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On oublie trop l’Europe !

Publie le samedi 20 septembre 2008 par Open-Publishing
5 commentaires

de Michel MENGNEAU

Je ne suis pas le porte parole de Jennar, loin de là. De personne d’ailleurs. A propos de Jennar, je ne suis pas forcement toujours d’accord avec ces analyses et ne deviendrait pas un inconditionnel de sa ligne de pensée. Ceci étant dit pour que les choses soient claires.

Il se trouve qu’à l’heure actuelle le débat sur l’Europe se trouve quelque peu occulté, par le dérèglement du système financier par exemple. Pourtant la banque européenne a injecté quelques subsides venant de notre poche pour réparer les conneries et le trop gagné des spéculateurs. N’oublions pas non plus que la France préside le Conseil Europeen. A cette occasion il est bon de préciser que Sarkozy n’est que le président du "conseil européen" et non président de l’Union européenne comme cela est souvent libellé.

Le parlement européen reste toujours efficient avec son propre président. Indépendamment, la commission sous l’égide de Barroso continue de promouvoir un libéralisme à tout crin. Sa dernière trouvaille étant l’autorisation à la vente et par la même la mise sur le marché d’un soja OGM de chez Bayer.

Donc, l’Europe libérale est là, bien là et quotidiennement agit sur notre avenir. Par conséquence le problème non réglé du traité de Lisbonne reste plus que jamais d’actualité. Je vous fais part de l’analyse que fait Jennar de la situation, et que pour ma part je trouve assez pertinente.


Dépassé le "non" à cette Europe là ?

par Raoul Marc Jennar
samedi 20 septembre 2008

Aujourd’hui, pour certains, le temps est venu de « dépasser » - c’est le mot à la mode - le clivage entre les partisans de l’Europe telle qu’elle se fait et ses adversaires. Il semble que ce soit le nouveau discours convenu dans une frange de ce qui fut la gauche du « non » au TCE. Un refus qui fut et reste d’actualité, puisque l’acte de décès de cette copie conforme du TCE qu’est le traité de Lisbonne n’a pas été prononcé. En dépit de son rejet par le peuple irlandais.

Après la synthèse rose du PS, voici la synthèse verte. Du PS et des Verts, depuis la gauche plurielle - en voie de reconstitution - les partisans d’un éco-socialisme, c’est-à-dire d’une réelle transformation sociale non productiviste, savent qu’il n’y a rien à attendre. Mais plus surprenante est la synthèse de ceux qui, en même temps qu’ils font cette synthèse, veulent une alternative à gauche.

Ainsi, l’hebdomadaire Politis. Il avait condamné la synthèse socialiste du Mans. Mais, pour lancer son Appel pour une alternative à gauche, il a demandé à des partisans comme à des adversaires du TCE de figurer parmi les premiers signataires invitant d’autres à signer. Et depuis, il ne manque aucune occasion d’accréditer cette idée que le clivage entre le « oui » et le « non » a cessé d’être pertinent :
“on ne peut pas faire non plus du “non” du 29 mai un critère de sélection pour toujours !” (Politis, n°1012-1014). « Pour toujours » !!! Mais le TCE, c’était il y a trois ans et son jumeau, le traité de Lisbonne, c’était au début de cette année-ci ! Et son sort n’est pas encore réglé. Même si, juridiquement, après le rejet irlandais, ce traité est caduc, l’hypothèse de le voir mis en œuvre, en tout ou partie, par les gouvernements qui ont obtenu sa ratification parlementaire ne peut être exclue. L’Allemagne et la France font pression sur l’Irlande pour qu’un nouveau référendum y soit organisé. Que feront alors ceux qui auront renoncé à leur « non » ?
les débats entre « ouistes » et « nonistes » seraient des « débats d’arrière-garde », selon Politis (n° 1015). Autrement, dit, ce serait ringard que de s’opposer à un projet de société que TOUS les gouvernements de l’Union européenne veulent encore et toujours nous imposer ;
la référence au « non » serait « dépassée », se plaît à citer Politis dans son numéro 1016. Or, rien n’a changé dans les politiques décidées par nos gouvernements quand ils se retrouvent à 27 et qu’ils appuient les propositions de la Commission européenne, un directoire sans contrôle démocratique qui s’avère plus néolibéral même que l’administration Bush !

