. » Ces phrases d’un éditorial du Monde pour le trentième anniversaire de Mai 68 rejoignent l’appréciation de Raymond Aron : « Nous sommes en présence d’un phénomène biologique autant que social. » Elles confirment la volonté d’enterrer le caractère social du Mai, révolte de masse qui toucha tous les secteurs du travail, toutes les classes d’âge.

En 40 ans, la mémoire de Mai 68 a été ensevelie sous les commémorations. L’événement a été réduit à la « libération des mœurs », alors qu’il fut le plus grand mouvement social de l’après-seconde guerre mondiale en Europe, la plus importante contestation de l’ordre social existant. C’est à retrouver son sens réel, à retrouver le sens de cette révolte et sa trace dans l’histoire de la France, que nous invite Kristin Ross.

Traduit de l’anglais par Anne-Laure Vignaux
Une coédition Complexe / Le Monde diplomatique
2005 — 19,90 euros
En librairie, ou à commander sur notre boutique en ligne

Kristin Ross enseigne la littérature comparée à New York University. Elle a étudié à l’université de Californie et obtenu son doctorat de littérature française à Yale en 1981. Elle est l’auteure de plusieurs livres sur la culture politique française, dont Aller plus vite, laver plus blanc (Abbeville, 1997), sur la « modernisation » en France à l’orée des années 1960. Elle a également traduit en anglais l’ouvrage de Jacques Rancière, Le Maître ignorant (The Ignorant Schoolmaster, Stanford, 1990).

http://www.monde-diplomatique.fr/livre/mai68/

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