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Graines de destruction : Le projet secret de la manipulation génétique

Publie le mercredi 22 octobre 2008 par Open-Publishing
3 commentaires

Mondialisation.ca
Le 21 octobre 2008

Par Arun Shrivastava

Ces trois ou quatre dernières années ont vu un certain nombre de livres, documentaires et articles sur les dangers des graines génétiquement modifiées (GM).

La majorité se focalisaient sur leur impact néfaste pour la santé et l’environnement, presque aucun sur la géopolitique des semences génétiquement modifiées, en particulier sur les graines en tant qu’arme de destruction massive. Engdahl a abordé cette question, mais la culture des semences n’est que l’une des nombreuses « graines de destruction » dans son livre.

Engdahl documente méticuleusement comment les fondements intellectuels de l’« eugénisme », la réduction massive des malades, des gens de couleur, et des autres races jetables, ont été effectivement établis pour la première fois, et même approuvés légalement aux États-Unis. La recherche eugénique a été soutenue financièrement par les Rockefeller et d’autres familles élitistes, et l’eugénisme a été expérimenté la première fois contre les Juifs dans l’Allemagne nazie.

C’est pur hasard que les plus pauvres nations du monde se trouvent aussi être les mieux dotées en ressources naturelles. Ces régions sont aussi celles dont la population est en pleine croissance. La peur chez les familles dirigeantes européennes, qui s’intègrent de plus en plus à la puissance économique et militaire des États-Unis, est que, si les nations pauvres deviennent développées, les ressources naturelles abondantes, en particulier le pétrole, le gaz, les minerais stratégiques et les métaux, peuvent se raréfier pour la population blanche. Cette situation est inacceptable pour le pouvoir blanc élitiste.

La question centrale qui dominait l’esprit de la clique au pouvoir était la réduction de la population dans les pays riches en ressources, mais la question était comment manigancer un abattage massif dans le monde entier sans générer un puissant retour de manivelle comme il est tenu de se produire. En 1972, quand ses réserves de pétrole ont atteint leur maximum, et que les États-Unis sont devenus l’un des principaux importateurs de pétrole, la situation est devenue alarmante et l’ordre du jour a pris le centre de la scène. Kissinger, l’un des principaux stratèges de Nixon, nourri par les Rockefeller, a préparé ce qui est connu sous le nom de National Security Study Memo (NSSM#200), dans lequel il développait son plan de réduction de la population. Dans ce mémo, il vise en particulier treize pays : Bangladesh, Brésil, Colombie, Égypte, Éthiopie, Inde, Indonésie, Nigeria, Pakistan, Turquie, Thaïlande et Philippines.

​​​​L’arme qui devait servir était la nourriture, même si une famine alimentaire devait être utilisée pour entraîner la réduction de la population. Kissinger est connu pour avoir déclaré, « contrôlez le pétrole, vous contrôlez les nations, contrôlez la nourriture et vous contrôlez le peuple. » Comment un petit groupe de gens clefs a transformé la philosophie élitiste, du contrôle alimentaire pour contrôler le peuple, en possibilité opérationnelle réaliste en un court laps de temps est la toile de fond du livre d’Engdahl, le thème central s’étendant du début à la fin sur les Rockefeller et Kissinger, entre autres personnages principaux.

​​​​Il décrit comment les Rockefeller ont guidé la politique agricole des États-Unis, utilisant leurs puissantes fondations exemptées d’impôts dans le monde entier pour former une armée de jeunes scientifiques dans le domaine jusqu’ici inconnu de la microbiologie. Il retrace la façon dont le domaine de l’eugénisme a été rebaptisé « génétique » pour le rendre plus acceptable et pour cacher son véritable objectif. Grâce à des ajustements stratégiques progressifs dans une poignée de compagnies de produits chimiques, de nourriture et de semences, efficacement soutenus par des personnages clefs dans les principaux ministères du gouvernement étasunien, on a créé des monstres capables de réécrire le cadre réglementaire de presque chaque pays. Et ces graines de destruction des cadres réglementaires, construits avec soin pour protéger l’environnement et la santé humaine, ont été semées dès les années 20.

