INDIAN ARMY HORS DU CACHEMIRE !

Le Cachemire est en feu. Les soldats et la police indienne tirent a vue sur une population desarmee dont le seul tort est de refuser un embargo qui laffame... Ci-dessous un texte écrit, il y trois ans, sur place, que jai extrait de mes carnets de route.

Puisse cet article vous dégoûter, à jamais, de porter un jour l’uniforme.

HIMALOVE

11 septembre 2005, Srinagar. Eden perdu de 595 000 habitants, occupé par l’armée indienne. Correspondance d’un reporter, écœuré et traumatisé.

LA VALLÉE DE SRINAGAR, située au nord-ouest de l’Inde, entre les rivières Jhelum et Chenab, connaît la plus grande concentration de crapules en armes, policiers et forces paramilitaires au Monde.

400 000 soldats pour une population de 2,5 millions dans la vallée - soit 1 assassin pour 15 habitants !

J’écris le mot ASSASSIN car ici en vertu d’une loi martiale, The Armed Forces (Special Powers) Act, 1958, toute crapule en uniforme possède une licence de tuer dès lors qu’elle se sent en danger au milieu de civils.

RÉCEMMENT, dans la région d’Udhampur, au sud de Srinagar, plusieurs enfants qui rentraient nuitamment d’un mariage ont été criblés de balles par les soldats.

Motif : ils avaient transgressé la règle du couvre-feu.

Les sections 3, 4, de The Armed Forces (Special Powers) Act, 1958, accordent l’immunité à tout soldat durant leurs missions.

La notion d’exécution extra judicaire n’existe pas, en Inde, dans les territoires qualifiés « Disturbed Aera ».

On parle de « fake encounter », l’équivalent des locutions « collateral damage » ou bavure.

Jamais le mot « guerre » n’est prononcé dans les rédactions et ambassades, on préfère parler, à propos du Jammu et Cachemire, d’un conflit de basse intensité.

UN CONFLIT DE BASSE INTENSITÉ qui a fait, depuis 1989, 100 000 morts, 8 000 disparus, des dizaines de milliers de veuves et d’orphelins, un nombre inconnu de prisonniers, blessés, mutilés et fous.

Les cas de psychopathie (meurtres gratuits), de psychoses (perte du sens des valeurs) et suicides ne sont pas rares parmi les « forces du désordre ».

A en croire un médecin militaire : « Le stress, la peur, l’éloignement du milieu familial, les frustrations sexuelles et les pressions de la hiérarchie conspirent contre la raison du pauvre jawan posté au Cachemire. »

Les journaux racontent souvent, dans leurs chroniques des « chiens écrasés », l’histoire de soldat, ayant perdu la tête et tué leur officier.

L’HORREUR de la politique indienne, depuis 16 ans, au Jammu et Cachemire, est de vouloir normaliser l’anormal et rendre supportable l’insupportable.

Un article paru, le 29 août 2005, la veille de la Journée Internationale des Disparus, signé Rashpal Dasgotra, en première page d’« Hindustan Times », donne un aperçu du cauchemar enduré par les populations civiles.

Lalyal (district de Jammu)

4 PORTEURS TUÉS PAR LEURS EMPLOYEURS : DES OFFICIERS ET SOLDATS EN QUÊTE DE MÉDAILLES

(Titre original - Letter : Armymen killed 4 porters in fake encounter ; claims encounter was staged to get gallantry recognition)

http://www.hindustantimes.com

FAUTE DE POUVOIR trouver des terroristes lors de patrouille, dans leur secteur, les officiers et soldats du 18th Rashtriya Rifles, basé à Lolab, ont abattu, de sang froid, leurs propres porteurs. Après avoir enterré 2 d’entre eux, ils défiguraient les 2 autres à coups de pelle afin de « les rendre présentables » (...) Le colonel du régiment, lui-même, jonchait le sol d’étuis de cartouches brûlées ; puis « bravement », réconforté par un Whisky, rédigeait le rapport de « fait d’arme ».