Mais à quoi disons-nous « non » ? Aussi bien au TCE hier qu’au traité de Lisbonne aujourd’hui. Nous disons « non » à un projet qui impose durablement un modèle de société caractérisé par le déclin des pratiques démocratiques, le rejet de la laïcité, la négation de l’autonomie de la femme, la primauté de l’économique sur le politique, la régression des droits sociaux, la disparition des services publics, l’abandon de la solidarité au profit de la compétition, le productivisme, la généralisation du dumping social et des précarités, l’aliénation définitive à l’OTAN. Nous disons « non » à une entreprise européenne dont l’objectif est de permettre la remise en cause, par le haut, de tous les acquis démocratiques et sociaux arrachés depuis plus de deux cent ans.

Et nous continuerons à dire « non » à cette « révolution conservatrice » (Bourdieu). Notre combat n’était pas une parenthèse qu’on puisse aujourd’hui refermer. Nous ne nous sommes pas battus pour qu’en fin de compte, l’effort premier soit de « dépasser » ce qui nous a opposés aux partisans de ce projet de société. Parce que rien n’a changé et que cette Europe-là continue plus que jamais de démanteler le droit du travail, d’imposer la destruction des services publics, de protéger la libre circulation des capitaux (et la spéculation financière qu’elle favorise), de pousser à la privatisation de la santé et de l’éducation, de protéger les dividendes des firmes de l’agrobusiness et de la chimie plutôt que la santé des gens, d’édifier des barbelés et des prisons pour les populations que le capitalisme européen affame dans le Sud. Pendant que s’accomplissent les privatisations déjà préparées depuis que l’Union européenne a négocié l’Accord Général sur le Commerce des Services, depuis qu’elle a adopté le Traité de Maastricht, la Stratégie de Lisbonne et les Décisions de Barcelone. Tout cela a-t-il disparu qu’ont défendu et que défendent le PS et les Verts ?

Comment est-il possible de « dépasser le non » et de s’allier avec ceux qui aujourd’hui, avec une hypocrisie facilitée par le peu de mémoire des gens et la complicité des médias, protestent contre la privatisation de la Poste, alors qu’ils ont négocié, adopté ou soutenu tous les textes internationaux et européens qui la rendent obligatoire au regard de ces textes ?

Celles et ceux qui ont tenté de nous tromper en voulant faire accepter le TCE hier, le traité de Lisbonne aujourd’hui ont-ils subitement changé à la fois de méthode (le mensonge) et d’opinion (leur soutien à cette Europe-là) ? Ont-ils rallié le camp des adversaires d’une Europe au service prioritaire des multinationales ? En aucune façon.
Que signifie dès lors une démarche où se retrouvent des contraires ? Le traité de Lisbonne n’est pas sorti du débat. Quelle est la crédibilité d’une démarche pour une alternative de gauche qui réunit des gens qui lui sont favorables et d’autres qui lui sont hostiles ? Quel crédit accorder à des formations politiques, comme le PS et les Verts, dont un candidat, sur une question majeure, prône exactement le contraire de ce que défend un autre candidat ?

Historiquement, ce sont les conservateurs qui ont toujours nié la réalité d’une opposition entre exploiteurs et exploités, entre la gauche et la droite, qui ont poussé au consensus, qui ont répété sans cesse que « nous sommes tous dans le même bateau ». Cet unanimisme, auquel tant de gens sont sensibles, est l’instrument pervers des privilégiés. Il est plus que jamais à l’œuvre aujourd’hui. Il semble, malheureusement, qu’il ait gagné une gauche qui ne veut plus le conflit, une gauche gangrenée par le complexe du compromis, une gauche qui, de concessions en concessions, n’est plus qu’un ersatz de la gauche.

Une gauche de la synthèse avec les choix de la droite, ce n’est plus la gauche.

Ils doivent bien sourire dans les couloirs de la Commission européenne, dans les bureaux des lobbies bruxellois, dans les conseils d’administration des firmes multinationales quand ils entendent et lisent à gauche qu’il faut dépasser le « non » de gauche à l’Europe capitaliste.

L’exploitation des humains et de la terre a encore de beaux jours devant elle.

Messages

  • une gauche digne de ce nom exigerait la rupture immédiate avec l’UE !

  • attention , ne pas confondre Conseil de l’Europe et Conseil Europeen (UE)

    ) le conseil de l’Europe
    Créé le 5 mai 1949 au début de la guerre froide, le Conseil de l’Europe se donnait comme objectif officiellement de favoriser en Europe un espace démocratique et juridique commun,en pratique de contrer l’influence de l’URSS
    Etats membres

    Aujourd’hui, il compte 47 pays membres’
    1 pays candidat : le Bélarus et 5 Etats observateurs : Saint Siège, Etats-Unis, Canada , Japon, Mexique

    Il coute plus de 200 millions d’euros (dont une partie pour la France ) dont on peut se demander s’ils ne seraint pas mieux utilisés pour l’accueil des roms , le logement des sans-abris ou l’augmentation des retraites et des salaires

    Au passage, on pourrait se poser la meme question pour d’autres organismes similaires issus de la guerre froide comme l’UEO (Union de l’Europe occidentale), l’OCDE sans parler de l’OTAN

    2) le conseil européen
    c’est la réunion des chefs d’etat des pays membres de l’UE , présidé par un etat different chaque 6 mois (actuellement la France et c’est par une extension abusive qu’on dit de SARKO qu’il est président de l’Europe

    • Tout à fait d’accord, il s’agit bien du conseil européen, ma plume ayant quelque peu dérapé en écrivant le conseil de l’Europe.

