Accueil > RAFFARIN, NOUS ALLONS NOUS OPPOSER A VOTRE REFORME

RAFFARIN, NOUS ALLONS NOUS OPPOSER A VOTRE REFORME

Publie le mardi 13 mai 2003 par Open-Publishing
1 commentaire

VOICI POURQUOI, M. RAFFARIN, NOUS ALLONS NOUS OPPOSER A VOTRE REFORME

Il y a d’abord, M. le Premier ministre, un point qui nous chagrine, nous irrite ou nous exaspère, c’est selon. Le caractère, l’humeur du moment ou le montant de la paie. Comment pouvez-vous avoir l’audace d’exiger des Français un effort en matière de retraites sans vous l’appliquer à vousmême et aux gens de votre rang ? Nous n’avons pas oublié que, votre gouvernement à peine formé, vous avez procédé à une substantielle revalorisation du traitement des ministres, de près de 70% ! Nous n’avons pas non plus oublié le départ à la retraite de M. Juppé, énième illustration des privilèges parlementaires. Et comment pourrions-nous perdre de vue l’insolent et régulier étalage des salaires, stock-options, golden parachutes et autres retraites somptueuses de nos grands patrons ? Pourquoi, vous généralement si prompt à discourir sur l’équité, êtes- vous à ce propos tellement silencieux ? Si vous souhaitiez réellement une juste réforme, le minimum, M. Raffarin, aurait été de veiller à ce que tout cela soit mis sur la table.

Un autre sujet qui nous mécontente beaucoup, c’est votre façon de discuter. La méthode, comme l’on dit. Depuis votre entrée à Matignon, vous n’avez eu de cesse de vous présenter comme l’homme de la France d’en bas, soucieux de proximité, de dialogue social. Et que faites- vous quand arrivent les choses sérieuses ? Rien, en définitive, que de la basse politique et de l’autisme : une réforme dont il faut attendre des mois la teneur exacte, soit autant de temps perdu pour une étude et une négociation sérieuses ; un projet quasi bouclé, sans autre " ouverture " que des miettes à distribuer ; un souverain mépris pour toutes les propositions alternatives qui vous ont été présentées, qu’elles émanent des syndicats ou d’autres sources. Irréalistes, le retour du privé à 37 années et demi de cotisation, l’intégration des primes des fonctionnaires en échange du passage à 40 ans, le minimum de pension à ’00% du SMIC ou une meilleure prise en compte de la pénibilité du travail ! Bref, tout ce qui ne vient pas de vous est toujours impossible, toujours pas sérieux, trop coûteux ! Alors même que les ressources sont là, à portée de main, à réfléchir et à panacher : augmentation des cotisations sur le travail, modulation des taux en fonction du recours de l’entreprise à l’emploi précaire, instauration d’une cotisation vieillesse sur les transactions financières, les revenus boursiers, la consommation, création d’une taxe sur les ventes d’armes, etc. Par ailleurs, on ne vous a guère entendu parler, dans votre prétendu " grand chantier ", des retraites des petits commerçants, artisans ou paysans dont nul n’ignore les modestes montants. Enfin, comment ne pas dire et redire que vous avez omis d’associer à vos " consultations " un invité pourtant bien naturel : les jeunes ? ! Ceux-là même qui payeront demain nos retraites. Quel symbole que cet oubli, M. Raffarin, de votre manque de bon sens et de votre esprit si peu démocratique !

Mais venons-en au point central de votre réforme. Vous souhaitez, à partir de 2008, aligner la durée de cotisation du public sur le privé, puis allonger pour tous cette durée à 4’, 42 ans. Avec, à la clef, une baisse des pensions et retraites que l’on évalue de 20 à 30%, des jeunes qui, compte-tenu de leur entrée tardive sur le marché du travail, vont devoir travailler jusqu’à 65 ou 70 ans, et des chômeurs et précaires soumis, en quelque sorte, à une triple peine : choc du licenciement, recherche épuisante d’emploi, retraite au montant forcément amputé. Ni les fonctionnaires, ni les salariés du privé, ni les précaires des deux secteurs, ni les chômeurs, jeunes ou âgés, n’ont mérité, M. le Premier ministre, pareil traitement, pareille régression sociale ! En outre, qui ne voit qu’avec une telle baisse des pensions et retraites, la voie sera ouverte, de fait, aux fonds de pension ? Pour ceux, bien entendu, qui auront les moyens d’y souscrire et avec tous les aléas boursiers que l’on sait. Mais c’est incontestable, si votre réforme venait à passer, le piège se refermerait. Le droit à une vie, décente et digne, après le travail, garanti par la contribution de tous, deviendrait de plus en plus un produit. Lucratif pour les marchands, généreux pour une petite minorité, appauvrissant et insuffisant pour le plus grand nombre.