Une pause pour réfléchir : Une personne normale en bonne santé peut tout au plus se passer de nourriture pendant peut-être sept jours, mais il faut une saison entière, par exemple environ quatre mois, pour qu’une semence de culture vivrière pousse. À peine cinq compagnies de l’agriculture industrielle, toutes américaines (Cargill, Bunge, Archer Daniels, et autres) contrôlent le commerce mondial des céréales, et seulement cinq contrôlent le commerce mondial des semences. Monsanto, Syngenta, Bayer, DuPont et Dow Chemicals contrôlent les graines génétiquement modifiées. Bien que ces puissants oligopoles aient été imposés, les lois antitrust ont été diluées pour en exempter ces entreprises. Engdahl écrit : « Il n’est pas surprenant que la National Defense University du Pentagone, à la veille de la guerre d’Irak en 2003, ait publié un document déclarant : " Le business agricole est aux États-Unis ce qu’est le pétrole au Moyen-Orient. " L’agro-business est devenue une arme stratégique dans l’arsenal de la seule superpuissance au monde. » (page 143)

La « Révolution Verte » faisait partie du programme des Rockefeller pour détruire la diversité des semences et préconiser les intrants agricoles basés sur le pétrole et le gaz, dans lesquels ils ont leurs principaux intérêts. La destruction de la diversité des semences et la dépendance envers les hybrides a été la première étape dans le contrôle alimentaire.

Il est vrai que dans un premier temps les techniques de la Révolution Verte ont conduit à une poussée dans la productivité agricole. Mais ce fut au prix énorme de la destruction des terres agricoles et de la biodiversité, de l’empoisonnement des nappes phréatiques et de la dégradation progressive de la santé de la population, ce qui était le véritable ordre du jour des « partisans de la Révolution Verte. »

​​​​La véritable impulsion est venue avec la possibilité technique de l’épissage des gènes et de l’insertion de caractères spécifiques entre espèces sans lien de parenté. Les formes de vie pourraient être modifiées. Mais jusqu’en 1979 le gouvernement étasunien a toujours refusé d’accorder des brevets sur ce qui touche à la vie. Cela a changé. Ce fut beaucoup aidé par un jugement favorable de la Cour Suprême des États-Unis accordant un brevet de protection à des bactéries mangeuses de pétroles, mises au point par le Dr Ananda Chakraborty. Les formes de vie pouvaient à présent être brevetées. Pour assurer que le monde abdique devant le régime des brevets des sociétés semencières, l’Organisation Mondiale du Commerce a imposé la discipline. Comment l’affaire a été menée n’est le fait de personne, mais le monde à été forcé d’accepter le droit de propriété intellectuelle de ces compagnies. Il y a eu de l’opposition, mais ces entreprises sont trop déterminées comme le décrit Engdahl.

​​​​« La stratégie claire de Monsanto, Dow, DuPont et du gouvernement de Washington était d’introduire les semences OGM aux quatre coins du monde, en priorité dans les pays sans défense . . . africains et en développement », écrit Engdahl (page 270). Toutefois, Engdahl a aussi décrit comment des terres agricoles canadiennes et étatsuniennes en sont venus aux OGM. Il était soupçonné que les OGM puissent poser une grave menace environnementale et pour la santé humaine et animale, pourtant les tentatives indépendantes d’évaluations des risques pour la vie ont été abandonnées. Les scientifiques menant à bien des études honnêtes ont été calomniés. Des établissements scientifiques de renom ont été réduits au silence ou mis au pas sur la voie qui soutient le contrôle alimentaire des Rockefeller et l’ordre du jour de réduction massive. La destruction de la crédibilité de l’institution scientifique est encore une autre graine de destruction dans le livre d’Engdahl.

