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De retour à Caracas

Publie le mercredi 20 août 2008 par Open-Publishing
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Me voici pour la quatrième fois en trois ans au Venezuela. Le voyage comme d’habitude s’ est très bien passé avec Air -France : un vol arrivé à l’heure malgré une heure de retard au départ de Roissy. Dans l’avion beaucoup de touristes en partance pour l’Amérique Latine. Ma voisine, une Colombienne, revient d’Inde oú elle a participé à un congrès international d’enseignants, un long voyage qui l’a conduit de Dehli à Paris, de Paris à Caracas, puis de Caracas à Bogota et enfin de la capitale colombienne à sa résidence. Nous parlons bien sûr de Ingrind Betancourt et nous remarquons ensemble que trop de récupération a été faite de sa libération, d’autant qu’il ne faut pas oublier toutes les victimes, tous les otages et disparus des deux camps du conflit. Cette femme sait de quoi elle parle, elle qui a perdu son mari voici plus de huit ans, sequestré par un groupe armé. Terrible réalité pour un peuple qui aspire á vivre en paix !

Heureusement même si la violence existe au Venezuela, la situation n’a rien de comparable. Caracas tient la réputation d’être une ville très violente au point que l’on recommande au personnel d’Air France de ne pas sortir de son hôtel. C’est évidemment exagéré car tout dépend du quartier. Ainsi je me suis promené plusieurs soirs dans le centre de la capitale vénézuélienne comme des centaines de milliers de personnes qui profitent de la brise du soir et des terrasses de café animées par des groupes musicaux, sans voir aucune violence, sans être agressé. Il est vrai que la police est vigilante car dans d´autres quartiers hélas des bandes armées liées à la mafia imposent leur loi. Il est incontestable que le gouvernement révolutionnaire comme les autorités locales tentent de juguler ce fléau, mais on sait comme il est difficile de le combattre dès lors qu’il est lié à la corruption.

Je vais avec Sebastian, mon beau-père qui est vénézuélien, visiter le Caracas historique dont l’architecture tranche avec les gratte-ciels de verre et d’acier des grandes sociétés ou encore avec les édifices aux facades qui n’ont jamais été terminées. Ici, les monuments sont de style colonial comme l’assemblée nationale toute blanche et crème qui jouxte le conseil municipal de la ville. Celui-ci est ouvert au public pour une exposition en son jardin intérieur sur l’histoire de Caracas avec des vues des différentes époques. En face se trouve la place du héros national, Simon Bolivar dont la statue domine l’endroit, agréable espace où les gens aiment venir se reposer á l’ombre des arbres. Non loin, le parti de Chàvez, le PSUV, y a installé une tente où les militants sous les drapeaux rouges de leur organisation remettent leur presse aux passants et vendent des CD de chants révolutionnaires. De l’autre côté de la place se trouve la cathédrale. On y donne une messe. Une messe spéciale. En effet, ce sont les employés de la SENIAT, la société publique chargée de la collecte des impòts qui célèbrent ses 14 ans d’existence. Je m’étonne de cette pratique habitué que je suis à la séparation laïque entre l’église et l’Etat, mais ici cela ne choque personne dans ce pays où le christianisme imprègne toute la société. D’ailleurs il n’est pas rare de voir dans les rues, les peintures murales des partis politiques pro-chavistes ou de l’opposition qui font référence au Christ. Ainsi en est-il de fresques où se retrouvent côte à côte les portraits de , Jésus, Marx, Bolivar et Chàvez comme pour marquer une continuité historique.

Nous nous rendons ensuite dans la maison de Simon Bolivar. Grande maison de la bourgeoisie coloniale avec son patio intérieur, c’est un lieu vénéré par les habitants où est retracé sur des tableaux dans chaque pièce la vie du "libertador", celui qui a su fédérer les forces indépendantistes pour libérer plusieurs nations d´Amérique latine de l’oppression espagnole. Bolivar est ici la figure fondatrice de la Nation et de la Liberté, chaque organisation politique de gauche comme de droite se réclame de son héritage, chaque citoyen porte pour Bolivar une immense gratitude.

Le soir après être passés devant le palais présidentiel fortement gardés par les militaires nous nous promenons dans les rues où marche une immense foule pressée de prendre le bus ou le métro pour rentrer en banlieue. L’air est étouffant et pollué par les gaz déchappement d’une file discontinue d’autobus, de véhicules qui ne laissent jamais la priorité aux piétons, du 4x4 dernier modèle des plus aisés à la vieille américaine toute rouillée et cabossée des plus modestes. Nous descendons l’escalier du métro, là encore la foule s’y presse, plus importante encore qu`à Paris aux heures de pointe. Mais ici les gens curieusement, alors que les rues sont plutôt sales, maintiennent leur métro dans un état impeccable, pas un papier, pas un graffiti. Et ce qui ne gâche rien , même si il y a l’air conditionné, rappelons que les vénézuéliens, surtout les vénézuéliennes sont coquets, les gens ici connaissent mieux l’usage du savon et du déodorant que les européens et, question de dignité prennent énormément soin de leur personne.

Ainsi ai-je vu dans ce pays, dans les villages les plus reculés et les plus pauvres, des jeunes gens toujours vêtus très proprement et en permanence pendus sur des fils entre deux masures de terre battues, les derniers linges séchant comme les drapeaux de la fierté au soleil tropical.

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