Il y a enfin, M. Raffarin, que nous ne vous voyons que trop bien venir. En cas de succès, il ne fait pas le moindre doute que vous serez, demain, encore plus agressivement libéral que vous ne l’êtes déjà : sur la Sécurité sociale dès le deuxième semestre 2003, sur les régimes de retraite des entreprises publiques ou la sécurité d’emploi des fonctionnaires un peu plus tard, sur les privatisations tous azimuts que vous négociez dans le cadre de l’Union européenne ou de l’Accord général sur le commerce des services à l’OMC. Votre réforme, nous le savons, n’est que l’une des pièces d’une offensive mondiale qui dure depuis maintenant plus de vingt ans et se nourrit, partout, de ses victoires ou grignotages successifs.

Voilà pourquoi, M. le Premier ministre, nous allons nous opposer à votre réforme et chercher à en imposer une autre, solidaire, démocratique et moderne. Une réforme où tout soit mis sur la table, où tous soient dignement traités, et sans le dogmatisme idéologique dont vous faites preuve. Il ne faudrait surtout pas croire que parce que vous avez été confortablement élu dans les conditions que l’on sait tout vous soit permis. Nous allons, dès demain et aussi longtemps qu’il le faudra, vous le faire entendre.

Collectif L3R de " La Lettre-réponse à Raffarin sur les retraites " Allard Laurence, universitaire Alphandéry Marc, consultant Alphandéry Pierre, chercheur Audéon Claude, retraitée Azaïs Christian, universitaire Balazard Sophie, comédienne Banchet Jocelyne, secrétaire d’administration Belkhiria Clorinda, retraitée Bitoun Pierre, chercheur et écrivain Bonnet Philippe, enseignant dans le privé Bonnin-Guirlin Françoise, responsable de direction académique Boulé Brice, surveillant de prison Broquet Yvonne, retraitée Canal Cécile, fonctionnaire au ministère de la Justice Caquetet Jean, retraité Carlier Jean-Marie, enseignant Carpentier Anne, journaliste et chef d’entreprise Cendras Sylvie, auxiliaire de puériculture Chabal Lucien, chercheur Chabal Mireille, enseignante Chanial Philippe, universitaire Cleyet-Marel J.-C., chercheur Collomb Annette, rédactrice en indépendant Combres Félia, enseignante Constantin François, retraité Costecalde Tristan, étudiant Cugno Justine, enseignant-vacataire et à la recherche d’un emploi Cugno Lionel, employé dans l’hôtellerie Cuttaïa Michèle, retraitée Cuttaïa Stéphane, animateur socioculturel Dauphiné Bernard, directeur d’école Debèse Bénédicte, éditrice Décup Fabienne, professeur Delatre François, cadre commercial Delobel Pierre, technicien de recherche Delsol Alain, enseignant Derache Frédérique, institutrice Diaz Serge, cadre commercial Diop Fatma, mère au foyer Domergue Odile, assistante ingénieur Dreyfus Sylvie, documentaliste audiovisuel Dumoulin Thierry, technicien informatique Dufresne Sylvie, enseignante Espuela Leandro, ouvrier Fache Alexandre, journaliste Fache Catherine, enseignante Fortier Agnès, chercheuse Frémont Dominique, musicien Galaup Alain, artiste-peintre Gazonnois Jean-Claude, ouvrier Geiss Bruno, BTS technico-commercial et demandeur d’emploi Gonzalez Laurent, traducteur en entreprise Gouin Françoise, chef de service dans le privé Grandjean Pernette, universitaire Guirao Anne, technicienne de recherche Hamchari Marie, ingénieur d’études Harster Alain, inspecteur du travail Hietter Jean-Marc, fonctionnaire DGI Jactat Alain, psychiatre et psychanalyste Jactat Danièle, psychologue hospitalière Joudrier Philippe, chercheur Kauffer Maurice, universitaire Kuszmider Barbara, enseignante dans le privé Lafleuriel Bernard, illustrateur scientifique Landré Sabine, libraire Launay Marie-Paule, enseignante Lavesvre Maryse, éducatrice Lefebvre Catherine, informaticienne Legname Elvire, technicienne de laboratoire, Lescar Julien, chercheur Lescar Véronique, journaliste free-lance Loyal Sarah, enseignante Mantelin Sophie, étudiante Marques-Pereira Jaime, universitaire Meunier Marc, informaticien Meyer Jean-Claude, enseignant Murinson Gilbert, retraité Nanteuil Guy, journaliste Ollivier-Yaniv Caroline, universitaire Oueslati Najib, enseignant Pain Véronique, enseignante Pauvret Emanuelle, documentaliste Perrault Gilles, écrivain Pinton Florence, universitaire Pol Patricia, universitaire Potencier Jean-Pierre, cheminot Poulouin Sonia, fonctionnaire à La Poste Poupardin Denis, chercheur Prat Jean-Louis, enseignant Ramboz Hervé, enseignant Ramboz Isabelle, enseignante Robert Denis, journaliste et écrivain Rohmer Francis, cadre bancaire Roy Jean, journaliste Rudent Gaëlle, agent de La Poste Sartirano Anne, documentaliste Sartirano Claude journaliste Sébille André, retraité Sée Norbert, chercheur honoraire Taesch Sophie, assistante bibliothécaire Tavernier Bertrand, cinéaste Thauvron Arnaud, universitaire Tordjman Gisèle, chef comptable Tziboulsky Serge, enseignant Vicente Nicole, formatrice Villa Christine, fonctionnaire DRAF Voltzenlogel Jean-Pierre, cadre bancaire en préretraite Vota Gilles, éducateur PJJ, Wendling Benoît, fonctionnaire Education nationale, Wolfer Bernard, chercheur.