Engdahl cite en exemple l’expérience d’un agriculteur allemand, Gottfried Glockner, avec du maïs génétiquement modifié. Glockner a planté du maïs Bt176 de Syngenta essentiellement pour nourrir ses vaches. Étant scientifique, il a commencé par 10% d’aliments GM et a augmenté progressivement la proportion en notant avec soin la production laitière et tout effet secondaire. Pas grand chose ne s’est passé dans les trois premières années, mais quand il est passé à 100% de nourriture GM, ses animaux « avaient des fèces gluantes blanches et de fortes diarrhées » et « le lait contenait du sang ». Finalement, la totalité de ses soixante dix vaches sont mortes. Le professeur Angelika Hilbeck de l’Institut Fédéral Suisse de Technologie a trouvé dans le maïs Bt176 de Glockner des échantillons de toxines Bt « sous forme active et extrêmement stable ». Les vaches sont mortes suite à de hautes doses de toxines. Même si l’alimentation humaine n’est pas contaminée à 100%, cela devrait faire réfléchir.

Aux États-Unis, les aliments GM non étiquetés ont été introduits en 1993, et 70% des supermarchés contiennent des aliments OGM à proportions variables dans ce qui devrait être appelé à juste titre la plus grande expérience biologique sur l’homme. Puisque Engdahl a clairement déclaré que l’idée du gouvernement étatsunien et de l’agro-business est de contrôler les aliments en particulier dans le tiers monde, il a laissé à ses lecteurs le soin de déduire que les citoyens américains et européens sont aussi la cible de ce vaste programme. Et il y a d’autres armes meurtrières dans l’arsenal : les graines Terminator, les semences traîtres, et la capacité de détruire les petits agriculteurs indépendants à volonté partout dans le monde, et cela est puissamment présenté dans le livre. Engdahl fournit des preuves solides sur ces graines de destruction définitive et la décimation totale des civilisations du monde tel que nous l’avons connu.

Il s’agit d’un livre complexe, mais très lisible. Il est divisé en cinq parties, chacune contenant deux à quatre courts chapitres. La première partie traite des intrigues politiques pour assurer un soutien aux compagnies agro-alimentaires et semencières ; la deuxième traite de ce qui devrait être largement connu en tant que « Plan Rockefeller » ; la troisième traite de la manière dont les géants intégrés verticalement ont été préparés aux guerres silencieuses de Washington contre la planète Terre ; la quatrième partie traite de la manière dont les semences génétiquement modifiées ont été lâchées chez les agriculteurs peu soupçonneux ; et la dernière partie traite de la façon dont les élites poursuivent la destruction des aliments et des agriculteurs, ce qui pourrait en fin de compte provoquer la réduction massive de la population. Il ne propose aucune solution, il ne le peut parce que c’est au reste du monde, notamment aux Européens et aux Étasuniens, de se réveiller et de faire front contre ces criminels. Une lecture essentielle pour tous ceux qui mangent et pensent.

Article original publié en anglais, Seeds of Destruction : The Hidden Agenda of Genetic Manipulation, Review of F. William Engdahl’s book published by Global Research, le 19 juin 2008.

Traduction de Pétrus Lombard.

http://internationalnews.over-blog.com/article-23991481.html

Messages

  • Pas grand chose ne s’est passé dans les trois premières années, mais quand il est passé à 100% de nourriture GM, ses animaux « avaient des fèces gluantes blanches et de fortes diarrhées » et « le lait contenait du sang ». Finalement, la totalité de ses soixante dix vaches sont mortes. Le professeur Angelika Hilbeck de l’Institut Fédéral Suisse de Technologie a trouvé dans le maïs Bt176 de Glockner des échantillons de toxines Bt « sous forme active et extrêmement stable ». Les vaches sont mortes suite à de hautes doses de toxines. Même si l’alimentation humaine n’est pas contaminée à 100%, cela devrait faire réfléchir.