C’EST UNE LETTRE anonyme (la pratique est courante en Inde), écrite, un an plus tard, par l’un des soldats à la femme d’une des victimes, Meso Devi, mère de 5 enfants, qui dénonce, avec précision, la macabre comédie et dévoile le nom des misérables.

MESO Devi reçoit la confidence du « corbeau », le jour de Raksha Bandan*, le 19 août 2005.

(*Raksha Bandan est le jour de l’année où dans les familles, la soeur attache un fil porte-bonheur au poignet du frère)

Cela fait plus d’un an qu’elle espérait revoir son mari, Ram Lal ; et contactait la Tiger Division, appartenant au 15e corps d’armée, basé au Cachemire, dont son mari dépendait.

Sans réponse.

Elle se souvient du jour de son départ...

C’est à la Baisaki* de l’année 2004...

(*Baisaki, avril mois des moissons)

Ram Lal, son mari, Busham Kumar, un résident de Mangu Village, Satpal de Chahta village et Ashok Kumar, un chômeur de Krishna Nagar, à Pathankhot, au Pendjab, étaient partis ensemble « heureux » s’engager comme porteurs dans la vallée du Cachemire...

Ils venaient d’être embauché par la Compagnie A du 18th Rashtriya Rifles, à Lolab, le 13 avril 2004 - on leur avait promis un salaire de 5 000 roupies mensuel (moins de 100 euros)...

LE MASSACRE EUT LIEU LE 20 avril 2004 à 8 h 45 près du village Dewar (district Lolab), entre les collines Markul-I et Markhul-II.

AMNESTY INTERNATIONAL note, dans son rapport de 2005, p.127 :
« En avril 2004, un groupe de femmes, appartenant à l’association des parents des personnes disparues, manifestaient dans les rues de Srinagar contre l’impunité des Responsables. Ces femmes étaient impitoyablement battues par la police. »

RAM, BUSHAM, SATPAL, ASHOK, font partie des 8 000 recensés dont on est sans nouvelle.

"Le Coeur de l’officier indien est aussi froid que les crevasses du glacier Siachen*" pretend une chanson cachemirie qu`on chante au bord du lac Dal.

(*Siachen glacier, le plus haut champ de bataille du monde, entre 5 000 et 7 000 mètres d’altitude, au nord de la Nubra ; les soldats indiens n’y ont qu’un ennemi : le froid.)

LES DISPARUS DU CACHEMIRE

30 AOÛT 2005, New Delhi, Journée Internationale des Disparus.

L’événement passe presque inaperçu dans la presse.

LE MEETING EST TENU à l’Indian Social Institut.

EST PRÉSENTE Arundhati Roy, la célèbre écrivaine, auteur du « Dieu des Petites Choses ».

Arundhati ne mâche pas ses mots à l’égard de l’armée indienne, du gouvernement et de la presse.

(je laisse le discours en anglais pour ne pas trahir l’auteur)

Écoutez :

« INDIA MEDIA is suffering from shizophrenia as its reports portray zero reflection about the reality in Jammu-and-Kashmir.

India media is busy painting a rosy picture of normalcy, which is absolutly false.

We as Indians have no right to talk about whatever is happening in Palestine and Iraq unless we discuss and hightlight the atrocities being committed in the Valley.

The Issue is not just related to the freedom of Kashmiris, it is a matter of concern for all Indians.

What farcical peace are we talking about ?

In The Global Arena, India is revered for its democracy and Gandhian values, which is nothing but a lie.

INDIAN OCCUPATION in Jammu-and-Kashmir has surpassed the excesses of Pinochet in Chile.

Every day, ordinary Kashmiris are being subjected of humiliation, and we say peace is returning to the Valley. During my recent visit to the state, I found numerous cases of repression, but the gouvernment is not ready to accept it. »

Les militants des Droits de l’Homme votent une résolution réclamant au gouvernement central la formation immédiate d’une commission d’enquête sur les disparitions au Cachemire.

Peine perdue !

Ces disparitions sont l’oeuvre d’un gouvernement psychotique, soucieux uniquement de leur image à l’extérieur, qui gomme au fur et à mesure de leurs relations tissées avec les Grands la réalité des choses.