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Millau. Les faucheurs opposés au fichage ADN relaxés

Publie le dimanche 1er juin 2008 par Open-Publishing
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Hier, à 14 heures, deux faucheurs volontaires d’OGM, Francis Roux et Philippe Matet, ont comparu à la barre du tribunal correctionnel de Millau pour avoir refusé de se soumettre à des prélèvements ADN dans le courant de l’année 2007.

En 2005, ces deux quinquagénaires, le premier paysan à la Salvetat
sur la commune de La Couvertoirade, et le second professeur de
mathématiques au lycée Jean-Vigo à Millau, avaient été condamnés à une peine de prison avec sursis pour avoir fauché en août 2004 des
parcelles de maïs génétiquement modifié à Marsat (63) et à
Grenneville-en-Beauce (45).

Convoqués par des officiers de police judiciaire, ils avaient alors refusé de se prêter à des prélèvements ADN comme le permet la loi.

Ce mercredi, Francis Roux s’avance à la barre et lance à la
présidente Christiane L’Herbier : « Je me demande sincèrement ce que je
fais là. Certes, j’ai été condamné pour des actes de résistances et
d’alertes, mais je ne vois pas pourquoi on m’a demandé mon ADN. J’ai
été choqué qu’on me mette au même rang que les pédophiles et les
violeurs. Cette loi n’est vraiment pas bonne. On peut me prélever de
force mon ADN, mais je suis déterminé à continuer le combat contre les
OGM. »

« Cette loi viole notre intimité »

Pour Philippe Matet « la loi qui a étendu les prélèvements ADN est
une loi inique » : « Je n’ai pas commis d’acte grave mais simplement un
acte citoyen de désobéissance civique. C’est dans ce même esprit que
j’ai refusé de donner mon ADN. »

Les avocats des prévenus ont ensuite fait témoigner cinq faucheurs
d’OGM, dont José Bové et Christian Roqueirol qui se sont étonné
qu’aucun prélèvement ADN ne leur soit demandé. Et le leader
altermondialiste d’ajouter : « Cette loi est inacceptable, elle viole
notre inimité et conduit à un monde totalitaire. »

« Ne souhaitant pas donner plus d’importance à ce dossier », le
substitut du procureur Éric Bret a indiqué vouloir « s’en tenir au code
de procédure pénale pour ce délit » qui peut aller jusqu’à un an
d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende. Ce dernier a demandé 1 000 euros d’amende à chacun.

Les avocats François Roux et Régine Barthélemy ont regretté que « le
tribunal de Millau n’engage pas le débat sur ce problème de société ».

Citant la convention européenne des droits de l’homme et l’article 8 du
code de procédure pénale, Me Barthélemy lance : « Vous avez les moyens de dire stop et de relaxer nos clients comme l’ont fait dans des cas similaires les tribunaux de Cahors et de La Roche-sur-Yon. »

Message visiblement entendu. À 16 heures, après 15 minutes de
délibération, la présidente a prononcé la relaxe sous les
applaudissements de la salle.

Les militants sont ensuite partis en direction du Créa pour une
soirée-concert de soutien aux faucheurs volontaires d’OGM en procès
pour refus de fichage ADN. Une soirée de fête après cette victoire. « 
Mais le combat continue contre les OGM », a souligné José Bové.

http://www.ladepeche.fr/article/200...

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