    Oui ça devrait faire réfléchir, d’autant plus que l’être humain montre des signes de faiblesse au niveau santé.

    Les OGM se sont invités dans nos assiettes à notre insue et depuis un bon moment déjà, ceci expliquant cela.

    Il ne nous reste plus qu’à boycotter tous les produits laitiers (au moins un temps) pour avoir des garanties des producteurs, transformateurs, sinon tribunaux pour délit de mensonge averré et tentative d’empoisonnement public.

    Peut-être que nous aussi, nous avons un rôle primordial à jouer dans ce genre d’affaire qui compromet non seulement la santé des animaux qui nous nourrissent mais la notre aussi. A nous de choisir, d’impulser d’autres voies pour contrer ces voyoux en col blanc.

  • Selon certains, l’auteur du livre n’est pas très net, car il serait un type pronucléaire et antiécolo… Pour plus de détail, je vous met ci dessous un message vu sur un Forum anti-OGM, au sujet de la publication en français de ce livre, préfacé par José Bové :

    Bové se fait avoir par un anti-écolo pro-nucléaire

    J’ai toujours soutenu Bové, le faucheur, et je n’ai pas ménagé ma peine en militant pour sa campagne présidentielle en 2007. Mais qui aime bien, châtie bien… D’où ce coup de gueule, car je crois que José s’égare et que c’est en train de décrédibiliser notre bataille. Déjà, je n’arrive pas avaler le fait qu’il fricote avec Dany Cohn-Bendit, Hulot et Cie, dans une opération de marketing électoral, mais il y a pire (enfin, je pense). J’ai vu qu’il a préfacé un livre intitulé "OGM semences de destruction" écrit par un certain William Engdahl, cautionnant ainsi le contenu et le sérieux de son auteur. Bon, j’avoue tout de suite que je n’ai pas lu ce bouquin. Par contre, j’ai lu son livre précédent "Pétrole une guerre d’un siècle, l’ordre mondial anglo-américain" et il apparaît que ENGDAHL EST UN DEFENSEUR ACHARNE DU NUCLEAIRE ET UN ANTI-ECOLOGISTE PATENTE !!!! Je mets un long extrait après mon message ( en soulignant les passages les plus délirants - ici en gras) pour qu’on m’accuse pas de sortir des phrases hors contexte. Par exemple, Engdahl dénonce "la croisade "écologiste" antinucléaire de l’establishment financier américain" et considère que "le choix de la technologie nucléaire" était "plus efficace, beaucoup plus rentable et préservant l’environnement" (sic). Il sous-entend en plus que l’accident nucléaire de Three Mile Island a été orchestré par La Commission Trilatérale et que la sortie simultanée du film Le syndrome chinois "contribua à l’aggravation de l’hystérie face aux dangers de l’énergie nucléaire" (sic) Au fait, l’hystérique antinucléaire que je suis attend toujours les chèques de Rockefeller pour avoir participé aux manifs antinucléaires de l’époque...

    Vraiment, José, c’est pas sérieux ! D’autant plus qu’il faut pas faire une longue enquête sur Internet pour avoir des doutes sur William Engdahl. Il suffit de quelques clics pour tomber sur un article récent de lui (http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=8583) dénonçant "l’hystérie du réchauffement global" ( décidément, pour lui, dès qu’on parle de catastrophe écologique, on est hystérique ) et expliquant qu’il n’y a pas de réchauffement climatique et que c’est une invention de l’establishment anglo-américain pour contrôler le monde. Et puis merde, il suffisait d’aller voir l’article américain de wikipédia sur Engdahl pour apprendre que le type a travaillé pendant des années avec l’extrémiste de droite américain Lyndon Larouche, connu pour ses idées antisémites et homophobes, sa haine des écologistes ainsi que sa défense hystérique ( héhéhé…) du nucléaire. Alors, c’est vrai que Enghdahl a coupé les ponts avec Larouche aujourd’hui, mais ça incite à la prudence, non ?
    La prochaine fois, José, ne saute pas sur le premier nonosse anti-OGM qu’on te lance et fait un peu attention à tes fréquentations.