      Bref je voulais revenir à un passage du texte de Jennar qui dit : "Une gauche de la synthèse avec les choix de la droite, ce n’est plus la gauche".Sans équivoque il s’agit du PS dont il parle. D’ailleurs il suffit de se souvenir de la prise de position tout à fait "dégueulasse" et hypocrite de ce parti lors du vote sur la modification de la constitution pour permettre de ratifier le traité de Lisbonne.

      Mais surtout ce qui me chagrine dans cette affaire c’est que des cadres du PC tente un rapprochement avec le PS pour créer une grande gauche d’opposition. Il faudra donc que l’on m’explique comment lorsque l’on a vote contre les modifs de la constitution en ne voulant pas d’un traité ultra libéral on puisse tenter des alliances avec des gens qui sont pour une Europe des marchés !

  • Faut-il demander aux Ossètes, aux Tchétchènes, aux Kosovars (etc... = tous les pays que les USA ont décidé de convaincre des bienfaits du néo-libéralisme) d’organiser des manifestations pour défendre le droit à l’auto-determination du peuple Français ?

    Celui-ci s’est en effet prononcé CONTRE l’adoption de d’une "constitution" ultra-libérale et guerrière. MAIS, son gouvernement ne tient pas compte de ce refus d’appartenir à une Europe vassale de l’OTAN et des USA.

    Le "peuple français" est bien malheureux. Et personne ne le défend.

    Mais il court aux manifs pour défendre le "droit à l’autodertermination" des pays que les USA ont choisi pour y implanter des bases de l’OTAN et piller leurs ressources en toute tranquillité .

    Pour qualifier le "peuple français", il devrait y avoir un autre choix que deux mots qui commencent par "c", non ?

  • Excellente intervention de Jennar.

    Je rajouterai un décompte des 3 tentatives d’alliances entre TCIstes et nonistes :

    1) le renouveau de la gauche plurielle que tente la direction du PCF, Buffet et Cie, alliance avec les agresseurs des travailleurs.

    2) les 3 grâces, Cohn Bendit, Bové et Hulot, à la recherche d’une union aux Européennes (risquant de réaligner les verts derrière), mélangeant le TCIste Cohn bendit (dont on se souvient la méconnaissance de ce qu’il appelait à voter et finissant par insulter ses contradicteurs faute d’arguments), le Hulot écolo bon tein et le courageux combattant Bové.

    3) L’appel de Politis avec des privatisateurs émérites, TCIstes , mélangés à d’authentiques combattants de gauche.

    Ces trois tentatives essayent de rabibocher l’eau et le feu, sur le terrain politique et suscitent une grande part de dégout pour qui suit un tant soit peu la politique.

    Les TCIstes sont encore plus à droite et libéraux qu’en 2005 , on le voit dans une série de batailles concrètes ou de non-batailles, de commentaires off ok avec des mesures pro-bourgeoises et anti-sociales...

    Pourquoi s’allier politiquement avec la droite ? Pourquoi s’allier avec ceux dont on sait qu’ils appliqueront une politique anti-sociale et anti-démocratique européenne, dont on sait qu’ils appuient activement l’agression française contre l’Afghanistan , dont on sait qu’ils laissent s’avancer une Europe de + en + brune.

    A quoi cela sert-il si ce n’est de passer à nouveau pour des pourris qui mentent, qui jouent aux matamores mais finissent par servir de palefreniers à ceux qui frappent immigrés, travailleurs, démocratie, libertés , droits de l’homme, bombardent des populations .... ???

    Le TCE remonte-t-il à la nuit des temps ?

    Ses principes ne reprenaient-ils pas les règles de fonctionnement anti-sociales, anti-démocratiques, brunes, contre la séparation des pouvoirs, etc, qui se sont entassées dans l’UE depuis 30 ans ?

    Ses souteneurs ont-ils changé ? Evolué ?
    Sont-ils revenus sur leur soutient à l’agression contre la démocratie et la liberté ? Contre l’Europe sociale ?
    Ou n’est -ce pas plutôt pire.

    En ce cas , qui a changé ?