Accueil > Lutte ouvrière et la Ligue communiste révolutionnaire abordent le scrutin (...)

Lutte ouvrière et la Ligue communiste révolutionnaire abordent le scrutin européen sans illusions

Publie le jeudi 3 juin 2004 par Open-Publishing

Dimanche 30 mai, à Presles, lors de la fête annuelle de LO, Arlette
Laguiller et Olivier Besancenot ont tenu un meeting commun. Les deux partis
espèrent faire mieux qu’aux régionales de mars.

Pour la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), c’est déjà ça. Dimanche 30
mai, sur le podium central de la fête de Lutte ouvrière (LO), qui se tient
jusqu’à lundi à Presles (Val-d’Oise), "Olivier - Besancenot -" a été bien
accueilli. Le porte-parole de la Ligue et tête de liste LCR-LO en
Ile-de-France, y a tenu son premier meeting au côté d’Arlette Laguiller,
comme Alain Krivine l’avait fait en 1999. "Avec Arlette, ils s’entendent
bien. Côté LO, c’est très ouvert et très unitaire", se félicitait M.
Krivine.

Face à la scène, les militants de LO - et notamment Robert Barcia, un des
dirgeants historiques du parti - n’ont pas bronché quand le jeune postier a
défendu le moratoire sur les organismes génétiquement modifiés, dossier sur
lequel LO est traditionnellement plus prudente. Mieux, plus tard dans
l’après-midi, "Arlette" faisait sienne cette position.

De fait, Lutte ouvrière fait d’énormes efforts. A Presles, Aurélie
Filipetti, conseillère municipale Verte a même été invitée à débattre de son
livre sur "les derniers jours de la classe ouvrière". Et le groupe de
travail d’Attac sur la santé a, lui, été convié à exposer ses vues sur
l’assurance-maladie.

Il faut dire que le scrutin européen du 13 juin s’annonce des plus
difficiles, deux mois après des élections régionales qui avaient vu les deux
formations d’extrême gauche pâtir du vote utile. Avec le nouveau mode de
scrutin, récupérer les cinq députés européens LO-LCR élus en 1999 relève de
l’impossible.

Officiellement, LCR et LO "espèrent faire mieux" que les 4,58 % récoltés aux
régionales de mars, comme l’a rappelé M. Besancenot. "Dans les discussions
qu’on a avec les gens, certains trouvent injuste que la gauche de demain
soit satellisée par le PS", a-t-il assuré. "Le PS peut coller des affiches
"Et maintenant, l’Europe sociale", il va continuer la même politique. On
nous a déjà fait le coup" avait-il auparavant lancé à la tribune.

Pour Mme Laguiller, qui figure en deuxième position sur la liste
francilienne, "on pourrait atteindre les 10 %, le score cumulé d’Olivier et
moi à la présidentielle". Au cours de son allocution, elle a d’ailleurs
invité les "presque trois millions d’électeurs", qui, en avril 2002,
"avaient choisi de s’opposer à la droite sans cautionner la gauche
gouvernementale", à "renouveler leur geste". Elle a averti : "Si les listes
de la droite gouvernementale enregistrent un résultat un peu meilleur qu’aux
régionales, le gouvermement présentera cela comme un succès (...). Si le PS
enregistre un résultat comparable à son score aux régionales, il affirmera
que l’électorat populaire souhaite son retour au pouvoir".

Pour autant, personne n’y croit dur comme fer. Côté LO, l’investissement
militant dans la campagne pour les européennes est bien plus limité qu’en
mars. Seuls deux temps forts ont été prévus : la fête annuelle et un grand
meeting commun, dimanche 6 juin, à Paris, au Zénith. LO laisse la LCR faire.
"Ils se laissent tirer par nous, ils n’y croient pas trop vu le climat
d’indifférence générale qui entoure ces élections", confirme Yvan Lemaitre,
aujourd’hui responsable de la LCR, ancien de LO.

Du coup, dimanche, "Arlette" s’est faite un brin nostalgique : "Ce que nous
exprimions au Parlement européen, cela manquera. Avec Alain - Krivine -,
nous n’hésitions pas à quitter l’enceinte pour recevoir des délégations."
Olivier Besancenot, lui, a mis l’accent sur les luttes. "Il faut que l’idée
d’un mouvement d’ensemble progresse".

Sur l’avenir de leur relation, aucune des deux formations ne veut s’avancer.
"Tout le monde sait qu’il y a des convergences entre nous mais il y a aussi
des divergences qu’on essaie d’éclaircir et de discuter", a dit Mme
Laguiller. M. Krivine, lui, s’en est tiré par une pirouette : "Pour discuter
d’une nouvelle force, il faut qu’il y ait force. Et pour qu’il y ait force,
il faut beaucoup de voix aux élections."

LE MONDE