    Vert-de-rage

    Extrait de" Pétrole une guerre d’un siècle, l’ordre mondial anglo-américain ", William Engdahl, pp 168-172

    L’essor du programme écologiste anglo-américain 

    Ce ne fut pas un hasard si, à la suite de la récession consécutive au choc pétrolier de 1974-1975, une part grandissante de la population d’Europe de l’ouest, spécialement en Allemagne, commença de parler, pour la première fois depuis la guerre, des " limites de la croissance ", des menaces sur l’environnement, et entreprit de mettre en question la croissance industrielle et le progrès technologique. Très peu furent ceux qui réalisèrent à quel point leurs nouvelles " convictions" avaient été soigneusement manipulées au plus haut niveau par un réseau organisé par les milieux financiers et industriels anglo-américains à l’origine de la stratégie pétrolière de Saltsjöbaden.

    Au début de 1970, une impressionnante offensive fut déclenchée par un certain nombre de " think thanks " et de journaux pour populariser un programme visant à " limiter la croissance " afin d’assurer le " succès " de la spectaculaire stratégie du choc pétrolier. Robert O. Anderson, un industriel américain du pétrole présent à la réunion de Saltsjöbaden. de mai 1973, fut une figure centrale de la mise en oeuvre du programme écologiste anglo-américain qui devait être l’une des escroqueries les plus réussies de l’histoire.

    Par l’intermédiaire de la Fondation Atlantic Richfield, Anderson et sa compagnie Atlantic Richfield Oil financèrent à hauteur de plusieurs millions de dollars des organisations pour contester l’énergie nucléaire. L’un des premiers bénéficiaires des largesses d’Anderson fut "les Amis de la Terre ", un groupe qui fut doté à l’époque de 200 000 dollars. L’une de ses premières actions fut d’attaquer l’industrie nucléaire allemande par des actions telles que les manifestations anti-Brockdorf en 1976, dirigées par Holger Strohm, le leader des Amis de la Terre. Brice Lalonde, directeur des Amis de la Terre en France et futur ministre de l’Environnement de François Mitterrand en 1989, était à l’époque le partenaire parisien de Coudert Frères, cabinet juridique allié à la famille Rockefeller. Ce sont les Amis de la Terre qui furent utilisés pour bloquer un important accord d’approvisionnement nippo-australien en uranium. En novembre 1974, le Premier ministre japonais Tanaka rencontra le Premier ministre australien Gough Whitlam à Canberra où ils conclurent un accord d’un montant de plusieurs milliards de dollars, aux termes duquel l’Australie devait approvisionner le Japon en minerai d’uranium et participer à un projet commun pour développer la technologie d’enrichissement de l’uranium. Les Amis de la Terre en Australie mobilisèrent l’opposition contre l’accord japonais en cours d’agrément, ce qui quelques mois plus tard provoqua la chute du gouvernement Whitlam. Les Amis de la Terre avaient des " amis " très hauts placés à Londres et à Washington.

    Mais c’est surtout grâce à l’Institut Aspen pour les Études Humanistes que Robert O. Anderson, qui le présidait, diffusait la nouvelle idéologie des " limites de la croissance " dans les milieux dirigeants européens et américains. Dans les années soixante-dix, cet institut fut l’une des principales sources de l’establishment pour financer les campagnes antinucléaires. Thornton Bradshaw, président d’Atlantic Richfield, en était le vice-président.

