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Le plan B.

Publie le jeudi 4 décembre 2008 par Open-Publishing

Réveiller le souvenir de ce printemps radieux, ressusciter la ferveur de ces meetings triomphants, bref, refaire le coup du 29 mai 2005 ! Tel est l’espoir que partagent les deux petits Poucet siamois qui viennent de lancer chacun leur mouvement, le tonitruant Jean-Luc Mélenchon et son Parti de Gauche, et le virulent Nicolas Dupont-Aignan, et son mouvement Debout la République.

Chacun dans leur camp, ces deux élus de l’Essonne, ce drôle de laboratoire qui n’en finit pas de donner des portées de manoeuvriers socialistes à la scène politique (Julien Dray, Manuel Valls, François Lamy, etc), pensent pouvoir récupérer les voix qui avaient eu raison de la Constitution européenne il y a bientôt quatre ans. Et entendent faire tourner les tables pour réveiller l’esprit du non. Il ne s’agit toutefois pas de se contenter de faire du spiritisme politique. En quatre ans, l’eau a coulé sous les ponts - de droite comme de gauche – et souvent pour valider les thèses nonistes pourfendant les dégâts de la dérégulation néo-libérale.

Le « Dupont-Aignan de gauche », Jean-Luc Mélenchon, se frotte donc les mains devant l’état de santé désespéré de la concurrence noniste qu’il lui reste à affronter à gauche : les socialistes qui faisaient à l’époque cause commune avec lui ont adoubé une « ouiste », Martine Aubry, à leur tête, et celle-ci a commencé par aller ratifier à Madrid, le manifeste des sociaux-démocrates qui valide le traité de Lisbonne adopté sans référendum. Dès lors, la voix de Benoît Hamon, Laurent Fabius et des autres risque de ne trouver plus guère d’écho lors de la campagne des européennes. Quant à José Bové, il s’est rallié à l’europhile Daniel Cohn-Bendit au risque lui aussi de disparaître.

Quant au Mélenchon de droite, Nicolas Dupont-Aignan, il mise, pour faire son trou, à la fois sur la disparition du FN, où Le Pen s’apprête à continuer son grand ménage de printemps en virant Bruno Gollnisch avant d’installer sa fille à la caisse de la boutique familiale, sur la ringardisation de Philippe de Villiers embourbé dans ses chouanneries, et sur l’impopularité persistante du pouvoir dont risquent de souffrir les listes UMP.

Pas sûr pour autant qu’il faille pour eux se contenter d’être dans la répétition. Le sursaut salvateur annoncé après la victoire du non a fait long feu et si le résultat du 29 mai 2005 reste déterminant, notamment quant au sort réservé aux classes populaires, et demeure structurant dans le débat politique français, ses conséquences doivent sans nul doute être relues à l’aune de la crise financière, économique et sociale actuelle. Il ne suffira pas de dénoncer le cours actuel de l’Union européenne au moment où le monde réclame davantage de régulation et de recours à la puissance publique.

C’est bien à une réorientation de la construction européenne qu’aspirent aujourd’hui les peuples, un discours professé dans les mots tant par Mélenchon que par Dupont-Aignan sans que l’internationalisme de l’un ou le protectionnisme de l’autre soient capables, pour l’heure, de le traduire dans les faits. Il est vrai que tourner le dos à 20 ans de dérégulation néo-libérale promet d’être sportif quand l’écrasante majorité des gouvernements des 27 pays de l’UE sont eux-mêmes libéraux. Construire une autre Europe, bien sûr, mais avec qui ? Au fait, quelqu’un a-t-il remis la main sur le plan B ?

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