Les personnes souhaitant s’associer à ce texte peuvent envoyer un mail avec leur nom et profession au secrétariat du Collectif c/o pierre.bitoun@wanadoo.fr

Messages

  • Trés Bien, j’ai relayé votre texte sur la messagerie du Ministère de la Culture

    Nous avons à de multiples initiatives avec les confédérations et les associations, notamment la CADAC et le collectif des droits des femmes où, en cette période d’attaque sur les retraites, les femmes seront les plus touchées.

    Le syndicalisme a encore beaucoup de difficultés pour prendre en compte cette dimension de l’inégalité des sexes (ce qui n’est pas le compte pour l’inégalité sociale) et à penser que l’égalité est acquise, puisque nombre de lois sont là pour le prouver.
    Bien sûr, attention de ne pas tomber dans l’égalitarisme et de surcroît certains acquis peuvent disparaître ou ne plus être appliqués.
    Les risques aujourd’hui :

    * Une remise en cause de certaines lois, parfois pour des raisons financières ou matérielles (IVG, gynécologie médicale, maternités …) et pas de campagnes nationales d’information (contraception, les violences faites aux femmes et aux filles).
    * Une politique fantaisiste qui peut renvoyer les femmes à la maison.
    * Une accentuation de l’inégalité dans l’insertion, l’emploi, le temps de travail dans une période de chomage et de sous-emploi.

    Et enfin, une retraite encore plus maigre et inégalitaire qui confinerait encore plus les femmes dans la pauvreté.

    Pour la petite histoire M. Chérèque à signé un texte qui précise que le gouvernement revalorise les retraites des salariés les plus modestes par une augmentation de 9% du minimum de retraite et par l’assurance pour les salariés au SMIC de toucher au moins 85% de ce dernier.

    Or le calcul ne se fera plus sur le SMIC brut mais sur le SMIC net, soit seulement 2% de plus ! On est loin des 15% promis !

    Enfin, Visiblement ce gouvernement a décidé de casser sa Fonction Publique si contestataire par une décentralisation inutile et dramatique pour les personnels de culture par exemple (dont on ne parle jamais) et qui coûtera trés cher au contribuable par ces impôts locaux si inégalitaires (50% de + d’aprés la Cour des Comptes).
    Archéologie privatisée, monuments "refilés" aux collectivités territoriales voire au privé, musées idem, Directions régionales des affaires culturelles dont les services seront décentralisés et dont on ne sait trop quel en sera "l’avantage" pour le public.

    Quant au président de la République que dire de plus quand on sait que sa "madone des pièces jaunes" passe ses week-ends chez le baron Seillières. Quel cadeau au MEDEF que ces milliards d’€uros de fonds de pensions (qui seront obligatoires sur les primes des fonctionnaires) pour ses actionnaires !

    Gérard CAZOBON
    Secrétaire général du SNAC/FSU (Culture)