    Parmi les administrateurs de l’Institut Aspen les plus connus figuraient Robert Mac Namara, président de la Banque mondiale, qui pilota également la guerre du Vietnam ; d’autres administrateurs soigneusement sélectionnés parmi lesquels on compte lord Bullock, de l’université d’Oxford ; Richard Gardner, un économiste américain anglophile qui fut plus tard ambassadeur en Italie ; le banquier de Wall Street Russel Peterson, de la Lehman Brothers Kuhn Loeb Inc. ; mais aussi jack G. Clarke, membre du conseil d’administration d’Exxon ; Jerry Mac Afee de la Gulf Oil et George C. Mac Ghee, directeur de Mobil Oil, ancien officiel du département d’État présent en 1954 lors de la rencontre fondatrice du groupe de Bilderberg. Parmi les initiateurs de l’Institut Aspen, on trouve également la comtesse Marion Doenhoff, éditrice hambourgeoise de Die Zeit et John J. Mac Cloy, ex-président de la Chase Manhattan, qui fut Haut commissaire de l’Allemagne d’après-guerre.

    Robert O. Anderson recruta Joseph Slater, issu de la Fondation Ford de McGeorge Bundy, pour présider l’Institut Aspen. Au début des années soixante-dix, ils constituaient une véritable famille unie au sein de l’establishment anglo-américain. Le premier projet lancé par Slater à Aspen fut la préparation d’une offensive internationale contre la croissance industrielle et spécialement contre l’énergie nucléaire sous les auspices (et avec les fonds) des Nations unies. Slater s’assura le soutien de l’ambassadeur de Suède à l’ONU, Sverker Aastrom, qui, face aux objections des PVD, proposa d’organiser une conférence internationale sur l’environnement dans le cadre de l’ONU.

    Cette conférence sur l’environnement de juin 1972 à Stockholm fut dès le départ dirigée par des membres de l’Institut Aspen. Ce fut Maurice Strong, pétrolier canadien de Petro-Canada et membre du Conseil d’administration d’Aspen qui la présida. Aspen fournit également les fonds pour la création de l’Institut international pour l’Environnement et le Développement, un réseau international dédié à la "croissance zéro" sous les auspices de l’ONU, dont le Conseil d’administration comprenait Robert O. Anderson, Robert Mac Namara, Strong et Roy Jenkins, du parti travailliste anglais. La nouvelle organisation publia immédiatement un ouvrage intitulé ; Seulement une Terre dû à René Dubos, associé à l’université Rockefeller, et à Barbara Ward (lady Jackson), une malthusienne britannique. Les chambres de commerce international furent dès lors incitées à financer Maurice Strong et d’autres personnalités d’Aspen pour animer des séminaires destinés à gagner des hommes d’affaires de stature internationale à la nouvelle idéologie environnementaliste.
    La conférence de Stockholm de 1972 créa une infrastructure organisationnelle et publicitaire d’une importance telle qu’en 1973-1974, au moment du choc pétrolier de Kissinger, une propagande antinucléaire massive put être lancée avec des millions de dollars mis à disposition par les réseaux pétroliers de l’Atlantic Richfield Company, du Rockefeller Brothers Fund et d’autres milieux de l’establishment anglo-américain. Parmi les groupes financés par ces personnalités figuraient à l’époque des organisations telle l’ultra-élitiste World Wildlife Fund, alors présidé par le Prince Bernhard des Pays-Bas, membre du Bilderberg, puis par John Loudon, de la Royal Dutch Shell).
    (…)

    Afin de donner toutes ses chances à la croissance zéro, Robert O. Anderson finança également un projet lancé par la famille Rockefeller dans leur propriété de Bellagio en Italie, avec l’aide d’Aurelio Peccei et d’Alexander King. En 1972, le Club de Rome, auquel des associations américaines s’étaient affiliées, fit une large publicité aux Limites de la croissance, qui présentait une simulation trompeuse préparée par Dennis Meadow et Jay Forrester. Cet essai reprenait la théorie discréditée de Malthus en la modernisant d’un habillage graphique informatisé, décrivant un monde condamné à court terme par manque d’énergie, de nourriture et de ressources vitales. À l’instar de Malthus, ils choisirent d’ignorer l’impact positif du progrès technologique sur la con dition humaine. Leur message était d’un pessimisme culturel sans nuance.

    L’Allemagne fut l’une des cibles privilégiées de cette nouvelle offensive antinucléaire anglo-américaine. Bien que le programme nucléaire français ait été autant, voire plus ambitieux, la présence anglo-américaine dans l’Allemagne d’après-guerre la fit considérer comme une zone où la situation des services secrets permettait les meilleures chances de succès. L’offensive fut déclenchée en 1975, dès la promulgation du programme de développement nucléaire du gouvernement Schmidt. L’une des figures clés de cette opération fut une jeune femme de mère allemande et de beau-père américain, qui vécut aux États-Unis jusqu’en 1970 et qui, entre autres, travailla pour le sénateur américain Hubert Humphrey. Durant ses années américaines, Petra K. Kelly développa des liens étroits avec le Conseil pour la Défense des Ressources naturelles, l’une des nouvelles organisations antinucléaires anglo-américaines créées par la Fondation Ford de McGeorge Bundy. Barbara Ward (lady Jackson) et Laurance Rockefeller siégeaient alors au Conseil d’administration. Au milieu des années soixante-dix, Kelly commença d’organiser depuis l’Allemagne l’offensive juridique contre le programme nucléaire allemand, engendrant des retards coûteux et des coupes sombres da ns tout le programme.

    Gaspar

    • En ce qui concerne le rapport sur les limites de la croissance (The limits to growth) commandé au M.I.T. par le club de Rome, il me semble, au vu de l’actualité assez incontournable.

      Il prévoyait que si on ne stabilisait pas le capital et la démographie (ce qui, il est vrai rejoint ausii bien Malthus que Ricardo et sa loi des rendements décroissants), nous courrions à l’épuisement des ressources naturelles sans compter la pollution. Cette problématique devait amener un effondrement du Pib ainsi qu’un effondrement du quota alimentaire par tête au niveau mondial conduisant à une régulation par la famine (et dans une moindre proportion une régulation par la pollution : ce qui était, par contre, peut-être un peu en dessous de la réalité, réchauffement climatique, cancers, etc.), cet effondrement devant se produire peu après le début du 21ème siècle selon les calculs probabilistes de l’époque. Au vu de l’actualité (47 pays en émeute de la faim en juillet 2008 et récession mondiale), on ne peut que se "réjouir" que Dennis Meadows, un des auteurs de ce rapport ait reçu le Japan Prize (équivalent du Prix Nobel) en janvier 2009 pour ce travail. Je ne pense pas qu’il s’agisse de pessimisme culturel mais plutôt de vouloir permettre à l’homme d’utiliser enfin son libre arbitre. Anti nucléaire ou pas on ne peut pas faire l’impasse là dessus.

      Pour le reste, on ne sait pas trop ce que va devenir l’alliance écologique. José Bové a peut-être fait une boulette à la va vite en préfaçant ce bouquin (Chomsky a bien bouletté en préfaçant Faurisson, v’là les boulettes et pourtant ça restera Chomsky). Cela étant à part José, il y a aussi Eva Joly, c’est toujours mieux que rien. Suivez mon regard... Circulez y a rien à voir. Quant aux autres, à part Rackham le Rouge, j’attends de voir. Cela étant vu la tronche de l’Union de la gauche, ils risquent pas de faire un gros score, donc bref, le grand soir dans les urnes c’est pas demain la veille...

      Y en a même qui se demandent si ça va pas coûter trop cher de sauver le système tellement il est pourri, alors le réformer de l’intérieur dans ces conditions c’est pas du tout gagné.

      Voilà et bon courage à tous.

      Cassandre